L’Eternel bénit son peuple par la paix  La Torah et l’abondance dans le monde

Les Sages (Zéva’him 116a; Yalkout Chimoni, Yithro 268) enseignent: «quand la Torah fut donnée aux enfants d’Israël, [la voix divine] se faisait entendre d’une extrémité du monde à l’autre; les rois de toutes les nations furent saisis d’épouvante dans leur palais, et entonnèrent un cantique, comme il est écrit: «Dans son palais, tous s’écrient: Gloire!» (Psaumes 29:9). Ils se réunirent chez Bil’am, le mécréant, et lui demandèrent: «Quel est ce bruit que nous avons entendu? Le déluge ne s’abattrait-il pas sur l’univers? L’Eternel punirait-Il encore par le déluge?» (id.). Il leur répondit: «L’Eternel sur Son trône régnera éternellement» (id. 10). «L’Eternel a déjà juré de ne pas faire venir le déluge sur le monde, demandèrent-ils. Quel est donc ce bruit que nous avons entendu?» Bil’am leur dit: «Il garde dans son palais un trésor, neuf cent soixante-quatorze générations avant la Création du monde, et veut le livrer à ses enfants, comme il est écrit: «L’Eternel donne la puissance à Son peuple» (id. 11). (Cette puissance c’est la Torah, comme nos Sages (Chir Hachirim 2:10) l’enseignent.) Ils proclamèrent alors tous à l’unisson: «Que l’Eternel bénisse Son peuple par la paix» (id. 11).»

Un autre Midrach (Chémoth Rabah 29:9) enseigne cependant: «Pendant que l’Eternel donnait la Torah aux enfants d’Israël, le monde tout entier se tut, aucun volatile ne bougea, aucun oiseau ne gazouilla...», comme il est écrit: «la terre effrayée s’est tenue tranquille» (Psaumes 76:9).

Ces deux Midrachim posent un certain nombre de questions, auxquelles nous nous proposons de répondre:

1) Comment peut-on concevoir que les peuples puissent proclamer: «L’Eternel bénit son peuple par la paix»? C’est une bénédiction qui se rapporte exclusivement aux Juifs, c’est l’Eternel qui a chargé Aharon et ses fils de «mettre Mon nom sur les enfants d’Israël et Je les bénirai par la paix» (Nombres 6:25). Le Saint, béni soit-Il, se sert de la paix (Ouktsin fin). Comment cette bénédiction est-elle arrivée aux nations?

2) Pourquoi Dieu dut-Il faire taire le monde entier? S’Il voulait effrayer les enfants d’Israël, Il n’avait qu’à faire régner le silence autour d’eux. S’Il tenait à faire entendre la voix divine aux nations du monde, à quoi cela servait-il, puisqu’en fin de compte, malgré l’épouvante dont elles furent saisies, elles restèrent les mêmes et ne changèrent pas du tout de conduite!

Dieu fit régner le silence dans le monde entier pour effrayer les nations et les obliger à consulter Bil’am. Il voulait montrer aux peuples tout ce qu’elles avaient perdu par leur refus de recevoir la Torah. Le Talmud (Avodah Zarah 2b) enseigne que les peuples vont finalement regretter d’avoir rejeté l’offre divine, et qu’ils demanderont de la recevoir... C’est alors qu’ils vont prendre conscience du fait que c’est en l’honneur des enfants d’Israël que Dieu a fait régner le silence sur toute la Création... Comme Pharaon alors, ils entonnèrent un chant à l’Eternel... Ce qui semble contredire l’enseignement du Talmud (Chabath 89a; Chémoth Rabah 2:6), selon lequel, le Mont Sinaï tire son nom de la sinah (la haine) engendrée parmi les nations par le don de la Torah.

C’est que, lorsque les peuples sont venus consulter Bil’am, il aurait pu les faire repentir, en leur expliquant que toute la Créature avait gardé le silence pour faire régner l’Eternel sur toute la terre (Zacharie 14:9). Amalek est certes venu livrer bataille à Israël à Refidim avant l’événement du Sinaï, mais les nations se firent offrir de nouveau l’occasion de recevoir la Torah et de se convertir.

Bil’am, le mécréant, assura cependant les nations: «Vous n’avez rien à craindre, leur dit-il, Dieu a donné la puissance, c’est-à-dire la Torah, exclusivement aux enfants d’Israël.» Les nations répondirent alors: «L’Eternel bénit son peuple par la paix.» En d’autres termes, elles se disent: «La Torah n’est accessible qu’aux enfants d’Israël car la paix n’est que le résultat de l’étude de la Torah, comme il est dit (Bérakhoth 64a; Tana Débé Elyahou Zouta 17; Zohar III, 301b): «Les hommes sages et instruits intensifient la paix dans le monde, comme il est écrit: «Tous tes fils étudieront [la Torah] de l’Eternel et multiplieront la paix» (Isaïe 54:13). Ne lis pas banaïkh, tes fils, mais bonaïkh tes édificateurs: l’étude de la Torah, continue à édifier le monde. C’est donc Bil’am qui créa la dissension entre la Torah et les nations. Ces dernières louèrent les enfants d’Israël qui reçurent la Torah, et entonnèrent un cantique en l’honneur de Dieu.

Toutes les nations comprirent que la voix qu’elles venaient d’entendre, fait allusion à celle de la Torah, comme il est écrit: «La voix est celle de Jacob» (Genèse 27:22): c’est un don qu’a accordé l’Eternel aux enfants d’Israël pour qu’ils l’étudient avec assiduité. Quand les peuples l’entendent de la bouche des Juifs, ils sont tellement saisis d’épouvante qu’ils croient être noyés par le Déluge. Mais si cette voix ne se fait pas entendre, le monde entier est alors exposé au danger, comme il est écrit: «Si Mon alliance [la Torah, ne se fait pas entendre,] Je n’aurais pas établi les lois des cieux et de la terre» (Jérémie 33:25). Sans la Torah, le ciel et la terre ne peuvent subsister (Nédarim 32a). Les nations auraient dû conclure par conséquent, au devoir qu’elles avaient de veiller à ce que les Juifs s’engagent dans l’étude de la Torah, et déployer tous leurs efforts pour la leur permettre.

Mais, Bil’am, le mécréant, leur affirma qu’elles ne sont pas responsables des enfants d’Israël et de leur étude; que s’ils ne se donnent pas la peine d’étudier la Torah avec assiduité, ils sont seuls accablés de souffrances et les seuls concernés; que lorsque les mains sont celles d’Esaü (Genèse 27:22), et qu’il n’y a plus de voix de Jacob (la Torah), alors ce sont les nations qui sont tenues responsables de ce qui arrive au monde...

Conscientes de la grandeur des enfants d’Israël, les nations du monde invoquent l’Eternel de bénir le peuple qui a reçu la Torah, pour qu’il puisse constamment édifier le monde et l’imprégner d’abondance. Car, comme l’enseigne le Talmud (Yérouchalmi, Guitine, fin du chapitre sur les dommages), le chéfa’ (l’abondance) descend au monde essentiellement par le mérite d’Israël. Les peuples souhaitent aussi que la paix règne constamment entre tout le monde, car la négligence de l’étude de la Torah engendre la destruction du monde (cf. Jérémie 9:11-12). En effet, les Sages (Tana débé Elyahou Rabah 18; Tana débé Elyahou Zouta 1), enseignent que c’est l’abandon et la négligence de l’étude de la Torah qui a causé la destruction de Jérusalem. En fin de compte, les nations ne seraient par conséquent que le lien d’Israël.

On peut ainsi se demander pourquoi les nations qui ont compris toute l’importance du peuple d’Israël, l’ont de tout temps tellement persécuté, et empêché d’étudier la Torah en toute sécurité? Pourquoi les peuples qui ont entendu la voix de Dieu d’une extrémité du monde à l’autre, ont-ils été séduits par la voix de Bil’am? Que doit-on suivre: l’opinion du maître ou celle du disciple (Kidouchine 42b; Tan’houma, ‘Houkath 10)? Pourquoi les nations, qui souhaitaient que les enfants soient des édificateurs, et non des destructeurs, leur ont-elles fait endurer des épreuves si terribles, qui les ont obligés à négliger complètement l’étude de la Torah?

On comprend ainsi pourquoi les nations ont été si sévèrement châtiées, pourquoi toute la Création s’est tue...

Dieu avertit Israël: «Je montre à toutes les nations du monde l’honneur que Je vous accorde; Je leur fais entendre Ma voix pour qu’elles ne vous nuisent pas. Néanmoins si vous n’écoutez pas Ma voix, la haine (sinah) descend sur toutes les nations du Mont Sinaï, le monde entier se tait, le chéfa’ cesse de descendre sur le monde, et toutes les nations versent leur courroux sur les enfants d’Israël.» Mais quand les Juifs écoutent la voix divine, les nations les bénissent par la paix, et le Nom de Dieu peut être sanctifié même chez elles, comme il est écrit: «Tous les peuples verront que Tu es appelé du nom de l’Eternel, et ils Te craindront» (Deutéronome 28:10), et «toutes les créatures, ensemble, en seront témoins, car la bouche de l’Eternel a parlé» (Isaïe 40:5).

Lors du don de la Torah «le troisième jour au matin, il y eut du tonnerre, des éclairs, et une épaisse nuée sur la montagne...» (Exode 19:17). Or, comme nous l’avons vu plus haut, le Midrach enseigne que toute la création se tut. Les deux Midrachim semblent donc contradictoires. On peut en fait se demander: Pourquoi la Torah a-t-elle été donnée dans un grand bruit? Un silence complet aurait permis à toute la Création de se concentrer et de savoir d’où provient la voix divine. Cela n’aurait-il pas été préférable?

Le don de la Torah a été accompagné d’éclairs et de tonnerre, car Dieu voulait enseigner aux enfants d’Israël qu’en dépit des problèmes de toutes sortes, subsistance quotidienne, problèmes de santé, difficultés inhérentes à l’étude de la Torah et l’accomplissement de mitsvoth, persécutions incessantes des nations, etc... il est indispensable d’étudier la Torah...

Si un roi en chair et en os ne pense qu’à lui et exige que tout le monde se concentre sur ce qu’il dit, et fait observer le silence, le Saint, béni soit-Il, a donné la Torah aux enfants d’Israël dans un grand bruit, pour les aider à surmonter les difficultés de toutes sortes qui les assaillent constamment.

Ainsi, en dépit du tonnerre et des éclairs, ainsi que de l’épouvante qui se saisit d’eux, et qui aurait pu normalement les empêcher d’entendre la voix de Dieu, les enfants d’Israël ont reçu la Torah, et se sont conformés à Ses commandements... Dans l’avenir, enseigne le Talmud (Yoma 35b), le riche, le pauvre, le bel homme, etc... seront traduits en justice devant le Tribunal Céleste. Chacun d’entre eux essaiera d’exposer devant le Juge Suprême la raison pour laquelle il s’est abstenu d’étudier la Torah... Car tout le monde est tenu d’étudier la Torah, qui engendre la paix, et fait descendre un flux divin d’abondance sur le monde entier.

 

On ne fait emprunter à l’homme que le chemin qu’il veut suivre
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