L’influence du Tsadik

Il est écrit: «Moïse dit à Josué: «Choisis des hommes et va livrer bataille à Amalek; demain je me tiendrai au sommet, la verge divine à la main» (Exode 17:9). Commentant ce verset, le Midrach (Mekhilta, Chémoth Rabah 26:3; Rachi id.) explique: «Sors de la nuée pour livrer bataille à Amalek...»

1) Pourquoi Josué dut-il sortir de la nuée à cet effet? Pourquoi devait-il avoir peur d’Amakek? Nous savons que les enfants d’Israël étaient bien protégés par la nuée, comme il est écrit: «L’Eternel les guidait le jour par une colonne de nuée qui leur indiquait le chemin» (Exode 13:21).

2) Quel rapport y a-t-il entre la bataille d’Amalek et la verge divine? Pourquoi le verset la mentionne-t-il?

On sait que Moïse, Aharon, ‘Hour et toute la tribu de Lévi, etc... étudiaient régulièrement la Torah pendant l’asservissement d’Egypte. Seul un certain nombre d’Israélites s’en abstenaient, et c’est pourquoi Amalek est venu leur livrer bataille. Ils se trouvaient exposés à un danger certain puisqu’ils n’étaient pas protégés par la colonne de nuée, alors que ceux qui étudiaient la Torah étaient épargnés de tout mal et d’Amalek (cf. Tan’houma, Ki Tétsé 10).

C’est pourquoi Moïse dit à Josué: «Sors de la colonne de nuée pour protéger ceux qui négligent l’étude de la Torah.» Le Tsadik ne connaît jamais de repos, il doit se trouver constamment avec ses frères, se met en danger pour eux, et veille à leur bien-être matériel et spirituel, même s’ils n’accomplissent pas toutes les mitsvoth; il agit comme le Saint, béni soit-Il, qui est avec nous dans la détresse et nous délivre... (cf. Psaumes 91:15).

Quant à la verge divine de Moïse, elle lui a servi aussi bien à faire sortir les enfants d’Israël d’Egypte, qu’à anéantir leurs ennemis, sans même la lever, car le Nom ineffable était gravé sur elle (Midrach Cho’her Tov 14:9).

L’homme ne peut combattre Amalek, c’est-à-dire le mauvais penchant, lorsqu’il sort de la colonne de nuée  la maison d’étude  que s’il s’empare de la verge divine, que s’il étudie la Torah. La lumière spirituelle dont il s’est imprégné, le protégera assurément lorsqu’il se trouvera dehors.

On peut dire aussi que Moïse voulait mettre l’accent sur l’importance de l’union. Lorsque l’harmonie règne parmi les Juifs, Dieu accomplit des miracles en leur faveur, les épargne de leurs ennemis, et se venge d’eux (cf. Tan’houma, Nitsavim 1; Yalkout Chimoni, Amos 549). La valeur numérique de oumatéh (et la verge), est 60 (samakh), correspondant aux six cent mille Israélites (au-dessus de l’âge de vingt ans) qui étaient sortis d’Egypte (Chabath 88a; Chir Hachirim Rabah 1:64). Or, comme nous l’avons vu, Moïse équivaut à l’ensemble du Peuple d’Israël, tant il se dévoue pour lui. La verge divine se trouvait constamment entre ses mains: pour transformer l’attribut de jugement en celui de miséricorde, il faut sortir de la colonne de nuée, de son domaine privé, pour veiller aux six cent mille Juifs.

Tout comme une pierre qui dégringole de la montagne ne peut revenir seule, celui qui s’est détaché de la Torah, ne peut en reprendre l’étude qu’avec l’aide du Tsadik. Par son dévouement, à nul autre pareil, Moïse était en mesure d’élever du fond de l’abîme le pécheur le plus notoire.

Commentant le verset: «Et maintenant, ô Israël, ce que l’Eternel, ton Dieu, te demande uniquement, c’est de craindre l’Eternel...» (Deutéronome 10:12). Le Talmud (Bérakhoth 33b) enseigne: «La crainte du ciel est-elle une chose mineure? Oui, à l’égard de Moïse, la crainte de Dieu est une petite chose...»

Moïse n’ordonne ici aux enfants d’Israël que de révérer l’Eternel, comme si c’était également pour eux quelque chose de facile. Vu la réponse de la Guémara, il nous semble au contraire que c’est quelque chose d’extrêmement difficile pour eux. Qu’en est-il exactement?

Nous voyons ici que Moïse veillait à ce que les enfants d’Israël soient imprégnés de la crainte du Ciel, avec la même facilité que lui. Il déployait tous ses efforts pour qu’ils y accèdent.

La verge divine (60) se trouvait entre ses mains, en d’autres termes, les six cent mille enfants d’Israël étaient à portée de sa main; il pouvait les influencer et leur faire emprunter la voie de la droiture et de la crainte du Ciel.

Et la verge de Elokim était dans sa main: L’homme ne doit pas se rebeller contre Elokim (attribut de jugement), prétendre qu’il est juste et parfait et qu’il ne mérite pas les châtiments (envoyés par Elokim) qui s’abattent sur lui. «C’est Dieu qui a résolu de le briser, de l’accabler de maladies...» (Isaïe 53:10). «Car celui qu’Il aime, l’Eternel le châtie» (Proverbes 3:12). L’homme doit par conséquent sortir de la colonne de nuée, examiner ses voies, livrer bataille au mauvais penchant, s’engager sérieusement dans l’étude de la Torah, accomplir le maximum de mitsvoth et de bonnes actions. Il vaincra alors son yetser hara’ et s’attachera à l’Eternel.

 

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