Les portes de la Torah et celles de la pénitence ne se ferment jamais

A tous les plans, de nombreux commentaires ont été proposés sur l'interprétation du verset: Il faut faire aussi le relevé des enfants de Guerchon (Nombres 4:22), et nous voudrions, nous aussi, suggérer un certain nombre d'idées à ce sujet.

Le  No'am Elimélekh écrit que les enfants d'Israël s'étaient enfoncés à la quarante-neuvième Porte de l'impureté (Zohar 'Hadach, Yithro 39a), et le Saint, béni soit-Il, a dû par conséquent les faire sortir d'Egypte, pour qu'ils ne franchissent pas la cinquantième Porte. En effet, s'ils étaient tombés au cinquantième degré d'impureté, comme ils n'avaient pas encore reçu la  Torah, ils n'en seraient jamais sortis et auraient cessé d'exister, à Dieu ne plaise. Ils ne purent pas attendre  végam (et aussi) ils ne s'étaient même pas munis de provisions (Exode 12:39) (remarquons la valeur numérique de végam (49). Toutefois, après le don de la  Torah, ils auraient subsisté même s'ils avaient franchi la cinquantième Porte, parce que la  Torah sainte les aurait purifiés de leur souillure. Car, comme l'enseigne le Talmud, les paroles de  Torah ne reçoivent pas d'impureté (Bérakhoth 22a; voir aussi Zohar III, 80b). La  Torah les aurait relevés de la Porte de l'impureté à celle de la Sainteté.

On peut décomposer  nasso en  noun et  ech: même si on tombe dans les  noun (cinquante) Portes de l'impureté, la  Torah, qui porte le nom de feu, comme il est écrit: Dans Sa droite, une loi de ( ech) feu (Deutéronome 33:2), et Est-ce que ma parole ne ressemble pas au feu? (Jérémie 23:29). On peut s'élever comme le feu et porter le nom de fils de l'Eternel; on ne sera pas  mégourach (même racine que  Guerchon) expulsé de devant le Saint, béni soit-Il (voir aussi Mékhilta Yithro 19:18).

D'autre part, les lettres qui forment  nasso sont aussi celles qui forme chana (ou  chinoun), étudier, revenir sur son étude. Le Talmud (Nidah 73a) enseigne à cet effet que celui qui s'engage assidûment dans l'étude de la  Torah et en répète quotidiennement les  halakhoth, la  Torah l'élève ( nasso, mithnassé) et le rend juste, vertueux et loyal (cf. Pirké Avoth 6:1). Elle l'aide à se détacher complètement du mauvais penchant qui s'efforce constamment  légarech (Guerchon) de l'expulser de l'héritage de l'Eternel.

Les lettres de  nasso peuvent enfin former  sinah (la haine). La  Michnah (Avoth 1:10) nous préconise de fuir les honneurs qui enterrent ceux qui les recherchent (Pessa'him 87b), et d'aimer le travail: sers L'Eternel par amour pour Lui et non pour chercher les honneurs, à Dieu ne plaise. Tu auras alors une vie longue et agréable et tu seras  guer (de la racine  guerchon): tu  habiteras sur cette terre grâce à l'étude de la  Torah.

Quand l'homme entreprend les premiers pas de son service divin, le mauvais penchant s'efforce de le refroidir, de le décourager d'étudier la  Torah et de se repentir pour ses fautes. Qu'il n'agisse surtout pas comme Elicha'  A'her (l'Autre) qui, après avoir entendu une voix céleste proclamer: Revenez, enfants méchants, à l'exception de A'her ('Haguigah 15a) en est arrivé à la conclusion que ne pouvant réparer, il était désormais effacé de ce monde et décida d'en tirer profit au maximum. Comme on le sait, il a fini par se dépraver. Le maître de Rabbi Méir s'est bel et bien trompé: Si le Ciel avait refusé d'accepter son repentir, il ne l'en aurait pas informé par une voix céleste. La voix céleste visait certainement à l'éveiller pour qu'il regrette ses méfaits et retourne vers Dieu.

C'est comme le père d'un enfant rebelle, qui promet des cadeaux à tous ses frères et sœurs et pas à lui: le père ne vise certainement qu'à l'inciter à améliorer sa conduite, à se demander pourquoi il diffère de ses frères et sœurs et d'en arriver à la conclusion que son père vise essentiellement à lui faire reprendre le bon chemin... Quel intérêt le père a-t-il à voir son fils découragé, abattu et poursuivant ses méfaits?

Rabbi Méir, qui était l'élève de A'her, a compris le message de la voix céleste: il s'est alors efforcé de persuader Elicha' de revenir vers Dieu, car il savait que les portes du repentir sont toujours ouvertes (Ekhah Rabati 3:35). Aussi a-t-il pris la décision de continuer à étudier la  Torah avec lui. Il a toutefois pris soin de trier le bon du mauvais, de manger de la grenade et d'en jeter la peau ('Haguigah 15b). Car si les portes de la  téchouvah se fermaient, Rabbi Méir n'aurait pas continué à être l'élève d'Elicha' A'her. Par conséquent, grâce à l'étude de la  Torah, on peut se relever: sa lumière ramène sur le bon chemin (Yérouchalmi 'Haguigah 1:7). On se trouve certes pour l'heure à un niveau spirituel bas, mais on n'est jamais rejeté par le Saint, béni soit-Il. Sa main est toujours tendue pour recevoir ceux qui reviennent vers Lui (Pessa'him 119a; Tana Débé Elyahou Zouta 22). L'Eternel attend notre repentir, comme il est écrit: Est-ce que je souhaite la mort du méchant? Ne préféré-Je pas qu'il revienne de sa conduite et qu'il vive? (Yé'hezquel 18:23). L'Eternel ne vise jamais à décourager personne. Il veille à l'honneur (à la subsistance et au corps) de Son Peuple Israël (Rabénou Ovadia Barténoura sur Kéritouth 63). Dieu se montre clément même dans la chute. Il est écrit: Il arriva que le fils d'une femme Israélite, lequel avait pour père un Egyptien... (Lévitique 24:10). Pourquoi le verset ne mentionne pas son nom? demande à cet effet le  Or Ha'Haïm. Parce que le Saint, béni soit-Il, n'aime condamner aucune de Ses créatures et un nom mentionné dans la  Torah laisse son impact à jamais (voir aussi Sanhédrine 8a).

Il est écrit: Or, le nom de l'Israélite frappé par lui, qui avait péri avec la Midianite, était Zimri fils de Salou... (Nombres 25:14), et un peu plus haut (ibid. 6): Cependant quelqu'un des Israélites s'avança, amenant parmi ses frères la Midianite... Commentant ce verset, le Or Ha'Haïm se demande: si la  Torah révèle son nom, elle devait le mentionner déjà au moment de l'acte et écrire: Or, le nom de l'Israélite, Zimri, fils de Salou... ainsi que le nom de celle qui avait péri, Kozbi, fille de Tsour. Et si la  Torah veut cacher son nom, comme elle l'a fait pour le coupeur de bois, pourquoi leur nom a-t-il été mentionné dans la  sidrah de Pin'has? Il répond: Le Seigneur ne vise pas à humilier même les méchants les plus notoires et à faire connaître leurs méfaits. C'est pourquoi Il n'a pas révélé leur nom au moment où ils ont commis cet acte infâme. Et ce n'est qu'après que Pin'has eût détourné la colère de l'Eternel sur les enfants d'Israël en se montrant jaloux au milieu d'eux (Nombres 25:11), qu'Il en a mentionné les noms en tenant à rappeler leurs titres respectifs, chef d'une famille paternelle des Siméonites, et fille du roi Tsour, qui était chef des peuplades d'une famille paternelle de Midian (ibid. 15)... Le Saint, béni soit-Il, veille donc à l'honneur des enfants d'Israël, même si ce sont des mécréants, car Il ne veut pas qu'ils se découragent...

Il n'est donc pas de place pour le désespoir et l'abattement: le Juif doit constamment prendre conscience du fait que c'est un fils de la  Torah, qu'il reçoit tous les jours de nouveau. Commentant à cet effet le verset: Ces devoirs que Je t'impose aujourd'hui... (Deutéronome 6:6), le  Midrach (Pessikta Zouta) incite le Juif à les considérer tous les jours comme neufs. En effet, quand nous allons dormir, notre âme quitte notre corps et nous sommes considérés comme morts (Bérakhoth 57b): notre âme monte au ciel (Zohar I, 92b; 121b), et à notre réveil le matin, nous sommes considérés comme une créature nouvelle, aspect de: Elles se renouvellent chaque matin; grande est Ta bienveillance (Lamentations 3:23). Nous devons donc nous purifier en récitant les bénédictions de la  Torah et celles de l'aube. Après quoi, nous devons immédiatement nous engager dans l'étude de la  Torah, car c'est essentiellement grâce à elle que nous subsistons. Et pour étudier dès son lever, il faut étudier en allant se coucher sans parler ou s'occuper de choses vaines (cf. Deutéronome 6:7).

La  Michnah (Péah 1:1) nous énumère les  mitsvoth qui n'ont pas de mesure, dont on mange le capital dans ce monde et les intérêts dans le monde futur... et l'éveil pour se rendre au  Beth Midrach, le matin ( Cha'harith) et le soir ( 'Aravith). Les commentateurs se posent la question: l'éveil du matin, nous le comprenons, mais qu'entend-on par l'éveil du soir? C'est que, tout comme on va au lit le soir après avoir étudié la  Torah, on s'engage dans l'étude de la  Torah dès son réveil le matin, comme il est écrit: en te couchant et en te levant (Deutéronome 6:7): on est ainsi attaché à la  Torah au coucher comme au réveil... Par conséquent, même si on s'enfonce dans la cinquantième Porte de l'impureté, on ne doit pas se décourager, car la  Torah a le pouvoir de purifier l'homme et de le conduire sur la voie de la bonté et de la pureté.

Dans l'un de ses livres, Kéné HaMidah, Ha'Hida nous donne une ségoulah pour nous faire pardonner nos fautes: se concentrer sur les mots: Fais disparaître tous mes péchés (Psaumes 25:18), que nous récitons deux fois par jour dans le Ta'hanoun de Cha'harith et Min'hah. Notre section hebdomadaire y fait aussi allusion. Il est écrit: Que l'Eternel issa lève Son regard vers toi et t'accorde la paix (Nombres 6:26). En d'autres termes, si nous arrivons à la reconnaissance que nous n'existons dans ce monde que pour nous engager dans l'étude constante et assidue de la Torah, si nous en acceptons les Dix (youd = 10) Paroles qui sont SA allusion au ECH (qui a les mêmes lettres que SA, aleph, chin), feu de la Torah, et que nous implorons le Saint, béni soit-Il, de nous pardonner nos fautes, l'Eternel agit à notre égard mesure pour mesure: à Son tour, ISSA (youd, chin, aleph), Il lèvera Son regard vers nous et expiera nos fautes. Si nous péchons, nous ne connaîtrons pas la paix, comme il est écrit: Mes péchés ont banni la paix de mes membres (Psaumes 38:4), mais si nous nous repentons et implorons le Ciel de nous pardonner et de nous accorder la paix, nos fautes seront pardonnées. Ajoutons à cet effet que la locution VéYaSseM LeKha ChaLoM (Il t'accordera la paix) a la même valeur numérique que SeLi'HaTh AVoN Bé'HaSDeKhaH HaGaDoL (expiation des fautes par Ta grande bonté) (782).

Dans son recueil d'enseignements Kovets Si'hoth, Rabbi Nathan Meir Wokhtfoyguel écrit: On montre à chacun la lumière de la vérité et la voie à suivre au moins une fois dans sa vie. Chacun la voit à son heure. Il convient donc de l'empoigner, car il y va de la réussite de chacun. Il faut y revenir plusieurs fois, se l'imprégner dans son cœur pour surmonter toutes les épreuves de la vie et se ceindre les hanches pour livrer combat au mauvais penchant, aspect de Prépare-toi dans le vestibule, pour que tu puisses entrer dans l'intérieur du palais (Pirké Avoth 4:21) t'introduire dans la grande lumière.

Si nous ne ressentons pas cela, et que ce moment de vérité passe par inattention, implorons Dieu de tourner Son visage vers nous, et plus particulièrement cette année où nous lisons la sidrah Nasso immédiatement après la fête de Chavou'oth. Comme on le sait, quand les enfants d'Israël ont reçu la Torah, le mauvais penchant a été déraciné de leur cœur (Zohar I, 52a; II, 193b): le Saint, béni soit-Il, élève certainement Son peuple au-dessus de toutes les nations. Il nous a élu pour nous donner la Torah (Bérakhoth 11b). Grâce à l'étude de la Torah, nous accéderons à la cinquantième Porte de la pureté. Le Saint, béni soit-Il, nous incite à aspirer à trouver grâce à Ses yeux, à offrir à l'Eternel une oblation nouvelle (Lévitique 23:16), à Lui donner toute notre entité comme offrande le jour des prémices où nous présenterons à l'Eternel une offrande nouvelle, à la fin de nos semaines... (Nombres 28:26). Nous nous élèverons ainsi et nous puiserons des forces nouvelles pour Le servir. Chaque instant de notre vie servira d'offrande à notre Créateur: par nos actes, nous exalterons alors la Gloire de Dieu.

Lors de la parachath Nasso, après la fête de Chavou'oth, nous accédons à des niveaux très élevés: comme ont été élevés les fils de Guerchon dans ce sens que nous maîtrisons toutes les kelipoth qui ont été mégourachim (exclues) par Dieu après le Don de la Torah. Préparons-nous donc à cette fête, car elle influe sur notre avenir durant toute l'année qui suit. Si nous avons le mérite de ressentir que la Torah nous a été donnée ce jour-même au Sinaï, si nous en acceptons librement le joug; si nous revenons à Dieu en intensifiant notre crainte et en aiguisant notre sagesse, notre corps physique matériel se transformera en entité spirituelle totale: nous nous élèverons et la kelipah tombera.

 

 

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