«Nous ferons, puis nous comprendrons» - Torah et repentir

Nous nous proposons ici d’examiner soigneusement ce concept de «Nous ferons, puis nous comprendrons» énoncé par les enfants d’Israël avant de recevoir la Torah.

Comme nous l’avons vu, déjà en Egypte les enfants d’Israël commencèrent à accomplir un certain nombre de mitsvoth fondamentales, comme le sacrifice de Pessa’h, la consommation de la matsah (et le fait de se débarrasser de tout ’hamets), le rachat du premier né, la mitsvah des téfiline, et surtout l’observance du Chabath qui équivaut à l’ensemble des mitsvoth de la Torah. Le Talmud (Ména’hoth 114a) enseigne à cet effet que celui qui ne met pas les téfiline, transgresse huit préceptes divins positifs. Ils accomplirent enfin la circoncision, mitsvah sans laquelle on ne fait pas partie de l’Assemblée d’Israël.

Ainsi, après qu’ils eurent accompli un certain nombre de mitsvoth, Moïse leur en expliquait l’essence pour leur montrer comment les voies de la Torah sont agréables et porteuses de paix. Les enfants d’Israël dirent: «Nous ferons»  il s’agit de celles qu’ils ont déjà faites; «puis nous comprendrons»  dans l’avenir. La mitsvah de Chabath équivaut certes à toutes les mitsvoth, mais nous désirons entendre davantage la voix de Dieu pour nous imprégner de Sa crainte et ne pas tomber dans le péché (cf. Exode 20:17).

Commentant à cet effet le verset: «Si tu écoutes la voix de l’Eternel, ton Dieu» (Exode 15:26), Rachi explique qu’ils ont manifesté leur désir d’accomplir avec amour d’autres mitsvoth que celles qu’ils ont déjà faites.

Ils purent ainsi corriger leurs traits en s’engageant assidûment dans l’étude de la Torah. Après s’être repentis de tous leurs péchés et purifiés, les enfants d’Israël méritèrent le titre de Tsadikim... Bien que Moïse leur eût enseigné la Torah en Egypte (Bamidbar Rabah 14:29), et eût fixé des moments pour sa lecture (Yérouchalmi Méguilah 4:1), on peut dire qu’ils la négligèrent quelque peu, puisqu’ils allaient aux cirques et théâtres égyptiens (Yalkout Chimoni, Exode 1), et c’est ce qui engendra le décret de leur asservissement en Egypte pendant quatre-cents ans. Car, comme l’enseigne la Michnah (Avoth 1:13): «celui qui n’étudie pas et n’augmente pas son étude est passible de mort» (cf. aussi Ta’anith 31a).

Pourquoi le nazir (abstème), doit-il présenter son offrande à l’Eternel à la fin de son abstinence? (cf. Nombres 6:14). Le Ramban répond: «Parce que cet homme pèche... Il aurait dû faire abstinence toute sa vie, et être consacré au Seigneur...» Comme nous l’avons vu d’autre part, la tribu de Lévi qui n’avait à aucun moment négligé l’étude de la Torah, ne fut pas asservie en Egypte (Exode 5:20).

Ce concept de «Nous ferons, puis nous comprendrons» vise à libérer l’homme du jugement divin strict et à lui faire emprunter le chemin de la droiture. On retrouve souvent la portée de ce jugement strict engendré par la négligence de l’étude et le refus de se rapprocher de Dieu.

1) Bil’am, fils de Bé’or, voulut maudire les enfants d’Israël, mais quand il vit qu’ils étudiaient la Torah et accomplissaient des mitsvoth, il en fut stupéfait et commença à les bénir: «Qui peut compter la poussière de Jacob... » (Nombres 23:10), allusion aux mitsvoth qu’on accomplit avec la poussière (Tan’houma id. 12). «Qu’elles sont belles tes tentes, ô Jacob» (id. 24:5); par pudeur, les enfants d’Israël faisaient en sorte que les entrées des tentes ne se fassent pas face (Bava Bathra, 60a). Bil’am aurait dû, dans ces circonstances, se rapprocher de Dieu, et se convertir à l’instar de Yithro. S’étant abstenu de le faire, il périt par le glaive (Nombres 31:8) à cause du jugement sévère qui pesait sur lui.

2) Comme nous l’avons vu, Elicha’ finit par se pervertir (’Haguigah 14b; 15a; Tossafoth id.; Chouvou). La pensée de son père Avouyah était certes méritoire, quand il vit le feu qui entourait les Sages et promit que son fils s’investirait dans l’étude de la Torah, mais il aurait dû la mettre immédiatement en pratique et aurait dû ne penser qu’à la gloire de Dieu, sans que son fils étudie pour que lui se glorifie... Car ce n’est pas l’étude qui est l’essentiel, mais la pratique (Avoth 1:17; Zohar III, 218a).

3) Le Talmud (’Irouvin 54b) cite le cas de Rav Peréda, qui a enseigné quatre-cents fois un passage de la Torah à son élève, alors que normalement tout un chacun est tenu de le faire cent une fois (’Haguigah 9b) pour bien comprendre ce qu’on étudie et par crainte du jugement de ne pas avoir bien étudié.

On peut radoucir le jugement divin strict par l’étude de la Torah et la téchouvah. Car téchouvah a la même valeur numérique (713) que Torah plus (méah), les cent bénédictions qu’on doit réciter quotidiennement (Ména’hoth 43b; Bamidbar Rabah 18:17) et qui visent à rapprocher l’homme de Dieu, à lui faire craindre l’Eternel et à l’inciter à étudier plus assidûment Sa Torah.

Comme on le sait, les lettres du mois d’ELOuL sont les premières lettres de Ani Lédodi Védodi Li, «Je suis à mon bien-aimé et mon bien-aimé est à moi» (Cantique des Cantiques 6:3; Ora’h ‘Haïm 581). Tout comme l’homme aime un être cher, l’Eternel aime celui qui proclame «Nous ferons, puis nous entendrons», étudie assidûment la Torah, et se repentit de ses méfaits. Il l’aide à échapper au jugement strict.

 

 La Torah, âme d’Israël
TABLE DE MATIERE
L’importance de la foi au Mont Sinaï

 

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