Pour que tu racontes a ton fils

Dans les parachiot du début du livre de Chemot, Chemot, Vaera et Bo; dont les initiales forment le mot « Chouv », Moché demande à Paro encore (« chouv ») et encore qu’il libère les bnei Israël de l’esclavage, qu’il leur enlève le joug de l’Egypte, les travaux forcés auxquels ils sont assujettis. Ainsi, chapitre après chapitre, verset après verset, l’Ecriture est remplie de sujets de foi et de confiance en D., parfois explicites et parfois sous forme d’allusion, et petit à petit se dévoile à nos yeux l’histoire merveilleuse de la sortie d’Egypte, qui est l’une des fondations de notre foi dans le Créateur du monde.

Entre les lignes de cette histoire extraordinaire, et les plaies qui tombent les unes après les autres sur la tête de Paro et de son peuple, nous sommes également témoins de la discussion entre le Saint béni soit-Il et Paro, par l’intermédiaire de Moché et Aharon. Non seulement cela, mais la Torah nous expose aussi les méandres du cœur de Paro, avec toute la puissance de sa méchanceté. Le roi Chelomo, le plus sage de tous les hommes, a dit (Michlei 25, 3) : « Le cœur des rois est insondable », et les Sages ont expliqué dans le traité Chabbat (11, 1) : « Rabba bar Ma’hssia a dit au nom de Rav ‘Hama bar Gouria au nom de Rav : si toutes les mers étaient de l’encre et tous les lacs des plumes et le Ciel des parchemins et tous les hommes des écrivains, ils n’arriveraient pas à écrire la moindre chose de ce qui est arrivé ; Rav a dit : Tout comme les cieux en hauteur, la terre en profondeur, le cœur des rois est insondable. » Et Rachi explique dans le livre de Michlei : « Le cœur des rois est insondable – ils doivent juger, faire la guerre et faire attention à tout le monde, et même s’ils parlent toutes les langues et écrivent toutes les lois, cela ils ne peuvent pas l’écrire. » S’il en va ainsi de tout roi, à plus forte raison de Paro, qui régnait en Egypte et asservissait à cette époque la plupart des nations du monde, comme il est dit dans les livres. Il est évident que sa sagesse était grande, et malgré cela, il était totalement méchant, niait l’essentiel et faisait de lui-même un dieu.

Malgré la grande sagesse de Paro, le cœur des rois et des princes est dans les mains de Hachem, comme le dit le roi Chelomo dans Michlei (21, 1) : « Le cœur des rois est dans la main de Hachem, Il le dirige partout où Il veut », et le Saint béni soit-Il l’a empêché de se repentir, comme en témoigne l’Ecriture en disant : « Car j’ai endurci son cœur », et tout cela, « pour que tu racontes à ton fils et au fils de ton fils ce que J’ai accompli en Egypte et les signes que J’ai mis parmi eux, et vous saurez que Je suis Hachem. Dans ce verset, la Torah nous révèle que tout le but de l’endurcissement du cœur de Paro, toute l’exigence incessante de Moché : « renvoie Mon peuple et il Me servira », était pour augmenter la gloire du Ciel, pour que la foi dans le Créateur se renforce pour toutes les générations, « pour que tu racontes à ton fils… et vous saurez que je suis Hachem », c’est là le but.

A présent réfléchissons un peu. Un juif est en train d’étudier la paracha, il la lit deux fois dans le texte hébreu et une fois dans la traduction araméenne, mais ne s’arrête pas pour penser aux merveilles de la foi qui s’y révèlent. Peut-on vraiment dire qu’il a accompli la volonté du Créateur ?

Un juif est installé, il se rassemble avec toute sa famille, ses proches et ses amis pour fêter le Séder de Pessa’h, il boit les quatre coupes, mange la matsa, lit toute la Haggada, mais ne s’arrête pas un seul instant dans le déroulement des mitsvot qu’il doit accomplir pour réfléchir à ce qui découle de chaque miracle de la sortie d’Egypte, au fait qu’il y a quelqu’un qui dirige, qui crée tout, qui nous a envoyés en ce monde. Il ne réfléchit pas sur la foi un seul instant. Peut-on dire qu’il a accompli le projet des mitsvot de Pessa’h et du Séder ?

Il est bien clair que ces deux juifs, tout honorables qu’ils soient, et bien que méritant une récompense, n’ont pas réussi à exécuter la volonté du Créateur. En effet, l’essentiel leur manque. Certes, l’un a lu la paracha, certes, l’autre a raconté la Haggada, mais c’est comme un corps sans âme, car l’essentiel de ces parachiot, et de toute l’histoire de la sortie d’Egypte, est le renforcement de la foi. « Vous saurez que je suis Hachem. » C’est cela l’objectif, et quiconque ne l’a pas atteint a manqué le but, il a perdu la partie la plus importante, pour laquelle toute la sortie d’Egypte valait la peine, pour laquelle il y a eu dix plaies, et pour laquelle les bnei Israël ont attendu en Egypte tout ce temps-là : « Vous saurez que je suis Hachem. »

En effet, il est bien clair que D. aurait pu amener sur les Egyptiens un seul coup puissant qui les aurait vaincus, ils auraient alors accepté de libérer les bnei Israël. De plus, il est évident que s’Il n’avait pas endurci le cœur de Paro, il n’y aurait pas eu besoin des dix plaies, mais alors il n’y aurait pas eu non plus la possibilité de tirer le plus grand profit de la sortie d’Egypte et de son récit. C’est pourquoi D. a fait passer les Egyptiens, et Paro à leur tête, dans le creuset de la foi, une étape après l’autre, une plaie après l’autre. Chaque plaie avait son but, chaque plaie comportait son enseignement spécifique. D’abord détruire les idoles de l’Egypte, puis révéler le bras étendu, puis encore et encore, avec tout le mal que le Créateur S’est donné pour nous. Nous avons le devoir de tirer le plus grand parti de ces miracles, d’utiliser cette merveilleuse occasion que nous avons d’arriver à la foi et à la confiance en D. et de les enraciner à l’intérieur de notre cœur, pour qu’elles y germent, et nous poussent à l’amour du Créateur.

 

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