Le tabernacle d’assignation — le corps et l’âme d’Israël

Le Midrach (Chémoth Rabah 51:6) enseigne qu’après avoir reçu des enfants d’Israël l’argent et l’or, destinés à la construction du tabernacle et de ses ustensiles, à la confection des habits qu’on y portait, etc... Moïse fit un inventaire détaillé de toutes les dépenses occasionnées, de peur qu’on ne le soupçonne de s’être enrichi avec l’argent et l’or qu’il avait reçus.

Il est écrit autre part: «Le premier jour du premier mois de la seconde année, le Tabernacle fut dressé: Moïse dressa le Tabernacle, il en posa les socles, en planta les solives, en fixa les traverses et érigea les piliers...» (Exode 40:17-18). Les Sages (Bamidbar Rabah 12:11; Tan’houma, Ki Tissa 35; Pessikta Rabah 5:2) enseignent à cet effet que Moïse dressa tout seul, sans aucune aide extérieure, tout le Tabernacle, et que des miracles ont été accomplis en sa faveur pendant qu’il le construisait (Nédarim 38a; Békhoroth 44a). Il arriva même à soulever les planches qui étaient très lourdes. Mais lorsqu’il se fatigua, Dieu lui dit: «Saisis-les et elles s’élèveront toutes seules, comme il est écrit: «Le Tabernacle se dressa (tout seul)» (Exode 40:17).

Ces Midrachim posent un certain nombre de questions auxquelles nous avons répondu dans les chapitres précédents, mais comme il n’est pas de Beth Midrach où l’on n’apprenne pas une nouveauté, nous nous proposons de suggérer quelques idées nouvelles:

1) Pourquoi Moïse dut-il compter tout l’argent et l’or qu’il avait reçu des enfants d’Israël? Qui pouvait, à Dieu ne plaise, soupçonner le père de tous les prophètes d’Israël (Vayikra Rabah 1:15), qui parlait face à face avec l’Eternel (Exode 33:11)? D’autant que Moïse était très riche (il s’était, comme on le sait, enrichi des débris des Tables de la Loi, Exode 34:1)... Quant aux mille sept cent soixante-quinze sicles, dont on fit les crochets et les tringles pour les colonnes (Exode 38:28), le Midrach (Chémoth Rabah 51:6) enseigne que Moïse les avait oubliés, et Dieu dut les lui rappeler... Comment peut-on concevoir cela?

2) Pourquoi Moïse dut-il dresser seul le Tabernacle? Pourquoi Dieu dut-Il accomplir des miracles en sa faveur? Pourquoi n’a-t-il pas demandé aux enfants d’Israël de l’aider? Le Tabernacle ne leur était-il pas destiné?

Si nos éclaircissements ont été mentionnés autre part, on sait que les paroles de Torah sont pauvres dans un domaine, et riches dans l’autre.

Nous savons bien que l’Eternel n’a besoin, ni du Tabernacle, ni de ses ustensiles et que «toute la terre est remplie de Sa majesté» (Isaïe 6:3), qu’il n’est pas un lieu qu’Il ne couvre de Sa Providence (Chir HaChirim Rabah 3:16), qu’Il réside en nous, malgré nos souillures (cf. Yoma 56b; Torath Cohanim, Lévitique 16:16), qu’Il donne la vitalité à la kélipah, car «Il a fait les cieux... et toute leur armée, qu’Il donne la vie à tout, et que l’armée des cieux se prosterne devant Lui» (Néhémie 9:6), qu’il a créé le mauvais penchant pour que l’homme lui livre inlassablement bataille, se défende contre lui, et triomphe de lui en fin de compte. Il aura ainsi accédé à la perfection, notamment par l’étude assidue de la Torah qui est le remède contre le yetser hara’.

Mais, comme nous l’avons vu au chapitre précédent, le corps de l’homme fait allusion au sanctuaire: l’homme doit donc sanctifier ses trois cent soixante-cinq tendons et deux cent quarante-huit membres. L’Eternel habitera alors au milieu de lui, si vraiment il le veut... s’il choisit la Torah qui porte le nom de vie (Avoth de Rabbi Nathan 34:10) et celui de bien (Bérakhoth 5a)...

Dans le cas inverse, la Providence Divine s’éloigne de lui. Il comprendra alors que tout ce qui lui est arrivé provient du fait qu’il n’a pas pris exemple sur le Tabernacle... Car on ne peut s’imprégner de la Chékhinah que par l’étude assidue de la Torah et l’accomplissement constant des mitsvoth.

Si l’homme se voit affligé de souffrances, il doit examiner ses voies. Une chose est certaine: elles sont engendrées par le fait qu’il s’est abstenu d’étudier la Torah... Nous savons que l’Eternel châtie celui qu’Il aime (Proverbes 3:12). Il ne fait subir à l’homme que des épreuves qu’il peut surmonter... Commentant à cet effet l’enseignement de nos sages (Kidouchine 69a; Erkhine 29a), selon lequel il n’y avait d’esclaves juifs que pendant le jubilé, le RIM de Gour explique que grâce à une introspection sérieuse et une étude assidue de la Torah, nous pouvons surmonter les épreuves, franchir aisément les obstacles placés devant nous par le mauvais penchant, triompher de lui, et nous rapprocher du Saint, béni soit-Il...

Par conséquent, si Moïse a fait l’inventaire détaillé de tout l’or et l’argent que lui donnèrent les enfants d’Israël pour la construction du Tabernacle, c’est pour leur enseigner que l’homme doit examiner constamment sa conduite de peur de fauter; s’il est affligé de souffrances, c’est parce qu’il a souillé l’un ou l’autre de ses membres (qui sont comparés au Sanctuaire), prononcé de mauvaises paroles, ou entretenu de mauvaises pensées... S’il sait lequel de ses membres a été affecté, il pourra revenir à Dieu.

Ainsi même un grand homme comme Moïse est susceptible d’oublier un petit détail, et seul celui qui fait tout pour l’amour du Ciel, retrouve la conscience grâce à Dieu, et ne cause pas le moindre dommage volontairement ou involontairement. Tout comme le sage, le maître et éducateur doit mesurer ses paroles et ses pas (cf. Avoth 1:11; Tana Débé Elyahou Rabah 2)... Dans le cas inverse, il est susceptible de succomber à l’oubli, comme ce fut le cas pour la génération de la connaissance, qui, ayant méconnu les miracles que Dieu avait accomplis en leur faveur, finirent par commettre le péché du veau d’or...

Par l’étude intensive de la Torah, on arrive à corriger tous ses défauts, après une sérieuse introspection... Si Dieu avait menacé d’engloutir les enfants d’Israël sous le mont Sinaï en les obligeant à accepter la Torah, alors qu’ils avaient proclamé: «Nous ferons, puis nous comprendrons», c’est qu’Il voulait que chacun d’entre eux apprenne la Torah à son prochain. Rabbi Yo’hanan, fils de Zakaï, disait: «Si tu t’es beaucoup appliqué à l’étude de la Loi, ne t’en fais pas un mérite» (Avoth 2:9) ...car dans la Torah, on peut tout trouver. «Tourne et retourne-la en tout sens, car tout y est» (id. 5, fin)... Moïse a donc fait un inventaire détaillé de tout ce que lui avaient apporté les enfants d’Israël, pour leur donner l’exemple...

L’homme doit cependant savoir que, seul, il ne peut pas tout faire; sans l’aide de Dieu, il ne peut pas triompher du mauvais penchant (Kidouchine 30b) qui porte le nom de vieillard insensé (Kohéleth Rabah 4:15), et qui s’efforce par tous les moyens de faire fauter l’homme, y compris le Tsadik. C’est pourquoi la Michnah (Avoth 2:5) nous préconise de ne pas répondre de notre vertu avant le jour de notre mort... L’homme ne peut prétendre qu’il lui est impossible de triompher du mauvais penchant: tout ce que Dieu lui demande, c’est de faire le premier pas (Chir HaChirim Rabah 5:3): Il l’aidera alors assurément et accomplira des miracles en sa faveur, comme Il l’a fait pour Moïse qui éprouvait des difficultés à lever les gros madriers du Tabernacle qui se sont finalement élevés tout seuls. «Il veille sur les pas de ses adorateurs» (Samuel I, 2:9), c’est-à-dire l’aide à ne pas commettre de péché, même involontaire.

Si on fait le premier pas, alors l’aide du Ciel ne tarde pas à venir et nous nous sanctifions comme le Tabernacle et le Temple... Car même de nos jours, la Chékhinah ne bouge pas du Temple et de la synagogue. Puissions-nous en être imprégnés tous les jours de notre vie. Amen.

 

 

Voici les comptes du Tabernacle, du Tabernacle...»
TABLE DE MATIERE
Dieu nous sauve du mauvais penchant

 

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