L’abandon de la Torah, cause de la destruction du Temple et de l’exil

« Ere, le premier-né de Yéhouda ayant déplu à D., D. le fit mourir... La conduite de Onan déplut à D. qui le fit mourir de même qu’Ere, et Yéhouda dit à Tamar sa belle-fille: demeure veuve dans la maison de ton père, jusqu’à ce que mon fils Chéla grandisse » (Béréchith 38:7-11).

Le récit d’Ere et Onan demande quelques éclaircissements.

1. Pourquoi la Torah nous raconte-t-elle la faute d’Ere et d’Onan, qui selon les Sages, refusaient d’avoir des enfants (Béréchith Rabah 85:5), « Ils refusaient à Tamar des enfants pour qu’elle garde sa beauté » (Yébamoth 43b). C’est un fait connu que quiconque dispense sa semence en vain est puni par le ciel de la peine de mort.

2. Nous savons aussi qu’une femme dont deux maris sont morts n’a plus le droit de se remarier (Yébamoth 64b). Comment se fait-il que Yéhouda ait dit à Tamar sa belle fille d’attendre que son fils Chéla devienne grand? Si la mort de deux maris lui est attribuée, de toute façon elle ne pourra pas épouser Chéla lorsqu’il sera grand, puisqu’elle représente pour lui un danger.

Il est certain qu’il y a dans ce récit des secrets effrayants, et les versets ne leur servent que de revêtement. Il faut comprendre le sens du récit de Yéhouda, Tamar, Ere, Onan et Chéla, à travers les allusions de la Torah, et nous savons que « la Torah ne raconte rien de superflu » (Zohar III, 149b).

Pour expliquer cette section, il faut indiquer qu’elle se réfère aux deux Temples, à la Torah, au Messie, et à la Présence de D. Il nous faut présenter une brève introduction qui nous amènera à une compréhension correcte et claire.

C’est un fait que D. fait régner Sa Présence en ce bas-monde afin que nous puissions nous attacher à Lui. La Présence de D. s’attache à nous lorsque nous donnons satisfaction à notre Créateur, ce qui nous permet de recevoir et de jouir en abondance des bontés de D. L’homme a été créé pour obéir à la volonté de son Créateur, mais il doit ressentir que D. lui a insufflé l’âme et la vie (Béréchith 2:7), il faut qu’il reçoive l’image de D. (comme l’écrit le Sforno) et qu’il ressente que D. observe ceux qui Le craignent et que la lumière qui s’attache à l’homme le fait vivre. C’est alors que l’homme se soumet inconditionnellement à son Créateur.

Telle était la grandeur d’Adam, le premier homme. Il se savait éternel, puisque D. lui avait interdit de manger de l’arbre de la Connaissance sous peine de mourir (ibid. 2:17), ceci indique que s’il n’en avait pas mangé il ne serait pas mort (Béréchith Rabah 9:6; Kohélet Rabah 3:17). Adam n’a pas mangé du fruit de l’arbre de la Vie avant la faute, puisqu’il n’avait pas besoin de cette propriété. Comment peut-il mourir puisque D. lui a insufflé la vie? Mais après la faute, sa vie fut abrégée et Adam perdit de sa grandeur. David HaMelekh dit de lui (Téhilim 82:6): « J’avais dit: vous êtes des êtres supérieurs, tous des enfants du Très-Haut ». Adam était tellement plein de sagesse que « les anges le prirent pour un dieu, et voulurent le sanctifier » (Béréchith Rabah 8:9). Il nous est difficile d’imaginer, nous, gens ordinaires, comment et sous quelle forme D. créa l’homme et lui insuffla la vie... Les Sages nous enseignent au sujet de l’arbre de la Connaissance (Chabath 55b; Tan’houma Buber Chemini 13): « J’ai donné à Adam un commandement facile et il l’a transgressé », lui qui fut créé à l’image de D., et ils ajoutent (Béréchith Rabah 12:5; ‘Haguigah 12a) que « Adam avait une perception qui allait d’un bout du monde à l’autre ». Il nous est difficile d’imaginer et de décrire son niveau spirituel.

Nous comprenons combien Adam a chuté, pour avoir mangé du fruit de l’arbre de la Connaissance, et qu’il mérite la peine de mort. S’il n’avait pas entendu « la voix de D. s’avancer dans le Jardin » (Béréchith 3:8), la Torah témoigne (ibid. v. 22) qu’il aurait vite fait de manger aussi du fruit de l’arbre de la Vie afin de vivre éternellement (Béréchith Rabah 21:6). Il fut immédiatement chassé du Jardin d’Eden (ibid. v. 23), avant qu’il en vienne à manger du fruit de l’arbre de la Vie, tant il est vrai qu’une « faute commise entraîne une autre faute » (Avoth IV:2; Avoth D’Rabbi Nathan 25:4). Afin de minimiser sa punition, D. l’a immédiatement chassé du Jardin d’Eden.

Il faut ajouter à cela que lorsque Adam mangea le fruit de l’arbre de la Connaissance, il porta atteinte à toutes les étincelles de sainteté que les Patriarches et les Enfants d’Israël ont ensuite extraites et purifiées durant leur exil en Egypte, et restituées à leur source (Or Ha’hayim Béréchith 49:9). Le monde entier aurait pu être corrigé et soumis à la souveraineté de D., quand le mauvais penchant fut déraciné du cœur des Enfants d’Israël (Kohélet Rabah 3:14) comme il le fut lors du don de la Torah (Chir HaChirim Rabah 1:16; Zohar I, 63b), et ils auraient pu entrer en Erets Israël immédiatement après leur sortie d’Egypte. De même, ils auraient pu alors construire le Temple, qui aurait été indestructible, comme il est dit (Sotah 3b): « Avant qu’ils commettent le péché du veau d’or, la Présence Divine accompagnait chaque Israélite », et le Messie serait venu, puisqu’ils avaient accepté la souveraineté incontestée de D. en disant: « D. régnera pour toujours » (Chemoth 15:18).

Mais le Satan les a confondus et trompés, ils ont adoré le veau d’or, ils sont retombés entraînant dans leur chute toutes les étincelles de sainteté qu’ils avaient restaurées. Lorsqu’ils se repentirent de cette faute, ils méritèrent d’entrer en Terre d’Israël, et ils auraient pu amener la rédemption définitive. Mais ils fautèrent de nouveau lorsque les explorateurs « décrièrent le pays qu’ils avaient exploré » (Bamidbar 13:32) et c’est alors qu’il fut décrété que « pour s’être lamentés, ils se lamenteront à chaque génération future » (Ta’anith 29a; Sotah 35a) jusqu’à l’arrivé du Messie, lorsque de nouveau toutes les étincelles de sainteté seront restaurées. Bien que le Messie puisse venir à chaque génération, il tarde à cause de nous, parce que nous perpétuons la faute des explorateurs, et la réparation de leur faute dépend de nous et de nos capacités. En attendant, le premier Temple fut détruit, ainsi que le deuxième Temple, « à cause des disputes, de l’idolâtrie et de la haine gratuite » (Yoma 9b), ainsi que « pour avoir abandonné la voie de la Torah ». Le prophète se lamente: « Pourquoi ce pays est-il ruiné, dévasté comme un désert où personne ne passe? L’Eternel l’a dit: C’est parce qu’ils ont abandonné la Loi que Je leur avais proposée, parce qu’ils n’ont pas écouté Mes ordres, et ne les ont pas suivis » (Yérémia 9:11:12). Nous savons que Jérusalem fut détruite parce qu’ils avaient abandonné la Torah (Chabath 119b), si bien que D. soupire (Yérouchalmi ‘Haguigah I:7): « Si seulement ils M’avaient abandonné Moi, mais observé Ma Torah... » car la lumière de la Torah leur aurait indiqué la bonne voie.

A présent, nous sommes en mesure de comprendre le récit d’Ere et Onan, Yéhouda, Tamar et Chéla, car tout est lié.

Yéhouda indique métaphoriquement l’Eternel qui donne la Torah, car ce nom est composé des lettres du Nom de D. Tamar représente les Justes, comme il est écrit (Téhilim 92:13): « Le Juste fleurit comme un palmier (tamar) ». Il y a de nombreux points communs entre le Juste et le palmier, par exemple: « Le palmier éveille le désir, et les Justes ont le désir de la connaissance de D. » (Béréchith Rabah 41:1), « le palmier a des piquants, tout comme les Justes ont des piquants, et il est interdit de leur porter atteinte » (Yalkout Chimoni 690; Tan’houma Bamidbar 16). Le palmier indique aussi figurativement la Torah, car tous deux sont doux comme il est écrit (Téhilim 34:9): « Goûtez et sentez qu’il est bon... » et « les paroles de la Torah sont plus douces que le miel et le suc des rayons » (Téhilim 19:11). Le palmier indique aussi le Temple et la Torah, car la Présence Divine habite le Temple grâce à la Torah, et de même que le palmier ne se laisse affecter par aucun vent, de même la Torah ne change pas, en aucune circonstance. Ere et Onan, eux, figurent les Enfants d’Israël auxquels D. a donné la Torah afin de soumettre le monde à Sa souveraineté et amener la rédemption.

Ce que nous venons de dire peut se lire en filigrane dans les versets: Yéhouda (qui figure D.) donna Tamar (la Torah) à Ere et Onan (les Enfants d’Israël). La Torah fut donnée en cadeau à Israël parce qu’il a restitué à leur source les étincelles de sainteté. Par la suite, ils ont fauté dans le désert, mais ils peuvent se purifier de leur faute grâce à la Torah, puisque « l’impureté n’atteint pas la Torah «  (Brach’oth 22a) et la rédemption ne viendra que grâce à la Torah.

La Torah continue le récit, en racontant comment les Enfants d’Israël (Ere et Onan), au lieu d’opérer la correction, de soumettre le monde à la souveraineté de D. et d’amener le temps de la rédemption, ont profané la Torah (Tamar). Le Temple fut détruit à cause de l’abandon de la Torah, du fait qu’Ere et Onan ont gaspillé leur semence. Ils semblaient justes et occupés de Torah, mais en fait ils dispersaient leur semence, pratiquaient l’idolâtrie, et ils se haïssaient mutuellement sans raison, si bien que les deux Temples furent détruits. Ce n’est pas sans raison que les Sages associent la Torah et l’exil au palmier, comme ils le disent (Pessa’him 87b), « D. n’a exilé les enfants d’Israël à Babel que pour qu’ils s’y nourrissent de dattes et s’occupent de Torah », c’est-à-dire qu’ils ne furent exilés qu’afin de réparer les fautes qui ont causé la destruction du Temple et l’abandon du pays. Les Sages ont dit aussi (Yérouchalmi Ta’anith IV:4): « Quarante ans avant la destruction du Temple et l’exil, ils ont planté des palmiers à Babel ». Pour avoir porté atteinte à la Torah qui a été donnée en quarante jours (Mena’hoth 99b), quarante ans auparavant déjà (un an pour chaque jour), les Sages avaient préparé le chemin de l’exil, les palmiers, c’est-à-dire l’étude de la Torah, afin de corriger la faute qui a causé l’exil. C’est pour toutes ces raisons que D. a puni Ere et Onan de mort. De quelle mort? L’exil des Enfants d’Israël, qui furent chassés du pays de leurs pères pour avoir abandonné la voie de la Torah, et nous savons que « les enfants meurent à cause de l’abandon de la Torah » (Chabath 32a). Telle fut la mort des enfants de Yéhouda.

Malgré tous les retards, les Juifs croient toujours que l’exil aura une fin à l’arrivée du Messie. Ceci est indiqué dans les paroles de Yéhouda à Tamar: « Jusqu’à ce que Chéla grandisse ». C’est dire que les Enfants d’Israël attendront l’arrivée du Messie, qui est aussi appelé Chéla (Sanhédrin 98b), c’est-à-dire qu’ils corrigeront leurs fautes « jusqu’à l’avènement du Pacifique (Chilo) auquel obéiront tous les peuples » (Béréchith 49:10) et la reconstruction du Temple. En attendant, ils resteront en exil où ils se feront pardonner leurs fautes. Lorsque le Messie viendra, il les ramènera en terre d’Israël et reconstruira le Temple. Jusqu’à ce jour, les Enfants d’Israël veillent à garder la Torah dans la crainte de D. afin de réparer tout ce qui a été endommagé. Lorsqu’ils auront opéré cette correction, le Messie nous sera envoyé pour nous unir et construire le Temple, et il enseignera aux Enfants d’Israël les secrets de la Torah, et nous connaîtrons la vraie rédemption, avec l’aide de D. Amen.

 

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