Qu'elles sont belles tes tentes, ô Jacob... ou la force de la Torah

Concernant les bénédictions de Bil'am, nous avons vu que tes tentes correspondent aux synagogues et tes demeures aux maisons d'étude. Rabbi Abba bar Kahana enseigne à cet effet qu'à l'exception de ces demeures et maisons d'étude, toutes les bénédictions ont été transformées en malédictions ce qui était sa réelle intention (cf. Sanhédrine 105b). Cet enseignement exige un certain nombre d'éclaircissement:

1) Si la raison pour laquelle les malédictions de Bil'am ne se sont pas accomplies est qu'il ne les a pas faites sincèrement de tout cœur, pourquoi la bénédiction: Qu'elles sont belles... s'est-elle oui accomplie? L'aurait-il faite de tout cœur?

2) L'auteur de Ilana De'Hayé se demande pourquoi les bénédictions de Bil'am ont été mentionnées dans la Torah si elles n'ont pas été faites de tout cœur? A quoi servent-elles alors?

Pour nous concentrer davantage sur le problème, considérons l'importance des actes accomplis par celui qui revient en téchouvah: même les plus grands Tsadikim tirent une leçon du dévouement exemplaire de ceux qui déploient les efforts les plus sincères pour revenir sur le bon chemin: ils s'en fortifient. Si le Roi David, qui n'avait appris d'A'hitophel que deux choses, l'a appelé mon maître, mon conseiller et mon ami (Pirké Avoth 6:3), que de respect devons-nous accorder à ceux qui raffermissent les fondations de notre judaïsme. Nous devons peut-être aussi les appeler: mon maître et rav.

Certains acquièrent leur monde en un instant! s'est exclamé à cet effet Rabbi en pleurant (Avodah Zarah 10b; 17b; 18a): en d'autres termes, ceux qui sont revenus vers leur Créateur ont droit à une grande récompense pour tous les efforts et l'énergie déployés un instant pour revenir sur le bon chemin. Il a aussi pleuré pour ceux qui peuvent acquérir à tout moment le monde futur en intensifiant leur étude de la Torah et s'abstiennent de le faire. Et si le ba'al téchouvah, qui ne connaissait pas Dieu, est assuré du Monde Futur, celui qui reconnaît son Créateur peut se raffermir chaque jour à toute heure en considérant qu'aujourd'hui même il vient de recevoir la Torah du Sinaï (Pessikta Zouta, Vaet'hanane 6:6; Rachi, Ki Tavo 26:16).

Toutefois, celui qui a choisi le bien et désire emprunter le chemin de la droiture, doit fournir de nombreux efforts pour arriver à l'objectif qu'il s'est fixé, car le mauvais penchant lui tend partout une embuscade. S'il prend conscience de son aspiration ardente à s'engager dans l'étude de la Torah, il craint que ses efforts le conduisent à reconnaître son Créateur. Et même si on entre dans une Yéchivah sans pour autant étudier la Torah, le seul fait de se trouver dans un lieu d'étude laisse un grand impact et on finira certainement par étudier la Torah pour l'amour même de l'étude (Pessa'him 50b; Zohar III, 85b; Ekhah Rabati, Introduction 2). On pourra alors prendre conscience des obstacles placés par le mauvais penchant pour nous faire trébucher. On fera alors de son mieux pour s'éloigner radicalement de lui et on ne recherchera que la proximité du penchant du bien.

Si ce scélérat entre en contact avec toi, traîne-le dans la maison d'étude, nous préconise le Talmud: s'il est dur comme la pierre, il se brisera; s'il est solide comme le fer, il volera en éclats (Soucah 52b; Kidouchine 30b; Zohar I, 190b). Engage-toi dans l'étude de la Torah et tu en viendras à réaliser que le mauvais penchant ne vise qu'à te tromper.

Certains s'éloignent radicalement de notre religion et refusent même d'en entendre parler. Au lieu de reconnaître la vérité, ils préfèrent rester dans les ténèbres du mensonge et de l'impureté. C'est parce qu'ils tendent l'oreille au mauvais penchant qui leur explique que s'ils reconnaissent la vérité, ils ne pourront pas jouir des délices de ce monde... Pour le contrer, nous devons déployer tous nos efforts pour nous rendre à un lieu où on étudie la Torah. Même le plus grand mécréant en viendra dans ces circonstances à reconnaître pleinement le Créateur de l'univers. Car la voix de la Torah percera son cœur et fera voler en éclats le mal qui s'y trouvait. Nous avons déjà vu à cet effet l'exemple de Rech Lakich, un brigand notoire, qui s'est repenti dès qu'il a entendu la voix de Rabbi Yo'hanan. Car Ma parole ressemble au feu... et au marteau qui fait voler en éclats le rocher (Jérémie 23:29).

En dépit de sa méchanceté et de la haine qu'il portait à Israël, Bil'am s'émerveilla et son cœur se déchira en voyant les enfants d'Israël réunis autour du sanctuaire qui les rattache à leur père qui est au Ciel et négliger les futilités de ce monde pour se concentrer exclusivement sur la vie éternelle. Il n'a pu alors que s'exclamer: Qu'elles sont belles, tes tentes, ô Jacob! C'est-à-dire combien elle est belle la Torah qui porte le nom de Tov, à l'étude de laquelle on s'engage comme notre patriarche Ya'akov vivant sous les Tentes (Genèses 25:27), celle de Chem et de Ever (Béréchith Rabah 63:15; Rachi, loc.cit.) MiCHkéNotéKha, tes demeures, ô Israël!: cette étude permet au Juif d'être NiMCHaKh (attiré) par la CHéKhiNah et s'attacher à elle.

Ces bénédictions ont donc été mentionnées dans la Torah, parce que Bil'am les a dites très sincèrement, du plus profond du cœur, tant il fut touché par la grandeur des enfants d'Israël. De loin, il a été ébloui par la vue de la grandeur des Juifs engagés dans l'étude de la Torah, ou réunis autour du sanctuaire. S'il s'était alors rapproché d'avantage, il se serait certainement repenti, et se serait lui aussi engagé dans l'étude de la Torah. Il serait alors devenu un autre homme.

C'est cela la force de la Torah, qui peut changer un homme aussi mécréant que Bil'am. Ainsi, celui qui veut connaître la voie que nous trace la Torah doit se mettre sans tarder à son étude. Sinon, ce roi vieux et stupide (Zohar I, 179b) qu'est le mauvais penchant, est susceptible de l'attraper dans ses filets et de l'en éloigner radicalement.

Bil'am n'a toutefois pas réagi comme Yithro, qu'il connaissait de longue date. En effet, ils servaient avec Iyov de conseillers de Pharaon (cf. Sanhédrine 106a; Zohar II, 69a). Yithro entendit alors (Exode 18:1). Qu'a-t-il entendu? demandent nos Sages (Zéva'him 116a): la guerre d'Amalek contre les enfants d'Israël et le miracle de la Mer Rouge. Yithro a laissé tout son argent et ses possessions pour se rapprocher de Dieu. Il a fui toutes les futilités de ce monde sitôt qu'il a reconnu le Créateur de l'univers. Bil'am a en revanche marqué un recul sensible parce qu'il lui était difficile de se séparer de ses biens. C'est la richesse amassée pour le malheur de celui qui la possède (Ecclésiaste 5:12). Il ne savait pas qu'on peut être sous la protection de la sagesse et sous la protection de l'argent (ibid. 7:12). Il ne manquait donc plus à Bil'am que très peu pour se rapprocher d'Israël et gagner son monde.

C'est donc le lucre qui l'a empêché de se rapprocher d'Israël. Il a ainsi tout perdu et est devenu le plus grand ennemi de notre peuple.

Nous pouvons maintenant répondre à la question que nous avons posée plus haut: Si les bénédictions de Bil'am n'étaient pas sincères, pourquoi sont-elles mentionnées dans la Torah? Etant donné qu'il était très proche de la vérité, la Torah ne lui a pas fermé les portes de la téchouvah. Elle lui a laissé le choix: peut-être en voyant les enfants d'Israël engagés assidûment dans l'étude de la Torah subirait-il leur influence et se repentirait-il? Toutes ses bénédictions auraient alors porté leurs fruits...

Par conséquent, si ses bénédictions ont été rapportées par la Torah, c'est parce qu'elles auraient pu se réaliser. Bil'am aurait alors accédé à un niveau spirituel sublime.

Le Zohar (I, 21a) enseigne qu'il n'y a pas un mot de la Torah qui ne comprenne pas des secrets saints extrêmement profonds. Chacun d'eux comprend des conseils, des paraboles, des chants, des louanges et des sagesses suprêmes (I, 135b; III, 202a). Et si les bénédictions de Bil'am, qui semblent à première vue superflues, sont mentionnées dans la Torah, c'est qu'on peut certainement en tirer de grandes leçons de moussar.

Celui qui visite un lieu où on apprend la Torah, peut en être sensiblement influencé, même s'il est très éloigné du Judaïsme. Il peut alors s'attacher vraiment à l'endroit et ainsi se rapprocher du Saint, béni soit-Il. La lumière de la Torah rayonnera dans son cœur et contrairement au cas de Bil'am, le mauvais penchant ne pourra pas le faire trébucher. C'est ce que le Roi David demanda de Dieu: il L'implora de le diriger dans le sentier de Ses commandements... et d'incliner son cœur vers Ses vérités (Psaumes 119:35-36).

 

 

La Torah protège des accusations portées contre nous
TABLE DE MATIERE
La méchanceté de Balak et Bil'am ou l'extermination du corps et de l'âme

 

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