Ton Créateur S’est réjoui de ton bonheur au Jardin d’Eden!

Lorsque nous nous réunissons pour réjouir le marié et la mariée le jour de leurs noces et de la joie de leur cœur, nous devons savoir que nous obéissons à un commandement, comme il est dit (Yérémia 33:11): « Et l’on entendra des chants de joie et des chants d’allégresse, le chant du fiancé et le chant de la fiancée ». Nous voyons déjà, au sujet d’Adam et de H’ava son épouse que, le jour de leur mariage, D. leur fit honneur et les anges se réjouirent avec eux (Béréshit Rabba 18:4). En cette occasion nous disons: « Comme ton Créateur S’est réjoui de ton bonheur au Jardin d’Eden... »

Toutefois, en ce qui concerne la joie d’Adam et de H’ava, un certain nombre de questions nous viennent à l’esprit.

1. Pourquoi les anges se réjouissent-ils et dansent-ils devant Adam et H’ava, car ce sont bien Adam et H’ava qui sont heureux de se marier et de fonder une famille? Pourquoi les anges préparent-ils le banquet au Jardin d’Eden (Sanhédrin 59b)? De même, pourquoi nous réjouissons-nous du bonheur du fiancé et de la fiancée? Ce bonheur leur appartient, puisqu’ils ont choisi de se marier et qu’ils sont heureux ensemble!

2. Il faut aussi expliquer pourquoi nous célébrons sept jours de festivités, et convions chaque jour de nouveaux invités (Ketoubot 7b)? De plus, le jeune marié est semblable à un roi, il ne fait aucun travail durant ces sept jours (Pirkey D’Rabbi Eliézer 13).

3. Il faut aussi expliquer le festin d’Adam et H’ava, car les anges n’ont pu se réjouir avec eux que peu de temps puisqu’ils ont tout de suite fauté en mangeant du fruit de l’arbre de la Connaissance, et donc il faut se demander pourquoi nous, nous festoyons pendant sept jours? D’autre part, nous brisons un verre sous le dais en souvenir de la destruction du Temple (Brach’ot 31a.) comme il est écrit (Téhilim 137:5): « Si je t’oublie Jérusalem, que ma force me quitte ». Pourquoi devons-nous nous souvenir de la destruction du Temple au moment du mariage et diminuer la joie des époux par le souvenir de la destruction du Temple? Pourquoi est-ce que d’une part nous partageons leur grande joie et d’autre part nous les attristons?

Lorsque nous considérons la création tout entière, nous voyons bien qu’elle proclame la gloire du Créateur. L’homme qui contemple la création, lève les yeux au ciel et voit « Qui créa tout cela » (Ishaya 40:26), comme le fit Avraham qui est parvenu à la connaissance de D. en contemplant la création (Rambam, Halach’ot Akoum 1:3). Il n’est pas possible de parvenir à la connaissance du Créateur sans savoir quelles sont Ses œuvres et combien Il dirige le monde avec bonté et miséricorde. Le roi David lui-même chante (Téhilim 8:4): « Lorsque je considère Tes Cieux et Tes œuvres merveilleuses, la lune et les étoiles que Tu as fixées » et (ibid. 104:24): « Combien grandes sont Tes œuvres, ô D! » car l’homme est tenu de considérer la nature intrinsèque de chaque chose afin d’acquérir la connaissance du Créateur.

L’Homme fut créé unique, la veille du Shabbat (Sanhédrin 38a) afin de voir toute la Création, là, devant lui. Et alors (Béréshit 2:20), l’Homme nomma chaque créature selon sa nature et ses qualités particulières, et il appella D. le Maître, car Il reconnut en Lui le maître de tout (Béréshit Rabba 17:5). Et pourtant, il ressentit un manque, car toutes les créatures étaient accouplées et lui se trouvait seul (Béréshit Rabba ibid.). Comment le monde peut-il donc se perpétuer s’il n’y a que des animaux domestiques et des bêtes sauvages qui n’ont ni intelligence ni compréhension? Même si le monde pouvait exister de cette façon, il n’y aurait personne à qui enseigner la connaissance de D. L’Homme va-t-il la proclamer aux animaux, aux arbres et aux pierres? Etant donné qu’il n’a pas de partenaire avec qui fonder les générations futures, à qui va-t-il enseigner et transmettre la connaissance de D.?

C’est pourquoi l’Homme, après avoir tenté de s’accoupler avec les autres créatures, ne fut apaisé que lorsqu’il trouva H’ava (Yébamot 63a), c’est à dire que dans sa sagesse, il a cherché à savoir s’il existait un animal doué d’intelligence qui lui permettrait de remplir le monde. Mais il n’en a pas trouvé. Si bien qu’il a demandé à D. de lui donner une partenaire pour propager la connaissance de D. et proclamer Sa souveraineté dans le monde.

D. a agréé sa demande et lui a dit: ta demande est justifiée, et Il fit aussitôt tomber une torpeur sur l’Homme, prit une de ses côtes et referma la chair (Béréshit 2:21), pour créer la Femme avec qui il pourrait procréer. Et D. dit à Adam et à H’ava: « Croissez et multipliez et remplissez le monde (ibid. 1:28), car il n’est pas possible que le monde reste inhabité, sans personne pour savoir Qui a créé tout ce qui est, et voir que « le monde est rempli de Sa gloire » (Ishaya 6:3). Effectivement, la connaissance de D. n’est possible que lorsque le monde est habité par les hommes, qui croissent et se multiplient selon le commandement de la Torah, et qui ont l’intelligence de méditer la création.

Les anges ont partagé le bonheur d’Adam et H’ava son épouse, parce que l’argument qu’Adam présenta devant D. était juste. A présent, en compagnie de H’ava, il va prolonger la création en remplissant le monde d’habitants dont le but est de parvenir à la connaissance de D.

Le premier commandement fut celui d’engendrer, car Adam et H’ava n’ont pas été créés pour leur propre bien ou pour jouir personnellement des plaisirs de ce monde, mais afin de remplir le monde de la connaissance du Créateur, afin de continuer et de parfaire le monde en proclamant la souveraineté de D.

Il s’ensuit que les hommes, en perpétuant le monde, permettent à D. qui règne dans le ciel de régner aussi sur la terre, comme il est écrit (Shemot 25:8): « Faites-Moi un sanctuaire afin que Je puisse résider parmi vous ». Les anges se sont réjouis du bonheur d’Adam et H’ava car ce bonheur est un bonheur universel. Mais à la suite de la faute, la joie n’a pas duré longtemps. Adam a transgressé l’interdit de manger du fruit de l’arbre de la Connaissance et s’est montré ingrat envers D. (Avoda Zara 5b) lorsqu’il a dit (Béréshit 3:12): « La Femme que Tu m’as donnée... » En quoi consistait son ingratitude? Car à première vue, il est vrai que sa femme l’a entraîné à fauter. Mais c’est Adam lui-même qui a demandé à D. une épouse. Pourquoi, tout à coup, dit-il: « La Femme que Tu m’as donnée pour partenaire », alors qu’il l’a lui-même réclamée et demandée?

Il faut ajouter à cela que l’homme n’est complet qu’après s’être marié selon les prescriptions de la loi juive et avoir fondé un foyer conforme au Judaïsme, sur la base de la Torah et de ses commandements. C’est alors que « la joie remplit sa maison ». Jusqu’à ce jour, le ciel se réjouit chaque fois que quelqu’un entreprend d’enseigner la connaissance de D. à ses enfants et à ses petits-enfants.

A ce propos, les Sages ont dit (Yébamot 62b): « Celui qui n’a pas de femme est sans bonheur ». Il ne partage pas le bonheur du Premier Homme, il n’apporte aucune contribution au monde car à qui transmettra-t-il la connaissance du Créateur et auprès de qui se manifestera la Présence de D.? C’est pourquoi les Sages disent (Guitin 90a) qu’ »un divorce est semblable à la destruction du Temple », et « pour celui qui perd sa première femme, c’est comme si le Temple avait été détruit de son vivant » (Sanhédrin 22a). Si la construction du Temple est l’apogée de la Présence Divine dans le monde, lorsque son épouse meurt ou lorsqu’il se sépare d’elle, le foyer est détruit, et le but du foyer juif, autant que d’engendrer et de remplir la terre, est d’être habité par la Présence Divine (Béréshit 1:28).

Nous en venons à comprendre pourquoi nous nous réjouissons avec les jeunes mariés de leur bonheur. Si leur seul but est de peupler et d’habiter la terre, de proclamer la connaissance de D., de remplir le monde de Sa présence et d’agir selon Sa volonté et pour Sa gloire, nous nous réjouissons avec eux car ils vont réaliser le but désiré. Toutefois, si un homme meurt sans femme et sans enfants, il n’a pas contribué à prolonger la connaissance de D. et de la Torah, et c’est pourquoi les Sages ont dit (Yébamot 62b): « Celui qui n’a pas de femme, c’est comme s’il n’avait pas de Torah ». Nous nous réjouissons avec les mariés car nous désirons aussi propager la Présence de D. dans le monde, comme Adam et H’ava. De plus, à chaque mariage, la joie est grande dans le monde d’en Haut.

Mais quel bénéfice le monde peut-il retirer d’un mariage, où l’on ne veille pas aux règles de la pudeur lors des festivités de la noce, quel bénéfice le monde peut-il avoir d’un tel mariage? C’est une cause de destruction et non de construction. D. regrette la formation d’un tel couple et le Ciel aussi est en deuil parce qu’un tel homme se contredit lui-même. D’une part, il dit à sa fiancée: « Tu es sanctifiée pour moi », en sainteté et en pureté, pour fonder un foyer durable qui sera consacré au service de D. et dont les enfants connaîtront le Créateur. Mais en même temps, il se conduit comme un non-Juif qui n’a d’autre but en ce monde que de satisfaire ses désirs personnels et jouir de plaisirs matériels. Le fiancé, qui est appelé roi, doit régner sur son mauvais penchant qui lui aussi est appelé un roi « vieux et insensé » (Kohélet Rabba 4:15). La joie des noces se prolonge pendant sept jours, allusion à la durée de la vie de l’homme, comme il est écrit (Téhilim 90:10): « La durée de notre vie est de soixante-dix ans », afin de nous enseigner que de même que l’homme doit améliorer sa conduite tout au long de sa vie et se renouveler chaque jour dans la Torah et la crainte de D., de même chaque jour, le fiancé invite à sa table des visages nouveaux. Car il est comme un roi responsable de son peuple et de son pays. Le fiancé a l’entière responsabilité de ses actes et de ses gestes et jusqu’au dernier jour de sa vie, il lui est interdit d’agir contrairement à la Torah. Il doit dominer ses penchants, comme un roi qui publie des décrets que personne ne peut annuler (Pessah’im 110b). Les noces doivent se faire selon la loi juive, dans la sainteté et la pureté, afin de parvenir au but désiré.

Les fiancés jouissent d’un autre avantage. Le jour de leur mariage, toutes leurs fautes leur sont pardonnées (Yéroushalmi Bikourim III:3). Ils tournent une nouvelle page de leur vie qui commence par le premier commandement de la Torah, et ils sont vraiment semblables à Adam et H’ava devant lesquels les anges ont dansé. Mais s’ils profanent ce jour par des danses impudiques, ils causent un grand dommage. Justement ce jour-là, un jour de bonheur fait de l’acceptation du joug de la Torah, de ses justes voies, et de la souveraineté de D., nous leur rappelons la destruction du Temple. Parce que si, malheureusement, ils ne suivaient pas les voies de D., il en résulterait une grave destruction, semblable à la destruction du Temple que la Présence Divine a délaissé. Eux aussi, par leurs fautes, peuvent pousser  la Présence Divine à délaisser le monde au lieu de s’y étendre.

C’est aussi la raison pour laquelle le fiancé brise un verre lorsqu’il est sous le dais. De même qu’Adam a demandé une femme - comme il est dit (Kidoushin 2b): « c’est celui qui a perdu un objet qui le cherche » - afin de fonder avec elle une famille qui perpétuera dans le monde la connaissance de D., de même le fiancé prend sur lui de continuer dans cette voie. Nous lui rappelons que s’il ne remplit pas son rôle, il sera cause de destruction dans le monde, et il brise un verre pour signifier qu’il a compris ce message. Briser un verre signifie aussi qu’il a brisé ses mauvaises tendances et ses désirs. C’est alors seulement qu’il est béni par les convives de la bénédiction Mazal Tov!  car en brisant le verre, il est devenu maître de lui-même.

Cette idée est confirmée par le Nah’alat Eliézer, qui cite les Devoirs des Cœurs (ch. 5): « Et toi, tu dois savoir que ton plus grand ennemi en ce monde est ton mauvais penchant qui envahit les forces de ton âme et intervient dans l’équilibre de ton esprit. Il guide tes sens physiques et spirituels, il domine les secrets de ton âme et épie tes fautes, il te donne conseil dans tout ce que tu fais en public ou en privé, et tu suis volontairement ses conseils. Il sème des embûches pour détourner tes pas, tandis que tu dors il te guette, tu ne prêtes pas attention à lui, mais lui ne te quitte pas des yeux... »

Pourtant, s’il sait que le jour du mariage l’homme devient complet, qu’il est roi, que toutes ses fautes sont pardonnées et que même les cieux se réjouissent de son bonheur, le fiancé a la possibilité de prolonger les bienfaits de ce jour sanctifié durant toute sa vie, pour rester toujours ce roi qui domine ses instincts. Un homme marié qui participe à la joie du fiancé et de la fiancée se rappelle sa propre joie et continue à faire dominer son bon penchant sur le mauvais, sans causer de destruction dans le monde et il prend en cette occasion de bonnes résolutions pour l’avenir. « D. tient compte des bonnes pensées comme si elles étaient des actes » (Kidoushin 40a). Prendre de bonnes résolutions, équivaut déjà à s’améliorer. Ce n’est pas sans raison que les Sages ont dit (ibid. 49b) « Si un homme choisit une femme pour épouse et lui dit: « à condition que je sois vertueux », elle lui est sanctifiée même s’il est vraiment méchant, du seul fait qu’il a exprimé l’intention de se corriger. L’essentiel de la décision concerne l’avenir, et quiconque prend de bonnes résolutions le jour où il est au faîte du bonheur, étend ce bonheur au reste de sa vie, parvient à la connaissance du Créateur et bénéficie de la Présence Divine.

 

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