But de la Rédemption  La foi en Dieu et dans les Tsadikim

La Torah écrit que «lorsqu’Israël vit la main puissante que l’Eternel avait dirigée contre les Egyptiens, il crut en l’Eternel et en Moïse, Son serviteur» (Exode 14:31). Pourquoi la Torah ne se contente-t-elle pas de mentionner : «Le peuple crut en l’Eternel? Pourquoi a-t-elle ajouté: «et en Moïse Son serviteur»? Nous savons que tous les miracles accomplis en Egypte et sur la Mer Rouge, ont été l’œuvre exclusive de Dieu, en particulier la plaie des premiers nés. C’est ainsi qu’il est écrit: «Dieu nous a fait sortir d’Egypte, non par l’intermédiaire d’un ange, d’un séraphin ou d’un émissaire, mais le Saint, béni soit-Il, nous en a fait sortir Lui-même, dans toute Sa gloire» (Hagadah de Pessa’h). En outre, faisant fi de l’argumentation de l’ange d’Egypte, l’Eternel sépara la Mer Rouge afin que les enfants d’Israël croient en Lui... Pourquoi donc le nom de Moïse est-il mentionné, avec insistance même, dans le verset?

D’autre part, dans la section hebdomadaire précédente (Exode 12:2), l’Eternel dit à Moïse et Aharon: «Ce mois-ci sera pour vous le commencement des mois.» Pourquoi cette appellation? Parce que ce fut la première mitsvah imposée aux enfants d’Israël (Yalkout Chimoni, Genèse 187).

Enfin, comme on l’a vu, l’Eternel donna aux enfants d’Israël deux mitsvoth supplémentaires, le sang de la circoncision et celui du sacrifice de Pessa’h, afin qu’ils méritent la Rédemption. Nous avons vu que les enfants d’Israël étaient stricts dans l’observance des principes de base (ne changeant ni de nom, ni de vêtement ni de langage, et gardant leur pureté). Cela ne suffisait-il pas pour mériter la délivrance, et fallait-il ajouter encore deux mitsvoth?

En fait, ce qui compte, ce n’est pas tellement l’acte lui-même, mais les intentions profondes qui le motivent. On peut par exemple prier trois fois par jour, sans ressentir la présence du Saint, béni soit-Il, dans la synagogue (cf. Bérakhoth 8a; Zohar I, 105a)  et sans se concentrer sur les mots de la prière... Car on sait que les forces du mal se nourrissent d’une prière récitée sans kavanah. Voici ce qu’écrit à cet effet un des rabbins du Maroc dans son ouvrage Séfath Emeth: «Après la destruction du Temple, nos Sages ont décidé de remplacer les sacrifices par les prières (Bérakhoth 26a; Zohar II, 20b). Quand les Juifs récitent avec ferveur et sincérité leurs prières en public, les anges s’en délectent, et un flux d’abondance descend directement du Ciel. Les anges ne portent pas préjudice et ne se nourrissent pas d’un flux d’abondance (chéfa’) qui vient d’En-Haut vers le monde, car ils sont déjà «rassasiés.» En revanche, lorsque les prières ne sont pas dites en public, ou avec assez d’enthousiasme et de concentration, elles sont livrées aux chiens, c’est-à-dire aux forces du mal (Tikouné Zohar, Tikoun 18:33b; 21:45a). Et quand le chéfa’ vient, les anges affamés s’en emparent avec délices et ne laissent au peuple d’Israël que les restes. On a même vu des gens accomplir des mitsvoth sans qu’on puisse déceler chez eux quelque changement.»

Tout cela dérive d’un manque de foi en Dieu, sans laquelle on ne peut ni étudier la Torah, ni accomplir les mitsvoth. Il est essentiel de croire en l’existence de Dieu, d’être fermement convaincu qu’Il veille sur chacun de nous individuellement, et que tout provient de Lui, comme il est écrit: «Tout vient de Toi, et nous recevons de Ta main ce que nous T’offrons» (Chroniques I, 29:14).

C’est ce qui arriva aux enfants d’Israël en Egypte. Ils y ont certes observé d’importantes mitsvoth, comme on l’a vu, mais ils ont dramatiquement régressé et ont failli franchir la cinquantième porte de l’impureté par manque de foi. Ils adoraient les idoles (malgré eux d’ailleurs) (Chémoth Rabah 16:2) et médisaient de leur prochain (Chémoth Rabah 1:30)  péché qui équivaut aux trois transgressions les plus graves (Erkhine 15b). A la sortie d’Egypte, ils furent accompagnés par des magiciens qui se servaient de noms impurs (Tan’houma, Chémoth 19; Rachi id. 32:4). Ils croyaient certes en l’Eternel et en Moïse Son serviteur, mais leur foi était douteuse  ce qui équivaut à l’idolâtrie. Ils ignoraient totalement comment et pourquoi ils devaient observer toutes les mitsvoth de Hachem... N’empêche que les rares préceptes qu’ils observèrent les préservèrent de l’extermination totale, à Dieu ne plaise. Délivrés de l’asservissement, par des miracles et des prodiges, les enfants d’Israël finirent par reconnaître le Roi des Rois, et leur foi fut totale.

Toutes les mitsvoth sont donc subordonnées à une foi inébranlable en Dieu et conduisent à la foi... Si l’Eternel a ordonné aux enfants d’Israël de veiller à la sanctification du premier mois, c’est pour leur montrer qu’Il est le Roi de l’univers, qui modifie les temps et change les moments. S’Il leur a ordonné d’attacher l’agneau  symbole de l’idolâtrie en Egypte  de l’examiner pendant quatre jours, et de l’égorger le quatorzième jour du mois, en face des Egyptiens

(Pessa’him 97a; Mekhilta Bo), c’est pour leur montrer que ce n’est qu’un animal, sans aucune trace d’intelligence ni de puissance. Son sacrifice engendra l’élimination des forces du mal et la révélation de la lumière de la foi. Tous les incirconcis des enfants d’Israël se firent circoncire; les liens entre les enfants d’Israël et l’Eternel se raffermirent par le «mélange» du sang de la circoncision et du sacrifice de Pessa’h (cf. Ezéchiel 16:6). Grâce à cette foi renouvelée, ils corrigèrent pendant quarante-neuf jours, les quarante-neuf traits d’impureté dont ils s’étaient souillés. Et enfin, s’ils durent quitter l’Egypte en toute hâte, c’est essentiellement pour ne pas souiller leur vue, car, nous l’avons vu, l’Egypte était un centre d’impureté (Chémoth Rabah 1:22).

La question reste cependant posée: Pourquoi à la sortie d’Egypte, en dépit de toutes les mitsvoth  en particulier l’observance du Chabath qui équivaut à toutes les mitsvoth  les enfants d’Israël ne se sont-ils pas purifiés de leur impureté, et ont- ils presque atteint le cinquantième degré d’impureté?

En fait, les enfants d’Israël étaient purs: Dieu les avait pourvus d’un esprit de sainteté, et ils virent toutes les sphères célestes lors du passage de la Mer Rouge. Même les servantes et les bébés désignèrent le Saint, béni soit-Il (Sotah 11b) et entonnèrent un cantique en l’honneur de l’Eternel (Chémoth Rabah 23:2), virent l’Egyptien (l’ange de Dieu) gisant au bord de la mer (id. 21:5). Ils furent vraiment sanctifiés et furent promus immédiatement au titre de «génération de la connaissance» (Vayikra Rabah 9:1; Bamidbar Rabah 19:3), qui reconnut son Créateur. Mais pour accéder au niveau de: «Nous ferons, puis nous écouterons», et de se soumettre à la Torah, «ils se placèrent au bas de la montagne» (Exode 19:17), c’est-à-dire qu’ils ne reçurent pas la Torah comme cadeau, mais peinèrent pendant quarante-neuf jours supplémentaires pour se purifier de leur souillure grâce à la lumière spirituelle que Dieu leur envoya le jour de la sortie d’Egypte.

L’auteur du Maguen Avraham écrit à cet effet: «La lumière radieuse, que l’Eternel fit descendre de la cinquantième porte de la Connaissance pour faire sortir d’Egypte les enfants d’Israël, disparut, car elle avait été donnée gratuitement, sans rapport avec leurs actions. Les enfants d’Israël durent par conséquent compter quarante-neuf jours pour purifier les sept attributs... Car l’homme doit emprunter le chemin de la droiture et s’élever des niveaux terrestres aux niveaux célestes.»

Cela ressemble à l’histoire d’un esclave du roi capturé et torturé par ses ennemis. Libéré, il se présenta devant son maître, les vêtements couverts de saleté et dégageant une odeur nauséabonde. Or le roi lui sourit, lui donna de nouveaux vêtements, du parfum, et lui montra même les trésors qu’il avait gardés pour lui. Après quoi, il lui dit: «Débarrasse-toi de tes vêtements souillés et habille-toi. Tu viendras alors prendre possession des trésors.»

C’est ce que fit l’Eternel aux enfants d’Israël. Ils étaient certes plongés dans l’impureté, mais comme ils revinrent à Lui, Lui entonnèrent une chirah, un cantique, vaét’hanane, L’invoquèrent et Le supplièrent de tout cœur (remarquons la similitude des valeurs numériques de chirah et vaét’hanane), Il les aida à se purifier et leur ouvrit toutes grandes les portes de la trésorerie. Ils atteignirent les quarante-neuf portes de la Connaissance et étaient prêts à recevoir la Torah.

Craignant cependant qu’en cessant d’accomplir des miracles en faveur des enfants d’Israël, Il provoquerait chez eux un déclin de la foi, l’Eternel leur envoya un Tsadik, Moché Rabénou, afin qu’ils se rendent compte que tout vient de Lui et que le Tsadik ne perd jamais foi en l’Eternel, quelles que soient ses souffrances, qu’il accepte avec amour. Ainsi les enfants d’Israël auraient à cœur d’imiter Moché Rabénou et de le consulter. Le Talmud (Bava Bathra 116a) enseigne à cet effet que si on a un malade chez soi, on doit consulter un Sage. Comment les enfants d’Israël purent-ils donc croire en Dieu et s’attacher à Lui? Par l’intermédiaire du Tsadik.

On peut aussi concevoir que les enfants d’Israël croyaient en même temps en Dieu et en Moïse, Son serviteur, et qu’en dépit de tous les miracles accomplis, Moïse restait l’esclave soumis du Dieu Unique, omnipotent et omniprésent. Moïse n’avait en son cœur aucun orgueil. Faisant preuve de l’humilité la plus totale, il acceptait avec amour tout ce qui vient de Dieu (cf. Nédarim 38a). D’ailleurs, Dieu Lui-même témoigne de sa fidélité: «C’est le plus dévoué de toute Ma maison» (Nombres 12:7). Les enfants d’Israël crurent donc en Dieu et en Moïse Son serviteur.

On peut aussi concevoir que les enfants d’Israël avaient une foi totale et inébranlable en Dieu, Qui leur montra tant de miracles à l’occasion des dix plaies, mais qu’envers Moïse, ils restaient plus sceptiques. Cependant, lors de la plaie des premiers-nés, quand ils virent Pharaon courir en pleine nuit vers Moïse et Aharon (Mekhilta, Chémoth 33; Rachi id. 12:31) et leur demander de prier en sa faveur, et les faire sortir au plus vite d’Egypte, lorsqu’ils virent avec quelle ardeur Moïse priait pour eux lors du passage de la Mer Rouge, leur foi en lui s’accrût considérablement: les enfants d’Israël comprirent que l’Eternel exauce la prière sincère des Justes... Ils crurent donc en Dieu et aux Tsadikim, ses esclaves fidèles.

On peut considérer que Dieu partage Sa gloire et Son honneur avec le Tsadik qui suit Ses voies et recherche l’humilité plutôt que la gloire. C’est ainsi que lorsque les enfants d’Israël furent pénétrés d’une foi immense en Dieu, l’Eternel partagea Son honneur avec Moïse. Lorsque, conformément à la prescription divine, Moïse accomplit des miracles aux yeux de tout le peuple, la foi des enfants d’Israël se renforça considérablement. Il en est ainsi de tous les Tsadikim, dont nous sommes fiers d’imiter les vertus, en particulier celle de s’effacer complètement devant le Saint, béni soit-Il, et de Le servir de tout son cœur... Moïse continua cependant à se comporter comme le plus humble des esclaves.

C’est ce que nous voyons dans l’épisode du passage de la Mer Rouge. Pourquoi les enfants d’Israël qui allaient recevoir la Torah et savaient que la route était libre, ne plongèrent-ils pas dans la mer comme Na’hchon, fils d’Aminadav? Parce qu’ils n’en avaient pas reçu l’ordre de Moïse, qui ne voulait prendre aucune initiative sans l’approbation divine.

Moïse voulait ainsi leur montrer que dans toutes les circonstances de la vie, on ne doit rien faire sans le consentement de Dieu. Le miracle était certes assuré, mais Moïse agit de la sorte pour exalter la gloire de Dieu et montrer que lui, n’était qu’un humble esclave auprès de son Maître. Les enfants d’Israël crurent alors en l’Eternel et en Moïse Son serviteur. Grâce à leur foi, ils suivirent l’Eternel dans le désert, sur une terre inculte, avant même de recevoir la Torah.

 

La vertu de la foi
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La mer vit et recula... par le mérite de Joseph

 

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