Fondement de la pénitence: confession, Torah, souffrances

Revenons au verset des Nombres cité plus haut: Si un homme ou une femme a causé quelque préjudice à une personne et par là, commis une faute grave envers le Seigneur, et qu'ensuite cet individu se sente coupable, il confessera le préjudice commis... (5:6-7).

Nous avons lu dans un des livres des Admouré Alexander: Peut-on concevoir que celui qui se confesse pour un péché qu'il a commis, se fasse pardonner sa faute? Au moins, qu'il soit d'abord puni pour sa faute!

Nos Sages enseignent à cet effet: Combien grande est la téchouvah: Grâce à elle, les fautes se transforment en mérites (Yoma 86b), comme il est écrit: Lorsque le méchant renonce à sa méchanceté et pratique la justice et la vertu, grâce à elles, il vivra (Ezéchiel 33:19)... et cela n'est possible que s'il verse des larmes, pour lesquelles les portes du Ciel ne sont jamais fermées (Bérakhoth 32b; Zohar I, 132b; II, 243a), car les larmes effacent tout le passé, ainsi que la kelipah noire qui change le visage de celui qui pèche (ibid. II, 243a). L'image de Dieu réapparaît et il revêt l'aspect de Tsadik. En effet, enseigne le Talmud (Nidah 30b) avant que l'âme ne descende sur cette terre, on lui fait prêter serment: Tu seras un Tsadik. L'homme qui a versé des larmes sur ses fautes ressemble alors à un nouveau-né (cf. Yévamoth 22a).

Nous voyons de là l'importance de la pénitence complète: confession verbale, larmes et surtout regrets pour la souillure du passé qu'on a causée...

Nous devons toutefois savoir que lorsqu'on commet un péché, le corps jouit de la faute tandis que l'âme s'en trouve affligée. Et quand on verse des larmes et revient à Dieu, quand on soupire pour ses méfaits et exprime des regrets, c'est l'inverse qui se passe: le corps souffre alors que l'on éprouve du plaisir. Ce sont en fin de compte les souffrances du corps qui effacent le péché.

Tout ceci provient des bienfaits du Saint, béni soit-Il, qui donne à l'homme l'occasion de se renouveler: L'Eternel a préparé à Ses créatures le moyen de s'élever des immondices et d'épargner leur âme de descendre en enfer. Car Il connaît leur penchant et par Sa bonté, désire qu'ils reviennent à Lui, comme il est écrit: L'Eternel est bon et droit, aussi montre-t-Il au pécheur le [vrai] chemin (Psaumes 25:8). Il ne ferme jamais devant lui les portes du repentir, comme il est écrit: Revenez à Celui dont vous vous êtes si profondément séparés (Isaïe 31:6; Cha'aré Téchouvah 1:1).

Quand on s'approfondit sur ce sujet, on peut se demander: Comment l'homme peut-il vraiment pécher alors qu'on lui a fait prêter serment d'être Tsadik et non mécréant? C'est que, comme on le sait, l'homme a tendance à chercher le calme et la sérénité, mère de tout péché. Il doit savoir qu'il lui est interdit d'adopter une telle attitude dans la vie car l'homme est né pour le labeur 'AMaL (Job 5:7) celui de la Torah (Sanhédrine 99b), comme il est écrit: Ce livre de la Torah ne doit pas quitter ta bouche (Josué 1:8). Et si on s'engage dans l'étude de la Torah, on n'a pas le temps de penser à pécher...

Mais celui qui ne recherche que le calme et la tranquillité comme les nations du monde, celui qui ne met pas en pratique les directives du Roi David de ne pas suivre les conseils des méchants, ne pas prendre place dans la société des railleurs, de ne trouver son plaisir que dans le Torah de l'Eternel... (Psaumes 1:1-2) est certainement susceptible de fauter devant Dieu, comme il est écrit: Si un homme ou une femme a causé un préjudice à une personne et par là, Ma'AL (qui a les mêmes lettres que 'AMaL) a commis une faute envers le Seigneur, mais qu'ensuite se sente ACheM (qui a la même valeur numérique que ChaLVaH, la tranquillité: 341). En d'autres termes, si on se complaît dans la sérénité au lieu de porter le joug de la Torah, on est susceptible de fauter, à Dieu ne plaise. On oublie la Torah, comme le cas de Rabbi El'azar ben 'Arakh qui, après s'être abreuvé de vin, lavé et mené une vie paisible et sans soucis, a oublié ce qu'il étudiait et a lu dans la Torah: Leur cœur est-il devenu sourd? au lieu de: ce mois sera pour vous (Chabath 147b). C'est pourquoi nos Sages nous conseillent de nous exiler dans un endoit où on enseigne la Torah (Avoth 4:18; Tana débé Elyahou Rabah 14; Chabath, loc. cit.), car en l'exil, on s'engage dans l'étude de la Torah et on ne se complaît pas dans le calme et la sérénité: on n'est donc pas coupable.

Tout le monde doit se dire: C'est pour moi que le monde a été créé, enseigne le Talmud (Sanhédrine 37a). C'est un enseignement difficile à comprendre. Comment l'homme peut-il concevoir que c'est grâce à lui que le monde subsiste? Qu'en est-il alors des Justes de toutes les générations qui eux sont vraiment les fondations de l'univers? (Proverbes 10:25).

En vérité, on doit savoir que le 'olam, monde, ne subsiste que grâce au 'amal (la Torah qu'on étudie), aux efforts qu'on déploie pour étudier la Torah. Si mon alliance ('OLaM et 'AMaL ont les mêmes lettres) le jour et la nuit ne subsiste plus, Je cesserais de fixer des lois au ciel et à la terre... (Jérémie 33:25). Jusque-là le monde a subsisté grâce aux Tsadikim, et si on veut qu'il continue à subsister, on doit s'engager assid–ment dans l'étude de la Torah. C'est pourquoi nos Sages ont obligé chacun de nous à ressentir que le monde a été créé pour lui, à prendre conscience du rôle qu'il lui incombe de jouer: il ne doit donc pas cesser d'étudier la Torah. S'il se laisse séduire par les attraits de ce monde, il met sa vie et celle du monde entier en danger, car le monde ne subsiste que grâce à la Torah... C'est comme un avion en envol qui ne peut voler que grâce à la puissance de ses moteurs. Si les moteurs cessent de fonctionner, ne serait-ce un instant, l'avion risque de s'écraser au sol. Ce monde, qui ne ressemble à aucun de ceux que le Saint, béni soit-Il, a créés et détruits (Béréchith Rabah 3:9; Zohar I, 25) ne subsiste que grâce à l'étude de la Torah.

Une fois, le Gaon de Vilna au lieu de rentrer chez lui pour briser son je–ne à la sortie de Yom Kipour, resta dans la Yéchivah et étudia les traités difficiles de la Guémara, Zéva'him et Ména'hoth. A la question pourquoi il avait agi de la sorte, il répondit: Si tout le monde rentre manger, qui s'engagera alors dans l'étude de la Torah... et comment le monde subsistera-t-il?

L'argument du Gaon de Vilna semble difficile à comprendre: En ce jour là, tout le peuple d'Israël a rempli les synagogues, a prié avec ferveur et s'est promis d'améliorer sa conduite et de revenir vers Dieu, qui a accepté sa pénitence. A la sortie de la fête, Il leur dit: Va donc, mange ton pain allègrement... car Dieu a pris plaisir à tes œuvres (Ecclésiaste 9:7). De plus, c'est une mitsvah de manger à la sortie du je–ne de Kipour, et plus particulièrement si on fait des bénédictions et qu'on prononce des paroles de Torah à table. On commence ensuite à construire la soucah (Choul'han Aroukh, Ora'h 'Haïm 625:5), puis on se met au lit (encore une mitsvah) pour renouveler les forces nécessaires au service divin le lendemain... Que craignait alors le Gaon de Vilna?

Le Gaon de Vilna craignait que le repas qui brise le je–ne soit empreint de pensées étrangères, d'un plaisir exclusivement physique. Quand on accomplit une mitsvah, on ne doit avoir aucune arrière pensée: on doit l'accomplir lichmah, pour se conformer à la volonté divine. Par conséquent, si le Gaon de Vilna s'est engagé toute la nuit après le je–ne dans l'étude de la Torah, sans aucun motif ultérieur, c'est pour que le monde ne cesse pas de subsister.

Parlant une fois du Avné Nézer, l'Admour de Kotsk a expliqué pourquoi le père de ce dernier, Rabbi Zéev Na'houm de Bialé, a eu le mérite d'avoir un fils aussi illustre: c'est parce qu'une fois à Pourim, alors que tout le monde accomplissait les mitsvoth relatives à la fête, il était le seul à étudier la Torah: sans son étude, le monde serait revenu au chaos et à la dévastation... Les soins portés au corps constituent un précepte divin, à condition qu'ils visent à être en bonne santé pour pouvoir accomplir le service divin de son mieux. Commentant à cet effet le verset: L'homme qui veille à son corps assure son propre bonheur, le Midrach (Vayikra Rabah 34:3) l'applique à Hillel l'Ancien, qui allait au bain public pour accomplir un acte de bienfaisance envers son corps, qui loge l'âme. Car le corps se trouve ici aujourd'hui, et demain dans la tombe. Hillel n'a pu en fait s'engager assid–ment dans l'étude de la Torah, que parce qu'il veillait à sa santé physique. Le corps à son tour subsiste par cette étude: autrement, il cesse de fonctionner... L'oisiveté conduit à la folie (Kéthouvoth 59b), qui à son tour conduit au péché, comme il est écrit: On ne succombe au péché que si on a été habité par un esprit de folie (Sotah 3a). Engageons-nous donc jour et nuit dans l'étude de la Torah.

 

 

L'ascension constante dans l'étude de la Torah et l'accomplissement des mitsvoth conduisent à l'inspiration divine
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