Un mauvais entourage détourne du service de D.

« Et Ya’akov fit un vœu en ces termes: Si l’Eternel est avec moi, s’Il me protège dans la voie où je marche, s’Il me donne du pain à manger et des vêtements pour me couvrir… » (Béréchith 28:20).

Il faut expliquer ce verset: A l’heure où Ya’akov est poursuivi par son frère Essav qui veut le tuer, il s’inquiète de pain et de vêtements? Est-il si difficile d’obtenir un peu de pain et quelques vêtements pour se couvrir? Et surtout, si D. a promis à Ya’akov de veiller sur lui partout où il irait (ibid. 28:15), une telle protection physique implique certainement de subvenir à tous ses besoins, y compris le pain et les vêtements, qui sont des besoins primordiaux sans lesquels l’homme ne peut pas vivre, donc pourquoi Ya’akov demande-t-il spécifiquement du pain?

C’est que, sans aucun doute, Ya’akov n’avait pas l’intention de demander que D. pourvoie à ses besoins matériels, mais plutôt à ses besoins spirituels, choses qui ne furent pas incluses dans les promesses de D. (voir Kli Yakar ad. loc.), et c’est pourquoi il demande « du pain à manger ». Le pain symbolise la Torah, comme il est écrit (Michlei 9:5): « Venez manger de mon pain » et les Sages expliquent (Béréchith Rabah 70:5; Yalkout Chimoni Vayetsé 123): « La Torah est appelée pain », et ils ajoutent (Avoth III:17): « Sans pain pas de Torah, sans Torah pas de pain », car l’un dépend de l’autre. De même, si Ya’akov demande des vêtements pour se couvrir, il ne veut pas dire littéralement des vêtements, mais une protection physique et spirituelle contre l’influence de son entourage. Pourquoi une telle prière? Ya’akov savait qu’il se rendait à présent chez Lavan, « le plus grand des trompeurs » (Tan’houma Vayichla’h 1), et qu’il aurait grand besoin de l’aide de D. afin d’être sauvé de sa mauvaise influence, car il est dans la nature humaine d’être influençable, en bien comme en mal. Le Rambam légifère à ce sujet (Halakhoth Déot VI:1): « Il faut se tenir éloigné des gens méchants qui marchent dans l’obscurité, afin de ne pas imiter leurs façons d’agir… De même, si quelqu’un se trouve dans une ville dont les dirigeants sont mauvais et dont les habitants ne se conduisent pas correctement, il doit aller vivre dans une ville où les gens sont vertueux et se conduisent correctement… » Ya’akov craignait l’influence néfaste de l’entourage et c’est pourquoi il demanda à D. de veiller sur lui.

Cette explication est étayée par le commentaire du Sforno sur le verset (Béréchith 28:20): « Si D. est avec moi » c’est-à-dire, s’Il me protège de tout oppresseur et entrave les desseins de ceux qui cherchent à détourner l’homme de sa foi, comme il est dit (Yirouvin 41b): Trois choses incitent l’homme à perdre sa foi – les étrangers, un mauvais esprit et les misères de la pauvreté ». Et il poursuit: « Préserve-moi des gens méchants ». Le Ramban dans son commentaire approfondi de la Torah, (Béréchith 33:15) avance le même argument concernant Ya’akov et Essav.

Pour donner un exemple, Rabbi Meir Baal Haness (Brach’oth 10a) avait pour voisins des voyous qui le troublaient et il souhaitait leur mort, mais sa femme lui dit: Il n’est pas écrit « que les pécheurs disparaissent » mais que « les péchés disparaissent » (Téhilim 104:35). Prie plutôt qu’ils se repentent ». Cet épisode montre que Rabbi Meir craignait l’influence néfaste de son entourage. Les Sages ont dit aussi (Avoth I:7; Avoth DéRabbi Nathan 9:1): « Éloigne-toi d’un mauvais voisin et ne fréquente pas les hommes méchants ».

S’il en est ainsi, nous comprenons un autre aspect de la personnalité de Ya’akov. Concernant le verset (Béréchith 37:1): « Ya’akov s’installa dans le pays des pérégrinations de ses pères… » Les Sages expliquent (Béréchith Rabah 4:5; Rachi ad. loc.): « Ya’akov vit tous les chefs des tribus d’Essav cités précédemment. Il fut saisi d’étonnement et se dit: qui pourra les vaincre tous? Et il est dit ensuite (ibid. 37:2): « Voici la descendance de Ya’akov, Yossef… ». Cela nous laisse perplexes. Ya’akov avait reçu la promesse explicite de D. qu’Il veillerait sur lui contre les attaques des chefs des tribus d’Essav et il ne fait aucun doute qu’il avait confiance en cette promesse divine, d’autant plus que ses fils étaient des hommes vertueux et courageux et qu’ils n’étaient entachés d’aucune faute (Chabath 146a; Chemoth Rabah 1:1). Que craignait-il s’il était protégé contre les attaques d’Essav lui-même?

Ce que nous avons dit plus haut nous donne la réponse. Ya’akov craignait pour ses Enfants l’influence de leurs voisins, ces descendants d’Essav qui vivaient sans soucis, car il avait déjà eu l’expérience de la cohabitation avec son frère et il savait combien l’influence d’une mauvaise fréquentation est néfaste. Bien auparavant, lorsqu’ils s’étaient rencontrés, il est dit: « Essav courut vers lui et l’embrassa et s’épancha sur son épaule et le baisa et ils pleurèrent » (Béréchith 33:4). Nous savons que ces larmes et ces baisers ont causé beaucoup de pleurs par la suite (pour l’indiquer, le mot vaichakéhou, il le baisa, est accentué par des points dans le texte). Et donc Ya’akov craignait tous ces chefs de tribus d’Essav, mais en fin de comte, lorsqu’il vit que « la maison de Ya’akov serait un feu, la maison de Yossef une flamme, la maison d’ Essav un amas de chaume; ils le brûleront, le consumeront et rien ne survivra de la maison d’Essav, c’est l’Eternel qui le dit » (Ovadia 1:18), il fut rassuré, car « une étincelle issue de Yossef les brûle tous » (Béréchith Rabah 84:5) et Yossef est, comme on le sait, « le destructeur d’Essav » (Pessikta Zouta; Rachi Vayetsé 30:25; Zohar I, 155a). D’autant plus que D. a promis (Baba Bathra 123b): « Les descendants d’Essav ne tomberont qu’entre les mains des descendants de Yossef ».

Il se cache autre chose dans le fait qu’un mauvais entourage a une influence néfaste. Il est dit de Rabbi Yossi Ben Kisma (Avoth VI:9) qu’il refusa d’aller vivre dans une ville où il recevrait de grandes richesses… et il préféra rester dans sa ville, une grande ville habitée par des Sages et des scribes, afin de vivre dans un lieu de Torah, comme le dit le roi David (Téhilim 119:72): « Ta Torah est pour moi plus précieuse que des monceaux de pièces d’or et d’argent », et il est dit (Michlei 3:14): « Son commerce (de la Torah) est préférable au commerce de l’argent ».

Les commentateurs demandent (Midrach Chemouel ad. loc. et Abarbanel): Pourquoi est-ce que Rabbi Yossi Ben Kisma n’a pas donné à cet homme et aux gens de sa ville la possibilité de venir vivre avec lui, ce qui leur aurait sans doute permis de profiter de ses enseignements, comme il est dit: « la prospérité de l’homme vertueux profite à son voisin » (Négayim VI:12; Soucah 56b)?

Pour donner une explication différente de celle exposée dans le chapitre précédent, citons tout d’abord les paroles de nos Sages concernant le verset (Devarim 4:5): « Voyez, je vous ai enseigné des lois et des statuts selon ce que m’a ordonné l’Eternel mon D. afin de vous y conformer dans le pays où vous allez entrer pour le posséder ». Les Sages disent (Nédarim 37a): « De même que je vous ai enseigné la loi gratuitement, de même vous l’enseignerez gratuitement ». C’est-à-dire qu’il est interdit de recevoir un salaire pour l’enseignement de la Torah et il faut la transmettre aux autres gratuitement.

Il nous faut comprendre pourquoi la Torah interdit de recevoir un salaire pour l’enseignement de la Loi. Car en fin de compte, il est possible qu’en payant l’apprentissage de la Torah, l’élève apprécie mieux cet enseignement, comme tout ce qui s’acquiert à grand prix? C’est que la Torah est un besoin vital, et elle est tout aussi nécessaire que l’air que l’on respire. De même que l’air que l’on respire nous fait vivre, de même en se pénétrant de Torah on s’imprègne de la lumière cachée du monde à Venir, que D. a mise en réserve pour les Justes (‘Haguigah 12a) et elle éclaire ce monde. Nous savons que la Torah est lumière et cette lumière – comme l’air – est donnée à l’homme qui étudie la Torah. Sans la lumière de la Torah, la vie de l’homme n’a pas de sens. « Elle est un arbre de vie pour ceux qui s’y attachent » (Michlei 3:18) et comme disent les Sages (Avoth DéRabbi Nathan 34:10): « La Torah est appelée vie ». Il s’ensuit nécessairement qu’elle n’a pas de prix, sa valeur est sans limite et aucune évaluation ne peut en traduire le prix, dans le sens où il est écrit (Téhilim 119:72): « La Torah est pour moi plus précieuse que des monceaux de pièces d’or et d’argent ». C’est pourquoi on ne doit pas se faire rémunérer pour son enseignement, pas plus que l’on ne paie pour l’air que l’on respire.

De plus, la Torah se garde de lier des questions d’argent à l’étude car il est interdit de rechercher l’argent et de s’y attacher et il est interdit d’aller dans des lieux où l’argent est essentiel, de peur d’être entraîné par l’amour du gain, ce qui pourrait nous amener à abandonner la Torah. Afin d’empêcher que l’homme se laisse aveugler par l’argent, surtout de nos jours où l’influence étrangère est grande, il est certain qu’il convient de se détacher des richesses. C’est ce que disent les Sages (Chabath 147b): « Le vin de Prougayta a eu le dessus sur les dix tribus », car ces tribus se sont laissées entraîner par les plaisirs matériels.

On peut aussi expliquer cet interdit par le fait qu’ »il n’y a pas de récompense en ce monde pour l’obéissance aux commandements » (Kidouchin 39b; ‘Houlin 142a), et il n’y a pas de commandement plus important que celui d’enseigner la Torah, au point que les Sages ont dit (Baba Métsia 85a): « Celui qui enseigne la Torah a le mérite de siéger dans la Yéchivah Céleste » et « même si D. a prononcé un décret, il est capable de l’annuler », et aussi (Sanhédrin 19b): « Celui qui enseigne la Torah au fils de son prochain, c’est comme s’il l’avait lui-même enfanté ». Il est donc certain qu’il ne reçoit pas de récompense en ce monde, et qu’il doit attendre de recevoir la récompense qui lui est réservée dans le monde à Venir, où sa récompense sera de continuer à s’occuper de Torah comme le disent les Sages (ibid. 92a): « Quiconque enseigne la Torah en ce monde a le mérite de l’enseigner aussi dans le monde à Venir ».

L’influence de l’entourage est telle qu’il faut s’éloigner d’une société qui court après les richesses et l’argent. Celui qui s’en éloigne méritera tous les faits.

Nous sommes en mesure de comprendre le don de la Torah. La Torah renferme beaucoup de secrets et comme on sait, il ne faut révéler ces secrets qu’à celui qui est capable de les comprendre. Il est interdit de les révéler à quelqu’un qui n’a pas le sens des responsabilités. C’est pourquoi les Sages ont dit (Chabath 88a; Chemoth Rabah 29:9): « Au moment du don de la Torah, toute la création s’est immobilisée et tous ont gardé le silence, les oiseaux ne volaient pas, les oisillons ont cessé de chanter… » Pourquoi? Pour faire savoir que les secrets de la Torah ne sont révélés qu’à ceux qui sont responsables et détachés des plaisirs de ce monde. Lorsque D. révéla les secrets de la Torah, toute la création se tint coite. Celui qui reçoit un salaire n’est pas détaché des contingences matérielles et les secrets de la Torah ne lui sont pas dévoilés. (Le mot ‘hinam, gratuitement, a la même valeur numérique que celle des mots zé hou hassod, tel est le secret).

L’homme doit être reconnaissant à D. pour les secrets qu’Il lui a révélés. Le mot Kabalah signifie: ce qui est reçu, c’est-à-dire que les Enfants d’Israël ont eu le mérite de recevoir aussi les secrets ésotériques de la Torah. Pourquoi? Le mot Kabalah (lorsque les lettres sont comptées avec le mot lui-même) a la même valeur numérique que le mot  Lekhah, l’enseignement moral, comme il est dit (Michlei 4:2): « Car je vous donne d’utiles leçons, Lekhah Tov », c’est-à-dire que ce sont les secrets de la Torah qui sont bons et utiles. D. nous a fait la grâce de nous révéler les secrets de la Torah, car Il aurait pu ne nous donner que la Torah écrite, sans plus. Mais était-ce suffisant pour nous permettre d’atteindre la perfection? Allégoriquement, c’est comme si quelqu’un donnait à son ami une belle armoire pleine d’ustensiles en or sans lui remettre les clefs de cette armoire… Puisque D. nous a fait la bonté de nous révéler les secrets de la Torah, il nous est interdit d’être ingrats et c’est pourquoi nous devons être à la hauteur de notre responsabilité, faire taire en nous les attraits de ce monde et ne pas recevoir de salaire pour l’enseignement de la Torah.

Nous devons pourtant comprendre une chose fondamentale. Pourquoi D. veut-il enseigner les secrets de la Torah au peuple d’Israël? Même sans cet enseignement, ils eurent foi en D. comme il est dit avant le don de la Torah (Chemoth 14:31): « Ils eurent foi en D. et en Moché Son serviteur ». En outre, avant même de savoir ce que la Torah ordonnait, les Enfants d’Israël avaient dit (ibid. 24:7): « Nous obéirons et nous entendrons », ce qui leur valut d’être taxés de « peuple écervelé qui parle avant d’avoir écouté » (Chabath 88a), et ils en ignoraient les secrets. Pourquoi D. leur révéla-t-Il les secrets de la Torah?

Pour répondre, il faut rappeler que D. a obligé les Enfants d’Israël à recevoir la Torah (et en cela, il leur fit une grande faveur, comme nous l’avons dit plus haut) car « D. a brandi la montagne au-dessus de leur tête et leur a dit: Si vous acceptez la Torah, c’est bien, sinon vous serez ensevelis ici même » (Chabath 88a; Avodah Zarah 2b; Zohar III, 125) et cela, malgré leur grande foi. C’est qu’en des endroits où l’influence extérieure joue un rôle néfaste, la foi risque de flancher sous sa pression, et c’est pourquoi le silence, l’isolation, une vie calme loin des distractions de ce monde sont nécessaires. Cet isolement nous protège comme une muraille imprenable contre l’influence de la société environnante. Malgré sa grande foi, Israël a reçu de D., en même temps que la Torah, les secrets qui y sont cachés, son sens secret qui le protégeront lorsque les temps seront durs, et les séductions nombreuses.

Nous avons là, la révélation d’un secret des plus merveilleux. Au moment du don de la Torah il est dit (Chemoth 19:16, 18, 19): « Au troisième jour… il y eut du tonnerre et des éclairs… et un son de cor très intense… le Mont Sinaï était couvert de fumée… la fumée s’élevait comme la fumée d’une fournaise… et le son du cor redoublait d’intensité… » Les Sages expliquent (Yalkout Chimoni Chemoth 286): « Au moment du don de la Torah le monde entier trembla », car le don de la Torah s’est fait à grand fracas, et il est dit aussi (Choftim 5:4): « La terre trembla, les cieux aussi… » Mais n’avons nous pas dit par ailleurs que toute la création s’est tue, sans même faire entendre un souffle?

De quelque côté qu’on les considère, les deux descriptions se complètent. Tout d’abord, il y eut un grand fracas, mais D. n’a pas voulu que ce bruit se prolonge car les Enfants d’Israël auraient pu s’y habituer, et comme nous l’avons déjà dit, ils pourraient s’habituer à vivre sous l’influence de leur bruyant entourage et cela leur porterait préjudice et c’est pourquoi, après ce grand bruit, au moment de la proclamation des Dix Commandements, le monde entier s’est tu.

Cela nous enseigne que l’habitude peut parfois être nuisible, car en fin de compte on s’habitue aussi à fauter. Nous connaissons l’histoire de ce rabbin de Londres qui passa, un Chabath, devant un magasin pourvu d’une mézouza sur le seuil, et qui était ouvert… Le rabbin en fut choqué et protesta. Plusieurs Chabatoth de suite, il passa devant ce magasin et en fin de compte il ne s’arrêtait plus… Lui, comme beaucoup d’autres, s’était habitué au fait qu’un magasin juif puisse malheureusement être ouvert le Chabath. Cela montre que l’habitude peut nous amener à tolérer une faute au point de n’en être plus choqués. Mais il est interdit de s’habituer, il faut au contraire surmonter les mauvaises habitudes justement en adhérant à la Torah, et la voix de la Torah fait taire les bruits extérieurs et les mauvaises influences.

Il est dit: « La Torah, D. et Israël sont unis » (Zohar, Aharei moth 73a), ce qui indique que si la Torah comprend des secrets, Israël aussi a ses secrets et chaque juif porte le Nom de D. (le mot Yéhoudi, Juif, comprend les lettres du Nom de D. et ce mot a aussi la valeur numérique du Nom de D. compté en chiffre réduit). D. est caché, nous ne pouvons pas comprendre le fond de Sa pensée, Il est invisible, Il n’a pas de corps, Il est sans début et sans fin… (Rambam, Yéssodei HaTorah 1:7) et on ne peut Le connaître qu’à travers la Torah. De même, chaque Juif est un secret et ce n’est que grâce à la Torah qu’il peut savoir quelles est sa place dans le monde. C’est un principe de base.

Pour comprendre la grandeur de la Torah et de ses secrets, remarquons que les gens demandent avec un étonnement justifié: « En quoi les gens qui étudient la Torah contribuent-ils et participent-ils à la construction du monde, alors qu’ils n’aspirent qu’à leur propre perfectionnement et ne cherchent que leur propre érudition? Pourquoi sommes-nous obligés de les soutenir, comme Zévoulon soutient Issah’ar? » (Vayikra 25:2).

Le Rabbin Eliahou Loupian répond ainsi: « Si l’on savait combien de décrets défavorables celui qui étudie la Torah, annule grâce à son étude, dans le sens où il est dit: « la Torah protège et sauve » (Sotah 21a), et « elle protège l’homme de tout mal » (Kidouchin 82a), non seulement on donnerait toute sa fortune à un tel étudiant, mais on suivrait sa voie ».

Retournons à notre premier sujet, la raison du refus de Rabbi Yossi Ben Kisma de vivre dans une ville riche et prospère et pour laquelle il préférait rester dans sa ville, lieu de Torah habité par des sages et des scribes. C’est que Rabbi Yossi Ben Kisma lui même était un homme très riche, mais les richesses n’avaient aucune valeur à ses yeux. Il y avait renoncé afin de se consacrer de tout son cœur et de tout son esprit à l’étude de la Torah, sans être dérangé par des préoccupations mondaines. Nous avons expliqué plus haut que la possession de biens dérange dans le service de D. Et donc, lorsque cet homme voulut le convaincre par une offre séduisante, Rabbi Yossi Ben Kisma eut très peur. Il savait que la Torah est aussi vitale que l’air qu’on respire, et qu’elle ne s’achète pas avec de l’argent, comme il est écrit (Ychaya 55:1): « Vous qui avez soif, allez boire de l’eau, vous qui n’avez pas d’argent, venez, approvisionnez-vous et mangez, gratuitement, sans rétribution, venez, fournissez-vous de vin et de lait » et « on ne peut pas trouver la Torah chez des marchands et des commerçants » (Yirouvin 55a), c’est-à-dire chez ceux qui sont riches (Maharcha, ad. loc.). L’argent met la Torah en danger, car se sont deux mondes qui se contredisent l’un l’autre. C’est pourquoi Rabbi Yossi refusa de vivre avec des voisins dont le seul but était d’accumuler des richesses.

Nous pouvons aussi comprendre maintenant ce que disent les Sages concernant Ya’akov et Essav (Tana DéRabbi Eliahou Zouta 19): « Déjà dans le ventre de leur mère, ils avaient partagé entre eux les deux mondes, Ya’akov prit pour sa part le monde à Venir et Essav prit ce monde en héritage ». C’est que Ya’akov savait que l’on ne peut pas obtenir les deux mondes, car ce monde est en contradiction avec le monde à Venir. Il n’y a pas de récompense en ce monde pour l’obéissance aux commandements, et l’homme n’a en ce monde que ce que D. lui donne. Il ne faut pas se laisser influencer par un entourage mauvais, mais progresser sans cesse dans le service de D.

 

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