Ya’akov et Essav: le bien contre le mal

« Et Ya’akov envoya des messagers en avant... et il leur ordonna: Ainsi vous parlerez à mon seigneur, à Essav, et vous lui direz: Ainsi parle ton serviteur Ya’akov: J’ai séjourné chez Laban et j’ai tardé jusqu’à présent. J’ai acquis des bœufs et des ânes, du menu bétail, des esclaves et des servantes, j’envoie cette délégation à mon seigneur afin d’obtenir faveur à ses yeux » (Béréchith 32:4-6).

Rachi explique: « Guarti, j’ai séjourné: je ne suis devenu ni ministre ni personnalité importante, je suis resté un Guèr, un étranger. Tu n’as aucune raison de me haïr parce que ton père m’a béni me souhaitant d’être « chef de tes frères » (ibid. 27:29), car cette bénédiction ne s’est pas réalisée. D’autre part, Guarti a la valeur numérique de six cent treize: j’ai observé tous les commandements de la Torah durant mon séjour chez Laban et je n’ai rien imité de ses agissements pervers » (Midrach Hagadah ad. loc.).

Le Midrach (Béréchith Rabah 75:6) commente: « J’ai acquis des bœufs et des ânes... le bœuf représente le Grand-Prêtre oint pour la guerre, comme il est dit (Devarim 33:17): « Le taureau, son premier-né, qu’il est majestueux! » L’âne représente le Messie comme il est dit (Zakharia 9:9): « Voici que ton roi vient.... humble, monté sur un âne ». Le menu bétail représente Israël, comme il est dit (Yé’hezkel 34:31): « Et vous Mes brebis, brebis que Je fais paître, vous êtes Homme, Moi Je suis votre D. dit l’Eternel... » Et plus loin (section 12) le Midrach ajoute: « Le bœuf, c’est Yossef comme il est dit: « Le taureau, son premier-né ». L’âne c’est Issakhar comme il est dit (Béréchith 49:14): « Issakhar est un âne puissant ». Le menu bétail représente Israël comme il est dit (Téhillim 116:16): « Je suis Ton serviteur, fils de Ta servante... »

Tous les commentateurs ont déjà analysé ces versets, et nous allons présenter les questions qu’ils ont soulevées:

1. Dans son commentaire de la Torah, l’Admor de Satmar remarque: « La première explication de Rachi est claire, et nous pouvons comprendre que Ya’akov envoya dire à Essav qu’il n’était pas devenu ministre à l’étranger, afin de trouver grâce à ses yeux. S’il ne recherche pas les honneurs et le pouvoir, c’est qu’il se soumet à Essav. Mais en quoi la seconde explication que donne Rachi (qu’il a observé toute la Torah), peut-elle trouver grâce aux yeux d’Essav? Est-ce que la pratique des commandements est une chose qui compte à ses yeux? »

2. Il pose une seconde question: « La raison pour laquelle Ya’akov informe Essav qu’il a acquis des bœufs et des ânes n’est pas claire... ni pourquoi il envoie cette délégation afin d’obtenir grâce à ses yeux. En quoi le fait d’avoir ces possessions lui gagnera-t-il la faveur d’Essav, qui possède richesses et honneurs ainsi que des bœufs, des ânes, des esclaves et des servantes? Si Ya’akov désire exprimer sa soumission à Essav, pourquoi lui faire savoir qu’il possède toutes ces richesses? En quoi est-ce un signe de soumission? »

3. Sa troisième question se réfère au Midrach cité plus haut, que le bœuf représente le Grand-Prêtre oint pour la guerre, l’âne le Messie, et le menu bétail Israël: « Qu’est-ce que Ya’akov veut faire savoir à Essav par ces signes? » (Ajoutons que la deuxième partie du Midrach demande aussi à être expliquée). Le Rabbin Avraham Koriat (disciple de Rabbi ‘Hayim Pinto) se réfère à cette question dans son livre Brith Avoth.

4. Le Divrey ‘Hayim analyse la partie du Midrach qui dit que le bœuf représente Yossef. Ya’akov informe Essav qu’il a un fils du nom de Yossef et donc qu’il ne le craint pas puisque « Yossef est celui qui vaincra Essav » (Béréchith Rabah 73:7) et une tradition ancestrale nous enseigne qu’ »Essav sera vaincu par les enfants de Ra’hel » (Baba Bathra 123b), et il demande: « Qu’est-ce que Ya’akov veut faire savoir à Essav? »

Nous allons humblement tenter de répondre à ces questions, en présentant tout d’abord quelques commentaires. Il est dit (Brach’oth 13a, Yirouvin 95b): « La pratique des commandements doit être intentionnelle ». Lorsque l’on pratique un commandement en comprenant clairement son sens, on se crée pour ainsi dire le vêtement que l’on portera dans le monde à Venir sans craindre d’avoir honte devant le Créateur, car l’obéissance aux commandements est une soumission à l’autorité divine et l’expression d’une crainte sincère de D.  Concernant le verset: « Et maintenant Israël, l’Eternel ton D. te demande seulement de révérer l’Eternel... » (Devarim 10:12), les Sages demandent (Brach’oth 33b): « Est-ce que la crainte de D. est une chose si futile (pour qu’il soit dit « seulement »)? » Nous pouvons répondre qu’effectivement, la crainte de D. est une chose simple et chacun peut la ressentir lorsqu’il obéit et pratique les commandements. Il est certain qu’une pratique consciente des commandements nous amène à la crainte de D.  Cela ne dépend que de notre volonté, et si seulement nous le voulions, nous pourrions parvenir à la crainte de D.

Revenons à la relation entre Ya’akov et Essav. Rachi explique de deux façons « J’ai séjourné avec Laban ». Sont-elles compatibles? Ya’akov dit à son frère Essav: Je ne suis devenu ni un personnage important, ni un ministre, c’est-à-dire: je n’ai pas d’ambitions, je ne recherche pas les honneurs et je ne désire pas te dominer. Je suis resté le même étranger, le même simple étudiant de la Torah, non pas comme du temps où j’habitais chez notre père Yits’hak, mais lorsque j’ai séjourné chez Laban l’Araméen, j’ai continué mon étude et j’ai observé et pratiqué tous les commandements de la Torah avec attention et précision malgré les difficultés et les nombreux empêchements. Etant donné que je ne recherche pas le pouvoir, mais cherche uniquement à poursuivre mon étude de la Torah, tu n’as aucune raison de me haïr.

Tout le temps où Ya’akov était chez Laban, Essav soupçonnait qu’il allait encore une fois le tromper comme il l’avait fait en lui achetant le droit d’aînesse en lui prenant les bénédictions. S’il devient puissant et riche à l’étranger, il lui volera les biens de ce monde et le dominera et Essav sera obligé de le servir puisque leur père a béni Ya’akov de suprématie sur lui. Maintenant, Essav va être rassuré, car Ya’akov lui fait savoir qu’il n’est pas devenu grand et puissant et que la bénédiction de leur père ne s’est pas réalisée, qu’il ne pense aucunement devenir roi ou ministre, mais veut rester le même Ya’akov, un homme intègre assis dans les tentes de la Torah et servant D.  Il est difficile de s’occuper à la fois des affaires de l’état et d’étudier la Torah, car les soucis du gouvernement sont lourds et détournent de la méditation.

C’est ce message que Ya’akov communique à Essav. Je ne suis pas devenu un personnage important car je n’avais pas le temps de m’occuper des affaires de l’Etat, mais j’ai observé tous les commandements de la Torah et j’ai continué mon étude. Et donc je ne suis pas devenu un personnage prestigieux et la bénédiction de notre père ne s’est pas réalisée, tu n’as donc aucune raison de me haïr car je n’ai pas l’intention de prendre le pouvoir et de te dominer.

Mais, par la suite, le Midrach (Zouta 19) nous raconte que lorsque Ya’akov revint de chez Laban et qu’Essav vit les richesses qu’il possédait, l’or et l’argent, les bœufs et les ânes, et tous les biens de ce monde, il lui demanda: Tu m’avais pourtant promis de ne prendre que le monde à Venir, pourquoi t’appropries-tu les biens de ce monde? Tu veux me tromper encore une fois! Et Ya’akov lui répondit: Ces quelques biens, D. me les a donnés pour mes besoins en ce monde. En disant: « J’ai acquis des bœufs et des ânes, du menu bétail, des esclaves et des servantes », il signifie: Je n’avais pas la possibilité de m’enrichir parce que j’étais tout le temps occupé par l’étude de la Torah, et effectivement, je n’ai fait aucun effort pour m’enrichir et je n’y pensais pas. Les biens que tu vois en ma possession, c’est D. qui me les a donnés pour mes besoins en ce monde, en cadeau et en récompense de la Torah et des commandements que j’ai observés chez Laban. Mais toutes ces richesses ne me donnent pas envie de prendre le pouvoir, et comme je te l’ai déjà dit, je veux continuer à étudier la Torah et servir D. sans te dominer. Je veux rester un homme simple.

La fin du verset: « J’envoie cette délégation à mon seigneur afin d’obtenir faveur à ses yeux » indique: Je t’envoie tout cela pour te dire que tu es mon seigneur, et que je ne désire pas te dominer, tu n’as aucune raison de me craindre pour mes richesses.

Certes de telles paroles avaient de quoi plaire à Essav, qui soupçonnait son frère de vouloir le dominer et le priver de sa part en ce monde. Mais de tels soupçons sont sans fondement, et il n’avait donc pas raison de le craindre. Essav pouvait aussi se réjouir de la preuve avancée par Ya’akov qu’il avait continué à étudier la Torah chez Laban, sans que ses richesses l’empêchent de servir D.  Cela montre qu’il est resté un homme de Torah et n’avait aucune ambition de prendre le pouvoir. De plus, Essav pouvait aussi se réjouir à la pensée que toutes ces richesses risquaient de détourner Ya’akov du service de D. ce qui lui ferait perdre sa place dans le monde à Venir, et alors Essav serait sorti gagnant de toute cette affaire.

Nous voyons combien Essav est pervers. Peu lui importe que Ya’akov étudie la Torah car lui-même ne ressent aucun besoin d’une vie spirituelle. Essav avait méprisé le droit d’aînesse (Béréchith 25:34), renié la résurrection des morts (Pessikta Rabah 12:4), pris le mauvais chemin, et perpétré cinq crimes le jour de la mort de son grand-père Avraham (Baba Bathra 16b, Chemoth Rabah 1:1), et il commettait d’innombrables fautes. Que lui importe que Ya’akov observe la Torah et qu’il possède quelques biens en ce monde, puisque l’essentiel de ses biens lui est réservé dans l’autre monde. Et pourtant! Essav a peur que Ya’akov devienne ministre, qu’il ne prenne le pouvoir et doive le servir le cas échéant. Mais il est clair que Ya’akov n’avait aucune intention de prendre le pouvoir, déclaration qui avait de quoi plaire à Essav et le rassurer.

Effectivement, Ya’akov l’informe qu’il ne recherche pas les honneurs en ce monde mais qu’à l’avenir la souveraineté lui reviendra, en lui disant qu’il a acquis des bœufs et des ânes. Le bœuf représente le Grand-Prêtre oint pour la guerre, l’âne représente le Messie, et le menu bétail Israël, ce qui signifie: à l’avenir, la souveraineté reviendra à Israël comme il est écrit: « Les libérateurs monteront sur la montagne de Sion pour se faire les justiciers du mont d’Essav, et la royauté appartiendra à l’Eternel » (Ovadia 1:21), et alors Israël dominera Essav. Mais Essav ne croit pas en la rédemption, il nie la résurrection des morts, et donc peu lui importe qu’à l’avenir les Enfants d’Israël aient la souveraineté sur les enfants d’Essav et que toutes les offrandes qu’il reçoit maintenant soient à l’avenir rendues au Messie (Béréchith Rabah 78:12). Tout ce qu’il veut c’est jouir de plaisirs immédiats, comme il dit (Béréchith 33:12): « Partons et marchons ensemble, je me conformerai à ton pas », c’est-à-dire: « je serai maintenant ton partenaire » (Béréchith Rabah 78:14), et en ce monde, c’est moi qui domine. A quoi Ya’akov répondit: « Je cheminerai à ma commodité, jusqu’à ce que je rejoigne mon seigneur à Seir » (Béréchith 33:14), et il ajouta (ibid.): « Que mon seigneur veuille passer devant son serviteur ». Autrement dit: Je reconnais ta supériorité en ce monde, mais en fin de compte, je te rejoindrai à Seir. Quand? A la fin des temps, comme il est écrit: « Les libérateurs monteront sur la montagne de Sion... » Essav ne craint pas cette prophétie. S’il avait eu le moindre doute concernant la véracité des paroles de Ya’akov, il n’aurait pas accepté de passer devant, mais il ne croit ni en la rédemption ni en la royauté du Messie ni en la résurrection des morts, et il n’attacha donc aucune importance au message de Ya’akov et à son enseignement. L’essentiel pour lui était de pouvoir jouir de ce monde maintenant. Il considérait que les paroles de Ya’akov étaient fausses, et il accepta donc tout ce qu’il disait. Ya’akov comprenait bien son frère, il savait que ses paroles plairaient à Essav. Cela répond aux trois questions posées par le Rabbin de Satmar, de mémoire bénie.

Au sujet du deuxième Midrach (et de la deuxième question du Divrey ‘Hayim), il faut dire que Ya’akov connaissait le caractère d’Essav son frère, il savait combien il était matérialiste et combien il commettait de transgressions. Pour ne pas éveiller sa colère, il lui dit qu’il n’était pas devenu un personnage important mais que chez Laban il étudiait et pratiquait la Torah, et qu’il n’avait donc pas le temps de s’occuper d’affaires publiques. Toute sa richesse ne lui venait que du mérite de sa Torah.

Ya’akov n’avait aucune intention de se soumettre à Essav et à ses plans, et il le lui fit savoir clairement: J’ai acquis des bœufs et des ânes. Le bœuf représente Yossef et l’âne Issakhar, ce qui revient à dire: Je désire continuer à consacrer ma vie à l’étude de la Torah sans en être détourné, comme Issakhar qui est le prototype de l’étudiant de la Torah (Béréchith Rabah 72:4). Il est écrit: « Issakhar est un âne puissant » et les Sages demandent: « De quel genre d’âne s’agit-il? » Et ils répondent (Avodah Zarah 5b): « Celui qui étudie la Torah doit se considérer comme un bœuf sous le joug et comme un âne sous sa charge » (comme un bœuf est aussi une référence à Yossef), et d’Issakhar il est dit (Divrey HaYamin I, 12:32): « Et parmi les enfants d’Issakhar des experts en la connaissance des temps », c’est-à-dire qui possèdent la sagesse de la Torah. Ya’akov signifie à Essav que tous ses descendants se consacreront à la Torah et la mettront en pratique, lui disant: Je n’ai aucun désir d’accumuler les richesses ou les honneurs, mais si tu venais à me déranger, moi ou mes descendants, dans notre pratique, sache que Yossef aussi est avec moi, et « la maison de Ya’akov sera un feu, la maison de Yossef une flamme, la maison d’Essav un amas de chaume... » (Ovadia 1:18), « Nous produirons une étincelle et nous te brûlerons complètement » (Béréchith Rabah 84:5), et tu ne pourras pas nous nuire car Yossef est « Le taureau premier-né dont les cornes sont les cornes du réem qui terrassent les peuples » (Devarim 33:17) - nous allons te terrasser et écraser nos agresseurs.

Ya’akov parle ainsi à Essav pour lui faire peur, pour décourager ses attaques. D’une part, il se montre soumis; d’autre part, il le menace et le met en garde de ne pas attaquer ses enfants. Si Essav veut la guerre, il devra faire face au mérite d’Issakhar et de Yossef, le feu qui brûle tout ce qui se trouve sur son chemin. Tant qu’Israël est plongé dans la Torah, qui est comparée à un feu (Devarim 33:2), aucune puissance au monde ne peut le vaincre (voir Ketouboth 66b; Avoth D’Rabbi Nathan 34:4), et les Sages ont dit (Baba Kama 17a): « Quiconque est plongé dans la Torah et fait preuve de générosité, reçoit l’héritage de deux tribus, celui d’Issakhar et celui de Yossef (justement celles qui sont les adversaires d’Essav) et ses ennemis tombent devant lui, comme devant Yossef ». Essav ne peut pas venir détourner les descendants de Ya’akov de la Torah et de la pratique de la Torah.

Nous apprenons deux choses:

Les hommes pervers, ceux qui suivent les voies d’Essav, ne pensent pas au monde à Venir, ils se satisfont de plaisirs matériels et agissent comme bon leur semble. Bien qu’ils sachent qu’ »une heure de béatitude dans l’autre monde est préférable à toutes les jouissances de ce monde » (Avoth IV:17), ils n’y prêtent pas attention, ils n’y croient pas. Même si un homme vertueux et pieux vient à leur faire des reproches, ils n’en tiennent pas compte parce qu’ils ne s’attachent qu’à ce qu’ils peuvent voir et sentir - les plaisirs de ce monde - et s’en contentent. Ils ne croient pas en un autre monde qui ne se voit pas. Il faut éviter cette grave erreur et prendre exemple sur la droiture de Ya’akov.

Par ailleurs, certains désirent effectivement suivre la voie de Ya’akov, mais ils se découragent en voyant qu’il existe beaucoup de gens célèbres et riches « qui ont poursuivi des vanités » (Melakhim II, 17:15) et que les richesses ont détournés d’une vie spirituelle. A propos de tels gens, il est écrit: « Yechouroun engraissé regimbe » (Devarim 32:15), et « Ton cœur s’enorgueillira et tu oublieras l’Eternel » (ibid. 8:14), et encore « La jalousie et la recherche des honneurs les excluent du monde » (Avoth IV:21), c’est-à-dire du monde éternel. Au lieu de rendre grâce à D. pour les richesses et les bienfaits qu’Il leur procure, ils suivent leurs propres désirs, ils se détournent de la pratique du bien, ils recherchent les profits à court terme, et ils se détournent progressivement de la bonne voie qu’en fin de compte ils abandonnent.

Celui qui veut suivre la voie de Ya’akov et être « un homme intègre », doit étudier et comprendre la finalité des choses. Bien que Ya’akov fût béni de richesses et d’honneurs, il expliqua à Essav qu’il n’était pas devenu un personnage important, que la richesse ne l’aveuglait pas, qu’il était resté le même Ya’akov, craignant D. et pratiquant Sa loi, car l’or et l’argent ne l’avaient pas empêché de pratiquer toute la Torah, et la célébrité ne l’avait pas empêché de faire le bien tous les jours de sa vie.

Telle est la leçon que nous devons tirer de la conduite de Ya’akov. Comme lui, nous devons aspirer à trouver grâce auprès de D. faute de quoi nous risquons de perdre l’esprit à cause de nos richesses. Nous ne devons pas rechercher le prestige et les honneurs, mais une vie de Torah et de bonnes actions, et rester comme un rg, un étranger, étranger aux choses matérielles et proche de D. C’est ainsi seulement que nous mériterons la vraie rédemption future.

Nous apprenons autre chose de Ya’akov. Que veut-il faire savoir à Essav lorsqu’il lui dit: « J’ai séjourné chez Laban »? Est-ce que son lieu de séjour a de l’importance à ses yeux? C’est qu’il faut toujours se demander « qu’est-ce qui est préférable? » Est-il préférable de servir D. dans un lieu dont les habitants sont pervers et se moquent des Juifs, et malgré tout continuer à pratiquer la Torah et le Judaïsme, ou bien habiter dans un endroit dont tous les habitants observent la Torah et ses commandements, et où il est plus facile de servir D.? Il est certain que servir D. dans un endroit dont les habitants n’ont pas la crainte de D. est plus difficile et donc plus louable, et la récompense en est plus grande.

C’est ce que Ya’akov dit à Essav: « J’ai séjourné chez Laban », en un lieu de gens malfaisants, où tous se riaient et se moquaient de moi, surtout Laban qui dénigrait chaque commandement que je pratiquais. Les premières lettres des mots ytrg ˆbl µ[, j’ai séjourné avec Laban, forment le mot g[l, moquerie - malgré leurs moqueries, j’ai observé toute la Torah, je ne me suis pas laissé détourner et j’ai continué à pratiquer. D. m’a donné une grande récompense en compensation des affronts et de la honte que j’ai dû subir chez Laban et je me suis enrichi, mais la récompense pour l’obéissance aux commandements m’est réservée dans le monde à Venir, comme le disent les Sages (Péah 1:1): « Le capital reste intact dans le monde à Venir ». Mais toi, tu as habité avec des gens vertueux et tu n’as rien appris de leurs actes (Yoma 38b). Pourquoi es-tu incorrigible?

Il faut imiter Ya’akov et ne pas craindre ceux qui se moquent de nous. Persévérons dans la pratique des commandements de la Torah afin d’être heureux en ce monde et dans l’autre.

 

 

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