Le monde entier n’a été créé que dans ce but

«On travaillera six jours, mais le septième jour sera pour vous une chose sainte, c’est le Chabath, le jour du repos, consacré à l’Eternel...» (Exode 35:2).

Dans son livre HaYad Ha’Hazakah (Hilkhoth Chabath 30:15), le Rambam écrit que celui qui profane le Chabath en public ressemble à un idolâtre qui adore les étoiles et les constellations, car le Chabath et [la négation de] l’idolâtrie, équivalent à toutes les mitsvoth de la Torah (Yérouchalmi Bérakhoth 1:5; Horayoth 8)... D’autre part, l’auteur de Sifté Cohen enseigne que celui qui observe strictement le Chabath voit son travail de la semaine se faire tout seul.

La Guémara (Bérakhoth 35b) enseigne: «Il est écrit: «Tu recueilleras ton blé, ton moût et ton huile» (Deutéronome 11:14). D’autre part on nous apprend: «Médite-le jour et nuit» (Josué 1:8). Comment peut-on concilier les deux versets? Rabbi Ichmaël répond: «il faut concilier le travail avec l’étude de la Torah.» Rabbi Chimon bar Yo’haï dit: «Si l’homme laboure au temps des labours, et sème au temps des semailles, etc...» qu’adviendra-t-il de la Torah? [Il faut donc toujours étudier]. Cependant, si les enfants d’Israël se conforment à la volonté divine, leur travail se fait par les autres, et s’ils ne s’y conforment pas, ce sont eux-mêmes qui l’exécutent. Pis encore: ils exécutent les ouvrages des autres, comme il est écrit: «Tu serviras tes ennemis...» (Deutéronome 28:48). Abayé dit: «Nombreux sont ceux qui ont adopté la conception de Rabbi Chimon bar Yo’haï, mais n’y ont pas réussi.»

Nous avons donc là, deux points de vue opposés: Rabbi Ichmaël préconise de travailler quotidiennement, mais d’étudier la Torah à temps fixe (Chabath 31b). C’est ainsi qu’on subsistera. Pour Rabbi Chimon bar Yo’haï, l’homme peut s’engager toute sa vie dans l’étude de la Torah et son travail sera fait par les autres. Abayé estime quant à lui qu’il n’est pas donné à tout le monde d’accéder au niveau de Rabbi Chimon bar Yo’haï, qui étudia la Torah dans une grotte pendant douze ans, et qui se nourrissait d’un caroubier qui poussait près de la grotte et buvait l’eau d’une source (Chabath 33b)... La Halakhah stipule cependant qu’il faut travailler en semaine pour gagner son pain, mais fixer un temps pour étudier la Torah, qu’on soit faible ou fort, riche ou pauvre (Rambam, Hilkhoth Talmud Torah, début; Choul’han Aroukh HaRav, id.), en toutes circonstances, de jour et de nuit.

1) En vérité, pourquoi Dieu n’a-t-Il pas fait en sorte que l’homme s’engage constamment dans l’étude de la Torah, et que son travail soit fait par les autres (les anges)? Il serait ainsi libre de tout souci matériel, et ce serait vraiment l’idéal... Tout le monde servirait ainsi l’Eternel de tout coeur et «la terre serait remplie de la connaissance de l’Eternel, comme le fond de la mer par les eaux qui le couvrent» (Isaïe 11:9). L’homme continuerait cependant à exercer son libre arbitre: il «choisira la vie» (Deutéronome 30:19). S’il décide d’emprunter la voie de la droiture, son travail sera fait par les autres; dans le cas inverse, à Dieu ne plaise, il sera tenu de tout faire lui-même, et les anges ne l’aideront pas... Pourquoi donc Dieu n’a t-Il pas agi de la sorte? L’étude de la Torah se serait bien propagée au sein des enfants d’Israël...

2) Pourquoi l’idéal de Rabbi Chimon bar Yo’haï ne s’est-il réalisé ni au temps des prophètes, ni au temps des juges, ni dans aucune des générations et pourquoi la Halakhah ne le suit-elle pas?

3) Pourquoi enfin ceux qui ont suivi la voie tracée par Rabbi Chimon bar Yo’haï n’ont-ils pas réussi dans leur entreprise, d’autant qu’ils étaient sans doute de grands Tsadikim et non des gens simples?

Le Talmud (Sanhédrine 59b; Avoth de Rabbi Nathan 1:8) enseigne que, confortablement<%0> installé au Gan Eden, Adam se faisait servir de la viande grillée par les anges. Voyant les honneurs qu’on lui accordait, le serpent devint jaloux de lui. Que fit-il? Il lui fit commettre le péché de l’Arbre de la Connaissance, à l’issue duquel le Saint, béni soit-Il, lui dit: «Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front» (Genèse 3:19). Adam a perdu tout son monde et tous les honneurs que lui accordaient les anges, pour une mitsvah légère qu’il a transgressée (Tan’houma, Chemini 8)...

Nous trouvons de nombreux exemples de miracles accomplis, soit par des anges, soit par des êtres humains déguisés en anges, pour des Tsadikim:

Après avoir tué les phophètes du Ba’al, le prophète Elie prit la fuite... «Les corbeaux lui apportaient alors du pain et de la viande le matin, et du pain et de la viande le soir, et il buvait de l’eau du torrent» (Rois I, 17:6); et une fois avec un seul repas «il se leva, mangea et but, et avec la force que lui donna cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits, jusqu’à la montagne de Dieu, à ‘Horeb» (id. 19:8).

Alors qu’il se trouvait dans le royaume de Cyrus, Daniel «le bien-aimé» fut aidé par de hautes personnalités (des anges) (Daniel 10). En outre, jeté dans la cage aux lions, il en sortit indemne (Cho’her Tov 8:7; Zohar II, 125b).

Le Midrach Avoth (109, 117) raconte qu’on apportait quotidiennement au prophète ‘Habakouk un repas de la Terre d’Israël à Babylone, sans qu’aucun de ses gardiens ne s’en rendît compte.

Les exemples sont nombreux de Tsadikim (tel le Baal Chem Tov) qui furent aidés par le prophète Elie et les anges...

En fait, de tout temps, l’ange de Dieu a aidé les enfants d’Israël et a exécuté leur uvre... jusqu’au péché d’Adam, que les anges prenaient à l’origine pour un dieu. Mais quand ils l’ont vu manger, etc... ils comprirent que ce n’était qu’un homme en chair et en os (Béréchith Rabah 8:9) et ils demandèrent à l’Eternel «Qu’est-ce que l’homme, pour que Tu te souviennes de lui?» lui qui dépassait les anges (et pour qui l’épreuve de l’Arbre de la Connaissance était mineure), a engendré la mort dans le monde, et de nombreuses autres sentences rigoureuses ont été prononcées contre lui et sa femme (Béréchith Rabah 19:18; Tan’houma, Ma’assé, 14; Pessikta deRabbi Eliézer 14). Les anges ont donc cessé de le servir.

Du fait qu’«il n’y a point sur terre d’homme juste qui fasse le bien et qui ne pèche jamais» (Ecclésiaste 7:20), que «le mauvais penchant est tapi à la porte» (Genèse 4:7), tend constamment des embuscades à l’homme, les anges ne peuvent aider l’homme qui peut pécher à tout instant. Ils n’aident qu’une élite de Tsadikim, et même étudient la Torah avec eux, comme c’était par exemple le cas de Rabbi Yossef Caro, auteur du Beth Yossef (et du Maguid Mécharim). Quant à notre vénéré grand père, Rabbi ‘Haïm Pinto... que sa mémoire nous protège, il recevait régulièrement le prophète Elie et l’illustre Rabbi Israël Nadjaria.

L’homme simple ne peut, quant à lui, être servi par les anges par suite de ses péchés... Car on ne peut voir un ange et rester en vie. Quand par exemple, Manoa’h, père de Chimchon, vit un ange, il dit à sa femme: «Nous allons mourir, car nous avons vu Dieu» (Juges 13:22). Sa femme dut alors le réconforter. Il avait raison d’éprouver des craintes, car ce n’était pas un Tsadik, mais un homme simple, qui «suivait sa femme» (id. 11; cf. Bérakhoth 61a). Ce n’était pas non plus un méchant. Par conséquent, ceux qui ont suivi la voie tracée par Rabbi Ichmaël — occupation quotidienne, métier exercé avec foi et suivi de l’étude régulière de la Torah ont été aidé par Dieu et ont réussi. Leur uvre a été faite par les autres, particulièrement grâce à l’observance stricte du Chabath (voir Séfath Emeth).

Rabbi Chimon bar Yo’haï était un Tsadik d’une envergure exceptionnelle. «Mon fils Elazar et moi protégeons le monde» proclamait-il (Soucah 45b). Il disait: «Je peux personnellement sauver toute l’humanité du jugement» (id.); l’arc -en-ciel n’avait jamais apparu de son vivant (Béréchith Rabah 35:2; Zohar III, 15a). Il affirmait être en mesure de faire revenir le monde à son état originel, celui qui précédait le péché d’Adam. Par conséquent, si tout le monde s’était repenti et engagé assidûment dans l’étude de la Torah, comme il le préconisait, leur travail aurait été exécuté par les autres... Rabbi Chimon bar Yo’haï aspirait essentiellement à étudier et à prier pour faire resurgir la Chékhinah de la poussière du galouth, et hâter l’avènement de notre Machia’h intègre... Ceux qui suivent la voie tracée par Rabbi Ichmaël, n’ont pas besoin de l’aide et de la protection constante des anges: celui qui aspire en toute sincérité à se rapprocher du Saint, béni soit-Il, a l’aspect du Tsadik qui revêt la sainteté du Chabath et fait exécuter son uvre par l’Eternel. Puissions-nous accéder au niveau de Rabbi Chimon bar Yo’haï, fondement même de tout Israël, et plus particulièrement de celui qui observe strictement le septième jour de la semaine. Notons à cet effet que les lettres CheVI’I (septième — jour) sont les premières lettres de Chimon Bar Yo’haï ‘Ikar Israël, désormais et à jamais, jusqu’à l’avènement du Machia’h, au plus vite, de nos jours! Amen!

 

 

La Charité et le Chabath — remède contre la faute du veau d’or
TABLE DE MATIERE
Chabath, source de bénédiction pour tous les jours de la semaine

 

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