Sachons nous contenter de peu  Servons Dieu avec foi

Commentant le verset: «Moïse fit partir Israël de la Mer Rouge. Ils prirent la direction du désert de Chour» (Exode 15:22), Rachi cite le Midrach: Il les fit partir contre leur gré, parce que les Egyptiens avaient orné leurs chevaux d’or, d’argent, de joyaux et de pierres précieuses, que les enfants d’Israël ramassèrent sur le rivage. Le butin trouvé sur la mer était plus important que celui qu’ils amassèrent en Egypte (Tan’houma Bo, 8), comme il est écrit dans le Cantique des Cantiques (1:11).

Pourquoi donc Moïse agit-il de la sorte? Pourquoi ne laissa-t-il pas les enfants d’Israël prendre dans la mer autant d’argent et d’or qu’ils voulaient? Ils ne faisaient en somme que se conformer à un précepte divin explicite, comme il est écrit: «et les enfants d’Israël dépouillèrent l’Egypte» (Exode 12:36)... N’était-ce pas dommage pour tous ces trésors qui leur auraient permis d’accomplir des mitsvoth et des bonnes actions?

C’est que Moïse voulait apprendre aux enfants d’Israël à se contenter de peu, à ne pas se laisser séduire par l’argent et l’or, même acquis honnêtement. Le Midrach (Bamidbar Rabah 13:19) rapporte que les enfants d’Israël s’enrichirent considérablement du butin d’Egypte, et en avaient largement assez pour l’accomplissement de mitsvoth et pour la construction du sanctuaire et du Temple... Au lieu de continuer à en amasser, ils auraient donc dû se préparer à recevoir la Torah, but exclusif de leur sortie d’Egypte... Ils ont appris que celui qui ne se contente pas de son sort, ne pourra jamais s’engager sérieusement dans l’étude de la Torah. Car «celui qui en a cent en désire deux cents» (Kohéleth Rabah 1:34)...

Les enfants d’Israël étaient en ascension constante, ils démolissaient chaque jour une porte d’impureté et franchissaient une porte de sainteté. Ils se purifiaient le corps et l’âme pour mieux servir Dieu. Et voilà que soudain la Torah proclame que leurs mains (allusion à l’étude de la Torah) s’étant relâchées, Amalek est venu les attaquer.

Comme nous l’avons dit, ils étaient pourvus d’esprit divin, de sagesse et d’intelligence, mais l’or et l’argent qu’ils ont amassés en Egypte les a quelque peu troublés. Leur avidité témoignait d’un certain manque de confiance en Dieu: c’est ce défaut qui affaiblit leur étude de la Torah.

Aussi Moïse dut-il les faire sortir en toute hâte d’Egypte: c’est que l’abondance de possessions est susceptible de conduire au péché (cf. Bérakhoth 32a)... Les soucis financiers constants des enfants d’Israël affaiblissaient de plus en plus leur étude de la Torah; ils regrettaient de n’en avoir pas pris davantage au bord de la Mer Rouge; ils se demandaient comment investir leur argent en terre de Canaan. Cet argent était essentiellement destiné à leur servir après la réception de la Torah, mais comme ils y pensaient trop, au lieu de s’engager dans l’étude de la Torah, on peut dire qu’eu égard à leur grand niveau, ils ont fauté pour ne pas avoir réussi à maîtriser leurs instincts matériels.

Moïse a donc dû les faire sortir d’Egypte contre leur gré. S’il les avait laissés sur le rivage de la mer un jour de plus, ils n’auraient pas été prêts à recevoir la Torah le cinquantième jour, c’est-à-dire le jour fixé par l’Eternel, le 6 Sivan.

Sortis d’Egypte, les enfants d’Israël n’en continuèrent pas moins à penser à l’argent qu’ils y avaient laissé... C’est pourquoi Dieu leur envoya Amalek pour leur montrer le prix qu’on paie pour la négligence de l’étude de la Torah. Les enfants d’Israël comprirent la leçon: ils se repentirent, livrèrent bataille à leur grand ennemi, et même triomphèrent de lui, comme il est écrit: «Et Josué affaiblit et vainquit Amalek et son peuple au tranchant de l’épée» (Exode 17:13). L’Eternel dit alors à Moïse: «Ecris cela dans le livre» (id. 14) pour indiquer qu’«il y aura guerre de l’Eternel contre Amalek, de génération en génération» (id. 16)... Il convient par conséquent de prendre conscience du fait que c’est l’annulation de l’étude de la Torah qui engendre les maladies et les guerres (cf. Bérakhoth 33b) et la mort des enfants (Kalah) et la guerre livrée par Amalek.

Chacun d’entre nous doit donc s’efforcer de lutter contre le mauvais penchant, qui ne cherche qu’à nous éloigner de la Torah.

D’après les commentateurs, c’est parce que les Juifs n’«observaient pas les lois du roi» (Esther 38), c’est-à-dire n’étudiaient pas la Torah, que Haman, descendant d’Amalek, voulut les exterminer. Esther dit alors à Mordekhaï: «Va rassembler tous les Juifs» (id. 4:16), c’est-à-dire, va étudier la Torah  qui ne s’acquiert qu’en groupe  et prie avec eux (Bérakhoth 63b). Mordekhaï le Juste, assembla donc les enfants dans les synagogues, et leur prières et leur Torah annulèrent la sentence du mécréant (Yalkout Chimoni, Esther 1057). Le Midrach (Esther Rabah 9:5), rapporte que la voix des enfants s’éleva dans le Ciel, et que cette nuit le Roi ne put dormir (id. 6:1); le sommeil fuit le Maître de l’univers (Yalkout Chimoni, id.) pour qu’Il aide Ses enfants et les libère.

Il convient par conséquent de se contenter de ce qu’on a. Ne croyons pas que l’abondance d’argent et d’or nous aidera à accomplir de nombreuses mitsvoth et bonnes actions. C’est l’œuvre du Satan qui ne vise qu’à nous assaillir de soucis et de difficultés, et à nous éloigner de la Torah... C’est cette abondance de richesses qui conduisit les enfants d’Israël au péché du veau d’or. Le temps consacré aux affaires matérielles, au lieu de se préoccuper uniquement, durant les quarante-neuf jours du ’Omer, de sortir des quarante-neuf degrés d’impureté, porta atteinte à leur préparation à recevoir la Torah, ce qui les entraîna au péché du veau d’or... Celui qui succombe à la cupidité souille sa foi en Dieu. C’est Lui qui en fin de compte «t’ouvre la main et rassasie avec bienveillance tout être vivant» (Psaumes 145:16).

Dieu prescrit aux enfants d’Israël de recueillir la manne, «chacun selon ses besoins: un ’omer par tête. Autant chacun a de personnes dans sa tente, autant vous en prendrez» (Exode 16:16). Pourquoi? Pourrait-on se demander... Qu’arrivera-t-il si on en prend davantage?

C’est l’auteur de Messilath Yécharim (chap.1) qui nous fournit la réponse. Ce que nous ont enseigné nos sages, c’est que l’homme n’a été créé que pour se délecter de Dieu et jouir pleinement de la Gloire de Sa Chékhinah: c’est là le plaisir authentique... Ce raffinement, on le trouvera dans le monde futur qui a été en fait destiné à ce but. On ne peut arriver au port désiré dans ce monde qui «n’est que le vestibule du monde futur» (Pirké Avoth 4:21). Mais ce n’est que dans ce monde que l’homme ressent l’élévation de son âme et l’existence de l’Eternel en tout lieu, comme il est écrit: «Toute la terre est remplie de Sa majesté» (Isaïe 6:3).

L’abondance de fortune n’a jamais spirituellement élevé l’homme, qui doit être fermement convaincu que même des revenus faibles peuvent être source de bénédiction.

Mais le mauvais penchant trompe l’homme: «Mange beaucoup, lui dit-il, tu pourras ainsi mieux servir Dieu.» Il n’y a rien de plus faux, car même si on mange peu, on peut voir son corps béni (cf. Torath Cohanim, Bé’houkotaï 24:5). Ceux des enfants d’Israël qui avaient gardé de la manne pour le lendemain, montraient leur manque de confiance en Dieu. Résultat: «leur provision fourmilla de vers et se gâta» (Exode 16:20).

Craignant de perdre un ami fidèle, le mauvais penchant cherche par tous les moyens celui qui veut reprendre le bon chemin, après s’être «rassasié» de plaisirs matériels... L’homme doit par conséquent s’en éloigner au maximum, et rester constamment lié à Dieu, en temps de bonheur, comme en temps de malheur, à Dieu ne plaise... C’est ainsi qu’on ressent les vrais plaisirs de ce monde qui conduisent à ceux, sublimes, du monde futur.

Sachons cependant qu’on n’accède pas directement, mais graduellement à ces plaisirs: celui qui veut tout, laisse tout, dit le proverbe. C’est ainsi que du fait qu’il aspirait sans cesse à la grandeur, Yo’hanan, le grand prêtre, devint Saducéen après quatre-vingts ans de prêtrise

(Bérakhoth 29a; Tan’houma, Béchala’h 3). C’est ce qui arriva également à Elicha’(A’her, «l’Autre», le maître de Rabbi Méir). Entré au Pardes, il «coupa les plants» et se pervertit parce qu’il voulait accéder directement à des niveaux sublimes (’Haguigah 14b). Celui dont l’ascension est lente, graduelle, contrôlée et visant seulement à se rapprocher de Dieu, se fait aider par Lui. Les enfants d’Israël n’accédèrent au niveau de «génération de la connaissance», que parce qu’ils corrigèrent leurs mauvais traits régulièrement, jour après jour, pendant quarante-neuf jours.

 

On peut mériter le monde futur en un instant
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