Par le mérite de la Torah vous n'emprunterez pas la voie des nations

Moché envoie des messagers au roi d'Edom: Ainsi parle ton frère Israël... (Nombres 20:17).

Comment Moché peut-il leur faire porter ce nom affectif (voir Tan'houma, 12)? Pourquoi insiste-t-il tellement pour faire passer les Israélites sur son territoire, sur leur chemin vers la Terre Promise? Ne craignait-il pas son influence néfaste? La Michnah ne nous préconise-t-elle pas de nous éloigner d'un méchant voisin et de ne pas nous lier à l'impie (Pirké Avoth 1:7)? Si Moché voulait abreuver les enfants d'Israël dans le désert, le Saint, béni soit-Il, aurait pu accomplir un miracle et leur procurer de l'eau. Pourquoi seraient-ils obligés de passer par ce pays de mécréants et courir le risque d'être influencés par leur perversité?

Commentant à cet effet le verset: Or, lorsque Pharaon eut laissé partir le peuple, Dieu ne les dirigea point par le pays des Philistins, lequel est rapproché, parce que Dieu disait: Le peuple pourrait se raviser à la vue de la guerre et retourner en Egypte (Exode 13:17), le Nahalath Eliézer demande: Après leur asservissement cruel de deux cent dix ans en Egypte (Béréchith Rabah 91:2; Zohar I, 198), les enfants d'Israël désiraient-ils vraiment revenir en Egypte en cas de guerre? Ils savaient bien ce qui les y attendait. N'avaient-ils pas reçu la promesse que leur entrée en Terre Sainte était imminente? C'est que la Torah veut nous montrer à quel point l'homme est faible: confronté à l'épreuve il n'est capable de voir ni le passé ni l'avenir. Il cherche par tous les moyens à survivre et à alléger ses souffrances, en faisant parfois de faux calculs, qu'il regrette par la suite.

Les enfants d'Israël étaient persuadés de leur incapacité de surmonter l'épreuve de la guerre, ils étaient même prêts à revenir en Egypte: ils se sont alors bien trompés. Dieu fit donc dévier le peuple du côté du désert, vers la Mer des Joncs (Exode 13:18). Ceci nous apprend qu'il faut s'efforcer de faire des barrières pour éviter l'épreuve. Le Hovath HaLévavoth écrit à cet effet (chapitre 5): la condition sine qua non du repentir consiste à s'abstenir de ce qui est permis et qui peut conduire à ce qui est interdit. Il ne faut laisser aucune place au doute... Les Tsadikim s'éloignaient de soixante-dix portes de ce qui est permis, de crainte d'entrer dans celle qui est interdite. La Michnah nous avertit aussi de faire une haie autour de la Loi (Pirké Avoth 1:1). Il convient donc de fuir l'épreuve comme on fuit devant le feu. Tout rapprochement entre les deux frères, Ya'akov et Essav, conduit irrémédiablement au péché.

Si les Israélites devaient s'attarder au pays d'Edom, ils étaient susceptibles de commencer quelque peu à s'y plaire, de chuter spirituellement, et Dieu les en aurait punis. Nous revenons donc à notre question: Pourquoi Moché n'a-t-il pas craint cette épreuve?

C'est que, par son esprit saint, Moché savait que les Israélites seraient exilés au pays d'Edom. C'est le quatrième exil (Zohar, Genèse 12a), qui devait durer près de deux mille ans, contrairement à celui d'Egypte qui n'a duré que deux cent dix ans, comme nous l'avons vu. Moché voulait par là apprendre deux choses aux Israélites:

1) Qu'Essav hait Ya'akov: c'est un principe, une loi. Les enfants d'Essav/Edom savaient que les enfants d'Israël ont été asservis deux cent dix ans en Egypte et qu'ils sont en train d'errer quarante ans dans le désert et demandent avec insistance de passer par le territoire d'Edom. Mais le roi les haïssait tellement qu'il ne leur a pas accordé cette autorisation. C'est une haine absolument gratuite: on ne peut pas en effet prétendre qu'il les haïssait parce qu'ils étaient sur leur chemin vers la Terre Promise. On sait que le roi d'Edom/Essav a renoncé à sa part dans l'héritage d'Erets Israël: repoussés par sa sainteté, ils se sont installés autre part... Les Israélites doivent donc en tirer une leçon et s'éloigner d'eux parce qu'ils n'ont pas eu pitié d'eux. Ils doivent tenir le raisonnement à priori: quand nous avions de l'argent et de l'or à leur proposer pour nous permettre de passer par leur territoire, ils ne nous ont pas permis d'y entrer. Qu'en serait-il alors si nous en serions dépourvus?

2) Que les habitants d'Edom sont foncièrement mauvais et qu'il convient de s'en éloigner radicalement. Eux qui avaient entendu parler des miracles que le Saint, béni soit-Il, avait accomplis en Egypte et dans le désert, auraient dû laisser passer les enfants d'Israël par leur territoire, ils en auraient appris la voie de la rectitude et du repentir et se seraient rapprochés de Dieu... Ils auraient dû tout au moins reconnaître l'existence des Israélites et les miracles qui se sont produits pour eux.

Moché savait aussi que si Edom donnait aux Israélites l'autorisation de passer par son pays, ces derniers seraient susceptibles d'en être influencés et de suivre leur voie. Et il voulait exactement l'inverse: qu'en pénétrant dans le territoire d'Edom, les Israélites prennent conscience de ce qui les différencie des habitants du pays. Alors qu'eux mènent une vie de pureté et sainteté, les Edomiens succombent à la perversité totale à tous les plans. Les enfants d'Israël surmonteraient alors certainement les épreuves: Ya'akov sortit de Béer Chéva' et alla à 'Haran (Genèse 28:10): il est sorti de la sainteté vers le pays de 'Haron Af (la colère). Il n'en a toutefois pas été influencé et a continué à mener une vie de sainteté. Moché pensait que les Israélites ne subiraient pas l'influence néfaste d'Edom, qu'ils poursuivraient leur chemin vers la Terre Sainte en surmontant toutes les épreuves. C'est pourquoi il a agi de la sorte.

On peut aussi interpréter cet épisode d'une autre façon: Moché consentait à ce que les enfants d'Israël passent par Edom parce qu'ils étudiaient la Torah qui protège et sauve, comme nous l'avons vu dans une leçon précédente. Le Midrach (Esther Rabah 10:11) raconte à cet effet l'histoire d'Adrien qui, voyant un Juif passer près de lui, a demandé à Rabbi Yéhochoua': Comment une brebis peut-elle survivre entourée de soixante-dix loups? C'est parce que nous avons un pâtre qui nous protège, lui expliqua-t-il. Ceci nous montre que même dans l'exil, nous pouvons être sauvés par la Torah et surmonter toutes les épreuves.

Cette Torah les protégeait quand ils étaient dirigés par Moché. Mais en Egypte, où les enfants d'Israël n'avaient pas encore reçu la Torah, ils étaient enfoncés dans les quarante-neuf portes de l'impureté et adoraient en fait des idoles (Chémoth Rabah 16:2). Comme ils étaient susceptibles de redescendre en Egypte pour ne pas avoir à surmonter les épreuves du désert, le Saint, béni soit-Il, fit dévier le peuple du côté du désert pour les en dissuader.

C'est donc grâce à la Torah qu'on peut surmonter les épreuves, en particulier dans l'exil. Seule la Torah sauve et protège. Il convient donc d'habiter dans un lieu où on peut s'engager dans l'étude de la Torah (cf. Pirké Avoth 6:9) pour ne pas subir l'influence néfaste du voisinage... Sachons toutefois que toutes les nations sont jalouses de nous, car c'est nous que l'Eternel a choisi pour le peuple élu entre tous les peuples (Deutéronome 7:6); seuls nous avons le privilège de porter le titre de trésor entre tous les peuples (Exode 19:5). Ce n'est qu'à nous qu'Il a donné la Torah (cf. Bérakhoth 11b). Les Nations ne peuvent pas tolérer cet état de fait, elles qui sont dominées par leur passions, qui tuent et volent, envient et haïssent, etc. Elles ne peuvent pas tolérer ceux qui observent la Torah et les préceptes divins et que l'Eternel récompense dans l'avenir (cf. Pirké Avoth 2:21; Pessikta Zouta, début de la sidrath Choftim). Elles pèchent et incitent au péché (Sanhédrine 107b; Pirké Avoth 5:21). Elles seront donc toutes châtiées, aspect de: Que meure mon âme avec les Philistins! (Juges 16:30) pour qu'il n'y ait personne qui rappelle leurs méfaits... Celui qui s'engage dans l'étude de la Torah n'a rien à craindre: il sera sauvé de l'exil (Pessikta Zouta, Vaet'hanane 4:32) et de tout mal. Ses entreprises seront couronnées de succès et il pourra surmonter toutes les épreuves.

 

 

Israël face à Edom: guerre spirituelle pour toutes les générations
TABLE DE MATIERE
Éloigne-toi du voisin méchant et ne te lie pas au mécréant

 

Hevrat Pinto • 32, rue du Plateau 75019 Paris - FRANCE • Tél. : +331 42 08 25 40 • Fax : +331 42 06 00 33 • © 2015 • Webmaster : Hanania Soussan