La force de l'union et de la sainteté contre les nations du monde

Moav eut grand peur de ce peuple, parce qu'il était nombreux... et Moav trembla à cause des enfants d'Israël. Et Moav dit aux anciens de Midian: Bientôt cette multitude aura fourragé tous nos alentours, comme le bœuf fourrage l'herbe des champs (Nombres 22:3-4).

1) Pourquoi Israël porte-t-il ici trois noms: peuple, enfants d'Israël, et multitude (hakahal: rassemblement)?

2) Pourquoi Balak compare-t-il les enfants d'Israël précisément au bœuf qui fourrage l'herbe des champs et pas à un autre animal?

Si on considère avec soin la description faite par le Roi David du péché du veau d'or, on voit qu'elle ressemble beaucoup à celle de Balak se rapportant aux enfants d'Israël. En effet, le Roi David dit: Ils troquèrent leur gloire contre l'effigie d'un bœuf (chor) qui broute l'herbe (Psaumes 106:20). Le même chor est repris par Balak comme le bœuf fourrage l'herbe des champs. Balak, qui parlait à Bil'am, voulait faire une allusion à la faute des enfants d'Israël: aussitôt sorti d'Egypte, le peuple a commis le péché du veau d'or et a commencé à fabriquer l'effigie d'un bœuf qu'il adora. Le Saint, béni soit-Il, a alors voulu exterminer les enfants d'Israël, mais Moché implora l'Eternel qui a annulé le décret (cf. Exode 32:11).

Non seulement les enfants d'Israël n'ont pas été punis pour leur faute, mais ils remportèrent des victoires sur leurs ennemis. Comme le bœuf fourrage l'herbe des champs. C'est grâce aux sacrifices (dont le bœuf est une allusion) qu'ils offraient à l'Eternel. Balak dit à Bil'am: Comme tu connais exactement l'instant où leur Dieu se met en colère (Bérakoth 7a; Sanhédrine 105b; Zohar III, 305a), rappelle-Lui l'effigie du bœuf: la malédiction s'appliquera alors sur les enfants d'Israël.

Balak ignorait toutefois que lorsque le Peuple d'Israël est uni, l'attribut de jugement ne s'applique pas sur lui, même si les Juifs adorent des idoles (Tan'houma Choftim 18; Zohar I, 200b). Le prophète (Osée 4:17) écrit à cet effet, comme nous l'avons déjà vu: Ephraïm est collé aux idoles, qu'on le laisse! Mais s'ils ne sont pas unis, Leur cœur est partagé, ils en portent la peine maintenant (ibid. 10:2). Bientôt cette multitude aura fourragé... en d'autres termes, maintenant qu'ils sont unis, ils représentent un danger pour le monde entier. Et c'est grâce à cette union qu'ils on vaincu 'Og etc. Balak et Bil'am se consultent donc pour voir comment ils peuvent créer une scission entre les enfants d'Israël: l'attribut de jugement s'appliquera alors sur eux, et Dieu se rappellera leur péché du veau d'or.

Tant que les enfants d'Israël empruntent la voie divine, ils portent le nom de peuple, aspect de: le peuple qu'Il s'est choisi comme Son héritage (Psaumes 33:12). Aucune nation ne peut alors les vaincre. Ah! si Mon peuple voulait M'écouter, Israël marcher dans Mes voies! (ibid. 81:14). En d'autres termes, si les enfants d'Israël écoutent la voix du Seigneur, Je leur fais porter le nom de Mon peuple: ils accèdent en outre au rang extrêmement élevé d'Israël, comme annonce l'ange à Ya'akov: Jacob ne sera plus ton nom, mais bien Israël... (Genèse 32:29). Le Zohar (II, 160b) enseigne à cet effet que les Juifs ont le mérite de porter le nom de peuple quand ils se dévouent corps et âme au service divin.

Haman, le mécréant, a aussi tiré une leçon de la tactique de Bil'am. En apprenant au roi A'hachvéroch qu'il est une nation disséminée et désunie... (Esther 3:8), il voulait lui faire comprendre que l'heure de les exterminer était propice. Toutefois, grâce à l'assistance divine, Esther a ordonné à Mordékhaï d'aller rassembler tous les Juifs présents à Suse... (ibid. 4:16): l'union a ainsi engendré l'annulation du décret.

Balak et Bil'am ont usé de tous les stratagèmes pour faire abattre la malédiction sur Israël. Comme nous l'avons vu, Bil'am a appris à Balak que le Dieu de ceux-ci abhorre la débauche (Sanhédrine 106a). Zimri, fils de Salou, rassembla toute sa tribu contre Moché en lui demandant: Si une Midianite (Kozbi, fille de Tsour) m'est interdite par la loi, comment te permets-tu, toi, de prendre pour épouse une Midianite (Tsipora)! (Bamidbar Rabah 20:25). Les mains de Moché se sont alors affaiblies et il a oublié la halakhah... La controverse commença alors à sévir au sein des enfants d'Israël; les cœurs se sont séparés et on a failli assister à une lutte intestine entre eux...

On peut alors se demander comment cette génération de la Connaissance, qui était entourée de sept nuées de gloire, puisse en arriver à se pervertir avec les filles de Midian et Moav?

C'est que, d'après Rachi qui cite le Midrach (Tan'houma, loc. cit.), quand Bil'am bénissait les enfants d'Israël, il poussait des cris pour se faire entendre des nations du monde et enraciner la haine des Juifs dans leur cœur. C'est l'aspect du verset: Assourdir de grand matin son prochain par de bruyantes bénédictions, c'est comme si on lui disait des injures (Proverbes 27:14). A leur tour, quand les Israélites ont entendu la voix de Bil'am les bénir, ils sont sortis du campement pour assister à ce miracle: comment leur plus grand ennemi (Bamidbar Rabah 20:8; Balak 8) les bénit. Ils ont vu en même temps les filles de Moav et le mauvais penchant a commencé à les provoquer, car comme nous l'ont enseigné nos Sages (Kéthouvoth 13b; 'Houlin 11b): rien n'épargne du mauvais désir, et ceci s'applique même aux plus grands Justes (Yérouchalmi Kéthouvoth 1:8)... Commentant à cet effet le verset: Soyez saints, car Je suis saint... (Lévitique 19:1), Rachi rapportant le Midrach (Vayikra Rabah 24:6) explique qu'il convient de s'éloigner plus particulièrement de l'inceste et de la faute... Au lieu de fuir les filles de Moav, les enfants d'Israël commencèrent au contraire à s'en rapprocher et en être séduits. Résultat: Ceux qui avaient péri par suite du fléau étaient au nombre de vingt-quatre mille (Nombres 25:9), car le péché est tapi à la porte (Genèse 4:7).

Alors Bil'am est allé chercher son salaire et est passé par le fil de l'épée (Sanhédrine 106a; Tan'houma Matoth 3).

On peut se demander pourquoi il a agi de la sorte! Tout le monde a bien vu qu'il n'a pas réussi à léser Israël. Et si, en vérité, il y avait réussi de façon ou d'autre, pourquoi Balak aurait-il refusé de le récompenser pour ses conseils. Pourquoi lui a-t-il plutôt dit: Et maintenant, fuis vers ton pays (Nombres 24:1).

C'est que la Torah met ici l'accent sur la haine que portait Bil'am à Israël, qui n'a réussi en aucune façon à les maudire. Il a alors montré à toutes les nations comment semer la mort au sein des enfants d'Israël: en les poussant à la débauche.

Balak l'a toutefois repoussé et a refusé de lui accorder une récompense pour les résultats de ses conseils parce qu'il savait que les enfants d'Israël ont sur quoi s'appuyer: sur le Chabath qui protège celui qui l'observe même de la débauche. Comme nous l'avons vu en détail dans la leçon La sainteté du Chabath et de l'alliance contre la haine de Balak et Bil'am, la valeur numérique de CHaBaTh est la même que 'ARaYOTh 'HaBOu (l'inceste) (702) qui est formé des premières lettres de 'HeIL BaLa' VaYéKIENOu (Il a dévoré une fortune et il faut qu'il la rejette) (Job 20:15), nom qui dans la Kabalah est efficace contre la débauche.

Puissions-nous, avec l'aide de l'Eternel et le mérite du Chabath, nous épargner des conseils de nos ennemis et accueillir au plus tôt notre Machia'h intègre.

 

 

La force des Bné Israël réside dans l’union
TABLE DE MATIERE
La haine des nations ou la crainte de la sainteté

 

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