L’abondance (chéfa’) provient de nos trois pasteurs

Le Talmud (Ta’anith 9a) enseigne que trois beaux présents ont été donnés aux enfants d’Israël par le mérite des trois dirigeants: la manne par le mérite de Moïse, la nuée de gloire par celui de Aharon, et le puits par celui de Miriam.

On peut se demander si ces trois cadeaux ne pouvaient pas être donnés par le mérite des enfants d’Israël eux-mêmes (nous savons qu’il y avait de grands Tsadikim parmi eux), d’autant que l’Eternel a explicitement parlé de ce mérite à Moïse, comme le rapporte le Talmud (Bérakhoth 32a).

C’est qu’à notre avis, Dieu n’a pas voulu que ces trois éléments indispensables à la vie des enfants d’Israël dans le désert, relèvent de leur mérite personnel, car si jamais les enfants d’Israël irritaient l’Eternel, Il aurait fait disparaître la manne, les nuées de gloire et le puits; ils seraient morts de faim et de soif, ou auraient été dévorés par les bêtes sauvages. Aussi les livra-t-Il entre les mains respectives de Moïse, Aharon, et Miriam qui ne pouvaient en aucun cas enflammer Son courroux. Et si jamais Il se mettait en colère contre les enfants d’Israël, ces trois éléments auraient subsisté par le mérite de ces trois dirigeants, contre lesquels Il ne se mettrait jamais en colère.

La question reste cependant posée: pourquoi la manne tombait-elle précisément grâce à Moïse, les nuées de gloire par le mérite d’Aharon, et le puits par celui de Miriam? Ne pourrait-on pas concevoir une division différente des rôles?

La manne descendit précisément par le mérite de Moïse, car Moïse était le maître incontesté des enfants d’Israël, c’est lui qui leur a appris la Torah, comme il est écrit: «Souvenez-vous de la Loi de Moïse, Mon serviteur» (Malachie 3:22), et c’est grâce à la Torah qu’ils sont arrivés à connaître Dieu et ont accédé aux niveaux les plus élevés. C’est grâce à lui qu’ils ont «senti et vu combien l’Eternel est bon» (Psaumes 34:9). C’est cette Torah, qu’il a insufflée en eux, qui leur a fait connaître la vérité (cf. Talmud Yérouchalmi, Roch Hachanah, 3:5). C’est par conséquent par le mérite de Moïse, que la manne, qui était une nourriture céleste spirituelle, descendit chez les enfants d’Israël pour blanchir leurs péchés, et leur faire mieux comprendre les paroles de Torah et ses enseignements.

Nous savons en outre que la manne ressemble à la Torah: une fois que l’homme s’en imprègne, elle fait partie intégrale de son être et n’en sort jamais, s’il a du mérite (cf. Yoma 75b). La Torah a été donnée au bout de quarante jours, au cours desquels Moïse resta dans le ciel, et la manne a été consommée pendant quarante ans. De plus, tout comme il est interdit d’en ramasser plus que ses besoins, comme il est dit: «N’en laissez pas jusqu’au matin» (Exode 16:19), selon la prescription de Moïse, il est interdit d’ajouter à la Torah (cf. Deutéronome 13:).

La Torah prescrit à l’homme de se reposer le Chabath, la manne ne descendait pas ce jour-là, comme il est écrit: «mais le septième jour... il n’y en aura point» (Exode 16:26). Enfin, si on peut interpréter la Torah de soixante-dix façons (Bamidbar Rabah 13:15), il y avait quarante-neuf aspects de pureté et quarante-neuf d’impureté de la manne (Chir Hachirim Rabah 2:13)... Si par conséquent Moïse a fait descendre la Torah du Sinaï, c’est par son mérite que la manne est parvenue aux enfants d’Israël.

Aharon aimait la paix, et la recherchait sans cesse (Pirké Avoth I, 12), et quand il y avait des controverses entre deux Juifs, il allait successivement chez l’un et chez l’autre pour leur dire que chacun d’entre eux cherchait à se concilier avec l’autre (Avoth de Rabbi Nathan 12:3). Il ne les quittait que lorsqu’il les voyait se serrer cordialement la main. C’est également le rôle des nuées de gloire, lorsque l’Eternel désire par exemple faire tomber la pluie bienfaisante sur le pays, il se trouve parfois des accusateurs célestes qui s’y opposent, sous prétexte que le monde d’en bas ne le mérite pas: les nuées alors s’interposent entre le ciel et la terre et font régner la paix entre les deux, et lorsqu’il y a la paix, Dieu envoie l’abondance et la pluie peut tomber.

D’ailleurs les dernières lettres de ’ananéY kavoD forment YaD (la main qu’on se serre pour se réconcilier). Ces nuées portent le nom de nuées de gloire (ou d’honneur), parce que seul un homme honorable, distingué, est en mesure de faire régner la paix entre des rivaux. C’est donc grâce à Aharon que les nuées de gloire protégeaient les enfants d’Israël, et faisaient régner la paix entre eux.

Lorsque sa mère, Yokheved, mit le berceau où se trouvait Moïse dans le fleuve, Miriam «se tint à distance pour observer ce qu’il lui arriverait» (Exode 2:4). Avec un dévouement exemplaire, elle veillait au Rédempteur d’Israël (Chémoth Rabah 1:18), qui devait leur donner la Torah, qui est comparée à l’eau, grâce à laquelle ils assouviraient leur soif, comme il est écrit: «Vous tous qui avez soif, venez aux eaux» (Isaïe 55:1), et seraient épargnés de tout mal. D’autre part, le terme béer (puits), a la même valeur numérique (303) que guer (prosélyte): c’est grâce à Miriam que Bathyah, fille de Pharaon, alla se tremper dans le fleuve pour se purifier des idoles de son père, et embrassa plus tard la religion juive... C’est aussi grâce à elle, que Moïse ne se nourrit qu’au sein de sa mère, et non à celui des Egyptiennes (Sotah 12b), et devint le dirigeant incontesté de sa génération, et le père de tous les prophètes. C’est enfin grâce à Miriam qu’elle suivit les enfants d’Israël à leur sortie d’Egypte, et porta désormais le nom de Bath Yah (la fille de Dieu). C’est donc parce qu’elle a personnellement veillé sur Moïse et Bathyah, fille de Pharaon, qu’elle eut le mérite d’octroyer le puits aux enfants d’Israël.

Miriam, la prophétesse, raffermit la foi de Bathyah en Dieu, et celui qui boit des eaux de son puits, c’est-à-dire de la Torah, trouve la guérison et se rapproche de Dieu... Moïse, Aharon, et Miriam, n’influencèrent de leurs vertus les enfants d’Israël que de leur vivant. Leur mort entraîna la disparition des présents qui n’existaient que par leur mérite.

 

La vertu de la manne: faire connaître Dieu
Table de matière
Qu’arrive-t-il si on s’abstient d’étudier la Torah

 

Hevrat Pinto • 32, rue du Plateau 75019 Paris - FRANCE • Tél. : +331 42 08 25 40 • Fax : +331 42 06 00 33 • © 2015 • Webmaster : Hanania Soussan