La Maison de Jacob, ce sont les femmes avec la garantie des enfants

Commentant le verset: «Tu parleras ainsi à la Maison de Jacob...» (Exode 19:3), le Midrach explique qu’il s’agit des femmes auxquelles Moïse devait expliquer les principes fondamentaux de la Torah avant qu’elle ne fût donnée aux enfants d’Israël.

On peut se poser au moins deux questions sur ce Midrach:

1) Moïse n’aurait-il pas mieux fait de leur expliquer les motifs divers des principes divins après le don de la Torah?

2) Où le verset indique-t-il que l’Eternel a ordonné à Moïse d’obliger les femmes à observer les mitsvoth?

Rapportons à cet effet l’enseignement du Midrach (Chir Hachirim Rabah 1:24): « Rabbi Méir dit: «Avant de donner aux enfants d’Israël la Torah sur le Mont Sinaï, le Saint, béni soit Il, leur dit: «Je ne vous donne la Torah que si vous m’emmenez de bons garants.» «Maître de l’univers, Lui répondirent-ils, nos ancêtres se porteront garants de nous.» Dieu leur dit: «Vos ancêtres doivent eux-mêmes emmener des garants...» Ils Lui dirent: «Nos enfants nous serviront de garants.» Le Saint, béni soit-Il, acquiesça: «Ce sont en fait de bons garants, et Je vous donnerai la Torah grâce à eux.» Comme il est écrit: «Par la bouche des enfants et des nourrissons, tu as fondé Ta puissance» (Psaumes 8:3), et il n’est de puissance que la Torah (voir Zéva’him 116a; Zohar II, 58a), comme il est écrit: «L’Eternel donne la puissance à son peuple, l’Eternel bénit son peuple par la paix» (Psaumes 29:11).

En fait, il n’y a pas de meilleurs garants que les enfants, car le Peuple d’Israël ne peut pas se livrer personnellement comme garant devant l’Eternel. (Quelle banque accepterait comme garant le corps de celui qui veut faire un emprunt?) Car s’ils n’observent pas la Torah, Dieu prendra les enfants. L’homme aime ses enfants  l’œuvre de ses mains, pour lesquels il lutte  plus que lui-même et il ne vit que pour eux.

Mais pour les donner comme garants, les enfants d’Israël devaient recevoir l’assentiment de leurs femmes pour deux raisons: premièrement parce que, comme l’enseigne le Talmud (Kidouchine 30b; Kohéleth Rabah 5:13; Pessikta Zouta, Tazria’ 12:3) trois participent à la naissance de l’homme: son père, sa mère et le Saint, béni soit-Il. Deuxièmement, les femmes aussi participent à l’éducation de leurs enfants. C’est un de leurs grands mérites (cf. Bérakhoth 17a). Sans leur aide au foyer, les hommes ne peuvent d’ailleurs pas remplir leur devoir de s’engager nuit et jour à l’étude de la Torah (cf. Josué 1:8).

Dieu dit donc à Moïse: «Tu parleras ainsi à la Maison de Jacob (les femmes).» Commentant à cet effet le verset: «Tu témoigneras à Jacob Ta vérité» (Michée 7:20), nos Sages expliquent qu’il n’est de vérité que la Torah (Yérouchalmi, Roch Hachanah, 3:8; Tana débé Elyahou Zouta 21). L’étude de la Torah dépend donc essentiellement des femmes descendantes de Jacob (la Maison de Jacob), qui, selon le Midrach (Béréchith Rabah 100:13) ne cessait d’étudier la Torah, là où il allait. Ce que Dieu veut, c’est qu’elles aussi prennent conscience de la valeur de la Torah, en savourent le goût, et sachent que celui qui l’étudie est fortement récompensé. Etant exemptes de l’étude de la

Torah (Kidouchine 30a), et ne pouvant servir de garantes, elles doivent au moins veiller à l’éducation de leurs enfants, et renforcer leurs maris dans l’étude de la Torah... Par conséquent, sans les femmes, les hommes ne pouvaient pas laisser leurs enfants se porter garants de la Torah. Tout dépend donc, en fin de compte, de la Maison de Jacob.

Le verset: «Tu parleras à la Maison de Jacob» commence par les femmes parce qu’étant exemptes de l’étude de la Torah, elles encouragent et honorent (davantage) leurs enfants, et leur ordonnent expressément de l’étudier (’Ets Yossef, id.).

Judah (YéHOuDaH) dit à Israël, son père: «Laisse venir l’enfant (Biniamine) avec moi, afin que nous nous levions et que nous partions; et nous vivrons et ne mourrons pas, nous, toi et tes enfants... Je réponds de lui. Tu le redemanderas de ma main. Si je ne le ramène pas auprès de toi, et si je ne le remets pas devant ta face, je serai pour toujours coupable envers toi» (Genèse 43:8-9). Ainsi parle le Saint, béni soit-Il, (dans YéHOuDaH, on retrouve, le Nom de Dieu  sans le Daleth) aux enfants d’Israël: «Laisse venir l’enfant avec moi»: veillez à la Torah et aux mitsvoth, car l’enfant/les enfants se trouvent avec Moi: Ils sont garants de la Torah; ainsi nous vivrons et ne mourrons pas (cf. Lévitique 18:5). Sinon, c’est-à-dire «si je ne le ramène pas auprès de toi, je serai pour toujours coupable envers toi»: en d’autres termes, vous aurez commis un péché, et je vous priverai de vos enfants, à Dieu ne plaise.

Nous avons personnellement connu un homme très riche qui faisait généreusement la charité, et étudiait assidûment la Torah. Soudain, pour des raisons inconnues, la roue de la fortune tourna à son désavantage, et il perdit tout son argent. Ses enfants et petits-enfants, qui étaient habitués à une vie de luxe et avaient fait l’objet des plus grands soins, faisaient de la peine à voir. «Pourquoi ce malheur s’est-il abattu sur moi? nous demanda l’homme, ne me suis-je pas toute ma vie conformé à la volonté divine?»

Devant un tel désarroi, nous ne sûmes que répondre à ce malheureux, mais nous étions persuadés qu’il y avait une raison à ce renversement de situation: peut-être de plus grands malheurs avaient-ils été décrétés contre lui, et dans Sa miséricorde, Dieu avait transformé la sentence et l’avait rendu pauvre... Peut-être avait-il commis des péchés dans ses réincarnations précédentes, et l’indigence devait servir d’expiation à ses fautes. «Il faut justifier la conduite de Dieu à son égard, pensais-je, accepter avec joie et amour ce décret du Ciel. Car Dieu n’admet ni iniquité, ni partialité, ni don corrupteur dans le jugement.» «Il est juste, et ses jugements sont équitables» (Psaumes 119:137). Et c’est ce que nous disons dans nos prières: «Tu as été équitable pour tout ce qui nous est arrivé» (Néhémie 9:33).

Les enfants du malheureux souffraient particulièrement, car ils étaient garants de la Torah... Celui qui commet un péché doit normalement se voir privé de ses enfants, mais comme Dieu est miséricordieux, Il le prive de ses richesses comme dans notre cas. La détresse des enfants est alors inimaginable et on peut les considérer comme morts (Nédarim 64b, Béréchith Rabah 79:1; Zohar II, 119a).

En toute génération, l’Eternel manifeste Sa miséricorde à l’égard des pécheurs, et ne les prive pas de leurs enfants. Car s’Il agissait de la sorte, le monde ne pourrait pas subsister. Il leur inflige la pauvreté et leurs enfants crient famine. Leurs péchés sont ainsi expiés...

L’homme de notre récit était certes un homme très pieux, mais comme l’enseigne le Talmud (Bamidbar Rabah 19:10; Tana débé Elyahou Rabah 2), les Tsadikim sont condamnés à mort, même pour des péchés minimes (car Dieu est très strict avec eux). Peut être ce riche n’avait-il pas, ne serait-ce qu’inconsciemment, accordé les honneurs dus à un Sage de la Torah. Or, comme l’enseigne le Talmud (Chabath 119b), celui qui humilie un Sage, ne trouve pas de remède au coup qu’on lui inflige. Seul Dieu sonde les mystères du cœur.

«[Je suis un Dieu qui] punit l’iniquité des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et quatrième génération» (Exode 20:5). Quand l’homme commet un péché, il sait que ses enfants et sa descendance en souffriront... S’il n’a donc pas pitié de lui, qu’il ait pitié de ses enfants et de sa descendance jusqu’à la fin des générations. A quoi lui sert cette course pour la vie, s’il sait qu’à cause de sa conduite, tout son foyer est susceptible de s’écrouler, à Dieu ne plaise... Qu’il fasse donc téchouvah et prenne exemple sur A’hav dont toute la maison fut exterminée à cause de ses péchés (Rois II, 9:8-9)... Celui qui pèche fait donc preuve de cruauté envers ses enfants, car ils sont châtiés sans avoir commis la moindre erreur. Eux-mêmes peuvent corriger les fautes de leurs parents, mais du fait que ces derniers n’ont pas amélioré leur voie, ils sont punis aussi.

On peut se demander d’ailleurs à cet effet pourquoi, malgré leur innocence, les enfants doivent payer la faute de leur père?

C’est là précisément qu’on voit la miséricorde de Dieu qui ne châtie pas le père. Contrairement à l’homme en chair et en os qui cherche immédiatement à se venger contre celui qui l’a lésé, qui n’attend même pas qu’il vienne s’excuser auprès de lui, Dieu fait preuve de patience. Il attend pendant des générations et repousse le châtiment pour que ses descendants puissent corriger sa faute (en ne continuant pas dans sa voie) et s’engagent désormais dans l’étude de la Torah et l’accomplissement de bonnes œuvres.

Mais, s’ils ne se repentent pas et sont punis, ils examinent leur conduite et lavent de la sorte leur souillure et celles de leurs antécédents... Car dit l’Eternel: «Ce que Je désire, ce n’est pas que le méchant meure, c’est qu’il change de conduite et vive» (Ezéchiel 33:11). «Dieu n’ote pas la vie et Il ne désire bannir personne» (Samuel II, 14:14). Le pécheur reçoit son châtiment en enfer, mais ce sont essentiellement les descendants qui corrigent sa faute; par suite du châtiment, ils commencent à examiner leurs voies, et à observer de nouveau les mitsvoth qu’ils avaient négligées, eux, ainsi que leurs antécédents... Les enfants remplissent ainsi leur rôle de garants, et corrigent l’âme du parent fautif.

Si on revient au récit du riche appauvri, il est possible que son appauvrissement ait été engendré par la médisance, qui est aussi grave que les trois péchés capitaux (cf. Erkhine 15b). C’est ce qui arrive à ceux qui se permettent de trop bavarder et parmi eux, à notre grand regret, les gens les plus pieux... Seuls les Tsadikim les plus intègres savent distinguer la médisance qui est formellement interdite, de la médisance permise pour le bien de la collectivité.

Il convient par conséquent de comprendre qu’il y a, d’une part la garantie des enfants pour la survie de la Torah, et de l’autre la responsabilité collective du Peuple Juif où chacun est garant de l’autre (Chavou’oth 39a; Sanhédrine 27b). Fuyons donc la médisance et la haine gratuite, et vivons dans l’entente et l’harmonie la plus complète avec notre prochain. La désunion et le colportage souillent la garantie des enfants, et si ces derniers agissent comme leurs parents (cf. Sanhédrine 27b) les malheurs s’abbattent, à Dieu ne plaise, car la Torah n’a pas été observée.

Nous n’avons pas à juger la cause du châtiment de notre prochain, mais nous devons chercher à savoir pourquoi un homme se voit infligé d’une punition, alors qu’il nous semble mener une vie intègre. Veillons surtout à servir de garants pour la survie éternelle de notre Sainte Torah.

 

La Torah conduit à la reconnaissance de Dieu
TABLE DE MATIERE
«Aujourd’hui, si vous écoutez Sa voix»

 

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