L’argent volé n’est d’aucun profit

« Ils prirent leurs troupeaux et les biens qu’ils avaient acquis dans le pays de Canaan et vinrent en Egypte, Ya’akov et avec lui toute sa famille » (Béréchith 45:4 - 7). Rachi rapporte à ce sujet les paroles des Sages (Chemoth Rabah 31:17; Tan’houma Yachan Vayichla’h 11): « Ya’akov a donné à Essav tout ce qu’il avait acquis à Padan Aram en échange de sa place dans le Caveau des Patriarches, disant que les biens acquis en dehors de la terre d’Israël n’avaient pas de valeur à ses yeux, comme il est écrit plus loin (Béréchith 50:5): « Tu m’enseveliras dans la sépulture que j’ai acquise en terre de Canaan ». Il plaça devant lui un amas d’or et d’argent, et lui dit: reçois cela! (voir le commentaire de Rachi ad. loc.).

1. Comment Ya’akov, qui a œuvré jour et nuit afin de gagner son salaire (Béréchith 31:40-41 et 31:7) et qui comme nous le savons, a bénéficié de nombreux miracles dans la maison de Laban, a-t-il pu considérer les biens qu’il y avait acquis comme peu de chose?

2. En fait, si « les hommes vertueux considèrent leurs biens plus que leur propre personne » (Sotah 12a; ‘Houlin 91a; Chemoth Rabah 1:25; Ruth Rabah 5:15), quelle est la différence entre les biens acquis en Erets Israël et ceux acquis à l’étranger? Surtout pour Ya’akov, dont il est dit (Béréchith 32:25): « Ya’akov resta seul », « à cause de menus objets laissés en arrière » (‘Houlin 91a), ce qui montre qu’il attachait une importance particulière à ses biens. Pourquoi les donne-t-il à son frère Essav?

Ya’akov ne voulait tirer aucun profit des biens acquis chez Laban. Il le savait trompeur et voleur, il craignait qu’une partie de cet argent n’ait été mal acquise par ce « roi de tous les menteurs » (Tan’houma Vayichla’h 1). Bien que Ya’akov l’ait servi fidèlement et n’ait reçu que son dû, il ne voulait pas profiter d’argent d’origine douteuse et il avait mis cet argent de côté pendant des années, sans s’en servir. Ya’akov n’a pas mélangé l’argent gagné chez Laban avec le sien propre, car il pensait qu’il y avait de l’argent volé dans les monnaies que lui donnait Laban et il ne voulait en tirer aucun profit, bien qu’il l’ait gagné honnêtement. Il n’a pas utilisé cette somme et il ne désirait pas que ses enfants en héritent.

Avant de descendre en Egypte, il a donné toute cette fortune à Essav en échange de sa part dans le Caveau des Patriarches, de même qu’Avraham avait donné des présents aux enfants de ses concubines (Béréchith 25:6) afin que ses enfants et sa descendance ne jouissent en terre de Gochen que d’un argent honnêtement gagné.

C’est une chose fort étonnante! Pendant trente-neuf ans, Ya’akov n’a fait aucun usage de cet argent d’origine douteuse et il s’est contenté de le mettre de côté!

Nous voyons là, la grandeur des hommes vertueux et combien ils sont attachés aux valeurs morales. Bien que leurs possessions soient précieuses, l’argent d’origine douteuse n’a aucune valeur à leurs yeux. C’est un enseignement pour tous. Il faut faire la différence entre de l’argent honnêtement gagné et de l’argent qui provient d’une transaction malhonnête, entre « un gain qui soutient l’homme » (Pessa’him 119a) et qui est bon, et une possession qu’il ne faut pas utiliser, même si elle a été acquise en toute bonne foi, car elle peut avoir quelque tare, surtout si elle provient de gens sans scrupule, habitant un lieu qui, comme H’aran, « attire la colère de D. ». Effectivement, il ne faut utiliser que de l’argent pur de toute transaction malhonnête.

 

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