La paix, réceptacle de toutes les bénédictions 

Dans les commentaires nous trouvons que deux générations ont gravement fauté, et furent punies en conséquence, la génération du déluge et la génération de la Tour de Babel. Il existe pourtant entre elles une grande différence, en ce qui concerne les fautes commises ainsi que la punition infligée.

A propos de la génération du déluge, il est écrit (Béréshit 6:11): « La terre s’était corrompue devant D., elle s’était remplie de larcins ». Rashi explique: « corrompue par l’inceste et l’idolâtrie » (Sanhédrin 57a). Il est dit également: « La fin de toute chair est arrivée devant Moi », ce qui signifie: « l’anarchie accompagne la débauche et l’idolâtrie partout où elles se trouvent » (Rashi ibid., Yéroushalmi Sotah I:5). De même les Sages disent (Rosh HaShana 12a, Sanhédrin 108b): « La génération du déluge s’est pervertie par le bouillonnement de ses désirs et elle fut punie dans les eaux bouillantes. Les Sages disent encore (Béréshit Rabba 32:7, Yalkout Shimoni 56): « Les eaux du déluge tombèrent pendant quarante jours et quarante nuits, ce qui correspond au nombre de jours de la création de l’embryon, car ils ont obligé le Créateur à créer des bâtards ». C’est ce que dit Rashi concernant le verset (Béréshit 6:2): « Ils prirent pour femmes toutes celles qui leur plaisaient - y compris les femmes mariées et ils s’accouplaient aussi avec des hommes et des animaux » (voir Yalkout Shimoni 43). « Ils se sont tellement dénaturés par leurs perversions que même les animaux domestiques, les bêtes sauvages et les oiseaux s’accouplaient à des espèces qui n’étaient pas de leur genre » (Rashi 6:12, Yalkout 50).

En dépit de ces graves péchés, le décret de la génération du déluge ne fut scellé qu’à cause du vol, « car la terre s’est remplie de leurs larcins » (Sanhédrin 108a). Cela montre la gravité de l’escroquerie, puisque si la génération du déluge a commis toutes les transgressions, son sort ne fut scellé qu’à cause de ses larcins.

La question se pose d’elle-même. Pourquoi la débauche et l’idolâtrie, deux des trois fautes principales de la Torah, n’ont-elles pas suffi à causer la punition? Pourquoi est-ce justement le vol qui a fait pencher la balance et provoqué la décision de les effacer de la face de la terre?

Le Rabbin Arié Lieb pose une autre question. Les Sages disent (Vayikra Rabba 17:4, Tanh’ouma Tazrya 10): « D. ne frappe pas Ses créatures de manière soudaine. D’abord Il les prévient et s’ils ne prêtent pas attention à Ses avertissements, Il frappe tout d’abord leurs biens, ensuite leur maison et leurs vêtements. Ce n’est que lorsque ces punitions restent sans effet (elles ne l’ont pas poussé à se repentir et à corriger ses fautes), que D. frappe la personne elle-même, dans son corps. Mais ici nous ne voyons pas qu’il y ait eu un avertissement quelconque, et il est écrit (Béréshit 6:7): « Je vais effacer l’homme que J’ai créé »?

Par contre, nous voyons que les hommes de la génération de la Tour de Babel ont dit (Béréshit 11:4): « Construisons-nous une ville et une tour dont le sommet atteindra les cieux et faisons-nous une réputation solide, de peur d’être dispersés de par le monde ». Quel était leur but? Ils voulaient construire une tour, monter au ciel avec des pioches et combattre D., comme si c’était  pensable (Sanhédrin 109a, Béréshit Rabba 38:6). Quelle fut leur punition? Ils furent dispersés de par le monde, comme il est écrit (Béréshit 11:8): « D. les dispersa et ils cessèrent de construire la ville ».

Ici aussi un certain nombre de questions se posent, que nous allons expliquer:

1. N’est-il pas étonnant que la punition de ces hommes-là, qui connaissaient leur Maître et se révoltaient contre Lui au point de vouloir monter au ciel et se battre contre Lui, ne fût que la dispersion, l’exil, le renvoi dans tous les coins de la terre, sans plus? Nous ne voyons pas les gens de la génération du déluge se rebeller contre D., mais seulement se laisser entraîner par leurs désirs, et pourtant ils furent totalement détruits, effacés de ce monde, et même selon une opinion (Sanhédrin 110b), « Ils sont exclus du monde à venir ». Pourquoi la punition de la génération du déluge est-elle beaucoup plus sévère que celle de la génération de la Tour de Babel, qui blasphémait?

2. Il faut aussi comprendre comment, après le déluge, il pouvait subsister des hommes ingrats et pécheurs, qui reniaient D, et pensaient pouvoir se battre contre Lui. Est-il possible qu’ils aient été tellement stupides? Ne savaient-ils vraiment pas qu’il est impossible d’atteindre le Ciel et de combattre D.?

3. Il faut aussi expliquer le verset (Béréshit 11:8): « D. descendit pour voir la ville et la tour que les hommes avaient construites » qui implique que D. Lui-même descendit.

C’est une chose difficile à comprendre, est-ce que vraiment D., dont la Gloire remplit le monde et qui connaît tous ses secrets, a besoin de faire l’effort de « descendre » pour savoir ce que font les hommes sur terre? Bien que les Sages expliquent (Tanh’ouma 58:18) que « cela enseigne aux hommes (et aux juges) à ne pas juger les coupables avant d’avoir vérifié et examiné personnellement les faits », D. sait ce que font les hommes. Pourquoi D. est-Il descendu Lui-même?

4. Pourquoi D. les a-t-Il punis en confondant leurs dialectes et en les dispersant de par le monde? Pourquoi pas une autre punition, par exemple la perte de leurs richesses, ou une épidémie, ou la mort de certains, ce qui aurait effrayé les autres et les aurait fait fuir, ou une autre peine de ce genre?

5. Il faut aussi se demander pourquoi, après avoir terminé le récit du déluge et de la tour de Babel, la Torah raconte comment Avraham fut éprouvé: « Quitte ton pays, ta terre natale, la maison de ton père... » (Béréshit 12:1), mais ne nous raconte pas le miracle extraordinaire de Our Kassdim. Car Avraham fut jeté par Nimrod dans la fournaise ardente (Béréshit Rabba 38:19) et il fut miraculeusement sauvé. Et pourtant, la Torah ne nous raconte que la sortie d’Avraham de Our Kassdim et ne rapporte pas l’éclatant miracle qui y eut lieu. C’est très étonnant, et cela demande explication!

Les Sages nous enseignent (Yoma 85b): « Yom Kippour expie les fautes commises par les hommes envers D. s’ils se repentent et se corrigent par de bonnes actions, mais Yom Kippour n’expie pas les fautes commises envers le prochain, à moins d’avoir obtenu son pardon ».

Les fautes commises par les hommes entre eux, comme le vol, le chantage, la médisance, sont aussi des transgressions envers D. puisqu’Il nous a interdit d’agir ainsi, d’autant plus que celui qui a été victime de son prochain, soit physiquement, soit financièrement, est « une créature de D. » (Kohélet Rabba 3:14). L’homme qui a commis une faute envers son prochain, n’obtient le pardon de D. que s’il a obtenu le pardon de son prochain. Ce n’est qu’alors que sa faute est pardonnée par le tribunal céleste.

Les Sages ont dit (Arach’in 15a): « Colporter des médisances sur son prochain équivaut à nier D. » En disant du mal de son prochain qui fut créé à l’image de D., l’homme irrite D. Lui-même. C’est pour cette raison que les fautes commises envers son prochain ne sont pardonnées qu’une fois la paix faite et le pardon obtenu, de façon à restituer l’image de D. et c’est alors que D. pardonne. Faire honte et mépriser son prochain, c’est dédaigner l’image de D. qui est en lui et colporter des médisances sur son prochain, c’est dire du mal de l’image de D., et celui qui agit de la sorte perd lui-même sa propre ressemblance à D. Ce n’est que lorsque celui qui a été blessé pardonne à l’offenseur et qu’ils se réconcilient, que la faute est pardonnée et que l’image de D. est restituée, et alors D. pardonne, et le fauteur peut continuer à vivre en ce monde et dans l’autre. Tel n’est pas le cas pour les fautes commises envers D., comme par exemple omettre de porter les Tephilines ou transgresser le Shabbat. En se repentant de tout cœur de ses fautes, on répare instantanément le mal causé, et D. dans Sa bonté accepte aussitôt le repentir, et la faute est immédiatement oubliée.

Ce que nous venons de dire ne concerne que les fautes individuelles commises par un homme envers son prochain, mais pour les fautes collectives d’une communauté, par exemple lorsque tout le monde dit du mal de tout le monde, ou que tout le monde vole, extorque et cause des dommages mutuels, la faute est centuple et l’image de D. disparaît complètement d’une telle société où tous renient D. C’est alors que D. inflige une punition collective, étant donné que tout le monde est également fautif et Il ne fait preuve d’aucune indulgence.

A présent, nous sommes en mesure de cerner notre sujet. D. accorda à la génération du déluge un sursis de cent vingt ans, afin de lui permettre de se repentir (Tanh’ouma Noah’ 5), car c’est un fait que D. est patient et Il attend que le pécheur revienne à Lui de lui-même, comme il est écrit (Yeh’ezkiel 33:11): « Est-ce que Je désire mettre à mort le coupable ou qu’il se repente de ses mauvaises actions et qu’il vive? » C’est pourquoi D. n’a pas puni ces hommes pour leur débauche et leur idolâtrie qui sont des fautes envers Lui. Mais quand ils commencèrent à voler et à tromper leurs prochains, l’image de D. les abandonna. D. a patienté cent vingt ans avant de les punir - la durée de la construction de l’arche - et pendant tout ce temps, Noah’ les mettait en garde devant l’approche du déluge afin qu’ils se corrigent sincèrement de leurs fautes envers leurs prochains. Mais ils ne se sont pas repentis, et D. a exécuté la sentence.

Les Sages disent: « le décret de la génération du déluge ne fut signé qu’à partir du moment où ils commirent des vols » c’est-à-dire des fautes envers leur prochain, que D. ne pardonne que si le prochain a accordé son pardon. Etant donné que tout le monde volait tout le monde (c’était l’anarchie totale), et que personne ne demandait pardon à l’autre et ni ne s’excusait du mal qu’il lui avait causé, ils étaient tous passibles de la peine de mort décrétée par D. Nous comprenons donc pourquoi c’est justement le vol, faute de l’homme envers son prochain, qui a scellé leur sentence, et non pas la débauche et l’idolâtrie, fautes envers D.

Pourquoi D. ne les a-t-Il pas tout d’abord mis en garde, puis saisi leurs biens, leurs richesses, leurs maisons, et enfin, atteint leur corps, car « Il ne frappe pas d’emblée les personnes elles-mêmes »? Ici, Il a tout de suite effacé l’homme qu’Il a créé. C’est que si D. avait puni l’un d’eux en le privant de sa subsistance, celui-ci, au lieu d’en souffrir, serait allé voler son prochain et le mal se serait propagé sans fin et n’aurait fait qu’empirer. « La terre s’était remplie d’iniquité », tous étaient tellement habitués au vol qu’ils ne craignaient aucune punition et rien ne pouvait les freiner, et c’est pourquoi D. ne leur accorda plus de sursis et scella leur sentence.

La génération de la Tour de Babel était différente de celle du déluge. Bien que n’agissant pas avec foi, ils savaient que si D. accorde un sursis et pardonne les fautes commises envers Lui, il n’en est pas de même pour les fautes commises par l’homme envers son prochain. Ils se gardaient donc de fauter les uns envers les autres, pour éviter de subir le sort de la génération du déluge. Leurs relations interpersonnelles restaient correctes.

Malheureusement, leur unité de langage (du bout des lèvres) et leurs expressions d’amour réciproque n’étaient pas sincères, c’était un amour motivé par la peur . Pour se libérer de leur peur et afin que chacun puisse vivre à sa guise, ils complotèrent une guerre contre D. (comme si une telle chose était possible!) voulant ainsi se libérer de toute obligation, mais ils se gardaient de commettre des larcins et « tout le monde parlait la même langue et disait les mêmes mots » (Béréshit 11:1) afin d’éviter la colère divine.

Leur amour mutuel ne reposait que sur la peur de la colère de D. et ils entreprirent de construire une tour, dont le sommet devait atteindre le ciel. Il ne fait pas de doute qu’ils n’avaient pas l’intention d’atteindre effectivement le ciel, car c’est une chose impossible, mais ils voulaient que cette tour symbolise et représente aux yeux du monde entier leur désir de combattre D. S’ils avaient eu la possibilité de construire une tour qui atteindrait le ciel, ils l’auraient fait sans hésiter.

Telle était la perversion de cette génération. Ils craignaient que D. ne les punisse comme Il a puni la génération du déluge mais ils ne craignaient pas de combattre D. Lui-même. Pour exprimer leur rébellion, ils avaient construit une tour qui aurait atteint le ciel, si seulement ils en avaient été capables.

Il est écrit: « D. descendit pour voir... » ce qui signifie que D. a pénétré le fond de leurs pensées, la vraie motivation de leur amour du prochain, qui n’était que la crainte de la punition alors qu’au fond de leur cœur ils se haïssaient les uns les autres. Mais « D. ne considère pas une mauvaise pensée comme un acte effectif » (Kidoushin 40a) et c’est pourquoi Il ne les a pas anéantis mais punis à la mesure de leur faute. Ils exprimaient extérieurement qu’ils étaient unis « dans une même langue et des mêmes mots » et c’est pourquoi leur langues furent confondues, comme il est écrit (Béréshit 11:9): « C’est là que D. confondit le langage de tous les hommes », et les Sages disent (Béréshit Rabba 38:15): « lorsque leurs langages furent confondus et qu’ils ne pouvaient plus se comprendre les uns les autres, ils s’entretuèrent. Lorsque l’un demandait du ciment, l’autre lui apportait une poutre, et ils finissaient par se frapper l’un l’autre.... » Ils devaient construire une ville dans l’intention d’être unis et D. leur rendit la pareille, mesure pour mesure, en ce qu’Il les a désunis et dispersés de par le monde. Cette génération dépassait en méchanceté la génération du déluge car dans le fond de leur cœur, ils n’avaient aucun amour l’un pour l’autre. Sans foi en D., en Le reniant, en se rebellant contre Lui, on ne peut aimer son prochain. Mais parce qu’ils n’ont pas commis de fautes effectives envers leurs prochains, leur punition fut seulement l’exil et non l’anéantissement, à l’instar de la génération du déluge.

C’est ce qui est écrit à leur sujet: « Voici un peuple uni, où tous parlent la même langue » (Béréshit 11:6), et plus haut: « Toute la terre parlait la même langue et les mêmes mots. » C’est-à-dire que l’amour des uns envers les autres ne s’exprimait que par des mots, des paroles, il ne venait pas du fond du cœur et D. a confondu leurs langues avant qu’il ne soit trop tard. Si la situation avait empiré, chacun en serait venu à haïr ouvertement son prochain et à se battre à mort avec lui, et alors D. aurait été dans l’obligation, encore une fois, de les détruire tous, comme lors du déluge. Or D. avait déjà promis qu’il n’y aurait plus de déluge sur la terre (Béréshit 9:11). C’est pourquoi D. les dispersa aux quatre coins du monde.

Le texte continue: « Dorénavant, rien ne les empêchera de faire tout ce qu’ils projettent » (Béréshit 11:6). Jusqu’à présent, chacun pensait du mal du prochain mais ne passait pas à l’acte, de peur de subir le sort de la génération du déluge. Dorénavant, ils oublieront leur peur, et « rien ne les empêchera de faire tout ce qu’ils projettent ». Ils s’entretueront et alors D. sera obligé de détruire le monde. Il fallait donc les disperser dès maintenant et les séparer les uns des autres.

Ainsi se manifestent la miséricorde et la bienveillance de D. Il ne les a pas anéantis, mais Il les a punis, mesure pour mesure, en les dispersant de par le monde, et ils renoncèrent à la construction de la ville. Pourtant, celui qui était passible de la mort par le feu fut brûlé dans la tour elle-même et chacun a reçu la punition qu’il méritait.

Cela nous permet de comprendre le nom qui fut donné à cette génération: dor haphlagua - la génération divisée. Car ils voulaient être séparés, coupés et complètement détachés de D. qui les a punis en conséquence. En vérité, « connaître son Maître et se révolter contre Lui » (Torat Kohanim Beh’oukotay 26:14, Rashi Noah’ 10:9) ne peut pas aller de pair avec l’amour du prochain. Il est impossible d’aimer son prochain si l’on n’aime pas D. et il est impossible d’aimer D. sans aimer son prochain, car ces sentiments dépendent l’un de l’autre.

La Torah commande (Vayikra 19:18): « Tu aimeras ton prochain comme toi-même, Je suis l’Eternel ». Il faut aimer son prochain et se pénétrer de l’amour de D. A propos de ce verset, Rabbi Akiva dit (Yéroushalmi Nédarim 9:4): « C’est un fondement de la Torah ». Pourquoi? Parce qu’en aimant son prochain, en fait, on aime l’image de D. qui est en lui, et on en vient naturellement à aimer D. C’est le sens de « aime ton prochain comme toi-même - Je suis l’Eternel », car ton prochain aussi porte en lui l’image de D., c’est pourquoi tu dois l’aimer.

Lorsque le peuple juif s’est tenu au Mont Sinaï, il est écrit (Shemot 19:2): « Israël a campé face au Mont » et les Sages commentent (entre autres, Mech’ilta Yithro 19:2): « comme un seul homme, avec un seul cœur ». C’est-à-dire que pour recevoir la Torah, pour se tenir face au Mont Sinaï et entendre la parole de D., ils devaient être unis par l’amour mutuel et se conduire comme un seul homme. L’unité et l’amour du prochain permettent d’avoir le mérite de recevoir la Torah, tel est « le fondement de la Torah ».

Il y a une différence profonde entre la génération du déluge et celle de la Tour de Babel. Au temps du déluge, tant que la génération ne fautait que par la débauche et l’idolâtrie, D. leur donna le temps de se repentir, car ces fautes étaient spécifiquement commises envers Lui, mais lorsqu’ils commencèrent à voler et à fauter envers leurs prochains, ils perdirent l’image de D. et il n’y eut plus aucun espoir qu’ils se corrigent, c’est pourquoi ils furent immédiatement détruits.

Ce n’est pas le cas de la génération de Babel qui était plus pervertie, car ces hommes-là se révoltaient contre le Maître du monde, mais montraient de la cordialité et de l’amour les uns envers les autres, et bien que leur amour n’ait pas été sincère, D. dans son infinie miséricorde, ne les a pas complètement anéantis mais Il les a seulement dispersés afin de les empêcher de fauter effectivement les uns envers les autres. Mais pour s’être rendus coupables envers D., les Sages disent que « la génération de Babel n’a pas de place dans le monde à Venir » (Sanhédrin 110b). Pour s’être révoltés contre D., ils ne méritent plus de se tenir dans Son ombre.

Cela nous permet de comprendre pourquoi la Torah ne décrit pas le miracle d’Avraham à Our Kassdim, et ne raconte ni comment il fut jeté par Nimrod dans la fournaise, ni comment il en fut sauvé. Avraham ne s’est pas prosterné devant les idoles, il n’a pas cédé aux pressions de Nimrod, il n’a pas renié D. La Torah ne s’étend pas là-dessus, car le destin de l’homme et sa raison d’être est d’obéir à la voix de D., sans rechercher la notoriété.

Nous comprenons aussi pourquoi le récit de la Tour de Babel et celui de l’épreuve d’Avraham sont juxtaposés. D. a créé les contraires. D’un côté, les uns agissaient contre D., de l’autre, Avraham, qui vivait parmi eux ne se conduisait pas comme eux. L’amour du prochain, l’amour de toutes les créatures, était sa raison d’être, il attachait les hommes à D. et leur enseignait à Le servir. Et cela, justement par des actes qui règlent les bonnes relations entre les hommes.

Cette manière d’agir faisait tellement partie de la vie d’Avraham que lorsque D. lui dit « quitte ton pays », ce fut pour lui une dure épreuve. Il ne pensait pas quitter les habitants de ce lieu qu’il sauvait et auxquels il enseignait la connaissance du Nom de D. Il voulait continuer à inculquer les pensées justes et les bonnes actions.

Les Sages demandent (Avot V:2): « Pourquoi compter le nombre des générations jusqu’à Avraham? » Et ils répondent: « Pour nous enseigner qu’Avraham reçoit la récompense de toutes ». Pourquoi? Parce qu’il était parfait autant vis-à-vis de D. que vis-à-vis des hommes. Mais si on les compare l’une à l’autre, la génération de la Tour de Babel apparaît préférable à celle du déluge, car ces hommes étaient cordiaux et honnêtes les uns envers les autres. Il est certain que « la paix est le meilleur des réceptacles pour les bénédictions » (Sifri Nasso 6:26, Yéroushalmi Brach’ot II:4, Bamidbar Rabba 21:1, Dvarim Rabba 5:14).

 

 

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