La sortie d’Egypte prépare la réception de la Torah

A leur sortie d’Egypte, les enfants d’Israël ont dû franchir de nombreuses étapes, entreprendre de longs préparatifs avant de recevoir la Torah du Sinaï.

1) Pourquoi n’est-ce qu’«à la troisième néoménie depuis leur départ du pays d’Egypte» (Exode 19) qu’ils reçurent la Torah? Pourquoi durent-ils attendre cinquante jours pour se purifier de toutes les impuretés d’Egypte? Alors qu’autre part il est écrit que même la servante la plus humble vit sur la Mer Rouge (dès la sortie d’Egypte) ce que n’a pas vu Yé’hezkel ben Bouzi (comment étaient-ils arrivés, malgré leur impureté, à de si hauts degrés de perception?) (Mekhilta, Béchala’h 2).

2) Comment expliquer le fait qu’en dépit de leur consommation de la manne, de leur croyance en Dieu et en Moïse Son serviteur, les Israélites étaient sur le point de franchir le seuil de la cinquantième porte de l’impureté? On ne peut concevoir que quelqu’un qui croit en Dieu et aux Tsadikim, puisse en arriver là.

C’est qu’avant d’accomplir toute action, on doit faire de longs préparatifs. Nous allons voir que même les enfants d’Israël ont agi de la sorte avant de recevoir la Torah, délice de Dieu, de Ses propres mains.

Comme nous l’avons vu à plusieurs reprises, les enfants d’Israël étaient de grands Tsadikim. Malgré les décrets du Pharaon notamment, ils continuèrent à croire en Dieu et à se dévouer corps et âme à Son service (ils ne changèrent ni de vêtements, ni de langue, ni de nom, et c’est à cause des femmes justes qu’ils furent sauvés). L’Eternel à son tour accomplit de grands miracles en leur faveur: c’est ainsi que leurs enfants étaient enfouis dans la terre et étaient nourris de miel et de lait par les anges. Ils grandirent et retournèrent ensuite sains et saufs chez leurs parents qu’ils reconnurent tout de suite (Sotah 11b; Chémoth Rabah 1:16).

Les Israélites attendaient cependant sans relâche le rédempteur qui devait prononcer les mots: «Souvenu, Je me suis souvenu.» Et dès que Moïse les prononça, «le peuple s’inclina et tous se prosternèrent» (Exode 12:27). Ils n’avaient pas hésité à lier l’agneau, idole des Egyptiens, sous leurs yeux, pour le sacrifice de Pessa’h. En contrepartie l’Eternel fit taire les Egyptiens, qui se contentèrent de montrer leur courroux. Sortis d’Egypte, les Israélites ne se munirent pas de provisions tant ils avaient confiance en l’Eternel. On peut encore citer de très nombreux exemples.

Il leur fallut cependant quarante-neuf jours de préparatifs, avant de recevoir la Torah. Car s’il est relativement facile d’accomplir des mitsvoth même de façon désintéressée, de croire en Dieu et se dévouer pour Lui, mais il est beaucoup plus difficile de s’engager activement dans l’étude de la Torah.

Nous avons constaté personnellement combien les gens sont prêts à aider nos Yéchivoth, mais quand nous leur demandons de venir étudier avec nous, ils font preuve de la plus grande réserve. C’est une épreuve trop ardue pour eux de passer une journée à l’étude de la Torah. Or, nous l’avons vu, l’homme est tenu d’étudier quotidiennement la Torah (Rambam, Talmud Torah 1:8). Il faut que «tous ses membres disent: «Tomarnah: O mon Dieu, qui est semblable à Toi?» Dans le mot TOMaRNaH, on retrouve le mot TORaH qui doit être étudiée par tous les membres de l’homme, intensivement, ainsi que AMeN, dont les premières lettres forment El Melekh Nééman, Roi Dieu fidèle (Zohar III, 285b; Chabath 119b); il faut donc se fier constamment à Dieu et étudier la Torah de Moché.

C’est une œuvre vraiment difficile qui demande une persévérance et un dévouement inégalables. Celui qui y réussit en fin de compte après beaucoup de peine, acquiert des vertus et loue le Ciel en disant: «Qui est parmi les Grands, comme Toi, ô Eternel» (Exode 15:11); «Que Tes œuvres sont grandes, ô Seigneur!» (Psaumes 104:24). Car sans la Torah, il est impossible de concevoir Ses œuvres, de venir (lékhou) les contempler (cf. id. 46:9) et de corriger ses défauts. Il faut aller vers la Torah, c’est-à-dire peiner et se dévouer pour elle. «Aller (télekhou) selon Mes lois» (Lévitique 26:3; Torath Cohanim), consiste à s’engager assidûment à l’étude de la Torah.

Déjà, à leur sortie d’Egypte, les enfants d’Israël avaient accédé à de hauts niveaux spirituels: ils étaient déjà équipés (’hamouchim), pour la réception de la Torah et s’étaient déjà sérieusement purifiés. Cela néanmoins ne leur suffit pas à s’imprégner de la lumière divine: il leur fallait étudier la Torah, sans laquelle il leur était impossible d’accomplir les mitsvoth et d’effacer toutes les impuretés dont ils s’étaient souillés en Egypte... Car, enseigne le Talmud, grand est le mérite de l’étude qui conduit vers l’action (Kidouchine 40b; Bava Kama 17a).

La question reste cependant posée: d’une part, les enfants d’Israël avaient réussi à regrouper la plupart des étincelles de sainteté qui avaient été dispersées par suite du péché d’Adam, de l’autre, ils étaient impurs et mécréants. Comment peut-on concevoir cet état de fait?

C’est que toutes leurs impuretés étaient engendrées par les pressions des Egyptiens, qui les obligeaient à adorer des idoles. Les Israélites ne l’ont pas fait de leur propre gré: l’Eternel qui sonde les cœurs le savait bien... Toujours est-il qu’à leur sortie d’Egypte, ils devaient se préparer à la seconde étape en vue de recevoir la Torah, l’élimination des mauvais traits qu’ils avaient hérités malgré eux des Egyptiens; car comme on le sait, l’habitude est une seconde nature. En fait, combien grand est le mérite de la téchouvah qui atteint le Trône Céleste (Yoma 86b)... Car elle aide à combattre le mauvais penchant qui s’efforce de plonger l’homme dans la routine des fautes et des passions.

En éliminant les quarante-huit mauvais traits, on purifie son esprit, son cerveau (moa’h, valeur numérique 48), et on s’élève aux quarante-huit vertus qui permettent d’acquérir la Torah (Avoth 6:6). L’esprit dégagé de toute impureté, on peut alors s’engager assidûment dans l’étude de la Torah d’une façon désintéressée. Sans la Torah, l’homme le plus pieux et le plus vertueux est susceptible de sombrer au plus profond de l’enfer. Son mauvais penchant est constamment en éveil et, comme nous l’a enseigné le Rambam, les pensées licencieuses ne se fixent que dans un cœur dépourvu de sagesse (Hilkhoth Issouré Biah, 22:21)... L’Eternel aide cependant quiconque manifeste le désir de se corriger. Par le combat qu’ils livrèrent à Amalek à Réfidim, c’est-à-dire au mauvais penchant, les enfants d’Israël ont réussi à remonter du concept de Réfidim (le fait de ne pas étudier la Torah), et à s’attacher à Lui.

Nous pouvons maintenant comprendre pourquoi alors que Jérusalem et le Temple allaient être détruits par les légions romaines, Rabbi Yo’hanan ben Zakaï a demandé à César, non Jérusalem la Ville Sainte, mais Yavnéh et ses Sages (Guitine 56b). C’est que les Israélites devaient léhibanoth à Yavnéh (les deux mots ont la même racine), se reconstruire par l’étude de la Torah qu’ils avaient négligée, afin de rectifier tous les mauvais traits, et se préparer fébrilement à la rédemption et à la reconstruction du Troisième Temple, au plus vite, de nos jours! Amen!

 

L’Eternel a en abomination l’orgueilleux
Table de matière
L’influence du Tsadik

 

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