Dieu nous sauve du mauvais penchant

Commentant le verset: «Moïse dressa le Tabernacle, il en posa les socles...» le Midrach (Tan’houma, Pékoudé 11) enseigne: «Lorsqu’ils finirent de dresser le Tabernacle, ils attendirent la révélation de la Providence Divine... Ils se rendirent chez les personnes compétentes et leur dirent: «Que faites-vous là! Allez vous-mêmes édifier le Tabernacle!» Ces derniers essayèrent de l’édifier, mais n’y réussirent pas, et chaque fois qu’ils pensaient l’avoir dressé, il s’écroulait. Ils se rendirent chez Betsalel et Aholiav, et leur dirent: «Erigez vous-mêmes le Tabernacle que vous avez fabriqué, peut-être y réussirez-vous!» Ils se mirent immédiatement à l’uvre, mais échouèrent dans leur entreprise. Tous les enfants d’Israël entrèrent alors chez Moïse... Le Saint, béni soit-Il, finit par lui dire: «Il faut qu’ils sachent que si toi, personnellement, n’arrive pas à le construire, il ne sera jamais construit...» «Maître de l’Univers, dit Moïse au Saint, béni soit-Il, je n’en suis pas capable!» «Touche-le de tes mains, lui dit le Saint, béni soit-Il, fais semblant de le dresser, et il se dressera tout seul. J’écrirai alors que c’est toi qui l’as dressé, comme il est écrit: «Le premier jour du premier mois de la deuxième année, le tabernacle fut dressé.» Et par qui? Par Moïse, comme il est écrit: «Et Moïse dressa le Tabernacle.»

Citant l’Admour de Belz, l’auteur de Midbar Kadech estime que l’édification du Tabernacle par Moïse constituait un vrai miracle, car il comprenait quarante-huit madriers, qui mesuraient chacun plusieurs coudées, une coudée et demie de large, et une coudée d’épaisseur. Il y avait en outre les socles qui pesaient chacun un kikar d’argent, et mesuraient une coudée de haut... L’uvre était harassante et dépassait les forces de Moïse... Les madriers se dressèrent seuls... un vrai miracle!...

Or, comme on le sait, il est interdit de compter sur le miracle (Pessa’him 64b). Pourquoi donc Moïse n’a-t-il pas demandé une aide de l’extérieur!

Commentant le verset: «Lorsque tu iras à la guerre contre tes ennemis...» (Deutéronome 21:10), la plupart des ouvrages saints expliquent qu’il s’agit du mauvais penchant, l’ennemi permanent de l’homme, qui naît avec lui (Genèse 8:21; Béréchith Rabah 34:12) et le poursuit tout au long de sa vie. Mais l’Eternel promet à l’homme de «le livrer entre ses mains», c’est-à-dire de l’aider à lui livrer bataille et à triompher de lui (cf. Soucah 52a et b).

Si le mauvais penchant est, comme nous l’avons vu plus haut, un roi vieux et insensé (Ecclésiaste 4:13), il persiste néanmoins à tendre l’embuscade à l’homme et s’efforce constamment de le faire tomber dans ses filets. Il finit par le dépouiller de son âme, à la fois dans le domaine physique et le domaine spirituel.

* Le métier du mauvais penchant est de dire à l’homme: «Fais ceci aujourd’hui, cela demain.» Il finit par lui faire adorer les idoles (Chabath 105b).

* Le mauvais penchant intensifie chaque jour sa lutte contre l’homme, et cherche à l’anéantir, et sans l’aide de Dieu, il ne peut pas le vaincre (Kidouchine 30b).

* Le mauvais penchant est tellement dur que même son Créateur l’appelle «mauvais» (id.).

* Le mauvais penchant intensifie sa lutte contre l’homme, même quand il est en deuil (id. 80b).

* Le mauvais penchant porte sept noms: «mauvais, incirconcis, impur, ennemi, obstacle, pierre, caché» (Soukah 52a).

* Au début, le mauvais penchant ressemble à un fil d’araignée, et finit par ressembler au câble épais d’un chariot. L’homme s’y attache solidement (id.; Sanhédrine 99b).

* Le mauvais penchant lèse l’homme dans ce monde, et témoigne contre lui dans le monde futur... Il se présente d’abord comme un invité, puis comme le maître de maison (Soucah 52b).

Heureux les enfants d’Israël, qui triomphent du mauvais penchant en s’engageant dans l’étude de la Torah et en rendant service à leur prochain, enseigne enfin le Talmud (Avodah Zarah 5b).

Nous voyons ici combien est âpre la bataille contre le mauvais penchant, qui cherche en toutes circonstances à faire trébucher l’homme, qui change souvent de nom pour le faire tomber au plus profond de l’enfer, qui l’attaque même dans la souffrance et qui, finalement, s’installe en lui.

Mais par Sa grâce et Sa miséricorde, le Saint, béni soit-Il, nous a prodigué des conseils judicieux qui nous permettent de l’anéantir: «Si le scélérat se heurte à toi, traîne-le à la Maison d’études; fût-il aussi dur que la pierre, il finira par se fendre et s’il est de fer, il éclatera» (Soucah 52b). Seule l’étude assidue et approfondie de la Torah l’anéantira... «Celui qui égorge son mauvais penchant [le tue et fait pénitence après avoir été incité à la faute par lui: Rachi] et se confesse de ses fautes, agit comme s’il l’«offrait» au Saint, béni soit-Il, et L’honorait dans ce monde-ci et dans le futur (Sanhédrine 43b).

Comme nous l’avons vu, le mauvais penchant travaille constamment sur l’homme et cherche à le tuer. Or le Talmud (Bava Bathra 16a), enseigne qu’il monte aux cieux, plaide contre lui, et redescend pour lui prendre son âme... Comment se fait-il qu’il cherche à le tuer, alors qu’il a reçu l’ordre de le léser et le faire trébucher seulement?

C’est que les méchants portent le nom de morts, même de leur vivant (Bérakhoth 18b). Car le pécheur ressemble à un infirme, à un animal impropre à la consommation (’Houline 42a). Son coeur devient insensé par suite des péchés qu’il a commis. Le Talmud (Yoma 39a) enseigne à cet effet: «Ne lis pas vénitmatem, vous vous en souillerez, mais vénitamtem, vous en perdrez la raison.» A force d’épreuve que le mauvais penchant lui fait subir, l’homme est considéré comme mort, même de son vivant. Le yetser hara’ tue l’homme par les péchés qu’il lui fait commettre.

Pour se défendre contre cette attaque mortelle, l’homme a donc besoin d’une solide aide divine et de grands miracles. Venons nous purifier. Engageons-nous assidûment dans l’étude de la Torah, élevons-nous constamment, craignons le ciel, acquérons des vertus, et par Ses miracles le Saint, béni soit-Il, nous aidera à triompher totalement du mauvais penchant.

En construisant lui-même le Tabernacle, Moïse voulait nous faire comprendre que chacun d’entre nous est considéré par Dieu comme un temple en miniature. En nous édifiant spirituellement, sachons que nous devons livrer quotidiennement bataille au mauvais penchant, et que nous avons besoin d’une aide urgente de Dieu, pour triompher de lui. Même, si nous avons acquis toute les quarante-huit vertus par lesquelles s’acquiert la Torah, ne nous faisons pas d’illusions et ne comptons pas sur notre force.

Moïse a édifié le Tabernacle des quarante-huit madriers, qui font allusion à ces quarante-huit vertus, et a refusé toute aide des enfants d’Isaël, pour leur montrer que toute aide doit provenir essentiellement de Dieu: c’est elle qui permet à l’homme de vaincre son mauvais penchant. Sans elle, toute uvre est vaine, toute l’édification du sanctuaire s’écroule.

Les madriers qui se sont dressés seuls, font allusion au fait que le triomphe de l’homme sur le mauvais penchant est toujours provisoire: il peut le vaincre aujourd’hui et se voir battre le lendemain. L’aide divine est par conséquent indispensable pour le maintien du tabernacle que nous avons élevé. Nous avons dressé les bases — les quarante-huit madriers/vertus — nous avons cependant encore et toujours besoin de l’aide divine, et non de celle d’un intermédiaire («la barre traversant le milieu des madriers»). Engageons-nous pour cela dans l’étude de la Torah, consacrons-y même notre vie, c’est ainsi qu’elle sera nôtre et nous aidera à nous purifier.

Moïse n’a pas compté sur le miracle mais il a dû compter sur l’aide de Dieu: l’homme doit se renforcer chaque jour contre son mauvais penchant et s’élever dans la dévotion et l’étude de la Torah, seul moyen de combattre le yetser hara’... Le Midrach (Tan’houma, Pékoudé 11) enseigne à cet effet : «Rabbi ‘Hiya bar Yossef dit: «pendant les sept jours de milouïm, Moïse montait et démontait le Tabernacle deux fois par jour (Rabbi ‘Hanina dit trois fois par jour); il voulait faire comprendre aux enfants d’Israël qu’à toute heure du jour et de la nuit, le mauvais penchant s’efforce de démolir le sanctuaire personnel qu’ils se sont dressés, mais qu’il faut lui livrer constamment bataille pour l’en empêcher: deux fois par jour, le matin et le soir, ou trois fois par jour par leurs prières quotidiennes... Intensifions donc notre étude de la Torah, renforçons notre crainte du ciel, et dévouons-nous complètement à Dieu. Nous connaîtrons alors le bonheur dans ce monde-ci comme dans le monde futur.

 

 

 Le tabernacle d’assignation — le corps et l’âme d’Israël
TABLE DE MATIERE
 L’édification du Tabernacle, correction du péché du veau d’or

 

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