Le mois d’Av prépare les Jours Redoutables

Commentant le premier verset du Deutéronome, Rachi explique: Ce sont là des paroles de reproche. [Nous savons bien que d’après lui c’est la connotation du terme Divré, comme dans Paroles de Kohéleth... (Ecclésiaste 1:1)]. Le Saint, béni soit-Il, y énumère tous les lieux où les enfants d’Israël L’ont mis en colère. Mais comme Il veillait à leur honneur, Il a parlé par allusions.

En vérité, ce ne sont pas eux qui ont péché; ce sont leurs pères qui ont irrité l’Eternel ba’arévah, allusion au ‘avar (passé). Moché leur a toutefois tenu des propos sévères pour qu’ils n’empruntent pas leur voie.

On lit toujours la sidrath Dévarim avant le 9 Av. Le Midrach enseigne que le terme Dévarim implique toujours des paroles de Torah (Chémoth Rabah 38:4; Sifri Haazinou 1) et le prophète demande: Pourquoi le pays est-il détruit... C’est parce qu’ils ont abandonné Ma Torah, répond l’Eternel (Jérémie 9:11, 12): ce n’est que lorsque les enfants d’Israël s’engagent assid-ment dans l’étude de la Torah que le pays subsiste. C’est ce que Moché leur a dit: Si vous vous raffermissez dans son étude, le verset: Hélas! Comme elle est assise solitaire... (Lamentations 1:1) ne s’appliquera pas sur  vous.

Pourquoi alors, en dépit de tous les avertissements de Moché et des prophètes après lui, les Juifs ont-ils continué à pécher, engendrant de la sorte la destruction de la Terre d’Israël?

C’est que nos ancêtres n’ont pas approfondi l’étude de la Torah: ils l’étudiaient par simple routine, de façon superficielle, et sans y mettre tout leur coeur.

La Haphtarah correspondant à la sidrath Dévarim commence par: ‘Hazon... Oracle d’Isaïe... (Isaïe 1:1). ‘Hazon implique la vue (Métsoudoth, id.): les enfants d’Israël n’ont pas discerné la lumière de la Torah qui éclaire la voie de l’homme (cf. Ta’anith 7a). Leur coeur étant resté obscurci, ils en sont arrivés à transgresser le Chabath et l’année sabbatique, à l’inceste et à l’idolâtrie (Chabath 33a; Pirké Avoth 5:9; Zohar I, 27b).

Mon peuple n’a pas de discernement (Isaïe 1:3): il n’a pas compris que le monde n’a été créé que pour la Torah (Béréchith Rabah 1:1) et tenu compte de la destruction qui peut s’en suivre si on ne l’étudie pas. A quoi sert-il de s’engager dans l’étude de la Torah et d’accomplir les mitsvoth, si on ne s’attache pas à en connaître l’essence, à voir le rapport de chacune d’elles avec les membres du corps humain? Nous savons pourtant que les deux cent quarante-huit commandements divins correspondent aux deux cent quarante-huit membres du corps (Midrach Tan’houma 32:4). Un boeuf connaît son propriétaire bien qu’il soit dépourvu de la connaissance. Les enfants d’Israël connaissaient certes leur Créateur, mais ils n’ont pas cherché à connaître le but même de leur existence sur terre, qui est de s’attacher au Saint, béni soit-Il, et à Sa Torah.

Si on considère les deux dernières lettres de EléH HaDévariM, on obtient héh-mem dont la valeur numérique (45) est similaire à ADaM, quant aux premières, elles forment aleph-héh dont la guématria est 6, allusion à l’homme qui est né le sixième jour: en d’autres termes, l’homme a été créé pour prendre conscience du fait qu’il forme une partie de Dieu (cf. Zohar I, 143a). Comme nous l’avons vu plus haut, les Juifs ont sombré dans la routine, alors que nos Sages enseignent que nous devons chaque jour de notre vie considérer les paroles de Torah comme si elles nous avaient été données le jour même (Pessikta Zoutretha, Vaet’hanane 6:6).

Celui qui a la possibilité de s’élever dans l’étude de la Torah et l’accomplissement de mitsvoth et la néglige, humilie la Torah et le Ciel porte de graves accusations contre lui. Si la Torah a ordonné aux enfants d’Israël de monter à Jérusalem durant les trois fêtes (Alyah laréguel) c’est pour assister aux nombreux miracles qui s’y accomplissaient et s’élever par suite de l’enthousiasme engendré par ces miracles. Mais quand les miracles sont devenus quelque chose de routinier, ils ont sensiblement négligé l’étude de la Torah et se sont laissés aller selon leur coeur.

Nos Sages enseignent que si le pays a été perdu, c’est essentiellement parce que les Juifs n’ont pas fait de bénédiction avant de s’engager dans l’étude de la Torah (Bava Métsia’ 85a; Introduction Ekhah Rabah 2). Ils considéraient que tout ce qu’ils faisaient était pour la Torah et en étaient même arrivés à ne plus faire de bénédictions sur elle. Grande était leur erreur, car, comme nous l’avons vu plus haut, on doit toujours considérer la Torah comme nouvelle. C’est d’ailleurs ce qui se passe pour la prière par exemple, qui ne doit être que supplications et implorations adressées à l’Eternel avec le maximum de sincérité et de concentration. Autrement, elle n’a aucune efficacité (cf. Bérakhoth 28b).

Si Moché veillait à l’honneur et au respect des enfants d’Israël et leur a parlé par allusions, pourquoi alors leur a-t-il tenu des propos si sévères, dibour ayant toujours une connotation de dureté (cf. Sifri Béha’alotékha 12:1). C’est que, quand il s’agit de la Torah, seul un langage dur de Torah émis à voix haute et venant d’un érudit qui s’y engage est capable de faire fuir le mauvais penchant contre qui le Saint, béni soit-Il, a créé une épice [ou un médicament] (Bava Bathra 16a). Si Moché leur a tenu un tel langage, c’est donc pour que ses paroles pénètrent bien dans leur coeur.

Les grandes vacances scolaires approchent. A notre avis, c’est essentiellement au mois d’Av que l’homme doit examiner ses actes et s’efforcer de se repentir pour toutes les fautes qu’il a commises envers son Père qui est au Ciel. Na’hpéssah Examinons nos actes, scrutons-les et revenons à l’Eternel (Jérémie 3:40), nous propose le prophète. Ne croyons surtout pas que le ‘hofech (congé; similaire à na’HPeSsAh) doit nous libérer des mitsvoth, à Dieu ne plaise (ce n’est le cas qu’après la mort; cf. Psaumes 88:6; Chabath 30a et Yalkout Chimoni, Iyov 896). Si ce mois le Saint Temple a été détruit  et Israël exilé de sa terre, c’est pour que nous prenions conscience de notre état, des péchés que nous avons commis et nous nous préparions pour le mois d’Eloul et Roch HaChanah... Les portes de la pénitence s’ouvriront alors pour nous au mois de Tichré; nous serons inscrits dans le registre de la vie et de la paix, la Providence Divine résidera avec nous dans la Soucah et nous serons dignes de recevoir de nouveau la Torah le jour de Sim’hath Torah.

Toutefois pour accéder au niveau de Ani LéDodi VéDodi Li Je suis à mon bien-aimé et mon bien-aimé est à moi (Cantique des Cantiques 6:3) dont les premières lettres forment ELOuL, il faut faire de sérieux préparatifs durant le mois d’Av et revenir à notre Av/Père. Mais à notre grand regret, à cause de nos nombreux péchés, nous voyons beaucoup de nos frères s’endeuiller pour la destruction du Temple du premier au neuvième jour d’Av, tout en gardant bien dans leur poche des billets de voyage pour des destinations très douteuses ou des représentations indécentes. A quoi leur servent alors leurs prières. C’est comme s’ils s’immergeaient dans le mikvéh tout en gardant dans la main un chérets impur (Ta’anith 15a).

Nos Sages enseignent que les jours qui séparent Roch ‘Hodech Av du 9 Av ressemblent aux Dix Jours de Repentance, le jour même de Ticha’ BéAv ressemblant à Kipour qui efface nos fautes... Si nos Sages l’ont décidé, c’est que le Ciel aussi l’a fixé. L’homme doit par conséquent s’efforcer de corriger ses défauts particulièrement dans cette période et celle qui la suit.

Quarante-cinq jours séparent le 15 Av de Roch HaChanah. C’est précisément la valeur numérique de ADaM: en d’autres termes, pour que l’homme soit exempt de tout péché, comme Adam qui est né le jour de Roch HaChanah (Zohar III, 102b), il lui faut s’y préparer quarante-cinq jours avant. L’Eternel acceptera alors son repentir comme Il a accepté celui du premier homme...

Si nos Sages ont fixé le 15 Av comme un jour de joie, c’est parce que le Juif commence ses préparatifs en vue de se débarrasser de ses péchés, de rectifier ses deux cent quarante-huit membres et trois cent soixante-cinq nerfs et tendons, de monter les échelons qui le conduiront après quarante-cinq jours à Roch HaChanah. Il sera alors vraiment digne de porter le nom d’Adam et de jouer son rôle essentiel dans la Création, qui est de sanctifier le nom de Dieu en public. Ce vrai serviteur de l’Eternel ressemble alors à un bébé qui vient de naître (cf. Rambam, chapitre II, Hilkhoth Téchouvah, 4) et à Adam avant la faute.

L’homme ressemble à un souffle LeHeVeL DaMaH ses jours sont comme une ombre qui passe (Psaumes 144:4). Celui qui suit ses caprices en ressemblant au souffle du vent, est susceptible de descendre jusqu’aux quarante-neuf portes de l’impureté, que Dieu nous préserve, à DaMaH (guématria = 49)... Il n’en est pas de même des Tsadikim: leurs jours passent certes comme une ombre, mais le verset en dit: Ah! Qu’elle est grande Ta bonté, que Tu tiens en réserve pour Tes adorateurs (id. 31:20) dans le monde futur.

La sidrath Vaet’hanane se lit après le 9 Av, car à cette période on commence à prier et à se préparer aux Jours Redoutables (Rachi, citant Sifri). Et si Moché a été obligé de faire 515 prières (valeur numérique de VaET’HaNaNe; cf. Dévarim Rabah 11:6) pour entrer avec toute la milice des cieux en Terre Sainte, que dirons-nous alors! Comment nous exprimerons-nous! Combien de prières devons-nous réciter pour la reconstruction du Saint Temple, le retour des exilés, et contre la profanation en public du Nom de l’Eternel!

C’est donc précisément en cette période de l’année qu’il convient de s’éveiller et s’attacher à la Torah et aux mitsvoth, de militer contre l’humiliation de la Torah, cause essentielle de tous nos malheurs, car nous en sommes seuls responsables (Chabath 119:2; Tana Débé Elyahou Rabah 18; Tana Débé Elyahou Zouta 1). L’homme doit accéder au niveau de: J’avais dit, moi: Vous êtes des dieux, tous des fils du Très-Haut! (Psaumes 82:6) et non à celui de: vous mourrez comme des hommes (id. 7) sans s’être repentis et avoir fait de bonnes actions.

En fait, Pourquoi Moché s’est tellement obstiné à vouloir entrer en Terre Sainte et a récité tant de prières dans ce but. Dieu la lui a montrée dans son édification, ainsi que les interprétations diverses de Torah des générations qui allaient le suivre (Bamidbar Rabah 23:4). Tout cela ne lui suffisait-il pas et sa prière avait un impact tel que Dieu dut lui demander de ne pas ajouter encore une téfilah? Mon fils bien-aimé, Raphaël Pinto, m’a fourni une belle réponse à ce sujet. Le péché des explorateurs a engendré la destruction du Temple, sur laquelle nous continuons à pleurer et nous lamenter jusqu’à ce jour. Les enfants d’Israël ont été obligés d’errer quarante ans dans le désert... Ainsi, de crainte que la nouvelle génération ne se mette à nouveau à médire de la Terre et éprouve des appréhensions à y entrer, Moché leur a montré le grand amour qu’il lui portait et son aspiration ardente à y entrer... Il savait bien que ses prières ne seraient pas exaucées, mais il n’en a pas moins continué à réciter 515 prières avec ChIRaH/des chants d’allégresse (remarquons la similitude de la valeur numérique de ce mot et de VaET’HaNaNe; cf. Baalé HaTourim, id.). Il ne s’est pas du tout découragé. Il voulait ainsi imprégner leur coeur de l’amour d’Israël. Et peut-on s’abstenir de prier l’Eternel de permettre d’entrer en Terre Sainte si on voit un Tsadik le faire?

Excellent, mon fils! lui ai-je dit. Les Tsadikim veillent à servir d’exemple à leur génération et plus particulièrement quand elle est affaiblie. Ils cherchent par tous les moyens à intensifier leur foi et leur confiance en Dieu. Et même s’ils voient que leurs prières, remontrances, etc. ne portent pas effet, ils ne s’en découragent pas, car tout a une cause et il convient de tout recevoir avec amour. A preuve, à l’âge de 120 ans, Moché implorait l’Eternel de le laisser entrer en Terre Sainte, pour livrer combat aux peuples puissants qui s’y trouvaient. Il visait à ôter toute peur et appréhension au sein de la nouvelle génération.

En dépit du fait que le combat livré aux Midianites ait rapproché sa fin, Moché s’y est engagé. L’Eternel lui a dit en effet: Exerce sur les Midianites la vengeance des enfants d’Israël, après quoi tu seras réuni à tes pères (Nombres 31:2). Sans la moindre hésitation, Moché parla au peuple: Qu’un certain nombre d’entre vous s’apprêtent à combattre (id. 3). Il ne voulait pas que les enfants d’Israël changent d’avis et refusent de monter en Terre Sainte, comme cela s’était passé avec la génération qui les avait précédés.

Si Moché ne s’était pas engagé si vite dans ce combat, il aurait pu vivre encore de nombreuses années. Il ne visait que le bien de l’Assemblée d’Israël. Efforçons-nous à notre tour de sacrifier notre intérêt personnel à la collectivité. Car c’est l’attitude égoïste de chacun qui a engendré la destruction de la Maison de l’Eternel (Yoma 9b).

Quiconque divorce  sa femme, même l’Autel verse des larmes sur lui, enseignent nos Sages (Guitine 90a; Sanhédrine 22a; Zohar II, 102b). Que de foyers ont été détruits lors de ces vacances redoutables! Au lieu que ces jours contribuent à raffermir le foyer juif, ils contribuent à le détruire. Ceci est d- au fait que nous ne réfléchissons pas assez sur ce qui a engendré la destruction des deux Temples et sur ce que nous devons faire pour changer cet état de fait. Nous pleurons notre perte le 9 Av, nous nous en lamentons, mais dans notre for intérieur nous attendons que ces jours passent pour aller nous détendre! Les yeux versent des larmes, mais les billets de voyage sont déjà en poche. Stupéfiant! Comment oserions-nous dans ce cas implorer l’Eternel de nous envoyer le salut et nous libérer de tous nos malheurs!

Commentant le verset: Il se jeta [‘al tsavaré au pluriel] aux cous de Benjamin son frère et pleura à ses cous; et Benjamin pleura à son cou [tsavaré ici aussi dans le texte hébreu] (Genèse 45:14), le Midrach explique que Yossef a pleuré sur les deux Temples (les deux cous) qui doivent faire partie de l’héritage de Binyamin et qui sont condamnés à la destruction... (Yalkout Chimoni, id.; ad. loc.). Une question évidente se pose: pourquoi précisément à l’heure où culmine la joie de se retrouver après de si nombreuses années d’absence, les deux frères doivent-ils penser au désastre qui va se passer bien après eux et gâter ainsi leur joie?

C’est que la vraie amitié se manifeste non seulement en temps de bonheur: fête familiale, réussite, etc. mais aussi en temps de malheur: échec, perte d’un parent ou d’un proche, etc.; elle doit se manifester pour les événements présents comme pour ceux à venir... Quand on voit un ami dans la détresse, il convient de l’encourager et le soutenir, lui procurer des forces grâce auxquelles il pourra surmonter les épreuves de la vie... Dans notre cas, si Yossef et Binyamin se sont jetés au cou l’un de l’autre et ont pleuré au lieu d’être contents, c’est essentiellement dans l’espoir d’annuler la sentence rigoureuse, la destruction du Temple.

En ces jours difficiles, nous devons réfléchir au fait que nous sommes trop éloignés de la vérité en nous préparant au mois d’Eloul et au Jour du Jugement par un repentir sincère, et non penser à notre détente et aux vacances...

Il est stupéfiant de remarquer que quand on perd un père, une mère, un frère ou une soeur, on change immédiatement tous ses projets. Comment peut-on penser à s’amuser alors que notre proche vient d’être enterré, à Dieu ne plaise. Nous gardons la barbe, ne participons à aucune joie et ne nous engageons pas dans l’étude de la Torah qui engendre la joie.

Que se passe-t-il en revanche lors de la semaine où tombe le 9 Av et le Ticha’ BéAv lui-même? Certes, nous nous asseyons par terre en nous lamentant sur la destruction du Temple, nous ressentons qu’il vient à l’instant d’être détruit, que nous sommes en quelque sorte responsables de sa destruction le Talmud Yérouchalmi (Yoma 1:1) enseigne  en effet que toute génération qui n’a pas assisté à la reconstruction du Temple, c’est comme si elle avait contribué à sa destruction mais nous pensons essentiellement à notre prochain congé... Comment pouvons-nous prendre le deuil en cette période où la Providence Divine se trouve en exil et où le Saint, béni soit-Il, n’éprouve aucune joie (Avodah Zarah 3b; Midrach Tan’houma 98:1; Zohar III, 202b), où le Nom de Dieu est profané en public, tout en pensant à des futilités?

Nous devons toutefois bien considérer le problème. Nous avons foi que le Temple peut être reconstruit à tout moment, que la Rédemption se révélera dans toute sa splendeur aux yeux du monde entier, que notre exil amer touchera à sa fin. Nos yeux le verront, notre coeur s’en égaiera et notre âme s’en réjouira. Ce qui n’est pas le cas pour la perte d’un proche, où la Torah nous ordonne de prendre le deuil. Certes, les morts ressusciteront dans l’avenir, mais ce que vise essentiellement la Rédemption, c’est la Royauté du Saint, béni soit-Il, sur toutes les Créatures et à ce que Son Nom et Son Trône soient complets (Tan’houma, Ki Tetsé 9).

Si on pense au prochain congé, la meilleure façon de se lamenter sur la destruction du Saint Temple et d’implorer le Ciel pour sa reconstruction, au plus vite de nos jours, est donc de prendre conscience de l’objectif du ‘hofech congé, du repos et de la détente qui visent essentiellement à nous donner des forces pour mieux servir notre Créateur, à ce que Né’HaPess, nous scrutions nos voies pour revenir vers l’Eternel, dans l’espoir de la venue rapide de la Rédemption complète et réelle au courant de ce mois de miséricorde.

Les insensés, quant à eux, n’aspirent naturellement ni à la Géoulah ni au repentir. Ils ne font aucun préparatif pour le mois d’Eloul. Ce n’est certes pas par leur mérite que nous serons libérés de nos malheurs. Pis encore: ils éloignent notre Rédemption... La raison en est qu’ils ne prennent pas conscience des contradictions de leur vie: d’un côté ils pleurent, de l’autre ils ignorent l’essence des larmes qu’ils versent. C’est qu’ils ne sont pas attachés à la Torah et ne font qu’imiter les autres.

A l’issue de ‘Arvith du 9 Av, j’ai parlé à quelques élèves. Regardez comme les murs de la maison d’étude semblent tristes ce soir! leur fis-je remarquer. C’est parce que ce soir, nous n’étudions pas la Torah qui diffuse tant de joie, crée la fraternité entre nous et élève notre âme. Ce n’est que lorsque résonne la voix de la Torah que règnent l’amour, la sainteté et l’amitié... Si la Torah est absente ce soir, nous l’avons malheureusement négligée aussi le reste de l’année. Autrement le Temple aurait déjà été reconstruit et nous n’aurions pas pris le deuil de Ticha’ BéAv. Et si nous nous lamentons encore sur sa destruction, c’est signe que nous n’avons pas veillé à corriger cette faute qu’est l’abandon de la Torah.

Nous devons donc implorer l’Eternel de faire revenir la joie dans le Beth haMidrach immédiatement après le 9 Av. Le malheur, c’est que, précisément après ce jour de deuil, la plupart des gens partent en vacances et les Yéchivoth et maisons d’études restent vides jusqu’au premier jour d’Eloul. Mais comme le Saint, béni soit-Il, joint toute bonne pensée à l’action (Kidouchine 40a; Zohar I, 28b), si nous nous promettons, avec l’aide de Dieu, d’exploiter notre congé pour reprendre des forces en vue de mieux servir notre Créateur, la joie reviendra dans l’enceinte de nos lieux saints: même si nous ne le voyons pas, notre mazal le voit (Méguilah 3a; Sanhédrine 94a).

 

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