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Humilier des Talmidé H’ah’amim et la punition du Niddouï (être excommunié)

Les règles que nous allons aborder concernent tout Talmid ‘Ha’ham (un érudit dans la Torah), même si l’on n’a rien appris de lui, pas le moindre enseignement de Torah, on est malgré tout tenu de l’honorer sur certains points, comme nous allons l’expliquer.

Le RAMBAM écrit (dans le chap.6 des règles relatives à l’étude de la Torah) :

Humilier les H’ah’amim ou les haïr, représente une faute grave, et Jérusalem n’a été détruite seulement parce que ses habitants ont humilié les Talmidé H’ah’amim, comme il est dit (dans Divré Ha-Yamim chap.36) : « Ils se moquaient des anges d’Hachem et humiliaient ses paroles… » Ils humiliaient ceux qui étudient ses paroles, c'est-à-dire les Talmidé H’ah’amim. A cause de cette faute, la colère Divine s’est enflammée au point de punir Israël par la destruction de Jérusalem.

Il est enseigné dans une Michna de Sanhédrinn (90a):

Tout Israël a droit à une part dans le Monde Futur… Voici ceux qui n’ont pas droit à une part dans le Monde Futur : celui qui prétend que la Résurrection des morts n’est pas mentionnée dans la Torah ; celui qui prétend que la Torah n’a pas été donnée par Hachem ; et l’Apikoross (l’hâté) et d’autres…

La Guémara explique que Rav et Rabbi H’anina définissent tous les deux l’Apikoross comme étant une personne qui humilie les Talmidé H’ah’amim.

On en déduit donc que celui qui humilie les Talmidé H’ah’amim n’a pas droit au Monde Futur.

Lorsqu’une personne avait infligé une humiliation à un Talmid H’ah’am et que 2 témoins venaient témoigner de cette humiliation devant le Beth Din, le Beth Din mettait publiquement le coupable de l’humiliation en Niddouï (il était excommunié), et lui infligeait une lourde amende. Selon le Din, un Talmid H’ah’am victime d’une humiliation, est autorisé à excommunier lui-même le coupable de cette humiliation, et son acte est valide. De ce fait, toute la communauté qui n’est pas constituée de Talmidé H’ah’amim comme celui qui inflige le Niddouï, est tenue d’observer toutes les règles du Niddouï vis-à-vis du coupable, par exemple, ne pas le compter dans le Minyan, ou bien ne pas s’assoir dans un périmètre de 4 coudées (1.92 m) de l’endroit où il se trouve, jusqu’à ce que le H’ah’am qui a subi l’humiliation, lui pardonne et lui lève son Nidouï.

Le RAMBAM écrit : Même si le H’ah’am est autorisé à excommunier par égard au respect qui lui est dû, malgré tout, il n’est pas très élogieux pour un Talmid H’ah’am de se comporter de la sorte, mais il doit au contraire ignorer les propos humiliants prononcés à son encontre. Tel était l’usage des premiers H’assidim (de l’époque du Talmud), ils entendaient leur humiliation sans répondre. De plus, ils pardonnaient à la personne qui les avait insultés et ils l’excusaient. De très grands sages vantaient leurs propres mérites en disant sur eux même qu’ils n’avaient jamais prononcés de Niddouï à l’encontre de qui que ce soit, même vis-à-vis du respect qui leur est dû. Telle est la voie à suivre pour des Talmidé H’ah’amim.

Mais attention ! De quelle situation parlons-nous ? Uniquement lorsque l’humiliation s’est produite en privé. Par contre, lorsqu’un Talmid H’ah’am a été victime d’une humiliation en public, il lui est interdit de pardonner le respect qui lui est dû, et si le Talmid H’ah’am pardonne dans ce cas là, il sera puni pour avoir accepté l’humiliation publique de la Torah. Il doit au contraire se venger et garder rancune comme un serpent jusqu’à ce que le coupable demande Méh’ila (pardon), et là, le Talmid H’ah’am pardonnera.

C’est d’ailleurs ce qui s’est passé il y a environ 40 ans, lorsqu’un homme a humilié notre maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l à la Yéchiva de Porat Yossef, devant un large public. Notre maître le Rav z.ts.l a excommunié cet homme. Celui-ci alla immédiatement trouver les Guéonim Rabbi Bétsalel ZOLTI z.ts.l qui était le Grand Rabbin de Jérusalem, ainsi que Rabbi Yossef Chalom ELYACHIV z.ts.l, afin de se plaindre du Niddouï dont il avait été victime. Lorsque les 2 Rabbanim entendirent la nouvelle du Niddouï prononcé par notre maître le Rav à l’encontre de cet homme, ils mirent immédiatement en application toutes les règles que l’on doit observer selon la Torah vis-à-vis de l’excommunié. Ensuite, l’excommunié se présenta – assisté du Gaon Rabbi Yéhouda TSADKA z.ts.l directeur de la Yéchiva de PORAT YOSSEF- devant notre maître le Rav z.ts.l et demanda son pardon.

Ce Niddouï prononcé par un Gadol Ha-Dor, est beaucoup plus grave que le Niddouï prononcé par un Talmid H’ah’am ordinaire, car celui qui humilie un Gadol Ha-Dor, a le même statut que celui qui humilie ses maîtres (comme nous l’avons expliqué dans les précédentes Halachot où nous avons précisé que le statut de Gadol Ha-Dor est exactement le même que le celui du Rav Mouv’hak d’une personne.) Qu’Hachem pardonne dans sa bonté.

Un autre fait s’est produit il y environ 10 ans.

Un homme humilia notre maitre le Rav z.ts.l en public.

Notre maitre le Rav z.ts.l se rendit au Beit Ha-Midrach « Yé’havé Da’at » (dirigé par son fils le Gaon Rav David YOSSEF Chlita) et excommunia cet homme (il le déclara en Niddouï). Tous les élèves de notre maitre le Rav z.ts.l mirent en pratique toutes les règles du Niddouï vis-à-vis de cet homme. L’homme regretta ses actes et se présenta devant notre maitre le Rav z.ts.l en implorant son pardon. Notre maitre le Rav z.ts.l lui accorda son pardon et lui écrivit sur un papier qu’il s’était effectivement présenté devant lui en s’excusant sur son comportement, et que dorénavant il lui pardonnait et lui levait son Niddouï.

Mais à de nombreuses reprises, plusieurs personnes ont dénigré le respect de notre maitre le Rav z.ts.l à travers des journaux et des revues diverses, et nous ses disciples, avons désiré protester et réagir en l’honneur de sa Torah, mais notre maitre le Rav z.ts.l nous demanda de ne rien faire à ce sujet, et il pardonnait son humiliation. Même lorsque les propres personnes qui l’avaient humilié se présentèrent devant lui, comme lors des 7 jours de deuil sur son fils où nombreux de ses opposants et de ceux qui l’avaient humilié vinrent lui présenter leurs condoléances, notre maitre le Rav z.ts.l se comporta envers eux avec amour et respect, car tel était toujours son usage, de pardonner son humiliation, et rapprocher chacun afin d’agir ensemble pour le développement de la Torah et son rayonnement, pour notre objectif commun : faire jaillir la lumière de la Torah.

 

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