L’offrande rapproche de Dieu

Les offrandes données par les enfants d’Israël pour la construction du sanctuaire, présentent un certain nombre de problèmes. Nous en avons résolu quelques uns dans les chapitres précédents, mais il en reste encore qui demandent des éclaircissements:

1) Manque-t-il de l’argent et de l’or à Dieu, pour qu’Il demande aux enfants d’Israël de Lui en offrir. C’est à Lui qu’appartient l’argent et l’or. Le monde entier est rempli de Sa gloire! (Isaïe 6:3). C’était certes pour donner aux enfants d’Israël l’occasion d’aider à couvrir les dépenses occasionnées par la construction du sanctuaire, mais pourquoi Dieu dit-Il: «Vous recevrez cette offrande de tout homme qui la fera de bon cur» (Exode 25:2). Il n’avait qu’à ordonner aux enfants d’Israël de les Lui apporter... Après tout, n’oblige-t-on pas le malade à prendre des médicaments? Pourquoi enfin le verset ne stipule-t-il pas véyaviou li, ou véyitnou li, au lieu de véyik’hou li?

C’est que l’homme doit observer tous les commandements prescrits par Dieu, les mettre en pratique... pour marcher dans Ses voies et s’attacher à Lui (Deutéronome 11:22). Proportionnellement au niveau spirituel auquel il a accédé, il doit s’offrir à Lui (véyik’hou li), si l’on peut s’exprimer ainsi.

Il y arrive en participant à la construction du sanctuaire, c’est-à-dire en s’élevant dans son service divin. L’Eternel recevra l’offrande de chacun selon la ferveur avec laquelle il la Lui donne. «Tous les enfants d’Israël Lui feront un sanctuaire, et l’Eternel résidera alors au milieu d’eux» (cf. Exode 25:8).

Dieu nous demande de «nous prendre», c’est-à-dire nous attacher au Tsadik pour nous imprégner de son esprit de sainteté et accéder à des niveaux de plus en plus élevés. Nous ressemblerons alors à une Couronne placée sur la tête du Saint, béni soit-Il. Dieu nous demande de Lui offrir cette partie qui nous attachait au Jardin d’Eden avant la descente de notre âme dans ce monde. Nous Lui ressemblerons alors, si l’on peut dire. Nous nous attacherons à Lui par l’étude de la Torah et l’accomplissement des mitsvoth et des bonnes actions, au lieu d’attacher cette partie aux futilités auxquelles nous incite le mauvais penchant... Imitons les Justes de la génération; efforçons-nous de nous conduire comme eux et leurs disciples (Sifri, ‘Ekev 11:22; Vayikra Rabah 25:3). Nous accéderons à des niveaux très élevés et la Providence Divine résidera en nous... Eloignons-nous des «plaisirs» de ce monde, veillons surtout à faire le premier pas, et Dieu nous aidera (cf. Chir Hachirim Rabah 5:3; Pessikta Rabah 15:6).

Ce que Dieu demande au Juif, c’est de ne pas du tout convoiter l’argent et l’or, mais de peiner dans l’accomplissement des mitsvoth. Il veut que son argent serve à aider ceux qui étudient la Torah, car «la Torah est un arbre de vie pour ceux qui la soutiennent...» (Proverbes 3:18). Les bénéfices que faisait Zévoulon dans son commerce, servaient à entretenir les Yéchivoth de Issakhar, enseigne le Midrach (Béréchith Rabah 99:11; Zohar I, 241b). Car ce sont ceux qui étudient la Torah qui édifient le Temple (voir Méguilah 29a)...

Tout l’argent doit servir pour la Torah et les mitsvoth. Un Juif qui veut s’attacher à Dieu doit contribuer financièrement à la construction d’écoles religieuses, Yéchivoth, bains rituels, etc... le sanctuaire de nos jours. Il ne faut pas compter sur les miracles. La générosité contribuera à faire descendre un flux spirituel abondant dans le monde. L’Eternel nous aide certes dans le domaine matériel: subsistance quotidienne, santé, etc... mais dans le domaine spirituel et la crainte du Ciel, tout dépend de l’homme. C’est pourquoi Dieu n’a pas obligé les enfants d’Israël à apporter leurs offrandes: Il comptait sur leur bon cur, sur leur crainte du Ciel et leur désir de s’élever dans le service de Dieu. «Tous ceux dont le cur était bien disposé, offrirent des holocaustes (des ’oloth; de ’aliah, élévation)» (Chroniques II, 29:31).

Nous pourrons à ce point comprendre le lien entre les sections hebdomadaires

Téroumah et Tétsavéh. La première parachah nous apprend à nous éloigner des plaisirs de ce monde et surtout de la cupidité, et à nous rapprocher plutôt de Dieu. La Chékhinah nous incitera alors, proportionnellement à notre ferveur, à servir Dieu. Elle nous apprend aussi à contribuer financièrement à la construction de lieux de culte et d’établissements de Torah, à nous rattacher au Tsadik de la génération qui est lui-même directement lié à l’Eternel.

Dans le verset: «Tu ordonneras aux enfants d’Israël de te choisir une huile pure d’olives concassées pour le luminaire, afin d’alimenter les lampes en permanence» (Exode 27:2). Dieu ordonna à Moché, dont l’âme se propage et est présente en toute génération (Tikouné Zohar 69, 112a) d’imprégner les enfants d’Israël de sa sainteté. Ils pourront ainsi se rapprocher de lui; il leur ordonnera alors de purifier leur âme et leur corps, et d’acquérir des vertus telles que la modestie en particulier. «Toi le Tsadik de la génération, rapproche de toi tes frères afin d’éclairer et purifier leur âme comme de l’huile.» Remarquons à cet effet la similitude des lettres dans les termes chémen (huile) et néchamah (âme). Pour les vertus que tu leur feras acquérir, tu concasseras, tu soumettras (katit) totalement leur corps et leur âme à Mon service. Alors «celui qui est aimé des hommes, est aussi aimé de Dieu» (Avoth 3:13). Grâce à la Torah, cette lumière qui fait reprendre le bon chemin à l’homme (Yérouchalmi, ‘Haguigah 1:7)  leur fera acquérir de bons traits.

Comme nous l’avons vu, l’offrande téroumah, méromémeth élève l’homme, comme il est écrit: «Rabbi Méir dit: «l’étude de la Torah rend l’homme supérieur à toutes les autres créatures» (Avoth 6:1). Le terme li (pour moi), ayant comme guématria 40, par l’étude de la Torah qui a été donnée après quarante jours, on peut se rattacher au Nom de Dieu: li lichmi. En outre, le nombre de madriers du sanctuaire fait allusion aux quarante-huit vertus par lesquelles on acquiert la Torah (Avoth 6:5; Kalah 8). D’ailleurs, le terme même de kérachim, fait allusion aux kécharim, rapports de l’homme qui étudie la Torah à son Créateur, et à chékarim: sans la Torah, le monde entier n’est qu’un grand mensonge.

Cependant, avant de chercher à se rapprocher de Dieu, l’homme doit se sonder et se corriger. «Nadav et Avihou prirent chacun un brasier... Alors le feu sortit de devant l’Eternel et les consuma; ils moururent devant l’Eternel» (Lévitique 10:2). Pourquoi? Ils avaient très certainement acquis les quarante-huit vertus de la Torah. Autrement, le verset (ibid. 10) n’aurait pas témoigné à leur sujet: «Je serai sanctifié par ceux qui s’approchent de Moi» et: «toute la maison d’Israël n’aurait pas pleuré l’embrasement que l’Eternel a allumé» (id. 6).

C’étaient certes de grandes personnes, mais comme ils avaient saisi que le sanctuaire visait à rapprocher Israël de son Créateur, ils voulurent se lier au Saint, béni soit-Il, avant même l’édification du sanctuaire, lors du don de la Torah, comme il est écrit: «Ils virent Dieu et mangèrent et burent» (Exode 24:11). Le Midrach (Vayikra Rabah 20:7; Bamidbar Rabah 15:19) explique qu’ils s’étaient délectés de la vue de la Providence Divine, comme on se délecte de la nourriture. Mais Dieu qui ne voulait pas déranger les réjouissances, ne les châtia qu’au moment où ils sacrifièrent un feu étranger (Vayikra Rabah 20:7).

Nadav et Avihou périrent parce qu’ils voulurent trop en voir; trop se rapprocher du Saint, béni soit-Il. Contrairement à Moïse qui se cacha la face devant la Chékhinah (Exode 3:6). Mais, comme ils ne visaient en fin de compte qu’à sanctifier le Nom de Dieu, le lieu où ils périrent fut également sanctifié, et tout le peuple en comprit l’importance.

Malheur donc à celui qui se croit parfait, qui ne veille pas constamment à ce que ses mitsvoth soient accomplies conformément à la volonté divine, exclusivement au nom du Ciel... Il n’est pas séant que le serviteur fixe le visage de son maître. Nadav et Avihou qui étaient foncièrement purs et saints, auraient dû se couvrir la face au lieu de fixer la Chékhinah, précisément le jour de l’érection du santuaire...

Si nous accomplissons toute mitsvah exclusivement au Nom de Dieu, l’Eternel yichkane, «habitera en nous.» Nous nous approcherons ainsi de Lui, et Il sera pour ainsi dire notre chakhen, voisin...

«Vous me ferez (vé’assou) un sanctuaire.» L’homme doit tendre essentiellement à corriger ce monde de la ’Assyah (Action), qui a été souillé par le péché d’Adam, puis par celui du veau d’or. Remarquons à cet effet la similitude des valeurs numériques, respectivement des termes vé’assou (avec les lettres) et ’assyah (avec le collel: plus 1). Par l’accomplissement des mitsvoth et l’étude assidue de la Torah, l’homme réussira à transformer ce monde en sanctuaire de Dieu.

Tout comme Je fais régner Ma Chékhinah sur l’ensemble du Peuple d’Israël, dit l’Eternel, Je peux La faire régner individuellement sur chacun de Mes enfants, qui sont chacun un cosmos en miniature (Zohar III, 257b; Tikouné Zohar 70, 130b). De même l’homme ne doit pas négliger la moindre mitsvah qui fait descendre le chéfa’ (l’abondance) dans le monde.

Dieu désire que nous soyons sincèrement liés à Lui. N’agissons pas comme ces personnes qui Le trompent par la bouche et Lui mentent par la langue (Psaumes 78:36); leur cur n’est pas ferme envers Lui, et ils ne sont pas fidèles à Son alliance (id. 37). Ils transgressent les préceptes divins... On ne peut cependant se rapprocher de Lui, Le reconnaître réellement et s’imprégner de la Chékhinah, qu’en s’éloignant radicalement des plaisirs futiles de ce monde et en croyant en Lui simplement.

Que Dieu donne à notre cur l’intelligence et la sagesse nécessaires pour nous rattacher éternellement à Lui. Amen!

 

 

L’âme de Moïse se propage en tout Juif
TABLE DE MATIERE
«Et ils Me construiront un sanctuaire, pour que Je réside au milieu d’eux»

 

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