La Torah,  la crainte de Dieu et leur récompense dans le monde futur

Commentant le verset: Si le serpent mord faute d’incantations, il n’y a point de profit pour celui qui dit des paroles de médisance (Ecclésiaste 10:11), Rech Lakich explique: dans l’avenir, tous les animaux se réuniront. Se présentant devant le serpent, ils lui diront: Le lion écrase sa victime et la dévore et le loup déchire sa proie et la mange. Mais toi, quel profit tires-tu [de ta morsure]? Le serpent leur répondra: Et quel est le profit qu’en tire le Ba’al Halachon, celui qui médit? (Erkhine 15b). Quel est le rapport entre le serpent et la médisance?

Le serpent mord généralement le talon, comme il est écrit: Qui mord les talons, et son cavalier tombe renversé (Genèse 49:17). Commentant le verset: Si tu prêtes de l’argent au pauvre qui est avec toi, ne sois point à son égard kénochéh comme un créancier (Exode 22:25), Rachi explique là: au début, la morsure du serpent ne laisse qu’un petit impact sur la peau du pied; celui qui a été mordu ne le ressent même pas, et soudain la morsure s’enflamme et tout le corps est atteint. Il en est de même de la médisance: une petite parole à laquelle on n’a même pas pensé finit par s’enfler et blesser tout le corps. Le serpent mord précisément au talon conformément au principe de mesure pour mesure (Chabath 105 b; Nédarim 32a). La bouche a médit, elle qui devait s’engager dans l’étude de la Torah; le serpent mord précisément le ‘EKeV de celui qui s’est abstenu de KoVé’A fixer des heures pour son étude.

Les disciples de l’Ecole de Rabbi Ychmaël enseignent: La médisance équivaut à l’idolâtrie, à l’inceste et au meurtre (Erkhine 15b). Ne va point colportant le mal dans ton peuple (Lévitique 19:16): celui qui médit des autres doit savoir que c’est comme s’il médisait de lui-même, car lui aussi fait partie du peuple; il altère ainsi l’unité du peuple. D’ailleurs le terme RaKhIL (celui qui médit) a la même valeur numérique (260) que NéRI (ma lumière): en d’autres termes, la médisance allume une lumière qui s’introduit dans les trous et les fentes et endommage là où elle va.

Par conséquent, réfléchissons avant d’ouvrir la bouche, car comme l’enseigne le Midrach, la médisance tue trois personnes: celui qui médit, celui de qui on médit et celui qui entend la médisance (Dévarim Rabah 5:1), tout comme la morsure du serpent qui se fait au talon/’EKeV et met tout le corps en danger.

Véhayah impliquant la joie, comme nous l’avons vu à plusieurs reprises, nous devons éprouver de la joie à aider notre prochain, à le pourvoir de ses besoins, être à ses talons/’ékev pour prêter l’oreille à ses problèmes et difficultés, et veiller à ce qu’il n’en vienne pas à médire de son prochain. Empli de joie, il peut ressentir un éveil d’en bas qui entraîne celui d’En Haut.

La sidrath ‘Ekev qui commence par la joie (Véhayah) se poursuit par le péché du veau d’or, qui a tant irrité le Saint, béni soit-Il. Elle nous apprend que l’étude de la Torah ne suffit pas à elle seule: il faut qu’elle soit accompagnée de la crainte du Ciel et de la foi, comme il est écrit: l’homme ne vit pas seulement de pain (Deutéronome 8:3). Ce pain, c’est la Torah, comme nous l’enseignent les Sages (Yalkout Chimoni, Proverbes 9): mais de tout ce que produit le verbe du Seigneur (id.), c’est-à-dire la foi. L’inverse aussi est vrai: la foi seule ne suffit pas. Il faut qu’elle soit accompagnée par l’étude de la Torah. Ce verset nous apprend aussi que ce n’est pas seulement durant l’étude qu’on se souvient de Dieu, mais même en temps de repos...

Si le Tsadik tombe malade et ne peut répondre aux questions de ses disciples, ces derniers s’attachent à lui par le biais de ses écrits... Les deux premières lettres de ‘Ekev Tichméoun forme ‘ETh (moment), allusion à l’obligation pour l’homme de fixer des heures pour l’étude de la Torah dans la joie.

Pourquoi le verset ne mentionne-t-il seulement que les lois/michpatim? Qu’en est-il alors des principes/’houkim et des commandements divins/mitsvoth? C’est que la majorité des lois sont faciles, percevables par l’esprit de l’homme et appliquées par tout peuple éduqué. La Torah vient nous apprendre que le Juif doit les appliquer dans la joie en s’efforçant de sonder leur sens profond et ne pas les considérer seulement de façon superficielle. Ainsi, le commandement divin: Ne tue point par exemple, signifie aussi ne fais pas honte à ton prochain; ne vole point peut traiter aussi de fraude et de tromperie...

Le verset fait aussi allusion à la récompense qu’on doit recevoir Be’ikvéta lors de l’avènement du Machia’h où Le Saint, béni soit-Il, donnera à chaque Tsadik, à pleines mains, trois cent dix mondes (Zohar III, 257b; Sanhédrine 100a). On reçoit la récompense la plus substantielle pour des mitsvoth faciles sur lesquelle on piétine selon la définition de Rachi (Deutéronome 7:12). Dieu sera alors fidèle au pacte de bienveillance qu’Il a juré à nos pères. Un exemple de mitsvoth qu’on néglige généralement, c’est l’ablution des mains après le repas Mayim A’haronim ‘Hovah (l’ablution des mains à la fin du repas est obligatoire). Les premières lettres (mem + aleph + ‘heth = 49) forment Mem Tet, en d’autres termes, celui qui veille à cette mitsvah, ne tombe pas entre les mains des Mem Tet (quarante-neuf) portes de l’impureté et sera constamment empli de joie (véhayah).

L’auteur du Likouté Torah écrit à cet effet: Un serviteur voulait faire plaisir à son maître. Après maintes réflexions, il lui donna en cadeau... un singe qui parle, chose très rare. Il en est de même pour celui qui veut emplir de joie le Saint, béni soit-Il: il ne doit pas se contenter de faire des choses simples, mais viser essentiellement à se conformer à la volonté du Roi des Rois, avec le maximum d’enthousiasme et de dévouement.

Cette joie, l’Eternel ne l’éprouve que si l’homme accomplit les grandes mitsvoth en faisant preuve d’humilité, en se sentant bas comme le talon (‘ékev). En outre, VéHaYaH ‘EKeV, peut se décomposer en Ya’AKoV (= 182) et Vav-Youd (qui a la même valeur numérique (16) que ‘HaBOu - nom qui a trait à la rectification de l’Alliance). En d’autres termes, Jacob s’est constamment saisi du ‘akev, il n’en est jamais parvenu à altérer l’Alliance du fait qu’il se rappelait qu’il venait de la poussière.

On peut lire aussi que VéHaYaH ‘EKeV a une valeur numérique double de celle d’EloHiM (avec le nombre des lettres et 2 collelim), allusion au double combat que notre patriarche a livré à l’attribut de jugement, en l’occurence Essav et son ange, à sa victoire sur eux et leur transformation en attribut de miséricorde. C’est pourquoi Ya’akov s’est exclamé: Je suis trop petit pour toutes les grâces... (Genèse 32:11): si je suis petit, c’est essentiellement parce que je m’introspecte constamment. Qui suis-je pour que le Saint, béni soit-Il, manifeste tant de bonté à mon égard. C’est grâce à cette modestie, qui équivaut au brith, qu’il s’est protégé de l’attribut du jugement.

Celui qui veut vraiment réussir dans l’étude de la Torah doit s’effacer devant tout le monde. Quel est le vrai sage? demande Ben Zoma, celui qui apprend de tout le monde (Avoth 4:1; Avoth deRabbi Nathan 23:1). Le Roi David avoue à son tour: J’ai appris de tous mes précepteurs (Psaumes 119:99). Je lève mes yeux vers le Ciel. De Ayin viendra mon secours? (id. 121:1). Du fait que je me considère comme Ayin, comme le néant, de là viendra mon salut.

 

 

Les vertus de l’étude régulière de la Torah
TABLE DE MATIERE
Les vertus des cent bénédictions quotidiennes

 

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