La Torah s’acquiert par l’humilité

Commentant le verset: «Toi, Tu ordonneras aux enfants d’Israël de te choisir une huile pure d’olives concassées...» (Exode 27:20), l’auteur de Vaye’hi Yossef se demande pourquoi le verset se sert en même temps des termes atah (toi) et de la lettre tav qui précède tsavéh (tu ordonneras): l’un d’entre eux aurait suffi... Le verset aurait mentionné: véatah tsaveh. Le Or Ha’haïm explique que le Saint, béni soit-Il, a ordonné à Moïse de ne pas prescrire aux enfants d’Israël cette mitsvah en Son nom, car il n’est pas séant que Dieu ordonne d’allumer des lampes dans Sa maison. Moïse a donc prescrit ce précepte divin en son nom personnel, au nom de la dignité de la maison de Dieu... Une question se pose: les enfants d’Israël ne savaient-ils pas que tout ce que leur ordonne Moché n’est que l’expression de la volonté divine? (cf. Méguilah 31b). On peut répondre qu’en ce qui concerne cette mitsvah particulière, la Chékhinah ne s’exprimait pas «par la gorge de Moché», selon les termes du Zohar (III, 232a). Quelle en est la raison? Et est-ce que l’Eternel a vraiment besoin de cette lumière? (cf. Chabath 22b).

On peut en outre se demander pourquoi Dieu n’a pas prescrit à Moïse de transmettre aux enfants d’Israël la mitsvah de l’édification du sanctuaire en son nom personnel, et non au Nom de Dieu? Est-il éthiquement séant pour Lui de leur demander de Lui construire un sanctuaire avec leurs offrandes? Qu’a-t-Il besoin de leur argent? Tout Lui appartient! Pourquoi enfin, en ce qui concerne la mitsvah de l’huile du candélabre, Dieu a-t-Il prescrit à Moïse de la transmettre directement aux enfants d’Israël en son nom personnel?

C’est que, nous l’avons vu, la construction du sanctuaire et du Temple montre la grande modestie du Saint, béni soit-Il. En dépit du fait que l’univers est empli de Sa gloire, Il désire se contracter dans le sanctuaire, qui fait allusion au corps du Juif. Dieu veut résider dans le corps de chaque Juif, à condition toutefois que l’union règne entre nous. Agissons par conséquent comme Lui, et épousons cette vertu capitale qu’est la modestie...

La mitsvah d’allumer les lampes, implique également les vertus de contraction, d’humilité, et de soumission, mais elle ne trouve sa perfection que par l’étude assidue de la Torah qu’on peut comparer à la lumière, comme il est écrit: «La mitsvah est une lampe, et la Torah une lumière» (Proverbes 6:23). «Ce qui prime, c’est l’action» (Avoth 1:17); grande est l’étude de la Torah qui conduit à l’action (Kidouchine 40b; Bava Kama 17a). La Torah ne subsiste que chez celui qui fait preuve d’humilité (’Irouvine 54a; Ta’anith 7a); seul l’homme modeste peut l’acquérir (Avoth 6:6).

Dieu dit à Moïse: «Seul, toi qui es monté aux cieux, et M’as parlé face à face (Nombres 12:8), tout en demeurant le plus humble des hommes (id. 12:3), connais vraiment la valeur de la modestie. Inculque donc cette vertu aux enfants d’Israël, apprends leur à étudier la Torah avec humilité. De Moi, ils apprendront cette qualité de contraction en général comme Je l’ai montrée au Sanctuaire. Je n’ai besoin ni de la lumière des lampes, ni du sanctuaire, car «toute la terre est remplie de Ma gloire. Le ciel est Mon trône et la terre Mon marchepied» (Isaïe 66:1).

Dieu a donc voulu honorer Moïse en lui demandant de leur apprendre à étudier la Torah avec le maximum d’enthousiasme et d’humilité (katit lamaor concassé, humble, pour la lumière de la Torah). C’est qu’en fait, comme nous l’avons vu plus haut, les enfants d’Israël savaient bien que toutes les paroles de Moïse ne font qu’exprimer la volonté divine.

Rabbi ‘Hanania ben Akachya dit: «Le Saint, béni soit-Il, a voulu faire acquérir des mérites à Israël; aussi a-t-Il promulgué la Torah et des mitsvoth nombreuses» (Makoth 23b; Avoth de Rabbi Nathan 41:17). Les enfants d’Israël auront ainsi droit à deux récompenses: la première pour avoir, conformément à sa volonté, étudié la Torah avec enthousiasme et fait plaisir à leur Créateur. La seconde parce que cette Torah est aussi sublime que celle qui émanait de nos ancêtres saints. Dieu dit à Moïse: «Du fait que tu es le seul à ressentir la douceur de la Torah, Je t’ordonne de la transmettre aux enfants d’Israël. Il n’est pas du tout naturel que Je le fasse Moi-même, car c’est dans ce but qu’ils ont été créés...» La première récompense qu’ils reçurent fut donc d’avoir étudié la Torah. Le Talmud (Kidouchine 31a) enseigne à cet effet que celui qui étudie la Torah parce qu’on le lui a ordonné, a plus de valeur que celui qui l’étudie sans en avoir reçu l’ordre. La seconde récompense a été d’avoir eu le mérite de recevoir des ordres de Moïse directement.

 

 

L’influence de Moïse sur toutes les générations
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PARACHAT KI TISSA

 

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