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Difficultés à se repentir

Question: Un homme qui commet des fautes et qui rencontre de grandes difficultés à se repentir, au point de ne pas y parvenir, les Mitsvot qu’il accomplit lui sont-elles malgré tout utiles et bénéfiques ou pas ?

Réponse: Il est enseigné dans le Yalkout Shim’oni sur Hoshe’a (Remez 529) :

Toute personne qui commet encore des fautes et qui n’a pas la possibilité de se repentir, doit les « échanger » contre des bonnes actions, et son repentir fera accepter ses efforts.

A quoi la chose est-elle comparable ?

A une personne qui possède des pièces de monnaies usagées et abîmées.

Elle se rend chez l’épicier et lui échange ses pièces usagées contre des pièces neuves, en lui ajoutant un supplément.

De même, lorsqu’on possède des mauvaises actions, on se repent sincèrement et on accomplie des bonnes actions.

En général, le procédé du repentir se déroule dans le contexte de « s’écarter du mal et faire le bien », ce qui signifie que l’homme doit d’abord se repentir de ses fautes devant Hashem, et seulement ensuite, augmenter ses Mitsvot et ses bonnes actions qui intercèderont également en sa faveur.

Comme nous l’enseignent les grands auteurs du Moussar :

Une personne qui commet encore des transgressions, ne bénéficiera pas de la protection des Mitsvot et des bonnes actions qu’elle accomplit, tant qu’elle n’aura pas exprimé de profonds et sincères regrets sur ses actes.

C’est également le sens du verset des Téhilim (50-16) :

« Hashem s’adresse à l’impie et lui dit : Qu’as-tu à converser de mes lois ?! »

Cela signifie :

Puisque tu te comportes encore comme un Rasha et que tu commets encore des transgressions, comment peux-tu parler de Torah ?!

Notre maître le RAMBAM écrit (chap.7 des règles relatives au repentir) :

Combien est grand le repentir ! Hier seulement, cet individu était isolé d’Hashem, comme il est dit : « Même si vous multipliez les prières, je ne les écouterais pas ! », il accomplissait des Mitsvot qu’on lui rejetait au visage, comme il est dit : « Qui donc a réclamé de vous de venir fouler le sol de mon sanctuaire… Je ne vous désire plus - ainsi parle Hashem - je ne veux plus de vos offrandes… ». Mais aujourd’hui qu’il s’est repenti, ce même individu est attaché à la She’hina (présence Divine), comme il est dit : « Vous êtes attachés à Hashem votre D…. ». Il n’a plus qu’à implorer et il est immédiatement écouté, comme il est dit : « Avant même qu’ils n’implorent, je leur répondrai », il accomplit des Mitsvot qui sont acceptées avec joie et tranquillité, comme il est dit : « Hashem a déjà accepté tes actes. Fin de citation.

Selon cela, la personne qui commet encore des transgressions peut penser qu’elle doit rester passive et ne pas accomplir des Mitsvot tant qu’elle ne s’est pas repentit de son passé, puisque ses Mitsvot ne seront pas acceptées, à quoi bon s’investir en vain ?!  

En réalité, penser ainsi serait commettre une grosse erreur ! 

Notre maître le Rav Ovadia YOSSEF Zatsal explique le Midrash cité au début de cet exposé, de la façon suivante :

Un individu tente de se repentir, mais n’y parvient pas.

Puisqu’en définitif son intention est de se repentir, il ne doit pas rester oisif vis-à-vis des Mitsvot, mais au contraire, il doit investir toutes ses forces dans les Mitsvot et les bonnes actions, et ensuite, lorsqu’il réussira à se repentir, toutes les Mitsvot qu’il aura entre-temps accomplies seront rétroactivement acceptées devant Hashem.

Nous pouvons ajouté que l’accomplissement de Mitsvot pour une personne qui n’est pas encore parvenue à se repentir de ses fautes, représente un moyen de parvenir par la suite à se repentir, car celui qui commet une faute et s’efforce de se repentir, en s’investissant en même temps dans l’étude de la Torah et dans l’accomplissement des Mitsvot, il ne fait aucun doute que cette étude attirera de la sainteté sur sa personnalité, et elle l’aidera à contenir son Yetser Ha-Ra’ (mauvais penchant) à l’avenir.

Lorsque cette personne se repentira des ses fautes, son repentir sera accepté, et il recevra même une récompense pour avoir aussi accompli des Mitsvot.

Ceci est donc le véritable sens de l’image donnée par le Midrash :

Une personne possède des pièces de monnaies usagées et abîmées :

Il s’agit des Mitsvot que la personne accomplit avant de s’être repentit des fautes qu’elle commet encore. Ces « pièces » sont certes abîmées et usagées, mais elles n’en restent pas moins des pièces !

Elle se rend chez l’épicier et lui échange ses pièces usagées contre des pièces neuves, en lui ajoutant un supplément :

Cette personne possède au moins quelque chose à échanger !

En ajoutant le « supplément », le repentir, la personne retrouvera des pièces neuves, des Mitsvot valides qui lui seront comptées rétroactivement !

Si la personne reste oisive et se prive d’accomplir des Mitsvot parce qu’elle commet encore des ‘Averot, elle n’aura rien dans les mains, même le jour où elle se repentira de ses fautes !

C’est aussi le sens du verset d’Hoshé’a (14-2,3) :

Reviens, Israël, jusqu'à Hashem ton D., car tu n'es tombé que par ton péché.

Armez-vous de paroles [suppliantes] et revenez à Hashem ! Dites-lui : « Fais grâce entière à la faute, agrée la réparation ! Nous voulons remplacer les taureaux par cette promesse de nos lèvres.

Explication :

Lorsque tu auras fais grâce entière à la faute et que tu auras accepté notre repentir, agrée la réparation et accepte à ce moment là les Mitsvot et ls bonnes actions que nous avons accomplit avant notre repentir, et qui n’avaient pas été acceptées du fait des transgressions que nous commettions alors.

Notre maître le Rav Zatsal explique grâce à cela (au nom des commentateurs) la célèbre histoire rapportée dans la Guémara ‘Avoda Zara (17a), au sujet de El’azar Ben Dordiya qui était un grand fauteur, et qui s’est repentit de ses fautes.

Lorsqu’il prit conscience de l’ampleur de ses fautes, il plaça sa tête entre ses genoux et éclata en sanglots sur ses fautes, jusqu’à rendre son âme.

A ce moment-là, une voix céleste retentit et déclara : « Rabbi El’azar Ben Dordiya est convié au monde futur ! » car son repentir avait été accepté.

Rabbenou Ha-Kadosh (Rabbi Yéhouda Ha-Nassi) pleura et dit : « Il y a des gens qui acquièrent leur part dans le monde futur en un seul instant ! »

On peut pourtant s’interroger :

Pourquoi Rabbenou Ha-Kadosh pleure-t-il sur le fait qu’un individu qui s’est repentit de ses fautes soit convié au monde futur ?

Les commentateurs répondent en disant que Rabbenou Ha-Kadosh pleure sur le monde futur d’une personne qui s’est repentit sans avoir amassé suffisamment de Mitsvot !

Un tel monde futur n’est qu’un désert !!

En effet, El’azar Ben Dordiya n’a pas eu l’occasion d’amasser suffisamment de Mitsvot et de bonnes actions durant sa vie, et principalement dans le domaine de l’étude de la Torah, car dans le monde futur il ne pourra plus accomplir de Mitsvot.

Si Rabbi El’azar ben Dordiya avait accomplit des Mitsvot même sans s’être encore repenti, grâce à son repentir, il aurait mérité une récompense pour ses actes.

 

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