Adam et H’ava, le pouvoir de la prière et des bonnes actions

« Il n’est pas bon que l’Homme soit seul, Je vais lui donner une aide digne de lui, et l’Eternel D. forma avec la terre toutes les bêtes des champs et tous les oiseaux du ciel et Il les présenta à l’Homme pour qu’il leur donne des noms... et l’Homme donna leurs noms aux animaux et aux oiseaux du ciel... mais il ne trouva pas pour lui-même de partenaire à ses côtés. L’Eternel D. fit tomber la torpeur sur l’Homme qui s’endormit et D. prit une de ses côtes et referma l’ouverture de la chair et l’Eternel D. façonna la côte qu’Il prit de l’Homme et en fit la Femme... il nomma celle-ci Icha Femme, car elle est faite de Ich l’Homme... c’est pourquoi l’Homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et ils formeront un seul corps » (Béreshit 2:18-25).

Rashi explique les mots « une aide à ses côtés » ainsi: « S’il le mérite, elle lui sera une aide, s’il ne le mérite pas elle s’opposera à lui » (Yébamot 63a). Et il ajoute, concernant la nomination des animaux, que « D. présenta à l’Homme toutes les espèces par couple et l’Homme dit: ils ont tous un partenaire, et moi je n’ai pas de partenaire (Béréshit Rabba 17:5), et alors: « D. fit tomber sur l’Homme une torpeur... »

C’est un fait connu de tous que « le monde fut créé uniquement pour que l’homme reçoive les commandements de la Torah » (Brach’ot 6b), et que « le monde fut créé pour l’homme » (Sanhédrin 37a), afin qu’il obéisse à la volonté du Créateur et Lui donne satisfaction. Bien que D. ait créé le ciel et la terre en six jours, il n’eut de repos qu’après avoir créé l’homme, qui en est le but et le couronnement, comme il est dit (Avot D’Rabbi Nathan 31:3): « Un seul homme équivaut à toute la création ». C’est seulement après avoir achevé la création que D. institua le repos.

Et pourtant, la création d’Adam et H’ava est enveloppée de mystères difficiles à comprendre, et ce qui est caché surpasse ce qui est formulé.

1. Pourquoi D. a-t-Il tout d’abord créé l’Homme sans partenaire, et non pas comme les autres créatures, créées en couple - mâle et femelle? Car c’est un fait que le monde ne peut pas se perpétuer sans la femme qui engendre, comme il est écrit (Ishaya 45:18): « Il n’a pas créé (la terre) pour qu’elle reste désolée, mais pour qu’elle soit habitée ».

2. Il faut aussi clarifier ce que disent nos Sages (Béréshit Rabba 17:5): « D. a présenté à Adam tous les animaux afin de lui montrer qu’ils avaient tous un partenaire, afin qu’il en vienne à demander un partenaire pour lui-même ». En vérité, pourquoi D. veut-Il que l’Homme demande une Femme, faute de quoi il ne recevrait pas de partenaire? Et pourquoi est-ce justement l’Homme qui doit donner des noms aux créatures, et non pas D. Lui-même?

3. D. ordonne à l’Homme de ne pas manger de l’arbre de la Connaissance, comme il est écrit (Béréshit 2:17): « Tu ne mangeras pas de l’arbre de la Connaissance du bien et du mal... » et l’Homme transmet cet interdit à la Femme, de sorte que tous les deux ont fauté en mangeant de ce fruit. Si D. avait créé l’Homme et la Femme ensemble et s’Il leur avait interdit à tous deux de manger de l’arbre de la Connaissance, H’ava aurait sûrement réfléchi sérieusement avant de se laisser convaincre par le serpent. Mais D. avait parlé à Adam au singulier (« Tu n’en mangeras pas »), et H’ava a parlé au pluriel lorsqu’elle a dit au serpent (Béréshit 3:2-3): « quant aux fruits de l’arbre qui est au milieu du jardin, D. a dit: vous n’en mangerez pas ». S’ils avaient été créés ensemble et avaient entendu ensemble l’interdit, auraient-ils eu la possibilité de fauter?

4. Lorsque D. décida de créer la Femme, il prit une des côtes de l’Homme. Pourquoi? Pourquoi D. n’a-t-Il pas créé la Femme de manière différente?

5. Selon le Midrash (Béréshit Rabba 17:11, 18:5), D. créa une première femme qui prit la fuite, et alors D. la créa une seconde fois. Nous devons nous demander pourquoi D. a créé pour l’Homme une partenaire, susceptible de lui échapper?

6. De plus, D. a créé la Femme étourdie par nature (Shabbat 33b, Kidoushin 80b, Zohar II 218a), et donc, elle risque d’inciter l’Homme à fauter. S’il en est ainsi, pourquoi l’a-t-Il créée durant le sixième jour et non pas juste avant l’entrée du Shabbat, car elle aurait alors immédiatement été captée par la lumière du Shabbat et n’aurait pas été amenée à fauter?

7. Il faut expliquer de façon générale le rôle de la femme dans la maison, quelle doit être sa conduite envers son mari, à la lumière de ce qui est écrit dans la Torah (Béréshit 2:20) « Pour lui-même, il ne trouva pas de partenaire à ses côtés... »

8. Un dernier point mais non des moindres: l’Homme avant la faute se trouvait dans un état de perfection sublime, il ne manquait de rien, puisqu’il vivait dans le Jardin d’Eden. Il était aussi loin des désirs matériels qu’un bout du monde de l’autre et il n’y pensait même pas. Il était dépourvu de toute exigence, il ne demandait rien. C’est pourquoi D. « qui est la cause de toutes les causes et la raison de toutes les raisons », (Rambam Yessodey HaTorah 1:1-5-7), lui présenta toutes les bêtes et tous les animaux pour lui montrer qu’ils pouvaient procréer et engendrer alors que lui n’avait pas cette possibilité, pour qu’il comprenne de lui-même qu’il n’aurait pas de continuation s’il n’avait pas d’enfants et pour qu’il en vienne à demander à D. de lui donner cette faculté. Il fallait qu’il sache que sans demande explicite de sa part, il ne recevrait rien. Il en est de même pour chaque chose dont l’homme a besoin. Que ce soit les moyens de subsistance, la guérison, la nourriture, la boisson, ou une demeure, il n’obtiendra rien s’il n’en fait pas la demande. C’est ce que D. veut enseigner à l’homme en lui présentant tous les animaux et toutes les bêtes, car de même qu’il est impossible de continuer à vivre sans satisfaire des nécessités premières comme la nourriture, de même il est impossible de poursuivre sa vie sans une descendance qu’on n’obtiendra qu’après en avoir fait la demande.

Comment présenter sa demande? Nous savons que « D. désire ardemment la prière des Justes » (Yébamot 64a), puisque leurs prières peuvent abolir et annuler des décrets sévères, comme disent les Sages (Souca 14a): « la prière des Justes transforme la colère de D. en miséricorde, et annule les décrets » et ce, afin d’amener les Justes à prier dans ce but. Si, D. nous en préserve, ils ne prient pas, « la terre produira pour toi des chardons et de l’ivraie » (Béréshit 3:18). D. désire enseigner à l’Homme la prière et c’est pourquoi Il créa la Femme telle qu’elle est, afin qu’il continue à prier sans discontinuer.

Mais il nous reste encore à comprendre pourquoi D. enseigne à l’Homme cette leçon, justement en lui montrant qu’il lui manque une partenaire, car il aurait pu le lui enseigner en lui présentant autre chose qui pouvait lui manquer? Par exemple, si la terre ne produit pas de fruits et que la nourriture vient à manquer, l’Homme sait qu’il doit prier pour la pluie, comme il est effectivement écrit (Béréshit 2:5): « Car l’Eternel D. n’avait pas fait pleuvoir... »

Il faut donc dire que D. désire que l’Homme demande justement une chose de la même nature que lui, à laquelle il sera intimement attaché et dont il ressent le plus le manque, comme il est écrit (ibid. 2:20): « Et il ne trouva pas pour lui-même de partenaire à ses côtés ». L’Homme a immédiatement ressenti ce manque, ce qui l’a amené à formuler sa demande et à prier. De là, il comprit qu’il devait prier pour chaque chose dont il aurait besoin.

Cela nous permet de comprendre que D. prit l’une des côtes de l’Homme pour en faire la Femme, plutôt qu’une autre matière, afin de nous faire savoir quels sont le rôle et l’essence de la femme, maîtresse de maison, soumise à son mari et attachée à lui, comme il est dit: « la femme vertueuse accomplit la volonté de son mari » (Tanna D’Bey Eliyahou Rabba 9). Grâce à la côte à partir de laquelle elle fut créée, elle peut avoir une bonne influence sur son mari et lui venir en aide (au lieu de lui être hostile), et ils peuvent être unis en un seul corps. Mais si, malheureusement, elle ne l’aide pas et ne lui obéit pas, si elle s’oppose à lui et le contre, c’est pour lui une punition personnelle puisque la femme est une partie de lui-même, et dans ce cas, elle aura une mauvaise influence sur lui et le détournera du bon chemin. Ainsi, l’Homme mangea de l’arbre de la Connaissance parce que la Femme, qui est une partie de lui-même, en mangeait. Etant donné qu’ils ne faisaient qu’un seul corps, dès que H’ava mangea du fruit de l’arbre de la Connaissance, sa seconde moitié mangea aussi de ce fruit.

Les évènements s’enchaînèrent parce que la Femme n’avait pas obéi à l’ordre de son mari. Car elle-même ne fut créée que sur la demande de l’Homme, et elle aurait donc dû obéir à ce qu’il lui commandait au nom de D. et l’Homme aussi a fauté car au lieu de se faire obéir par sa femme, c’est lui qui fit ce qu’elle lui demandait. En effet, tout dépend des actes de l’homme, et s’il sait commander dans sa maison, s’il est « maître chez lui » (Esther 1:22) et qu’il dirige sa maisonnée dans le bon chemin, il en bénéficie lui-même autant que tous les gens qui vivent sous son toit. Mais si, malheureusement, il n’en est pas ainsi, le mari et la femme sont tous les deux jugés. « Si l’Homme et la femme le méritent, la Présence de D. est avec eux, sinon, le feu les dévore » (Sotah 17a). Chacun d’eux doit, de son côté, perfectionner ses qualités morales et craindre D. comme le disent les Sages (Brach’ot 33b): « Tout est entre les mains de D. hormis la crainte de D. ».

C’est pourquoi l’homme choisit son épouse et la sanctifie par les liens du mariage, et non pas le contraire (Rabbeinou Nissim, Nédarim 30a), comme il est écrit: « Lorsqu’un homme prendra une femme en mariage... » (Dvarim 24:1), et il n’est pas écrit: « lorsque la femme sera prise en mariage par l’homme... » Ce n’est pas la femme qui « prend » un homme en mariage; elle ne fait que consentir à être liée à lui par les liens du mariage, mais c’est l’homme qui cherche une épouse, comme le disent les Sages (Kidoushin 2b): « il est dans la nature de l’homme de faire la cour à sa femme ». L’homme est le maître de la maison et doit la diriger sur les bases de la Torah et de la crainte de D. Il est écrit (Béréshit 2:24): « c’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et ils formeront un seul corps ». L’homme tout d’abord ressemblait tellement à un ange que les anges eux-mêmes firent erreur et le prirent pour une divinité (Béréshit Rabba 8:9). Ensuite, il demanda une partenaire et s’attacha à sa femme pour ne former qu’un seul corps, puisqu’elle était du même genre que lui. Mais il ne sut pas préserver son niveau originel et fut amené à fauter.

Et voici qu’après la faute, l’Homme porte plainte devant D. et Lui dit (Béréshit 3:12): « La Femme que Tu m’as octroyée pour compagne m’a donné du fruit de l’arbre et j’ai mangé ». Ce qui revient à dire: Tu as voulu que je demande une femme en faisant passer devant moi tous les animaux et toutes les bêtes, sans cela, j’aurais pu vivre comme un ange et ne pas fauter à cause de la Femme que Tu m’as donnée. Ce n’est qu’à cause de mon attachement à elle, parce qu’elle est une partie de moi, que j’ai fauté et que j’ai péché - et en quoi suis-je donc coupable?

Mais D. lui répond qu’il est ingrat et qu’en disant cela « il a renié les bontés de D. » (Avoda Zara 5b). Ma volonté était de te donner une partenaire obéissante qui te serait une aide. En te présentant les animaux et les bêtes, Je n’ai fait que te donner la possibilité de demander cette partenaire afin de t’enseigner que le monde ne peut pas subsister sans demandes, sans prières, et sans progéniture. Même si Je ne t’avais pas présenté les animaux, tu en serais venu à te rendre compte qu’il te faut une femme et tu l’aurais demandée, et donc tout ce que J’ai fait, Je ne l’ai fait qu’en ton honneur, pour que tu n’aies pas de regrets.

Cela nous permet de comprendre les propos de nos Sages (Yébamot 63a): « S’il le mérite, elle est pour lui une aide, sinon elle se tourne contre lui et l’attaque ». Il est apparemment difficile de comprendre pourquoi l’homme, s’il est méritant, est récompensé justement par le fait que sa femme est pour lui une aide, et sinon, s’il n’est pas méritant, la punition lui vient justement de par sa femme qui se retourne alors contre lui. Pourquoi n’est-il pas justiciable d’un autre genre de punition?

C’est que l’Homme lui-même a demandé une Femme, elle est formée d’une partie de lui, elle est l’os de ses os et la chair de sa chair, et donc, qu’il soit récompensé ou puni par D., la rétribution lui vient de ce qui est le plus proche de lui, de sa femme, comme disent les Sages (Sotah 17a): « S’ils le méritent la Présence de D. est avec eux, sinon, le feu les dévore ». S’ils sont méritants et se comportent correctement, D. est avec eux. La lettre youd  du mot ish et la lettre héh du mot isha  forment ensemble le Nom de D. ׂy-h׃, ce qui montre que D. est avec eux, mais s’ils s’enflamment (et fautent), le Nom de D. disparaît et il ne reste plus que esh, le feu. Il ne reste que les lettres esh de ish, et esh de isha » (Kala Rabbati 1). La qualité de leur union ne dépend que de l’homme et de la femme.

 

 

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