La sainteté du nazir: L'élimination du mauvais penchant

Dans le verset: Si un homme ou une femme fait expressément le vœu d'être nazir... il s'abstiendra de vin... et il présentera son offrande à l'Eternel, un agneau sans défaut pour holocauste, et un bélier sans défaut pour rémunératoire (Nombres 6:1-14). La Torah parle de celui qui aspire à se sanctifier et se dévouer corps et âme au Saint, béni soit-Il, qui veut fuir les futilités de ce monde et servir de sacrifice à son Créateur; qui vise à sanctifier et dépasser toutes les mitsvoth prescrites par la Torah. La Torah lui ordonne de s'abstenir de boire du vin et de se couper les cheveux: il porte alors le droit d'abstème, et devient sacré comme le Grand Prêtre. Il n'approchera d'aucun corps mort, même pour son père et pour sa mère, il ne se souillera pas (Lévitique 21:11). Le nazir est sanctifié par son élévation et ressemble au Grand Prêtre dont les habits contribuent à effacer les péchés de la communauté d'Israël (Zéva'him 88b; Erkhin 16a).

On peut se demander pourquoi la Torah lui interdit précisément de boire du vin et se couper les cheveux, ce qui le conduira à la sainteté absolue. C'est qu'à notre humble avis, la Torah donne à l'homme des conseils judicieux. S'il aspire à la plénitude et à se dévouer complètement à Dieu, il doit s'abstenir de boire du vin qui, comme nous l'avons vu, rend joyeux... Tous les plaisirs physiques servent de barrière qui empêche toute accession à la sainteté totale. Le nazir doit ressembler à un ange dévoué exclusivement à servir le Saint, béni soit-Il.

Quant à la barbe, nous savons qu'elle revêt de majesté celui qui la porte: elle donne au visage un aspect de sainteté (Zohar III, 131a). Les cheveux de la tête en revanche ont quelque chose d'impur, et celui qui les touche doit se laver les mains, ont enseigné nos Sages. D'autre part, les cheveux contribuent à embellir. C'est ce qu'on voit chez Yossef qui passait son enfance avec les fils de Bilha (Genèse 37:2), et se bouclait les cheveux pour être beau (Béréchith Rabah 84:7). C'est pour cela que la Torah prescrit au nazir de ne pas veiller à sa beauté physique en s'occupant de ses cheveux et de sa barbe: autrement, il risque de s'enorgueillir et d'en éprouver du plaisir, ce qui va à l'encontre de ses aspirations.

Rappelons l'épisode de cet abstème qui est venu un jour chez Chimon le Tsadik, et lui a demandé d'accepter son offrande pour qu'il puisse se raser les cheveux de la tête et la barbe. Pourquoi? lui demanda-t-il. Est-ce qu'ils te procurent du plaisir? Je suis un berger, lui expliqua le nazir, et j'ai vu le reflet de mon visage. J'ai alors été saisi de peur et craint d'être attaqué par le mauvais penchant car mes cheveux sont très beaux, c'est pour cela que j'ai sanctifié mes cheveux à Dieu. Chimon HaTsadik lui dit alors en l'embrassant sur le front: Que les nézirim comme toi se multiplient en Israël! Tu es sincère et tu as agi exclusivement pour l'amour de Dieu et réussi à vaincre ton mauvais penchant. L'abstème ressemble donc au Grand Prêtre, qui est seul habilité à entrer dans le Saint des Saints le jour de Kipour et est prêt à se sacrifier pour expier les fautes de la communauté d'Israël.

L'homme doit donc fuir tout ce qui peut lui procurer plaisir et satisfaction, car leur impact sur son âme est immense; il doit faire une haie autour de la Torah (Pirké Avoth 1:1) de peur de la transgresser. Car celui qui commet régulièrement des péchés est prêt à livrer combat à celui qui le réprimande si son cœur s'enorgueillit, il risque d'oublier l'Eternel, son Dieu (cf. Deutéronome 8:14). L'abstème doit donc se soumettre, s'humilier et s'abstenir de boire du vin pour montrer qu'il appartient tout entier à Dieu. Il doit éliminer de lui toute trace de corporalité...

Mais maintenant que notre Saint Temple a été détruit, comment

pouvons-nous être des nézirim s'il faut apporter un sacrifice à la fin de la période de la nézirouth ou si on devient impurs? Comment pouvons-nous nous éloigner du mauvais penchant et de l'influence du voisinage? En étudiant la Torah dans les synagogues et yéchivoth, qui sont en quelque sorte des petits sanctuaires (cf. Ezéchiel 11:16; voir aussi Méguilah 29a). Donc, si ce scélérat paga' békha, te blesse, traîne-le vers la yéchivah. Le Talmud ne dit pas pagach békha, te rencontre, car cette rencontre même avec le mauvais penchant constitue un heurt. Traîne-le donc dans la maison d'étude, tu en seras épargné. Car la Torah protège et sauve (Sotah 21a). Il n'est donc pas de plus grand ascète que celui qui se débarrasse de toute corporalité et s'engage dans l'étude de la Torah.

Ne le traîne pas littéralement dans la maison d'étude: il risque de déranger toi et les autres dans leur étude. Laisse-le donc plutôt dehors... L'essentiel est de s'engager intensivement dans l'étude de la Torah (Torath Cohanim Bé'houkotaï), comme il est écrit: La Torah travaille pour le laborieux... (Proverbes 16:26; voir aussi Sanhédrine 99b): on se dépouille ainsi de toute corporalité et on se sanctifie complètement pour l'amour de Dieu et Sa Torah.

 

 

De la vertu de l'abstinence et de la sainteté contre le mauvais penchant
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