La délivrance viendra par l’unité et l’amour d’Israël

Sur le verset de notre paracha « Ya'akov appela ses fils et dit : Rassemblez-vous et je vous dirai ce qui vous arrivera à la fin des jours », les Sages ont expliqué dans le traité Pessa’him (56a) que notre père Ya'akov a voulu leur dévoiler la fin, mais la Chekhina l’a quitté.

Il a révélé à ses fils avant de quitter ce monde le secret de l’existence du peuple d’Israël en exil parmi les nations. Il s’agit de l’unité totale et de l’amour sans réserve entre les bnei Israël. C’est le secret de la délivrance, car lorsque les bnei Israël sont unis et reliés entre eux, ils méritent de sortir de l’exil, mais tant qu’ils sont séparés et se disputent, ils ne sont pas sauvés. Ils n’ont pas été asservis en Egypte avant qu’il n’y ait des disputes entre eux, et des délateurs parmi eux, Datan et Aviram se sont dressés l’un contre l’autre, et immédiatement Moché a dit « la chose est donc connue », on connaît la raison de l’asservissement en Egypte.

Les bnei Israël n’ont pas été sauvés de l’Egypte avant qu’il y ait entre eux l’unité et la fraternité, et bien que les Egyptiens aient frappé les contremaîtres juifs, eux n’ont pas frappé leurs frères. La mer des Joncs ne s’est pas fendue devant eux avant que Na’hchon ben Aminadav ne montre un amour gratuit en sautant dans la mer. En revanche, Amalek n’a rien pu contre les bnei Israël jusqu’à ce qu’ils se disputent entre eux, et le Temple n’a été détruit qu’à cause de la haine gratuite.

Aimer le prochain quoi qu’il arrive

Le Ramban (Vayikra 19, 18) explique le verset « tu aimeras ton prochain comme toi-même » en disant que c’est une mitsva de la Torah d’aimer le prochain en toutes circonstances, de même qu’on s’aime soi-même pour tout ce qui est bon. Il se peut que comme il n’est pas dit qu’il faut aimer « et reakha » mais « lereakha » que ce soit comparable au « ahavta lo kamokha » (« tu l’aimeras comme toi-même ») qui est dit à propos de l’étranger (Vayikra 19, 34), ce qui veut dire que l’amour des deux doit être absolument égal.

Nous apprenons de ses paroles que toute l’intensité de la mitsva d’aimer son prochain réside dans le fait de ne pas s’enorgueillir par rapport à l’autre. Quand le mauvais penchant veut introduire la division entre les bnei Israël, il commence par faire entrer l’orgueil dans le cœur de l’un par rapport à l’autre, il augmente la valeur de l’homme à ses propres yeux, et en même temps rabaisse la valeur de l’autre jusqu’à ce qu’une dispute s’ensuive et que l’unité en souffre.

La sainte Torah dit « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Elle utilise le mot « reakha » (ton prochain) pour nous dire que même lorsque l’autre est mauvais (ra) avec nous, et que nous voyons bien qu’il ne nous aime pas, nous devons pourtant l’aimer, ainsi qu’il est précisé dans ce que dit le Ramban, qu’il faut aimer son prochain en toutes circonstances de la même façon qu’on s’aime soi-même. Mais si l’un déteste l’autre, il n’y aura jamais la paix entre eux, et la base sur laquelle repose la Torah toute entière s’effondrera.

Pourtant même en ce qui concerne l’humilité, on doit faire attention à ce que le mauvais penchant n’entraîne pas à une humilité négative, qui n’est en réalité que de l’orgueil sous couvert d’humilité. Parfois, le mauvais penchant rend la perception de l’homme confuse et lui donne l’impression d’une grande humilité, par exemple quand les bnei Israël ont dit « Est-ce que Hachem est parmi nous ou non » (Chemot 17, 7). Le mauvais penchant dit à l’homme : Est-ce que tu es digne que Hachem repose en toi ? Tu es tellement petit, tu as été créé d’une goutte putride, Hachem ne fait certainement pas attention à tes actes !

De cette façon, le mauvais penchant essaie de séduire l’homme et de le détourner de D. Mais si celui-ci réfléchit au fait que son âme a été extraite du trône de gloire et qu’elle est une étincelle divine, il n’aura pas le plus petit doute que Hachem fait bel et bien reposer Sa Chekhina en lui.

Les commentateurs ont dit (Rabbeinou Ephraïm sur Chemot 25, 8) sur le verset « Qu’ils Me fassent un sanctuaire et Je reposerai parmi eux », qu’il est dit « parmi eux », en chacun d’entre eux. Chacun est un petit sanctuaire, et Hachem fait reposer Sa Chekhina dans ce petit sanctuaire, c’est-à-dire dans le cœur de l’homme qui s’y est préparé. Mais le mauvais penchant essaie d’introduire une humilité mensongère dans le cœur de l’homme (« Hachem est-il parmi nous ? »)

Le mot « yech » (il y a) peut se diviser en deux, hei youd et chin. La première partie du mot renvoie à Hachem, or Y-H a la même valeur numérique que le mot gaava (orgueil), pour nous dire que seul D. peut s’enorgueillir, ainsi qu’il est écrit (Téhilim 93, 1) : « Hachem règne, Il est revêtu de fierté ». Le chin a la même valeur numérique que « kar » (froid), ce qui renvoie à l’expression « acher karkha badérekh » (Devarim 25, 18), allusion à la froideur introduite par Amalek. Or le mauvais penchant est Amalek, qui fait entrer dans le cœur de l’homme de la rancune contre le prochain, et comment ? Par une fausse humilité de type « Hachem est-il parmi nous ». De cette façon, l’homme se refroidit dans son service de Hachem, et il se revêt du vêtement du Roi, car l’orgueil n’appartient qu’à Lui, et celui qui utilise le vêtement du Roi est passible de mort, ainsi qu’il est dit dans le Midrach (cité dans Ma’alot HaMidot, la cinquième mida, p. 122), si quelqu’un porte le manteau d’un roi humain, comment pourrait-il vivre ? A plus forte raison s’il s’agit du manteau du Roi des rois !

C’est ce qui est dit dans la Aggada (Pessikta DeRav Kahana 3, 1) : « Une fois qu’Il leur a donné tout ce qu’il leur fallait, ils se sont mis à se demander : « Hachem est-Il parmi nous ou non ? » Le Saint béni soit-Il leur a dit : Vous avez douté de Moi, par votre vie, Je vous ferai sentir Ma présence, le chien vient vous mordre ! De qui s’agit-il ? D’Amalek ! Ainsi qu’il est dit : Et Amalek vint. »

Le Saint béni soit-Il a dit (Chemot 17, 16) : « Car il y a une main sur le siège de Y-A-H, une guerre de Hachem contre Amalek de génération en génération. » Comme la Torah a écrit le Nom Y-A-H qui fait allusion à l’orgueil, comme on l’a dit, Amalek, qui est le mauvais penchant, s’efforce toujours de faire entrer l’orgueil sous forme d’humilité en l’homme, et c’est « Hachem est-Il parmi nous », c’est pourquoi la guerre contre Amalek est de génération en génération, car tant que la descendance d’Amalek n’a pas été effacée, tant que le Satan n’a pas été annihilé, il y a encore un danger que l’homme tombe dans le piège. C’est pourquoi Hachem lutte avec Amalek par le Nom de Y-A-H, qui est une allusion à l’orgueil, une chose correspondant à l’autre.

Par l’orgueil caché que le mauvais penchant essaie de faire entrer dans l’homme, il en vient à négliger la mitsva d’aimer son prochain comme soi-même, qui est comme on l’a dit la base de la Torah toute entière, car l’honneur envers soi-même prend toute la place à ses yeux.

 

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