La particularité du peuple d’Israël par rapport aux non-juifs

Il est écrit dans les livres saints que les meilleures années de la vie de Ya’akov ont été celles qu’il a vécues en Egypte avec ses enfants dans le pays de Gochen, dans la sérénité, alors qu’il étudiait la Torah en sainteté et pureté et qu’il vivait dans la richesse matérielle. Le midrach rapporte (Béréchit Rabba 79, 1) qu’il a vu six cent mille de ses descendants sans défaut, et ceci l’a empli de joie et de satisfaction pendant toutes ces années-là.

Or cela demande à être expliqué : comment est-il possible que justement en Egypte, pays d’impureté et d’abomination, Ya’akov, qui était le berger et le dirigeant d’Israël, ait pu être satisfait de la sainteté de ses enfants, rester serein et vivre bien malgré un entourage très négatif ?

La raison semble évidente et réside dans leur façon de vivre : Ya’akov et ses enfants étaient complètement détachés de l’impureté de l’Egypte. Ils n’entretenaient absolument aucun lien avec leurs voisins non-juifs et n’étaient confrontés à aucune tentation. Leur mode de vie en Egypte était identique à celui qu’ils avaient en Erets Israël. En effet, ils continuaient, même en Egypte, à fournir autant d’efforts pour la Torah, et avaient préservé leur sainteté, leur langue, leur style et leurs noms sans subir l’influence néfaste de ce pays.

Alors, leurs voisins égyptiens les ont laissés en paix, car ils restaient discrets, n’attiraient pas l’attention et ne briguaient pas les honneurs. En effet, ils menaient leur vie dans le calme et la sérénité tout en étudiant la Torah avec sainteté et pureté, et ceci procurait de la satisfaction à Ya’akov, dont le désir et le but était de se différencier des autres peuples, de rester réservé, de se sanctifier et de servir D. dans le calme, la joie, la discrétion et la sérénité.

La preuve en est que les Egyptiens ont commencé à se lasser des juifs lorsque ces derniers se sont mis à fréquenter leurs lieux de sortie comme les théâtres et les cirques. Mais tant qu’ils sont restés tranquillement dans leur territoire, ils ont mené une existence paisible.

Cette idée s’exprime par le fait que les parachiot Vayigach et Vaye’hi sont juxtaposées et « fermées » (c’est-à-dire non séparées par un alinéa.) A la fin de la parachat Vayigach, il est écrit « Israël s’établit (…) y crûrent et y multiplièrent prodigieusement », et ce passage est immédiatement suivi par une paracha « fermée ». Ceci nous enseigne que la condition fondamentale pour que les bnei Israël s’établissent dans l’aisance et la sérénité, comme il est mentionné à la fin de la parachat Vayigach, est une « paracha fermée », qui consiste à préserver notre vie propre sans y introduire l’atmosphère extérieure.

Si nous agissons ainsi, Hachem nous protègera et nous permettra de continuer à Le servir dans la tranquillité, la joie et le confort, d’un cœur entier et sans être perturbé par les nations du monde, à l’image de Ya’akov et de ses enfants qui se sont isolés en terre de Gochen pour accomplir la Torah dans la plus grande discrétion, avec sainteté et pureté.

Mais si les bnei Israël constatent soudain que les non-juifs ne leur veulent aucun mal et qu’il n’y a pas lieu de se méfier d’eux, ils voudront se rapprocher d’eux et aspireront à leur tranquillité et à leur sérénité. Et à ce moment-là, ils éveilleront leur colère et Hachem les rendra jaloux du peuple d’Israël, vigoureux et plein de succès. Ils chercheront alors à l’importuner, à le perturber, à le tourmenter et à le persécuter. Et même si les bnei Israël respectent la sainte Torah et se différencient d’eux dans tous leurs comportements, le simple fait de vouloir se rapprocher d’eux et leur plaire ne fera que les irriter et leur rappeler qu’il y a ici un peuple différent et séparé, qui est toutefois serein et plein de succès. Alors ils chercheront à l’importuner.

Dans le même ordre d’idées, il est écrit (Chemot 1, 7) « Or, les enfants d’Israël avaient augmenté, pullulé, étaient devenus prodigieusement nombreux et ils remplissaient le pays. » En d’autres termes, ils avaient commencé à quitter leur lieu d’habitation, à remplir la terre, à participer à la vie du pays d’Egypte et à essayer de fraterniser avec les habitants pour s’associer avec eux dans le travail ou la vie courante, tout en accomplissant la Torah et les mitsvot minutieusement.

Mais cela ne leur a servi à rien, et dès qu’ils se sont mêlés aux habitants du pays, « Un roi nouveau s’éleva sur l’Egypte (…). Il dit à son peuple : ‘‘Voyez, la population des enfants d’Israël surpasse et domine la nôtre. Eh bien ! Usons d’expédients contre elle.’’ » (Chemot 1, 10). Immédiatement, ils ont été l’objet de souffrances et d’esclavage de manière injustifiée, car les Egyptiens ont voulu les persécuter et les exterminer, pour empêcher que ce soient eux qui deviennent des prédateurs.

Cependant, quand le peuple d’Israël reste sur sa voie, se préoccupe uniquement de sa Torah et échappe au regard et à la colère des non-juifs, Hachem, dans Sa grande miséricorde, protège Son peuple qui fournit des efforts pour la Torah et qui écoute Sa voix. Ainsi, Il empêche les non-juifs de causer du tort à Son peuple et aide ce dernier à se cacher pour continuer à vivre en paix, dans le calme et la confiance.

En revanche, quand on n’écoute pas la voix du Créateur, qu’on part ouvertement se lier d’amitié avec eux et qu’on tente de s’intégrer à la vie du pays, on se présente aux yeux de ceux qui en veulent à la vie des juifs et le danger est extrêmement grand, même si l’on veille scrupuleusement à pratiquer les mitsvot.

Non seulement nous agissons à l’inverse de ce que nous devrions faire, mais plus encore, nous éveillons chez les peuples une grande colère ! Nos Sages ont rapporté (Tan’houma Toldot 5) l’histoire d’un empereur romain qui se promenait dans la rue avec Rabbi Yéhochoua ben ‘Hanania, quand ils ont rencontré un juif. Le roi a dit à Rabbi Yéhochoua : « Voici un agneau qui passe parmi soixante-dix loups, et pourtant personne ne l’attaque ! » et le Rav lui a répondu : « C’est le berger, c’est-à-dire Hachem, qui sauve la brebis des crocs des loups. »

Voici ce que cela signifie : lorsque l’empereur a vu le juif se rendre à son travail en passant par le marché, au milieu des non-juifs, sans que personne lui cause du tort, il a questionné Rabbi Yéhochoua avec étonnement : « Si la paix réside entre nous et que personne ne vous veut du mal, quel est le sens de votre bénédiction ‘‘qui ne m’a pas fait goï’’ ? Ce sont pourtant des gens bien et corrects ! Pourquoi alors mettre une si grande barrière entre nous ? »

Le Rav a répondu : « Si un goï ne cause pas de tort à un juif, c’est uniquement grâce à la miséricorde de D. qui ne cesse de nous protéger. En effet, il hait le juif de par son existence même qui appelle le monde à améliorer son comportement. Il aurait donc évidemment bien voulu le détruire et apaiser sa conscience, n’était le Berger qui nous protège, nous sauve et nous défend. »

 

 

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