De l’héritage de la Terre d’Israël et de la survie en exil

D. annonce à Avraham (Béréshit 15:7): « Je t’ai tiré d’Our Kassdim pour te donner cette terre en possession » et Avraham Lui demande: « Eternel D., comment saurai-je que j’en deviendrai possesseur? » (Béréshit 15:8). Avraham demande à D. par quel mérite ses enfants hériteront de la terre d’Israël, ainsi qu’un signe qui lui confirmera cette possession.

Nombre d’aspects demandent explication:

1. Apparemment, la question d’Avraham dénote un certain manque de foi en la promesse divine puisque D. lui a dit (Béréshit 12:7): « Et je donnerai cette terre à ta descendance », promesse répétée plus loin (ibid. 15:7): « pour te donner cette terre en possession ». Est-il pensable qu’Avraham manque de foi? Est-ce que vraiment il ne croit pas que D. réalise Sa promesse de donner à ses descendants la terre d’Israël?

2. Si effectivement Avraham a fauté en demandant un signe confirmant la possession de la terre, et méritait une punition pour son manque de foi, est-ce que ses enfants, eux, ont fauté? Car il est bien écrit (ibid. 15:13): « Sache-le, tes enfants seront des étrangers dans un pays qui n’est pas le leur ». Pourquoi les Enfants d’Israël doivent-ils être punis, cruellement asservis et torturés?

3. Si vraiment Avraham a fauté, D. aurait dû le lui faire savoir, et il se serait repenti. Si D. ne lui a rien dit, c’est qu’Avraham n’a pas fauté en demandant à D. un signe. Pourquoi donc ses enfants sont-ils punis, étant donné que lui non plus n’a pas fauté?

Pour expliquer ces points, citons tout d’abord ce que disent les Sages (Yalkout Toldot 111, Tanna D’Bey Eliyahou Zouta 19) concernant Yaacov et Essav. Déjà dans le ventre de leur mère, Yaacov et Essav ont partagé entre eux le monde spirituel et le monde matériel. Yaacov prit pour sa part le monde à venir, et Essav ce monde-ci. Lorsque Essav dit (Béréshit 33:9): « J’ai énormément de richesses », il entend: « je possède les biens de ce monde ». Il faut expliquer pourquoi Yaacov voulait le partage des deux mondes, et ceci avant même sa naissance.

Nous allons expliquer le fond des choses. A propos du verset (Ishaya 29:22): « Ainsi parle l’Eternel à la maison de Ya’akov, Lui qui a libéré Avraham... », les Sages disent que « Le mérite de Ya’akov a sauvé Avraham de la fournaise » (Béréshit Rabba 63:2, Yalkout Ishaya 436). Avraham n’aurait-il pas pu être sauvé de la fournaise ardente grâce à son mérite personnel? Est-ce pensable? Car, sans le mérite protecteur d’Avraham et d’Yits’hak, Ya’akov n’aurait pas pu échapper à la mauvaise influence de son frère Essav. En quoi le mérite de Ya’akov est-il plus grand que celui d’Avraham?

Avraham, malgré les grandes vertus qu’il possédait et qui lui valurent d’être appelé le « père de nombreuses nations », n’aurait pas pu être sauvé de la fournaise si ce n’était le mérite de Ya’akov, qui déjà dans le sein de sa mère affronte Essav et partage avec lui les deux mondes, Ya’akov choisissant le monde à venir, et Essav ce monde. C’est le mérite d’un acte aussi noble par lequel Ya’akov renonce aux jouissances de ce monde pour se consacrer entièrement à servir D., qui sauva Avraham de la fournaise.

Nous constatons chez Ya’akov un esprit de sacrifice exceptionnel. Lorsqu’il traverse le fleuve avec ses enfants et ses biens, il est écrit: « Et Ya’akov resta seul » (Béréshit 32:25), et les Sages disent (H’oulin 91a, Rashi ad. loc.): « Il était retenu par de menus objets », c’est-à-dire qu’il a retraversé le fleuve pour chercher des ustensiles de peu d’importance qu’il avait oubliés sur l’autre rive. Nous apprenons aussi, disent les Sages, que « pour les justes, leurs biens sont aussi importants que leur corps ». Mais cela ne l’empêche pas d’offrir tout ce qu’il possède à Essav son frère, puisque Essav avait pris en partage ce monde. Il n’a rien gardé pour lui-même, bien que personne n’ait voulu l’en priver, car Ya’akov avait choisi pour sa part la Torah, comme il est dit de lui: « Tu donnas la Vérité à Ya’akov » (Mich’a 7:20), et « Il n’est  d’autre vérité que la Torah (Yéroushalmi Rosh HaShana III:8, Tanna D’Bey Eliyahou Zouta 21). C’est donc le mérite de la Torah de Ya’akov et de ses descendants, et sa grande vertu, qui a sauvé Avraham de la fournaise.

Évidemment Avraham est redevable à Ya’akov de l’avoir sauvé de la fournaise, car s’il avait été brûlé, ni Yits’hak ni Ya’akov ne seraient nés, et le monde ne fut créé que pour la Torah qui est le début de tout (Béréshit Rabba 1:1, Rashi ibid. 1:1), comme il est dit (Yérémia 33:25): « Si ce n’était pour Mon Alliance Je n’aurais pas établi les lois du ciel et de la terre ». Sans Torah, le monde perd sa raison d’être.

Avraham, voyant que la Torah ne serait donnée à ses enfants que longtemps plus tard, et qu’en attendant le don de la Torah, ils risquaient de porter atteinte à la création et à la raison d’être du monde, a demandé: « par quoi saurai-je? » Le mot ba-mah (par quoi) indique deux choses: la lettre Beth indique la Torah écrite (Béréshit) et la Torah orale (Brach’ot, les bénédictions), Mah indique l’homme, Adam, car ces deux mots ont la même valeur numérique 45. Avraham demande: « Jusqu’à ce que la Torah soit donnée, comment seront-ils protégés contre le mauvais penchant, et par quel mérite recevront-ils la terre d’Israël? » S’ils se laissent entraîner par le mauvais penchant, ils ne pourront pas prendre possession de leur héritage, la terre que D. leur donne. Et il demande en outre comment ils pourront bénéficier de la Présence divine s’ils sont dépourvus de Torah, (sans Beth), sans ces choses pour lesquelles Ya’akov s’est sacrifié et a donné toutes ses possessions, car il avait choisi le monde à venir? Autrement dit, comment ce partage peut-il devenir effectif sans Torah?

Plus spécialement, Avraham désirait savoir comment ses enfants survivraient en exil, assujettis aux exactions des nations dont le but est de leur faire renier leur appartenance au Judaïsme, et qui les persécuteraient s’ils refusaient de trahir leur religion? Comment survivraient-ils en exil et comment surmonteraient-ils les tribulations de la servitude sans porter atteinte à la création et à sa raison d’être, et sans être privés de la protection divine?

Il ressort de ce que nous avons dit qu’Avraham n’a commis aucune faute en demandant « comment saurai-je », au contraire, il voulait consolider le partage des mondes entre Ya’akov et Essav, et la possession exclusive de Ya’akov - dont le mérite l’a sauvé du feu de la fournaise. Ya’akov a incité toutes les générations futures à ne pas jouir des biens de ce monde afin de ne pas en venir à oublier la Torah. C’est un fait que les gens occupés à amasser des richesses matérielles oublient la Torah, dans le sens où il est dit « Je suis présent là où la Torah est présente » (Avot VI:9), et non dans un lieu rempli d’argent, d’or et de pierres précieuses. Les Sages ont dit (Nédarim 81a): « Prenez-garde aux pauvres, car c’est d’eux que sort la Torah » - justement des pauvres. Les descendants de Ya’akov ne jouiront en ce monde que de ce que D. leur donne pour leur permettre d’observer les commandements. Avraham, n’ayant pas fauté, ne fut pas puni.

Mais Avraham voulait savoir comment les Juifs survivraient en exil, dans le cas où ils en viendraient à fauter. Les Sages (Méguila 31b) confirment cette interprétation: « Avraham dit à D: Maître du monde, peut-être, malheureusement, Israël transgressera-t-il Tes commandements, et Tu le puniras comme Tu as puni la génération du déluge et celle de la Tour de Babel? D. lui répondit: Non. Et il demanda: Comment le saurai-je? D. lui dit: Prépare-Moi une génisse âgée de trois ans... (Béréshit 15:9). Avraham dit: Maître du monde, ces sacrifices sont valables au temps du Temple, mais quel sera le sort de mes enfants lorsqu’il n’y aura pas de Temple? D. lui dit: Je leur ai donné les lois des sacrifices; lorsqu’ils les étudieront, Je considérerai que c’est comme s’ils M’avaient effectivement apporté des sacrifices, et Je leur pardonnerai toutes leurs fautes ».

Après avoir dit à Avraham: « Prépare-Moi une génisse âgée de trois ans », D. ajoute (Béréshit 15:13): « Sache-le, tes enfants seront des étrangers dans un pays qui n’est pas le leur, ils seront asservis et opprimés pendant quatre cents ans, mais Je jugerai le peuple qui les opprimera et après cela ils sortiront avec de grandes richesses ».

Avraham ne se souciait que du sort de sa descendance. Comment seraient-ils sauvés de la cruauté des nations, de leurs propres fautes, et par quoi? Et D. lui répondit que les sacrifices leur procureraient le pardon, et lorsqu’il n’y aura pas de Temple où apporter les sacrifices, qu’ils en étudient les lois (Maharsha, Ta’anith 27b). Cela n’explique encore pas comment les Enfants d’Israël observeront les autres commandements de la Torah, car les peuples chercheront à les en détourner, et s’il en est ainsi, comment se perpétuera le partage des deux mondes? A cela, D. répondit (Shemot 1:12): « Plus les nations les oppriment, plus ils se multiplient et grandissent ».

Une génisse, E’gla, de trois ans fait allusion à l’exil, car la lettre Ayin a la valeur numérique de soixante-dix, ce qui indique que D. ne les abandonnera pas durant leur exil parmi les soixante-dix nations du monde, et que « partout où les Juifs seront exilés, la Présence Divine les accompagnera et elle reviendra aussi avec eux de l’exil » (Méguila 29a). D. ordonne aussi à Avraham de prendre un bouc, E’z, de trois ans, c’est-à-dire que grâce à la Torah et à leur attachement à D, il seront forts, A’zim, et capables de tenir tête aux nations car « Israël est le plus dur d’entre les peuples » (Beytza 25b, Shemot Rabba 42:9). Et D. lui ordonna également de prendre un bélier, Ayil, de trois ans, ce qui indique les quarante-huit façons d’acquérir la Torah (Avot VI:5, Kala 8), qui est la valeur numérique du mot VéAyil compté avec le mot lui-même. C’est-à-dire « même lorsqu’ils seront dans le pays de leurs ennemis, Je ne les dédaignerai pas et Je ne les rejetterai pas au point de les anéantir et de rompre Mon alliance avec eux car Je suis l’Eternel, leur D. » (Vayikra 26:44). Même en exil, ils seront soutenus par la Torah, ils ne rompront pas l’alliance avec D. et « ils progresseront dans les quarante-huit façons d’acquérir la Torah ».

Enfin, Avraham prend une tourterelle et une jeune colombe, ce qui indique le dernier exil, le plus dur de tous, car les nations tentent de s’emparer de l’héritage des Juifs, de les détourner de la vérité de la Torah, de leur faire renoncer à la pratique de ses lois, et de les amener à une « coexistence pacifique » puisque la Torah est « universelle ». A cette époque-là, « les blasphémateurs domineront, la génération aura une face de chien, l’audace sera extrême, les enfants se révolteront contre les parents, la vérité disparaîtra et il ne nous restera plus qu’à nous tourner vers notre D. » (Sotah 49b).

La preuve est que, jusqu’à ce jour, en exil, les peuples assassinent les Juifs. Mais, malgré cela, les Juifs ne perdent pas leur foi « car Moi - dit D. - Je veille sur eux », et « J’accroîtrai leur récompense ». Tel est le sens de « et après cela, ils sortiront avec de grandes richesses » (Béréshit 15:14), c’est-à-dire qu’ils surmonteront toutes les souffrances et toutes les peines et prospéreront. Malgré la nuit et la terreur qui accabla les Enfants d’Israël lorsqu’ils descendirent en Egypte, de même que durant toutes leurs errances, « Je suis avec eux », et le partage des mondes entre Ya’akov et Essav reste valable aussi en exil.

Et D. promet encore à Avraham que même lorsque l’athéisme dominera et que les peuples voleront la Torah aux Juifs en y introduisant des transformations, même alors, « Tout instrument fabriqué contre Toi sera impuissant » (Ishaya 54:17). Les Juifs surmonteront aussi cela, et le soleil finira par briller, la lumière s’étendra, et le monde parviendra à la perfection voulue lors de la création. Tout cela explique la division des mondes entre Ya’akov et Essav.

Mais il reste encore un autre point à éclaircir. Les peuples formulent un reproche apparemment justifié envers Israël. Ils prétendent que les Juifs se trouvent partout, « la mer est remplie de Juifs », comme ils disent. Et ils se plaignent aussi que les Juifs occupent tous les postes et qu’ils sont la cause de tous leurs maux. Ils accusent les Juifs de leur prendre leur argent et leur or, de s’emparer des moyens de production, de dominer toutes les entreprises commerciales du monde et partout où ils se trouvent, de voler tout ce qui tombe sous leur main, et ils finissent par attribuer aux Juifs les épidémies qui ravagent l’humanité, exactement comme les Egyptiens, en leur temps, avaient dit à Pharaon (Shemot 10:7): « Fais sortir ces gens... avant qu’on ne te dise que l’Egypte est perdue ». Pourquoi « perdue »? A cause des Enfants d’Israël... Nous savons que déjà en Egypte les Enfants d’Israël avaient délaissé D. A propos du verset « Ils remplirent tout le pays » (ibid. 1:7), les Sages rapportent le verset: « Ils ont trahi l’Eternel, car ils ont enfanté des enfants étrangers, et maintenant Il les consumera, en un mois, eux et leurs biens » (Oshéa 5:7) et disent: « cela nous enseigne qu’après la mort de Yossef, les Juifs ont arrêté de pratiquer la circoncision, disant: nous serons comme les Egyptiens » (Shemot Rabba 1:10). Et les Sages ajoutent (Yalkout Shimoni Shemot 1): « Ils remplirent tout le pays », ils remplirent les théâtres et les cirques, c’est-à-dire que les Enfants d’Israël, après la mort des chefs des tribus, ont commencé à prendre du bon temps en Egypte, ils prenaient plaisir aux vanités de ce monde, choses qui appartiennent par contrat à Essav et non à Ya’akov. Les nations demandent donc: pourquoi viennent-ils nous voler notre part? Des souffrances terribles peuvent découler d’un tel abus.

Nous pouvons constater qu’il en est ainsi. Les Sages disent (Ech’a Rabba 2:17): « Ne crois pas que la Torah réside parmi les nations », et ils ajoutent que « ce que les non-Juifs donnent sous forme de charité n’est pas un bienfait car ils ne sont généreux que pour être respectés » et (Babba Bathra 10b): « Tous les bienfaits et toutes les générosités des nations sont considérées comme des fautes, car ils n’agissent que pour se faire valoir, pour obtenir la prolongation de leur domination, s’enorgueillir et nous insulter », comme il est écrit (Mishley 14:34): La générosité des nations est un péché » Pourquoi? Pour le non-Juif, il n’y a pas de monde à venir, et ses bonnes actions ne sont pas prises en compte. Ce n’est que lorsque le non-Juif pratique les sept commandements des fils de Noa’h (voir Babba Kamma 38a), qu’il est considéré comme un « Juste des nations ».Autrement, le non-Juif n’a aucune part au monde spirituel.

De son côté, le Juif n’a pas de part à la jouissance des plaisirs de ce monde, surtout pas à celles qui caractérisent les non-Juifs. La Torah interdit de ressembler aux non-Juifs dans leur façon de s’habiller, leurs coutumes et leurs modes de vie, comme il est écrit (Shemot 23:24): « Tu n’imiteras pas leurs rites » et (Vayikra 20:23): « N’adoptez pas les lois des nations ». Il va sans dire qu’il est interdit de s’associer à eux car, toute leur vie, ils ne s’adonnent qu’à des vanités et à des futilités, aux jouissances physiques et matérielles, dans leurs « réunions de persifleurs ».

Il faut savoir que la division des mondes entre Ya’akov et Essav est valable de tout temps. Jusqu’à ce jour, le Juif et le non-Juif suivent des voies différentes, et aucun n’empiète sur le domaine de l’autre. Si le Juif transgresse la frontière des fils d’Edom (Essav) et veut prendre part à leurs plaisirs, leur ressembler et s’associer à eux, les non-Juifs auront vite fait de le harceler pour avoir empiété sur leur domaine.

Des souffrances multiples, des décrets sévères et toutes sortes de malheurs affligent les Juifs, et ils en souffrent tellement que les Sages disent (Yébamot 47a): « Israël est devenu incapable de supporter ni un grand bien, ni un grand mal, tant il est faible, abattu et affligé ». Et alors, il revient à l’Eternel son D. qui, dans Sa grande miséricorde et Son infinie bonté, sauve les survivants.

Les Sages disent (Makot 23b, Avot D’Rabbi Nathan 41:17): « D. a voulu accroître le mérite d’Israël, c’est pourquoi il lui a donné la Torah et tous ses commandements ». C’est dire que l’homme est récompensé pour son obéissance, et cela bien que les commandements n’aient pas été donnés pour en tirer bénéfice (Yirouvin 31a, Yéroushalmi, fin de Troumot). De toute façon, sans le vouloir, celui qui obéit à la volonté divine en tire un bénéfice, mais il doit savoir que tout avantage qu’il reçoit pour son obéissance aux commandements doit être accepté avec crainte et amour, uniquement pour la gloire de D. dans le monde, car telle est Sa volonté. Lorsque D. donne à celui qui marche dans Ses voies la prospérité, la richesse, les honneurs afin de lui permettre de se perfectionner, ces faveurs n’amoindrissent pas le domaine des fils d’Essav, puisque celui qui pratique les commandements se suffit du monde spirituel qui est la part que D. lui a attribuée.

Celui qui va à la mer se baigner avec eux, qui passe ses heures de loisirs dans les théâtres et les cirques comme ils le font, qui imite leurs actes de brigandage et de vol, qui travaille le Shabbat, empiète sur le domaine des fils d’Essav, car ces choses-là sont le lot des nations, comme le dit Rabbi Shimon Bar Yochaï (Shabbat 33b): « Toutes les améliorations que les Romains ont réalisées (lorsqu’ils occupaient Israël), ils les ont faites pour leur propre profit: ils construisirent des places publiques pour y installer des prostituées, des bains publics pour leur plaisir... » et non pas pour le bien des Juifs, et donc il est interdit à un Juif de partager ces distractions. S’il devait en jouir, il empièterait sur un domaine qui ne lui appartient pas, et la punition divine s’ensuivrait, puisqu’il serait entré sans permission dans la propriété d’Essav.

Il ressort de tout ce que nous venons de dire que Ya’akov avait une nette vision de l’Histoire, et désirait que ses descendants comprennent le sens profond de la Torah et de ses voies, qu’ils s’y attachent, comme il est écrit: « C’est un arbre de vie pour qui s’y attache (Mishley 3:18) et même qu’ils soient prêts à donner leur vie pour l’étudier, comme il est écrit (Bamidbar 19:14): « Telle est la Loi, l’homme qui meurt sous la tente... » que les Sages expliquent (Brach’ot 63b, Zohar II 158b): « La Torah ne se garde que par celui qui se sacrifie pour elle ». Bien avant le don de la Torah, Ya’akov a fait savoir à ses enfants qu’ils ne devaient pas s’associer aux descendants de Essav, bien qu’appartenant à la même famille, car à l’avenir ceux-ci, et essentiellement les empires perse et romain, domineraient le monde (Avoda Zara 2b, Yoma 10a), et leur domination est plus tyrannique que celle d’Ishmaël. Il est nécessaire de maintenir des barrières et des frontières entre nous et les descendants d’Essav, il faut éviter leur compagnie afin de ne pas en venir à s’unir à eux, et il est interdit de cohabiter avec eux. Car tels sont les termes du contrat entre Ya’akov et Essav: ce monde et ses plaisirs appartiennent à Essav et à ses descendants. Si l’on empiète sur le domaine des fils d’Edom, on remet à l’ordre du jour la validité de leur accord, et le monde connaît bien des problèmes, D. nous en préserve. De même, si les fils d’Edom et leurs partenaires tentent de nous imiter et de ressembler aux Juifs, ils sont passibles de la peine de mort par le tribunal divin, car seul ce monde leur appartient, et le monde à venir est à nous. Seul ce mérite-là nous permet d’hériter de la terre d’Israël, comme il est dit: « Par quoi saurai-je... » et nous survivrons à  l’exil jusqu’à la venue du Messie. Amen! Ainsi soit-il!

 

 

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