Le comble de la perfection, être pur et sans trace de péché

Il est écrit (Béréshit 21:8): « L’enfant grandit et il fut sevré et Avraham fit un grand festin le jour où l’on sevra Yits’hak ».

Selon une certaine opinion (Béréshit Rabba 53:14), « Yits’hak avait treize ans lorsqu’il fut sevré du mauvais penchant et que le bon penchant le saisit », car le bon penchant ne pénètre l’homme que lorsqu’il atteint l’âge de raison (Kohélet Rabba 4:15, Avot D’Rabbi Nathan 16:2, Zohar I 165b). Selon une autre opinion, il fut sevré du lait de sa mère à l’âge de deux ans.

Il faut expliquer pourquoi Avraham n’a fait un festin que lorsqu’Yits’hak atteignit l’âge de deux ans, ou de treize ans, et non pas le jour de la circoncision de son fils, car ce jour-là précisément, la joie est grande d’exécuter ce commandement? Les Sages remarquent (Midrash Lekach’ Tov 21:8) que le mot HiGaMèL, sevré, est composé des lettres Hé qui a la valeur numérique 5, et Guimel  qui a la valeur numérique 3, qui ensemble font 8, le huitème jour, celui de la circoncision (MaL), ce qui implique que ce jour-là aussi Avraham donna un grand festin. Pourquoi n’est-ce pas dit explicitement dans les versets? C’est la question posée par Imrey Yeh’ezkiel, qui ajoute qu’apparemment le mot « et il grandit » est superflu, de même que la fin du verset « le jour où l’on sevra Yits’hak » et il aurait suffit d’écrire « Et l’enfant fut sevré et Avraham fit un grand festin ».

Il est étonnant qu’Avraham n’ait pas marqué le jour où lui-même contracta l’alliance par un grand festin. Il y a à cela deux raisons:

1) Pour que les gens ne se moquent pas de lui et ne le méprisent pas, car il était vieux et se mettait en danger.

2) Lorsqu’il se circoncit, il souffrait et il ne pouvait pas s’occuper lui-même des invités et les servir comme il avait l’habitude de le faire, et il en aurait été très peiné. Il ne fit donc pas de festin pour lui-même. On peut donner une autre explication au fait de savoir pourquoi il fit un festin le jour où son fils Yits’hak fut sevré, et non pas le jour de sa circoncision, jour de grand bonheur.

Il faut dire que l’essentiel du sevrage de l’enfant a lieu lorsqu’il est accompli et net de toute faute. C’est le sens de « et l’enfant grandit et il fut sevré », car le but essentiel de l’homme est de parvenir à la perfection en toutes ses qualités tout en restant pur comme un enfant innocent, dont les Sages disent (Shabbat 109b) qu’il ne connaît pas le goût de la faute. C’est effectivement une chose merveilleuse.

Tel était Yits’hak. Il grandit en âge, devint homme, et pourtant il était resté comme un enfant, intègre dans toutes ses qualités et ignorant du péché. Bien que vivant avec Ismaël il n’a pas imité son comportement (voir Béréshit Rabba 53:15). Cela est exceptionnel et dénote une grande perfection. L’exemple d’Yits’hak montre que l’homme vertueux peut vivre avec le méchant sans imiter ses mauvaises manières. Nous retrouvons la même chose plus tard chez son fils Ya’akov qui vivait avec Essav et avec Laban et ne suivait pas leurs mauvaises voies. Il étudiait la Torah dans les tentes de Shem et Evèr (Béréshit Rabba 63:15), et il dit à Essav « J’ai vécu avec Laban... » signifiant: « J’ai vécu avec Laban et j’ai observé les six cent treize commandements de la Torah et je n’ai pas imité sa mauvaise conduite » (Midrash Hagada Béréshit 32:5).

Cela nous permet de comprendre pourquoi Avraham fit un grand festin le jour où Yits’hak fut sevré. Il voyait bien que son fils était parfait et lui ressemblait par toutes ses qualités et toutes ses vertus. Son intégrité était parfaite et la Présence Divine ne le quittait pas. Avraham convia tout le monde à ce festin, afin que tous puissent voir que cet homme déjà adulte était pur comme un enfant, et tirent une leçon de sa conduite.

De plus, Avraham voulait faire taire les jaloux et les mauvaises langues qui disaient que Sarah avait conçu Yits’hak d’Avimelech’ (Agadat Béréshit 37:2, Béréshit Rabba 53:10, Yalkout Shimoni Vayéra 93), ou qui s’imaginaient qu’Yits’hak - loin de nous cette pensée - était tout aussi méchant qu’Ismaël, et que les enfants d’Avraham n’hériteraient pas de la terre d’Israël puisqu’ils ne le méritaient pas. Mais Avraham fit taire leurs calomnies et prouva publiquement au monde entier qu’Yits’hak était  bien son fils, qu’il était parfait et saint et qu’en aucun cas un tel enfant ne pouvait être le fils d’Avimelech’.

Ce que nous disons est indiqué dans le verset.

Les dernières lettres des mots vaygamel va’yass Avraham (il fut sevré et Avraham fit) forment le mot shalem - parfait. Avraham offrit ce festin lorsqu’Yits’hak atteignit la perfection. En quoi consistait cette perfection? Les premières lettres des mots gadol beyom higamel eth Yits’hak (un grand festin le jour où l’on sevra Yits’hak) ont la même valeur numérique que le Nom de D. Ehyhé (D. sera) pour signifier que lorsque le Nom de D. est gravé dans le cœur de l’homme, lorsqu’il est attaché à D. quotidiennement par l’exécution des commandements, il parvient à la perfection et la Présence Divine l’accompagne. C’est à ce sujet que les Sages disent (Derech’ Eretz fin du chapitre 2): « Lorsque Israël fait la volonté de D., Il règne dans le septième Ciel et Il ne s’éloigne pas de Son monde », c’est-à-dire qu’Il règne sur nous, nous protège et nous accorde la prospérité.

Les Sages ont dit (Méguila 9a, Rashi ad. loc.): « Lorsque Yits’hak est né, l’exil a commencé, c’était le commencement du décret: « Ta descendance séjournera sur une terre qui n’est pas la sienne (Béréshit 15:13), jusqu’à la sortie d’Egypte du peuple d’Israël. Les Midrashim nous enseignent que les Enfants d’Israël observaient le Shabbat en Egypte (Shemot Rabba 22:5, Mech’ilta Beshalah’, 15:25), ils pratiquaient aussi la circoncision, et c’est ce qui les a sauvés (Pessikta Zouta Shemot 6:6). De plus, ils reçurent le commandement des Téphilines précisément au moment de leur sortie d’Egypte.

Nous constatons que tout cela est inclus dans le Nom de D. Ehyhé,  car c’est par ce Nom qu’ils furent sauvés d’Egypte, comme il est écrit (Shemot 3:14): « Tu parleras ainsi aux Enfants d’Israël: Ehyhé m’a envoyé auprès de vous. » Ce Nom a la valeur numérique de vingt et un, correspondant à trois choses:

1) Les six jours de la semaine où l’on porte les téphilines.

2) Le Shabbat qui est le septième jour de la semaine.

3) La circoncision, qui se fait le huitième jour après la naissance. Six, plus sept, plus huit font un total de vingt et un.

Avraham enseigne à tout le monde que le but principal de l’homme est d’être attaché à D. par les Téphilines, le Shabbat et la Milah, qui sont les fondements de la perfection, et par le mérite de ces commandements nous sommes sauvés de toute détresse. Dans le verset « Avraham fit un grand festin », les 3 premières lettres du mot MiShTé, festin, indiquent la Milah, le Shabbat, et les Téphilines. Ce niveau de perfection acquis par Yits’hak put être constaté par tous.

Comment peut-on parvenir à la vraie perfection? Celui qui croit en D. ne porte pas atteinte à l’image de D. dont un autre homme est porteur, car ce serait porter atteinte à D. Lui-même, comme il est dit (Tikouney Zohar 18:37b): « Honorez l’apparence du Roi ». La médisance représente une atteinte à l’image de D. et la détruit. Avraham corrigea ses contemporains qui colportaient des calomnies contre lui en disant qu’Yits’hak n’était pas son fils et que Sarah l’avait conçu avec Avimelech’. Il prouva à tous qu’Yits’hak était parfait, qu’il était son fils, car s’il en était autrement, comment pouvait-il être parfait?

Le mot Hayéled, l’enfant, a la valeur numérique de quarante-neuf, indiquant les quarante-neuf portes de la sainteté et de la perfection auxquelles Yits’hak était parvenu. C’est alors qu’Avraham fit un grand festin pour ses contemporains, un festin où furent invités tous les grands de son temps (Béréshit Rabba 53:14, Yalkout Shimoni Vayéra 93), afin de leur faire savoir que la circoncision, le Shabbat et les Téphilines ne s’appliquent qu’à sa descendance, comme il est dit à propos des Téphilines (Shemot 13:9): « Ils seront un signe sur ton bras » - ton bras à toi précisément. Lorsque nous plaçons les Téphilines, nous disons (Oshéa 2:21): « Je t’ai fiancé à moi pour toujours », ils sont le lien entre Israël et D.  A propos de la Milah, il est dit (Shabbat 137b): « Il a marqué ses descendants du signe de l’Alliance sainte - la circoncision ne concerne que les descendants d’Avraham, d’Yits’hak et de Ya’akov, les Enfants d’Israël » (Tossafot, Menah’ot 53b). Nous apprenons aussi (Nédarim 31b): « Seuls les non-Juifs sont appelés incirconcis », comme il est écrit (Yérémia 9:25): « Tous les peuples sont incirconcis » car la Milah ne s’applique qu’à Israël comme D. le dit à Avraham (Béréshit 17:7) « J’établirai Mon alliance entre Moi et toi, et ta descendance après toi ». De même le Shabbat ne concerne qu’Israël, comme il est écrit (Shemot 31:17): « Entre Moi et les Enfants d’Israël c’est un signe éternel », et « un don à Israël » (Shabbat 10a).

 

 

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