Ou bien un compagnon d’étude, ou bien la mort

Il est écrit (Béréshit 18:1): « L’Eternel Se révéla à lui dans les plaines de Mamré, tandis qu’il était assis à l’entrée de sa tente, dans la chaleur du jour ».

Rashi rapporte le commentaire des Sages (Béréshit Rabba 42:8, Zohar I 98b): « Dans les plaines de Mamré, qui donna un bon conseil à Avraham concernant la circoncision, c’est pourquoi D. s’est révélé à lui dans son domaine ». Le Midrash Tanh’ouma pose la même question: « Pourquoi dans les plaines de Mamré? » Et il donne une autre réponse:  « C’est que le Saint, béni soit-Il, ne prive aucune créature de son dû » (Babba Kamma 38b, Pessah’im 108a). Avraham avait trois amis: Anèr, Eshkol et Mamré. Lorsque D. dit à Avraham de se circoncire, il alla les consulter. Il alla d’abord chez Anèr et lui rapporta les paroles de D.  Anèr lui répondit: « Il veut te rendre infirme! » Avraham le quitta et se rendit chez Eshkol qui lui dit: « Tu es vieux, si tu te circoncis, tu perdras beaucoup de sang, tu ne pourras pas le supporter et tu mourras! » Il le quitta et alla chez Mamré. « C’est à ce sujet que tu me demandes conseil? lui-dit-il. C’est Lui qui t’a sauvé de la fournaise ardente, c’est Lui qui a fait pour toi des miracles... Il a sauvé les deux cent quarante-huit membres de ton corps, et tu demandes conseil à propos d’un petit bout de peau? » Et Avraham fit ce que D. lui avait ordonné.  D. dit à Mamré: « Tu lui as donné un bon conseil. N’est-il pas juste que Je Me révèle à lui dans ton domaine, dans les plaines de Mamré? »

Il faut se demander pourquoi Avraham va demander conseil concernant la circoncision:

1. Les Sages ont dit qu’Avraham a observé toute la Torah, même les ordonnances rabbiniques, bien avant le don de la Torah (Yoma 28b, Vayikra Rabba 2:9). Sans aucun doute il connaissait le commandement de la brit mila qui est un commandement de base, et il savait aussi qu’il devait se défaire de l’impureté qui s’attache à cette partie du corps. Comment se fait-il qu’il ne l’ait pas fait de lui-même?

2. Si l’on voulait dire qu’il y a dans le commandement de la circoncision une alliance entre D. et Avraham, comme il est écrit (Béréshit 17:7): « Et J’établirai Mon Alliance entre Moi et toi », et c’est pourquoi il attendit que D. le lui ordonne (puisqu’une alliance exige nécessairement l’assentiment des deux parties), cela ne résoudrait pas la difficulté. En effet, les commandements du Shabbat et des Téphilines ont aussi l’aspect d’une alliance entre D. et Israël, comme il est écrit concernant le Shabbat (Shemot 31:17): « Entre Moi et les Enfants d’Israël c’est un signe éternel », et concernant les Téphilines (ibid. 13:9): « Tu les porteras en signe sur ton bras... » et donc si Avraham portait les Téphilines et observait le Shabbat et les ordonnances rabbiniques de son propre chef, comment se fait-il qu’il n’ait pas accompli la circoncision de lui-même?

3. Pourquoi Avraham demande-t-il l’avis d’Anèr, Eshkol et Mamré concernant la circoncision? D. Lui-même lui ordonnait de le faire, et « entre les paroles du maître et les paroles de l’élève, lesquelles faut-il écouter? » (Kidoushin 42b, Tanh’ouma H’oukat 10). Pourquoi demander conseil?

4. Si Anèr, Eshkol et Mamré sont les alliés d’Avraham (Béréshit 14:13) et qu’il les estime, ils sont sûrement des hommes vertueux car Avraham ne se serait pas lié d’amitié avec des gens méchants, et ils avaient vu de leurs propres yeux les grands miracles réalisés par D. pour Avraham durant la guerre. S’il en est ainsi, comment peuvent-ils donner un mauvais conseil à l’encontre de la volonté de D. en Qui ils ont foi? N’auraient-ils pas dû l’encourager à obéir avec empressement à l’ordre de D.?

5. Selon le Midrash, Mamré, qui a conseillé à Avraham de se circoncire, reçut pour récompense que D. S’adresse à Avraham (et non à lui) dans son domaine. En quoi est-ce une récompense?

6. Pourquoi est-il écrit: « L’Eternel Se révéla à lui... », sans mentionner le nom d’Avraham, et pourquoi n’est-il pas écrit: « L’Eternel Se révéla à Avraham », comme il est écrit ailleurs? Le Ohr Hah’ayim pose une autre question: « Pourquoi la Torah change-t-elle l’ordre de la phrase et mentionne celui qui voit (Avraham), avant celui qui est vu (l’Eternel)? (Une construction grammaticale qui n’est pas sensible dans la traduction. Comparer avec Béréshit 12:7 et 17:1 où L’Eternel est mentionné avant Avraham).

7. La plus grande difficulté concerne Anèr et Eshkol. Comment ont-ils osé détourner Avraham de la circoncision et l’effrayer, sachant qu’Avraham s’était jeté dans la fournaise pour sanctifier le Nom de D. (Béréshit Rabba 38:13), et s’était mis en danger dans la guerre contre les cinq rois afin de délivrer les captifs? Pensaient-ils que justement maintenant, Avraham craindrait de devenir infirme, ou de perdre beaucoup de sang? Pourquoi voulaient-ils l’effrayer et le décourager?

Le Zohar (III 149b) écrit: « La Torah ne raconte pas des anecdotes », et (II 82b): « La Torah donne à l’homme des règles de conduite, afin qu’il sache ordonner son mode de vie et organiser ses actes conformément à la volonté de D. ».  Chaque commandement a sa raison d’être; y adhérer et l’observer dans tous ses détails permet d’atteindre les plus hauts degrés d’élévation et de perfection visés par ce commandement.

Avraham qui de tout son être a toujours exprimé la sagesse de la Torah, « n’avait ni père ni maître chez qui apprendre, mais ses entrailles sont devenues un puits de sagesse et cela, pour avoir consacré son intelligence à la recherche de la vérité. Il désirait de toute son âme savoir comment être agréable à D. et Le servir » (Rambam, Halach’ot Akoum I:2-3). Il reçut l’aide du Ciel pour comprendre le sens profond de chaque détail des commandements, et ce qu’il comprenait par sa propre intelligence et son propre raisonnement s’ajoutait à ce qu’il avait appris, jusqu’à ce qu’il arrivât à comprendre et à pratiquer toute la Torah, y compris les ordonnances rabbiniques.

Pourtant, une chose échappait à son entendement, justement la nécessité de retrancher le prépuce. De même que les fondements d’un bâtiment sont creusés et enfouis sous terre et ne se voient pas, de même le fondement et le secret de ce commandement lui était caché. Pourquoi? Afin qu’il ressente un malaise, qu’il sache qu’il n’était pas « presque l’égal des anges » (Téhilim 8:6), et ressente l’imperfection qui ne lui avait pas encore été révélée (cela explique notre première question).

Cette imperfection était pour Avraham une épreuve énorme, car plus il s’élevait en sainteté et en pureté, plus il ressentait son imperfection. Mais il ne s’est pas laissé décourager ni affaiblir par ce manque. Au contraire, il a continué à s’élever, et plus il s’élevait, plus il ressentait son imperfection. D. lui avait caché le secret de la circoncision et s’abstenait de venir contracter avec lui une alliance. Comment pouvait-il, lui, Avraham, établir une alliance avec D. si D. ne l’y invitait pas et ne le désirait pas? C’est pourquoi il ne l’a pas fait de lui-même (cela répond à notre deuxième question).

Un grand dilemme se posait à Avraham. D’un côté, D. lui exprimait un amour tout particulier, Il lui révélait le sens caché de l’exil, Il ajoutait une lettre à son nom, comme il est écrit (Béréshit 17:5): « Ton nom ne sera plus Avram, mais Avraham », Il lui promettait descendance et fortune, Il lui promettait cette terre en héritage, et Il avait déjà fait pour lui des miracles et des prodiges. Par ailleurs, Avraham ressentait que D. lui cachait quelque chose et n’établissait pas d’alliance avec lui. C’est pourquoi il ne savait pas s’il méritait une telle alliance. Peut-être ne la méritait-il pas? Et donc une douleur profonde remplissait le cœur et l’âme d’Avraham. Il ressentait l’impureté de son corps, sans en connaître le sens et la raison.

Mais bien que son impureté lui pesât, Avraham continuait à servir D. en s’attachant à son Créateur par le commandement des Téphilines et l’observance du Shabbat par lesquels il témoignait que L’Eternel est le souverain du monde, et qu’il n’y a pas d’autre D. que Lui. Mais ce n’est que par Son alliance que D. révèle qu’Il a choisi Avraham et élu sa descendance, le peuple d’Israël, pour être Sien. Avraham continue à approfondir le sens de la Torah en attendant d’être soulagé de ses souffrances par l’Alliance entre lui et D., et parvenir alors à la perfection.

C’est un principe fondamental. Lorsque des malheurs nous atteignent, nous ne devons pas désespérer de la miséricorde divine, comme il est dit: « Ne désespère pas dans le malheur » (Avot I:7), comme le disent les Sages (Brach’ot 10a, Sifri Vaeth’anan 3:26): « même si une épée est posée sur son cou, que cela ne l’empêche pas d’espérer ». Lorsque l’on est atteint par un malheur, il faut penser qu’on ne s’est peut-être pas corrigé comme il convient, et ce n’est pas par hasard que ce malheur est arrivé. Cela donne le courage de comprendre que ce qui arrive ne dépend que de nous, et alors notre âme languira de réaliser la correction de nos fautes en priant D. de Le sentir sans être accablé par les souffrances. Alors, on saura que D. nous aime, qu’Il n’a choisi que nous, comme il est dit du roi David (Shmouel I, 18:14): « Et David réussissait dans tout ce qu’il faisait et D. était avec lui ». De même D. sera avec nous dans tout ce que nous ferons.

Les Sages disent (Menah’ot 43b): « Le roi David s’est exclamé (Téhilim 119:164): « Sept fois par jour je célèbre Tes louanges en raison de Tes justes décrets ». Lorsque David était aux bains, nu, il se disait: « Malheur à moi, qui suis dépourvu de tout commandement. Mais lorsqu’il se souvint de la circoncision dans sa chair, son esprit fut apaisé, et à la sortie des bains, il chanta les louanges de D. (Téhilim 12:1): « Au chef des chantres, le huitième, psaume de David », c’est-à-dire à propos de la circoncision qui se pratique le huitième jour ». Et donc, combien la douleur et les souffrances d’Avraham étaient grandes puisqu’il ne bénéficiait pas, en entrant aux bains, de la protection de la circoncision, mais cela ne l’a pas empêché de servir D. avec ferveur.

Lorsque D. lui commanda de contracter l’Alliance par la circoncision, il est certain qu’Avraham ressentit une joie immense, car il avait souffert de ce manque pendant les longues années durant lesquelles il aspirait à la perfection, et à présent, enfin, il pouvait y parvenir, d’autant plus que cette Alliance avec D. comprenait aussi ses descendants. Il ne fait aucun doute que sa joie était infinie.

Nous pouvons à présent revenir à notre sujet, concernant l’échange qui eut lieu entre Avraham et Anèr, Eshkol et Mamré. Jusqu’à présent ils étaient tous unis, Avraham, Anèr, Eshkol et Mamré, par le fait qu’ils étaient tous incirconcis et avaient, malgré cela, la crainte de D. Il n’y avait aucune raison pour qu’Avraham ne se lie pas d’amitié avec eux, même s’il les surpassait tous. Mais maintenant qu’il allait se circoncire et atteindre la perfection qui lui permettrait de ressentir la Présence de D. dans toute Sa splendeur et dans toute Sa gloire, il devait savoir qui étaient ses vrais amis, à qui il convenait de s’attacher, et s’il pouvait continuer à les fréquenter ou bien s’il devait peut-être s’en éloigner. C’est la raison pour laquelle il leur demanda conseil au sujet du commandement qui allait le faire entrer dans une Alliance avec D. qui lui permettrait d’atteindre le comble de la perfection.

En fait Avraham lui-même n’avait aucun doute qu’il faille obéir à ce commandement, lui qui avait attendu avec impatience l’occasion de le faire depuis toujours. Il les consulte uniquement pour les tester, connaître le fond de leur cœur, et décider en fonction de leur réponse s’il allait continuer à les fréquenter ou non (cela répond à notre troisième question).

S’ils sont effectivement vertueux et désirent son bien, ils lui diront: « Ce commandement, que tu espères de toute ton âme, t’est donné dans la peine et la douleur. Il va sans dire que tu dois montrer ton esprit de sacrifice comme tu l’as fait par le passé pour pratiquer chaque commandement, et le pacte d’alliance avec D. va te sanctifier et te rendre parfait », comme le disent les Sages (Nédarim 31b): « Avraham n’est appelé parfait qu’après la circoncision ».

Nous tirons de là une leçon de conduite et un grand principe. Plus l’homme se perfectionne, plus il doit être prudent quant aux personnes qu’il rencontre et qu’il fréquente, comme il est dit « Ne vous associez pas avec les méchants » (Avot I:7). Avraham a examiné ses amis pour savoir quel conseil ils allaient lui donner afin de tester le degré et la sincérité de leur crainte de D. - peut-être n’était-elle qu’une déclaration faite du bout des lèvres, auquel cas ils ne seraient pas capables de passer le test et il devrait se séparer d’eux. Il est possible aussi qu’ils craignent pour eux-mêmes qu’Avraham ne les quitte et que, pour ne pas perdre son amitié, ils l’imitent.

Avraham voulait aussi qu’ils constatent sa foi en D. en se mettant en danger pour se circoncire à son âge, ce qui leur permettrait de renforcer leur propre foi. C’est pourquoi il n’a pas attendu d’être lui-même circoncis pour les mettre à l’épreuve après coup, mais leur a demandé conseil avant, afin qu’ils expriment ce qu’ils ressentaient.

Effectivement, Anèr et Eshkol révélèrent le fond de leur cœur. Ils connaissaient les forces spirituelles d’Avraham, ils savaient qu’il ne reculait devant aucun danger pour servir D., et qu’il ne se laisserait pas décourager par un acte qui demandait de prendre des risques lorsqu’il s’agissait de glorifier D., mais ils pensaient que, si Avraham leur demandait maintenant conseil au sujet d’un ordre de D., c’était sûrement qu’il y avait en lui une faille et qu’il faiblissait. Et donc, comme il était vieux, et que la chose représentait pour lui un grand risque, ils lui ont donné le conseil de ne pas se circoncire. En fait, pourquoi ces hommes pourtant vertueux, lui ont-ils donné ce mauvais conseil?

C’est qu’ils craignaient, en lui disant de se circoncire, de devoir eux-mêmes le faire et de devenir infirmes ou de perdre beaucoup de sang, et ils avaient peur de servir D. au risque de leur vie. Au lieu de l’encourager et de l’empêcher de faiblir en lui faisant valoir que s’il avait survécu à beaucoup d’autres dangers et avait été sauvé, il est certain qu’il serait aussi sauvé de ce danger, puisqu’il obéissait à l’ordre de D. (ce qui revient à dire que D. désire qu’il se mette en danger), au lieu d’apprécier l’amour d’Avraham à leur égard, puisqu’il vient leur demander conseil, ils lui donnent le mauvais conseil de ne pas se circoncire, de ne pas obéir au commandement de D. En effet, s’ils lui avaient donné le conseil qui convenait, ils auraient perdu son amitié, étant donné qu’ils n’avaient pas l’intention, eux, de faire une chose pareille. Leur mauvais conseil a donc révélé qu’ils étaient essentiellement impurs (et cela répond aux questions 4 et 7), et donc Avraham sait qu’il doit s’éloigner de leur compagnie.

Chacun doit chercher à connaître ses partenaires et ses amis, même dans l’étude de la Torah. Un élève assidu de Yéshiva voulut savoir un jour si son partenaire d’étude craignait D. et il le mit à l’épreuve. Il l’invita à l’accompagner au théâtre et son ami accepta... Il sut alors quel était l’état d’esprit de son partenaire et dès lors il s’éloigna de lui. Mais son partenaire en eut réellement honte, il regretta sa conduite... et en fin de compte, les deux élèves reprirent leur étude commune, faite de discussions qui clarifient la loi, et ils progressèrent ensemble dans l’étude de la Torah et la crainte de D.

C’est que chacun doit encourager son partenaire, même en le mettant à l’épreuve, comme il est écrit (Ishaya 41:6): « L’un prête assistance à l’autre et chacun dit à son frère: « Courage! », de peur qu’il ne tombe. » C’est ce que dit Rabba à H’ouni HaMéaguel (Ta’anith 23a): « Ou bien un compagnon d’étude, ou bien la mort », ce qui à mon sens signifie: « ou bien une amitié fondée sur la Torah et la crainte de D. ou bien la mort » quand l’un a une mauvaise influence sur l’autre. Chacun a besoin d’un partenaire pour l’aider à clarifier la loi, et c’est ainsi qu’ils la retiennent.

Anèr et Eshkol ne se préoccupaient que de leur relation avec Avraham. Ils ne considéraient en lui que ce qui pouvait leur procurer un avantage personnel; c’est pourquoi ils craignaient, en lui conseillant d’obéir à D., de le voir parvenir à la perfection, et ils allaient devoir ou bien perdre son amitié ou bien suivre son exemple. C’est pourquoi ils ont tenté de profiter de ses hésitations pour le convaincre de ne pas obéir au commandement de D., afin de ne pas perdre son amitié.

Il n’en fut pas ainsi de Mamré, qui lui, était vertueux et droit. Il ne se souciait guère des conséquences personnelles en donnant à Avraham un conseil approprié, et il ne craignait pas non plus de perdre son amitié. Au contraire, il comprit qu’il devait tirer de la conduite d’Avraham un enseignement concernant la façon de parvenir à la perfection. Cela nous montre que Mamré fut de tout temps bon et droit et que son cœur avait toujours été entièrement tourné vers D. C’est pourquoi, maintenant aussi, il encourage Avraham et lui conseille de ne pas faiblir et de se circoncire sans crainte, faisant valoir qu’au contraire, maintenant, dans son vieil âge, il doit servir D. avec encore plus de détermination et plus de courage. Il n’y a aucune raison de craindre de perdre du sang ou de devenir infirme étant donné que D., qui l’a sauvé dans le passé, le sauvera aussi maintenant et lui viendra en aide, d’autant plus que ce commandement lui permettra de parvenir au comble de la perfection tant espérée.

Cela est indiqué dans son nom. Les mots « éloney Mamré » (littéralement « les arbres de Mamré ») montrent sa piété, car la Torah est appelée arbre comme il est dit (Zohar Korah’ 176a): « Celui qui met tous ses efforts dans la Torah est uni à l’arbre de la Vie ». La Torah est aussi un remède pour l’homme, comme le disent les Sages (Yirouvin 54a) à propos du verset: « elle donnera la santé à ton corps, la sève à tes membres » (Mishley 3:8), car la Torah est un élixir de vie pour l’homme, et « elle s’appelle elle-même la vie » (Avot D’Rabbi Nathan 34:10). C’est ce que Mamré dit à Avraham: Le mérite de la Torah qui est appelée arbre de Vie te guérira de l’infirmité et de la perte de sang, et tu ne risques rien.

Cela souligne la différence entre Anèr et Eshkol d’une part, et Mamré de l’autre. A première vue, le passé d’Anèr et Eshkol était louable, et ils étaient aussi des proches d’Avraham, comme il est dit (Béréshit 14:13): « Ils sont les alliés d’Avraham ». Mais maintenant qu’Avraham les met à l’épreuve, la différence entre lui et eux devient claire. C’est ce qui se passe pour tout un chacun. Chacun peut se croire vertueux et craignant D. mais c’est au moment de l’épreuve qu’il révèle sa vraie nature, et c’est alors qu’il risque d’échouer, et d’entraîner les autres dans sa chute, D. nous en préserve.

Ce fut le cas d’Anèr et Eshkol. Au moment de la guerre, ils avaient pris de grands risques en se joignant à Avraham, comme il est dit d’eux (Béréshit 14:24): « …si ce n’est la part des hommes qui m’ont aidé, Anèr, Eshkol et Mamré », mais dans ce cas, alors que le danger n’est pas certain car il est possible d’arrêter la perte de sang, non seulement ils ne se sont pas circoncis comme Avraham, mais ils ont aussi essayé de le dissuader de faire ce que D. lui commande. C’est pourquoi D. s’est ému de leur lâcheté, et n’a donné une juste récompense qu’à Mamré.

Chacun doit, au moment où il est mis à l’épreuve, s’efforcer de suivre les voies de D. sans dévier ni à gauche ni à droite, ce qui lui permettra de surmonter toutes les épreuves.

Maintenant nous pouvons répondre à la cinquième question: en quoi le fait que D. parle à Avraham dans le domaine de Mamré, constitue pour ce dernier une récompense? Nous savons que lorsque l’Arche de l’Alliance était chez Oved Edom le Ghittéen, D. lui donna une grande récompense, comme il est écrit (Shmouel II, 6:11): « L’Arche de l’Eternel se trouva trois mois dans la maison de Oved Edom le Ghittéen et D. bénit Oved Edom et toute sa maisonnée ». Quelle fut sa récompense? Les Sages disent (Brach’ot 63b, Bamidbar Rabba 4:21): « Oved Edom fut béni pour avoir gardé l’Arche dans son domaine; sa femme, sa belle-mère et ses huit belles-filles donnèrent  chacune naissance à six enfants en une seule couche ».

De même ici, concernant Mamré, la récompense n’est pas que D. ait parlé à Avraham dans son domaine, mais ce fait lui a procuré l’abondance et la prospérité en récompense du conseil sensé qu’il a donné à Avraham. De même qu’Oved Edom fut béni de prospérité pour avoir gardé l’Arche de l’Alliance dans son domaine, de même Mamré reçut une abondance de bienfaits pour lui et sa maisonnée de par la révélation de la parole de D. dans son domaine.

 

 

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