La foi et l’élévation d’âme permettent de surmonter les épreuves

Il est écrit dans notre section (Béréshit 12:1-2): « Et l’Eternel dit à Avram: Quitte ton pays, ton lieu de naissance et la maison de ton père et va vers le pays que Je t’indiquerai; et Je ferai de toi une grande nation... ». « Quitte ton pays pour ton bien et pour ton avantage... » (Rashi ad. loc. Midrash Hagada).

Nous apprenons qu’ »Avraham subit dix épreuves et les surmonta toutes » (Avot 5:3), pour nous enseigner combien D. aime Avraham. Celle-ci fut la première. Si D. désire éprouver Avraham, pourquoi Lui dit-il: « quitte ton pays pour ton bien », ce qui implique que l’épreuve est chose bonne et bénéfique?

De plus, si c’est pour son bien et à son avantage, il ne fait pas de doute qu’Avraham doit être satisfait de quitter son pays natal et d’aller vers la terre que D. lui montrera. En quoi consiste l’épreuve?

« Rabbi Elazar dit: pars pour ton bien, pour que tu puisses progresser, il n’est pas dans ton intérêt de rester ici, parmi ces gens coupables » (Zohar Lech’ Lech’a 77b). D. fit savoir à Avraham que tant qu’il resterait à H’aran parmi des gens pervers et coupables, il ne pourrait pas parvenir aux degrés élevés et suprêmes qu’il désirait atteindre. Il lui ordonne de quitter son pays, afin de perfectionner ses qualités personnelles, de grandir et de multiplier. Donc notre question est bien fondée. Avraham, qui est aimé de D. comme il est dit « Avraham que J’aime » (Ishaya 41:8), sert D. avec une élévation d’âme qu’il nous est difficile, dans notre ignorance, d’imaginer, et malgré cela il aspire à une perfection et à une connaissance supérieures. Et voilà que soudain, D. Lui-même lui dit: « c’est seulement dans le pays que Je t’indiquerai que tu pourras parvenir à ce niveau, et là-bas tu réaliseras tes désirs les plus chers. Est-il possible qu’il ne se réjouisse pas de tout cœur, qu’il ne soit pas rempli du bonheur de tout abandonner et de se diriger vers la terre promise, bien qu’il ne sache pas laquelle, afin de parvenir à la perfection et d’abreuver son âme assoiffée de la connaissance de D.? Peut-on vraiment parler d’une épreuve?

Pour comprendre le fond des choses, il faut considérer la voie spirituelle d’Avraham Avinou. Nous savons qu’Avraham a cherché pendant longtemps à savoir qui est le Maître du monde. Tout d’abord, il crut que le soleil dirigeait le monde, mais en voyant le soleil disparaître à l’horizon, il sut qu’il n’en était rien, et il se dit que peut-être la lune dirigeait le monde, mais le jour mettant fin à la nuit, il sut que la lune non plus n’était pas le vrai maître. Puis il considéra les étoiles, etc. Les Sages expliquent sa quête par une analogie: « Cela ressemble à une citadelle remplie de lumière. Vint un homme qui, voyant la citadelle, demanda: à qui donc appartient-elle? Le propriétaire de la citadelle lui fit signe et lui dit: « C’est moi, le propriétaire’ » (Voir Béréshit Rabba 39:1). Avraham Avinou s’appliqua à connaître le Maître du monde, jusqu’à comprendre que toute la création est au service de D, que la Providence divine s’étend sur toutes les créatures, petites ou grandes, et que Lui seul dirige ce monde merveilleux.

« A l’âge de trois ans, Avraham connaissait déjà son Créateur, d’autres disent à l’âge de quarante-huit ans » (Nédarim 32a, Béréshit Rabba 64:4). C’est dire que toute sa vie, sans relâche, il a cherché à connaître la vérité, à explorer l’essence des choses, jusqu’à ce que, grâce à ses facultés spirituelles, il soit parvenu à connaître la volonté de D. et la voie à suivre. « Il a observé même les décrets rabbiniques » (Yoma 28b, Vayikra Rabba 2:9), et « il a observé tous les commandements de la Torah avant qu’elle ne fût donnée au Mont Sinaï » (Kidoushin 82a). Il ne prenait pas de repos, il ne s’arrêtait pas dans sa quête incessante et toujours plus approfondie, il n’avait ni père ni maître pour lui enseigner la Torah, mais « ses propres entrailles sont devenues des sources de savoir, et déversaient la sagesse » (Béréshit Rabba 61:1, Avot D’Rabbi Nathan 33:1). Pourtant, il sentait bien qu’il n’était pas encore parfait, il savait qu’il lui manquait quelque chose, qu’il avait encore beaucoup à apprendre, à améliorer ses vertus, et à perfectionner son service de D.

Et voilà que D. Se révèle à Avraham et lui dit: « Quitte ton pays... et va vers le pays que Je t’indiquerai, pour ton bien et ton bénéfice propre », car là-bas, sur la terre promise, tu trouveras tout ce que tu cherches. Ici tu ne parviendras à rien, mais là-bas, tu n’auras pas besoin de faire tant d’efforts exténuants.

Si bien que lorsque D. dit à Avraham: « pars pour ton bien et ton bénéfice propre » dans l’intention de le soulager de ses efforts personnels, cela représente pour lui une grande et dure épreuve, car il désire s’élever et se perfectionner lui-même, par ses efforts personnels. « Partir pour son bien » est pour Avraham une épreuve difficile.

Et pourtant, D. lui dit intentionnellement: « quitte ton pays pour ton bien », afin de le mettre à l’épreuve par ce voyage et purifier son âme, car alors il jouira de l’aide de D. « L’homme est guidé dans la voie qu’il choisit de prendre » (Makot 10b) et Avraham déclare (Béréshit 24:40): « L’Eternel que j’ai toujours servi; en terre sainte aussi, j’ai suivi Ses voies, je L’ai servi, j’ai médité Sa Torah », si bien que l’on peut lui appliquer le verset: « C’est pour lui-même que l’homme laborieux travaille » (Mishley 16:26), « il travaille de son côté et la Torah travaille pour lui, de l’autre » (Sanhédrin 99b).

Nous avons vu avec quel degré spirituel  nos saints Patriarches ont servi D., au point d’être appelés « les amis » et « les bien-aimés » de D. dans le sens où il est dit: « En faveur de mes frères et de mes amis, je te bénis de paix » (Téhilim 122:8). Ils étaient prêts à sacrifier beaucoup d’avantages et de réussites mondaines pour obéir aux commandements de D. Et même si les ordres de D. allaient à l’encontre de leur piété habituelle et de leur désir de parvenir à une conduite parfaite par leurs efforts personnels, il y renonçaient pour Lui obéir.

Avraham jouit de toutes les bénédictions, dorénavant c’est lui qui bénit les autres, tous dépendent de lui et de son mérite, comme il est écrit: « Je bénirai ceux qui te bénissent, et qui te maudira sera maudit, et tous les peuples de la terre seront bénis à travers toi. »

« Je ferai de toi une grande nation » comme nous le disons dans la prière, se réfère au D. d’Avraham. « Je te bénirai » comme nous le disons, se réfère au D. d’Yits’hak. « Je te donnerai la renommée » comme nous le disons, se réfère au D. de Ya’akov. Nous pourrions terminer la bénédiction en mentionnant tous les Patriarches, si ce n’était que la Torah ajoute: « tu seras béni », et donc nous concluons la bénédiction en ne mentionnant qu’Avraham » (Pessah’im 117b).

Nous devons suivre la voie d’Avraham, ne pas chercher la facilité et nous satisfaire de peu, ne pas nous reposer sur les promesses de D. mais continuer à faire des efforts personnels pour distinguer quel est le bon chemin et quel est le service agréable à D. Ce n’est pas une chose facile, au contraire, elle est très ardue, « le monde entier est comme un pont étroit, l’essentiel est de le traverser sans peur » et il ne faut pas s’arrêter en chemin. Il ne faut pas dire: Malheur à moi je suis perdu! ou croire: j’ai déjà atteint le but, pourquoi me fatiguer? « D. scrute ses serviteurs avec précision » (Yébamot 121b) et si parfois ce qui nous manque nous semble très peu de chose, vis-à-vis de D. c’est déjà beaucoup, et malheur à celui qui ne se corrige pas. Ce n’est que par la Torah et les efforts réalisés pour l’acquérir que l’on peut opérer cette correction, et distinguer quelles sont ces choses infimes (qu’il faut corriger), afin qu’il ne nous manque rien, dans le sens où il est écrit « Qu’en tout temps, tes vêtements soient blancs » (Kohélet 9:8), propres et agréables.

On exige beaucoup de notre peuple et en notre temps. Nos bibliothèques sont remplies de livres, et la couronne de la Torah est présente, « qui veut s’en emparer, qu’il vienne et s’en empare » (Yoma 72b). Il y a aujourd’hui des livres qui traitent de tous les aspects et de tous les sujets de la Torah. Chacun peut venir et choisir ce qui lui convient, transcendant les préoccupations terrestres et matérielles. Mais nous sommes paresseux, nous ignorons tout simplement ces livres, tout en sachant qu’ils existent, nous ne les ouvrons pas, nous ne méditons pas la Torah, et nous ne savons plus comment servir D. Les Sages demandent (Bamidbar Rabba 14:22): « Pourquoi la Torah est-t-elle comparée à la lumière, comme il est dit (Mishley 6:23): ‘Le commandement est la bougie et la Torah est la lumière’? Parce que la Torah éclaire le chemin que l’homme doit suivre et lui montre ce qu’il doit faire ». Et ils disent aussi (Yéroushalmi H’aguiga I:7): « Sa lumière ramène l’homme dans le droit chemin ». Mais nous sommes « comme des ignorants qui marchent dans l’obscurité » (Kohélet 2:14) et nous ne savons pas combien il est important d’étudier la sainte Torah, car enfin elle n’est pas dans le ciel... et elle n’est pas au delà des mers... elle est très proche de toi... » (Dvarim 30:12-14). Pourquoi donc rester paresseux, et ignorant? « Chaque jour une voix sort du Mont H’orev et proclame: Malheur aux créatures qui dédaignent la Torah » (Avot VI:2), car nous méprisons la Torah si nous ne sommes pas occupés à l’étudier.

Examinons la différence entre les générations passées et la nôtre. « Autrefois, les gens se sacrifiaient pour sanctifier le Nom de D., et D. opérait pour eux des miracles, alors qu’il ne le fait pas pour nous » (Brach’ot 20a). Même s’ils n’avaient ni père ni maître et ne possédaient pas de livres, ils s’efforçaient de se perfectionner, et s’ils pensaient qu’il leur manquait peut-être quelque qualité, ils s’efforçaient de l’acquérir. Quant à nous, où cacher notre honte, notre déshonneur et notre humiliation? Car la Torah est l’apanage de chacun de nous comme nous le disons dans la prière, et les exégètes disent que le mot « Israël » est formé des premières lettres de la phrase qui signifie: « Il y a six cent mille lettres dans la Torah ». (Nombre qui symbolise tout le peuple juif). C’est donc que nous devons tirer la leçon des générations passées, suivre la voie d’Avraham et nous élever constamment.

 

 

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