L’orgueil exclut l’homme du monde

« Il arriva, comme Yits’hak était devenu vieux, que sa vue s’obscurcit. Un jour il appela Essav, son fils aîné, et lui dit : Mon fils ! Il répondit : Me voici ! Yits’hak reprit : Vois, je suis devenu vieux, je ne connais point l’heure de ma mort » (Béréchith 27 :1-3). Rachi rapporte le Midrach (Béréchith Rabah 65 :7) : « Rabbi Yochoua ben Korh’a dit : lorsque quelqu’un approche de l’âge qu’avaient ses parents à leur mort, qu’il s’inquiète cinq ans avant et cinq ans après. Yits’hak avait cent vingt-trois ans et il se dit : J’approche de l’âge de ma mère qui avait cent vingt-sept ans lorsqu’elle est morte, et j’ai quatre ans de moins, c’est pourquoi il dit : Je ne sais pas quand je vais mourir, peut-être à l’âge de ma mère, peut-être à l’âge de mon père ».

1. Si Yits’hak voyait arriver la fin de ses jours à l’âge de ses parents, pourquoi a-t-il voulu bénir son fils aîné justement à ce moment-là, et pourquoi n’a-t-il pas eu le désir de bénir aussi son fils Ya’akov qui passait moins de temps chez lui puisqu’il étudiait dans les maisons d’étude de Chem et Ever (Béréchith Rabah 63 :15) ? Pourquoi Yits’hak n’eut-il pas le désir de bénir aussi son fils Ya’akov ?

2. Nous savons (Yalkout Chimoni Toledoth 114 ; Pirkey D’Rabbi Eliézer 32) que les bénédictions furent prononcées la nuit de Pessa’h, « la Nuit Prédestinée » (Chemoth 12 :42), « une nuit où les Juifs sont protégés contre tous les dangers » (Pessa’him 109b). Puisque Yits’hak avait décidé de bénir Essav, pourquoi a-t-il choisi de le faire justement la nuit de Pessa’h, la Nuit Privilégiée pour les Juifs mais non pour les autres peuples ? Pourquoi n’a-t-il pas attendu un autre moment pour le bénir ?

Avant de répondre, il faut expliquer le fondement du repentir et des bonnes actions.

Nous savons que selon les voies de D., si un homme faute et se rend coupable de transgressions, même passibles de la peine de mort, D. ne le punit pas tout de suite. Au contraire, Il attend et espère que cet homme va regretter et réparer ses fautes, afin de le faire vivre comme il est écrit (Yé’hezkiel 33 :11) : « Je ne souhaite pas la mort du méchant, mais Je veux qu’il renonce à ses mauvaises actions et qu’il vive ». Parfois D. lui fait subir des souffrances afin de l’éveiller au repentir, car « Les souffrances absolvent toutes les transgressions de l’homme (Brach’oth 5a ; Zohar III, 57b).  D. frappe les méchants afin qu’ils regrettent leurs fautes et Il les poursuit afin de les faire revenir à Lui. Les douleurs qui purgent le corps de l’homme et le ramènent sur le bon et droit chemin sont un des moyens que D. utilise dans ce but.

Lorsqu’un homme faute, même très gravement, mais qu’il pratique tout de même ne serait-ce qu’un seul commandement qu’il exécute avec précision et diligence sans faillir, ce commandement peut l’éveiller et le sauver de ses mauvaises tendances dans d’autres domaines aussi. D’autant plus que le commandement qu’il pratique « le protège et le sauve » (Sotah 21a). Puisqu’il parvient à dominer son mauvais penchant dans la pratique d’un commandement, cela prouve qu’il a la capacité de se corriger mais il a parfois besoin d’une aide extérieure afin d’être soustrait à l’emprise de son mauvais penchant. Le rôle de l’homme vertueux est de venir en aide au coupable en remplissant son cœur de foi et de confiance en D., dans le sens où il est dit : « Le Juste vit de sa foi » (Habakouk 2 :4), et il fait vivre les autres par sa foi en D. Il explique au coupable que « la terre et tout ce qu’elle contient appartiennent à D. » (Téhilim 24 :1) et que « D. prive l’un et comble l’autre, qu’Il est la cause de tout ce qui est, qu’il n’y a pas d’autre dieu que Lui, Il est Un et Son Nom est Un, et Il remplit fidèlement toutes Ses promesses... » L’homme vertueux a la possibilité de déraciner l’orgueil, la jalousie et la haine qui obstruent le cœur des fautifs, afin de les délivrer de leur soumission au mauvais penchant, de les détacher des vanités de ce monde, et de les amener à accepter le joug du royaume de D.

Cela nous permet de comprendre le cas d’Essav. D’une part il commet les transgressions les plus sévères, comme la négation de la résurrection des morts (Pessikta Rabah 12 :4), l’idolâtrie, les relations interdites, le meurtre, et toutes sortes de crimes. Pourtant, il pratiquait avec ferveur un commandement, celui d’honorer son père et sa mère (il a peut-être hérité cela de son père Yits’hak, de qui il est dit (Tana D’Bey Eliyahou 26) que c’est par respect pour son père qu’il s’est donné en sacrifice comme une brebis). Essav s’efforce de pratiquer ce commandement de toutes ses forces, par tous les moyens et dans les moindres détails, au point que les vêtements tant convoités de Nimrod (Béréchith Rabah 65 :12 ; Tan’houma Toledoth 3 ; Pirkey D’Rabbi Eliézer 24), sont les vêtements précieux qu’Essav portait lorsqu’il servait son père. « Essav, lorsqu’il servait son père, ne portait en son honneur que des vêtements royaux » (Béréchith Rabah 65 :12). Même lorsqu’il essayait d’induire son père en erreur et de lui faire croire qu’il étudiait la Torah et agissait correctement, il est possible que son intention n’ait pas été de le tromper, mais de lui épargner la peine de penser que son fils ne suivait pas son exemple. Essav devait bien se douter qu’Yits’hak, qui possédait l’inspiration divine, connaissait ses tromperies et ses mensonges, mais il pensait tout de même faire ainsi plaisir à son père. C’était aussi dans ce but qu’Essav prit pour femme une des filles d’Ichmaël, comme il est écrit (Béréchith 28 :9) : « Alors Essav alla vers Ichmaël et prit pour femme Mah’alath, fille d’Ichmaël fils d’Avraham, sœur de Nevayot, en plus de ses premières femmes ». Nous savons aussi qu’Essav n’avait pas l’intention de se venger de Ya’akov et de le tuer du vivant de son père, comme il est écrit (ibid. 27 :41) : « Le temps du deuil de mon père approche et après, je tuerai Ya’akov, mon frère ». Et cela aussi, pour ne pas déshonorer son père et sa mère.

Nous savons que le respect des parents (qui est l’un des dix commandements) est un principe de base de la Torah et que sa récompense est grande (Chemoth 20 :12). Lorsque Rabbi Tarfon est tombé malade, les Sages sont venus le visiter. Sa mère leur dit qu’il devrait être en bonne santé du fait qu’il lui exprimait beaucoup de marques d’honneur. Ils lui demandèrent : En quoi ? Et le Talmud rapporte tout ce que Rabbi Tarfon faisait en l’honneur de sa mère. Les Sages lui répondirent : « Malgré tout ce qu’il fait, il n’a pas encore accompli la moitié de son devoir tel qu’il est exigé par la Torah » (Kidouchin 31b), ce qui montre combien ce commandement est difficile.

De même, dans notre cas, Yits’hak voyait qu’Essav pratiquait le commandement d’honorer ses parents à propos duquel il est dit : « afin que tu parviennes au bonheur dans le monde qui n’est que bonheur et que tu prolonges tes jours dans le monde qui est éternel » (voir ‘Houlin 132a). Il pensait qu’il suffirait de l’encourager afin de l’amener à un repentir complet de toutes ses fautes, justement parce qu’il pratiquait ce commandement avec une grande application. C’est pour cette raison qu’il lui rappela le jour de sa mort, car telle est la voie de la nature, « l’animal est destiné à être égorgé avant d’être consommé et l’homme est destiné à mourir » (Brach’oth 17a). L’homme doit s’y préparer et corriger ses fautes.

Yits’hak voulait surtout signifier à Essav qu’il n’avait aucun intérêt à haïr son frère Ya’akov. Comment ? Justement en le bénissant la nuit de Pessa’h, cette nuit qui protège de tous les dangers, cette nuit où les Juifs seront sauvés de l’emprise du cruel Pharaon, le plus grand des tyrans, par les dix plaies que D. envoya en punition du mal qu’il fit aux Juifs car « quiconque fait du mal aux Juifs porte atteinte, pour ainsi dire, à la prunelle des yeux de D. » (Guitin 57a ; Bamidbar Rabah 20 :6) et D. Se venge de lui. Essav n’a donc aucun intérêt à lutter contre Ya’akov et à le haïr, puisque Ya’akov, ainsi que sa descendance après lui, sont unis à D. et c’est en eux que se réalisent toutes les promesses de D.  C’est la descendance de Ya’akov qui hérite de la terre d’Israël, car l’alliance d’Avraham, appelée « l’alliance entre les morceaux » fut contractée avec eux, et à cette occasion il est dit (Béréchith 15 :14) : « La nation qui les asservira sera jugée et ils la quitteront avec de grandes richesses ». Il est dans l’intérêt d’Essav de faire la paix avec son frère, puisqu’il a la preuve que c’est uniquement grâce au mérite de Ya’akov que lui, Essav, reçoit maintenant les bénédictions, en cette nuit de Pessa’h. Si Essav avait effectivement conclu une paix définitive avec son frère, il n’y aurait pas eu de bénédiction plus grande que celle-là pour Ya’akov, qui aurait pu vivre en paix avec Essav son frère et s’occuper de Torah sans devoir lutter sans cesse et souffrir.

Yits’hak fit beaucoup d’efforts pour ramener Essav dans le bon chemin, car « les Portes du Repentir sont toujours ouvertes » (Ekhah Rabah 3). Le meilleur exemple est donné par le roi Ménaché dont les Sages disent (Sanhédrin 102b) : « Il s’appelle Ménaché parce qu’il a abandonné, oublié (neché) D.  ; d’autres disent parce qu’il a incité le peuple à oublier D. ». Personne n’avait commis de fautes plus graves que celles de Ménaché, il a même tué son grand-père, le prophète Ichaya, effacé de la Torah les Noms de D. et détruit l’autel des sacrifices (Yébamoth 49b ; Sanhédrin 103b). Malgré tout, il s’est repenti à cause des souffrances qui l’affligeaient (Sanhédrin 101b) : « Ménaché, fils de H’izkya, ne s’est repenti que harcelé par les douleurs », et « D. lui fit une sorte de cache dans le Ciel » (Sanhédrin 103a) et « Il lui creusa un refuge sous le Trône divin » (Ruth Rabah 5 :6) ce qui montre que son repentir sincère fut agréé bien qu’il n’ait accompli aucune bonne action. « Ménaché est la preuve que D. accepte ceux qui se repentent » (Tan’houma Nasso 28).

A plus forte raison, si Essav qui pratiquait le commandement si important du respect des parents, avait été béni la nuit de Pessa’h, il est certain, pensait Yits’hak, que cela l’aurait aidé à regretter toutes ses autres transgressions et à vivre en paix avec Ya’akov son frère.

Et pourtant, les promesses d’Yits’hak n’ont servi à rien. Essav était trop orgueilleux pour se repentir et ce trait détestable constituait une barrière. Il n’acceptait pas que Ya’akov fût le premier et que lui, Essav, bénéficiât du mérite de son frère. Par orgueil, il choisit le mal, jusqu’à ce qu’il fût chassé de devant D. comme il est écrit (Michley 16 :5) : « L’Eternel a en horreur tout homme au cœur hautain ». On sait que « D. et l’homme orgueilleux ne peuvent pas coexister » (Sotah 5a ; Arach’in 15b) et que « La jalousie, les envies, la recherche des honneurs excluent l’homme du monde » (Pirkey Avoth IV :21), c’est pourquoi Essav n’a même pas désiré corriger ses fautes.

Yérouvam ben Navat fautait et incitait beaucoup d’autres à fauter. Les Sages racontent à son sujet des choses stupéfiantes (Sanhédrin 102a). Il rêva que D. Lui-même Se révélait à lui, le saisissait par le vêtement, et lui disait : « Si tu te corriges, Moi, toi, et le fils de Ichaï  (David) nous nous promènerons ensemble dans le Jardin d’Eden ». Yérouvam demanda : « Qui marchera en tête ? » D. lui dit : « Le fils de Ichaï ira le premier ». A quoi Yérouvam répondit : « S’il en est ainsi, je refuse ».

C’est surprenant ! D. est prêt à pardonner à Yérouvam ben Navat toutes les fautes commises au long de sa vie. Il avait refusé de se tenir debout dans la cour du Temple alors que seul un roi de Judée a la permission de s’y asseoir comme la loi le stipule (Yoma 25a) : « Seuls les rois de la lignée de David ont le droit de s’asseoir dans la cour du Temple, et non les rois d’Israël (lorsque la royauté fut divisée) ». Son rejet de la loi fut le début de la déchéance, car il fut le premier roi à l’avoir transgressée (Sanhédrin 102b). Il avait construit deux temples, et c’est par orgueil qu’il refusait de se tenir debout. Non seulement il a fauté lui-même mais « il a causé des dissensions entre Israël et D. » (ibid. 101b). Malgré tout, D. lui est apparu en songe, lui offrant de renoncer à ses fautes et de se repentir afin d’être pardonné, mais il était tellement orgueilleux que, même en rêve, il refusa cette offre. A plus forte raison, si D. lui avait fait une telle proposition à l’état de veille, il l’aurait refusée. Il préférait renoncer au Monde à Venir plutôt que d’être au second rang et soumis au fils d’Ichaï. Son orgeuil le perdit. Pourtant, les Sages témoignent à son égard (Sanhédrin 102a) : « Sa Torah était sans faille, il en donna des explications inconnues jusqu’alors ; le sens des commandements de la Torah était clair pour lui, il exposait la loi des Kohanim de cent trois façons différentes », et c’est pourquoi D. désirait qu’il choisît le droit chemin. Il n’avait pas l’humilité du roi David, et il s’enorgueillit au point d’en perdre le sens commun car il ne ressentait aucune crainte devant le Roi des rois. C’est ce que les Sages disent (Yirouvin 19a) : « Les méchants, même au seuil de l’enfer, ne se repentent pas de leurs fautes », et il est dit de Yérouvam (Roch HaChanah 17a) que « lui et ses semblables tombent en enfer et y reçoivent une punition éternelle ». Tout cela à cause de leur orgueil.

Il en est de même pour Essav. Lorsqu’il apprit que toutes les bénédictions qu’il allait recevoir de son père durant la nuit de Pessa’h ne lui seraient données que grâce au mérite de Ya’akov, son frère, qu’il haïssait, Essav se dit : « Je vais aller préparer pour mon père les plats qu’il aime et je vais recueillir les bénédictions sans être obligé de me repentir de mes fautes. Et puis je tuerai Ya’akov mon frère et alors toutes les bénédictions qu’il aurait dû recevoir dans cette nuit de Pessa’h me reviendront à moi seul. Son orgueil, ainsi que sa haine envers Ya’akov, l’avaient rendu à ce point insensé. Rabbi Chimon Bar Yo’h’aï dit (Sifri Beha’alote’ha 9 :10) : « C’est une loi connue : Essav hait Ya’akov », ce qui l’empêche de se repentir malgré la gravité de ses fautes et la punition qu’il encourt.

Rivka perçut les pensées secrètes d’Essav. Elle dit à Ya’akov, son jeune fils, qu’Essav l’aîné ne désirait pas changer mais uniquement s’approprier les bénédictions ». Il convient que tu les reçoives ; toi, tu mérites ces bénédictions de la nuit de Pessa’h, elles te reviennent à juste titre », dit-elle.

Ya’akov tout d’abord craignait d’entrer chez son père pour recevoir les bénédictions, car « Essav est un homme velu, et moi j’ai la peau lisse » (Béréchith 27 :11). Il avait peur d’être maudit ; ainsi « au lieu d’une bénédiction, c’est une malédiction que j’aurai attirée sur moi » (ibid. verset 12). Mais sa mère lui fit une promesse : « Je prends sur moi ta malédiction, mon fils. Obéis seulement à ma voix et va me chercher ce que j’ai dit » (verset 13). Ya’akov entra chez son père, et « l’odeur du Jardin d’Eden pénétra avec lui » (Béréchith Rabah 65 :18). Yits’hak sut immédiatement qui était entré. En effet, il dit explicitement : « La voix est la voix de Ya’akov et les mains sont les mains d’Essav », et de plus lorsque Ya’akov dit « l’Eternel ton D. m’a donné bonne chance » (verset 20), Yits’hak pensa : « Essav n’a pas l’habitude d’invoquer le Nom de D. » (Béréchith Rabah 65 :19), mais chez Ya’akov, c’est une chose naturelle. Et alors Yits’hak accorda à Ya’akov les bénédictions qui lui revenaient. Ceux qui ne sont pas ses descendants ne les méritent pas pour avoir refusé le repentir.

Comment, en fait, Yits’hak savait-il qu’Essav refusait de se repentir de sa mauvaise conduite ? Il semble qu’Yits’hak le comprit du fait même que Ya’akov était entré chez lui pour recevoir les bénédictions. Rivka la prophétesse et Ya’akov le Juste n’ont discerné chez Essav aucun sentiment de regret qui aurait pu indiquer son repentir. Essav apporta à son père du gibier volé comme il est dit dans la traduction de Yonathan (Béréchith 27 :31) : « Essav n’a pas trouvé d’animal pur à chasser, mais il rencontra un chien qu’il tua et apporta à son père ». Essav n’aurait-il pas pu avouer à son père qu’il n’avait pas trouvé de gibier, ce qu’Yits’hak lui aurait sans aucun doute pardonné ? Mais, en entrant chez son père, « l’enfer l’accompagnait et était ouvert sous ses pieds » (Béréchith Rabah 65 :18), et il s’adressa à son père avec audace : « que mon père se lève et mange » (Béréchith 27 :31). Pour n’avoir pas voulu changer, il est tombé de plus en plus bas.

Le verset indique qu’Essav a fauté en refusant de se soumettre à Ya’akov et de se conduire humblement. Lorsqu’il apprit que Ya’akov avait reçu les bénédictions, grâce à son subterfuge, il pleura devant son père et s’exclama : « Ne possèdes-tu qu’une seule bénédiction, mon père ? Mon père ! Bénis-moi aussi mon père ! » (verset 38). Pourquoi n’a-t-il pas dit plus simplement : « Bénis-moi aussi » ? C’est qu’Essav a dit à son père : pourquoi ne veux-tu me donner qu’une partie des bénédictions de Ya’akov liée à la nuit de Pessa’h, pourquoi ne me donnes-tu pas une bénédiction à toi ? Je ne veux pas dépendre de Ya’akov, et même si à cause de mes fautes je ne mérite pas d’être béni, aie pitié de moi comme un père a de la compassion pour ses enfants et donne-moi une bénédiction qui ne s’applique pas à Ya’akov, afin que je ne sois pas dépendant de lui. « Il m’a trompé à deux reprises, il m’a ravi le droit d’aînesse, et maintenant mes bénédictions » (ibid. verset 36). Et alors, effectivement, Yits’hak l’a béni, lui disant : « Tu vivras à la pointe de ton épée » (ibid. v. 40). Pourquoi justement une bénédiction aussi déshonorante ? C’est qu’Yits’hak qui avait vu que l’enfer était ouvert sous ses pieds comprit qu’Essav ne regrettait rien et que Ya’akov avait bien agi en l’empêchant de recevoir les bénédictions, et il ajouta : « Ya’akov restera béni » (verset 33), car il avait vu que les bénédictions se réaliseraient en lui. De plus, il avait remarqué qu’Essav lui avait apporté du gibier volé, et il tremblait à la pensée qu’il n’y avait aucun espoir qu’Essav se repente de ses fautes.

Combien tout cela est stupéfiant. L’homme trouve de nombreuses occasions de se corriger, d’autant plus que toutes les portes et toutes les voies lui sont ouvertes. Il pourrait acquérir le monde à Venir en un instant. Mais l’homme se prive lui-même de tous les bienfaits et de toutes les bénédictions qu’il aurait pu recevoir, parce qu’il a honte d’avouer ses fautes devant son prochain, son orgueil l’empêche de demander pardon à son prochain, ou de se soumettre à un autre. Il est alors privé de la possibilité de se repentir, comme Yérouvam ben Navat à qui D. a ouvert la voie du repentir, et Essav à qui Yits’hak a offert la possibilité de se corriger. Ils ont, l’un comme l’autre, repoussé cette offre par orgueil, Yérouvam en refusant que le roi David marche en tête, et Essav en refusant que Ya’akov soit le premier.

Lorsque quelqu’un faute et transgresse un commandement explicite de la Torah, il est de ceux dont la Torah dit (Devarim 27 :26) : « Maudit celui qui n’établit pas ce qui est dit dans la présente Loi et ne le met pas en pratique ». Celui qui ne regrette pas une transgression commise, s’enorgueillit face à D. en ce qu’il se proclame dispensé de Lui obéir, et il est « maudit ».

Il est essentiel de briser l’orgueil, il faut se rendre compte que « L’Eternel est Roi, Il est revêtu de Grandeur » (Téhilim 93 :1). Le vêtement de la grandeur ne sied qu’à D. et il ne convient pas à l’homme de s’en revêtir. Lorsque l’homme brise son orgueil et son égo, il se ceint nécessairement d’humilité et il peut servir D. sincèrement et honnêtement, avec crainte et sans réserve.

 

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