La valeur d’une Torah acquise par le labeur

 « Il eut un songe que voici : une échelle était dressée sur la terre, son sommet atteignait le ciel et des anges y montaient et en descendaient. » (Béréchit 28 12)

Le Midrach Tan’houma explique que les anges apparus dans le rêve de Ya’akov étaient les princes des nations du monde. D. lui a montré que tout comme ces princes s’élèvent, ils finiront par tomber. Puis Il a demandé à Ya’akov de monter également sur l’échelle en lui promettant que lui, ne redescendrait pas. Mais il a refusé d’y croire et est resté en bas. Hachem a alors déclaré : « Puisque tu n’as pas eu confiance en Ma promesse, tes descendants seront frappés par ces princes des nations. » Ya’akov a demandé si cette punition serait éternelle mais D. lui a répondu : « « Mon serviteur Ya’akov, ne crains rien; ne sois point alarmé, ô Israël ! Car Mon secours te fera sortir des contrées lointaines » : tous les exils et toutes les souffrances auront une fin et Je serais amené à délivrer les bnei Israël, aussi loin soient-ils ! » Pourquoi Ya’akov a-t-il refusé de s’élever vers le ciel ? D. lui avait pourtant assuré que cette ascension serait parfaite et non suivie d’une chute ! Quelle était la véritable appréhension qui l’a rendu sceptique au point d’ignorer les paroles rassurantes de D ? En effet, les nations du monde perdent leur grandeur à cause de leur impiété, et de ce fait, leur décadence est irrémédiable. Mais Ya’akov, qui était fidèle à D., ne devait pas craindre ce même sort : il aurait pu entendre la promesse de D. qui lui assurait une progression sans risque ! La question se renforce encore davantage lorsque Hachem le punit à cause de son refus de monter : il lui annonce que ses descendants seront victimes des princes des nations. Comment comprendre que Ya’akov ait préféré le poids des exils à une élévation vers le ciel ? Tout s’explique par le fait qu’il était le symbole vivant de la Torah, comme il est dit : « un homme intègre, vivant dans les tentes. » Il incarnait l’étude de la Torah dans l’effort et la ténacité. Par ce refus, il a cherché à tracer un chemin pour les générations à venir : il voulait transmettre la notion que la Torah n’est pas offerte gratuitement à l’homme et que son acquisition exige application et labeur. Si nous voulons nous élever et améliorer notre crainte de D., nous devons persévérer dans l’étude et approfondir la Torah sous tous les angles. C’est seulement après nous y être entièrement consacrés que nous mériterons d’en acquérir toutes les richesses.

Un message pour toutes les générations

Lorsque Ya’akov a fait son rêve et que D. lui a demandé de monter sans devoir redescendre, il a refusé, sachant que seule la Torah acquise par l’effort est la plus authentique et la meilleure.

Or par cette proposition, Hachem voulait la lui accorder sans fatigue. Il a décliné cette offre car elle s’opposait à la nature même de son être : un homme qui s’investit corps et âme pour la Torah. Par ailleurs, Ya’akov a admis que lui, peut être, ne retomberait pas mais en serait-il de même pour ses descendants ? Or il tenait à leur transmettre que les efforts sont indispensables pour mériter la Torah, c’est pourquoi il n’a pas répondu positivement à la sollicitation de D. et a préféré rester sur terre pour acquérir la Torah par lui-même, dans la peine, plutôt que de la recevoir « gratuitement ».

C’est d’ailleurs exactement pour ce même motif qu’il a préféré l’exil pour ses enfants. En effet, grâce au joug de la servitude, ils acquerront la Torah par le labeur : les difficultés et les souffrances les amèneront à étudier avec plus de vigueur ! Leur Torah, obtenue alors dans la difficulté, multipliera leurs mérites, les délivrera finalement de l’exil et les projettera de l’obscurité vers la lumière. Combien était grande la capacité d’abnégation de Ya’akov pour la Torah : il a préféré que ses descendants soient exilés afin que leur Torah soit authentique et qu’elle résulte d’efforts et de travail, la Torah la meilleure et la plus louable qui soit !

Elles sont menaçantes mais pleines de bénédictions

A présent, il nous reste à savoir si Hachem a approuvé ou non le choix de Ya’akov. Apparemment oui, puisqu’Il ne l’a pas puni directement mais a demandé des comptes aux générations suivantes seulement.

De plus, bien qu’à première vue, les exils soient sévères et effrayants, sources de souffrances et de douleurs, nous ne pouvons pas nier leur côté bénéfique. En effet, ils ont entraîné une grande élévation au sein du peuple d’Israël : l’exil d’Egypte a engendré les miracles de la sortie, ainsi que la fête de Pessa’h, fête de la foi.

L’exil de Babylonie, quant à lui, a donné naissance au Talmud de Babylone. Grâce à l’exil de Perse et de Médie, les bnei Israël ont accepté la Torah avec amour, comme il est dit « Ils ont accompli et ils ont accepté. » L’exil de Grèce est à l’origine de la célébration de ‘Hanouka, fête de louange et de remerciement à D. Enfin, l’exil d’Edom a fait éclore les Tannaïm et Amoraïm, qui ont illuminé le peuple d’Israël dans l’étude de la Torah, en rédigeant la Michna et la Guemara.

 

Article précédent
Table de matière
Paracha suivante

 

Hevrat Pinto • 32, rue du Plateau 75019 Paris - FRANCE • Tél. : +331 42 08 25 40 • Fax : +331 42 06 00 33 • © 2015 • Webmaster : Hanania Soussan