Erets Israël sanctifiée pour l’éternité

Il est écrit: ...un pays sur lequel veille l’Eternel, ton Dieu, et qui est constamment sous l’oeil du Seigneur, depuis le commencement de l’année jusqu’à la fin (Deutéronome 11:12). Paroles sublimes, d’autant qu’elles sont valables de tout temps, avant, pendant et même après l’exil. Car dans toutes les situations, au temps de sa splendeur comme à celui de sa destruction, la Terre d’Israël a toujours constitué la joie du Saint, béni soit-Il, qui ne la quitte pas une minute des yeux. Ce verset d’introduction nous enseigne aussi que la Terre d’Israël s’adapte parfaitement à l’Assemblée d’Israël et s’y relie (Bamidbar Rabah 26:5, 7). La Providence de l’Eternel veille jalousement sur elles. En effet, parlant de l’Assemblée d’Israël, le psalmiste dit: Voici, les yeux du Seigneur sont ouverts sur Ses adorateurs (Psaumes 33:18), alors que le verset dit de la Terre d’Israël qu’elle est constamment sous l’oeil du Seigneur. Erets Israël ne peut subsister que si l’Assemblée d’Israël y réside et y est attachée. Même quand ils sont en exil, ses fils aspirent avec ardeur à y retourner et elle aussi se languit constamment de leur retour. L’Assemblée d’Israël ne peut non plus subsister sans la sainteté de la Terre d’Israël. Les Juifs ne peuvent retourner que vers elle, parce que c’est la terre la plus sanctifiée au monde (Kélim 1:6; Bamidbar Rabah 7:8).

Celui qui n’habite pas en Erets Israël, c’est comme s’il adorait des idoles, enseignent nos Sages (Zohar III, 72b, 225a; Kéthouvoth 110b). Tout le flux d’abondance céleste passe par la Terre d’Israël (Ta’anith 10a; Vayikra Rabah 35:8; Zohar I, 108b), et de là, il se disperse dans tous les autres pays du monde. Les prières aussi  passent par la Terre d’Israël. Donc, celui qui n’habite pas en Terre d’Israël n’en ressent pas la sainteté et n’établit aucun lien avec elle. C’est alors comme s’il n’avait pas de Dieu. En Diaspora, on se trouve éloigné du Saint, béni soit-Il, et de la source de la sainteté.

Aujourd’hui, à cause de nos nombreux péchés, nous n’avons plus de Temple et le Peuple Juif se trouve en exil depuis deux mille ans déjà et continue à pleurer sa destruction. Toutefois, la Providence Divine se trouve aussi en exil avec nous (Zohar I, 120b; Yérouchalmi Ta’anith 1:1; Méguilah 29b). Tout au long des années, les Juifs sont montés en Terre d’Israël bien qu’elle ne f-t pas peuplée; ils se sont dévoués pour elle; nombre d’entre eux n’ont pas eu la chance d’y arriver, victimes de maladies ou d’attaques de toutes sortes en route. Toutefois, le mauvais penchant vise constamment à couper le Peuple Juif de sa Terre et incite les nations à lui livrer combat, ou bien préconise au Juif de se contenter de donner la charité en sa faveur ou d’y venir en touriste. Tout Juif de la Diaspora doit donc aimer la Terre d’Israël et se languir d’elle, y diriger constamment ses yeux et sa pensée (cf. Chroniques II, 7:16) et prier pour elle. Il doit se lever au milieu de la nuit et se lamenter sur la destruction du Temple (Zohar ‘Hadach, Ruth 107a) pour s’imprégner de sa pureté et sa sainteté. Cette ardente nostalgie rapprochera la Rédemption et éliminera les dessins abjects du mauvais penchant qui s’efforce sans répit de couper tout lien entre le Peuple et la Terre d’Israël.

La sainteté d’Erets Israël expie les fautes des méchants après leur mort (Zohar II, 152a), comme il est écrit: ...et sa terre est une expiation pour son Peuple (Deutéronome 32:43). Nos Sages enseignent aussi qu’à leur mort, les justes de la Diaspora doivent rouler dans des tunnels pour arriver en Terre d’Israël (Kéthouvoth 111a) et ce, grâce à l’amour qu’ils lui portaient de leur vivant.

Commentant le verset: [Jacob] eut un songe que voici: Une échelle était dressée sur la terre, son sommet atteignait le ciel, et des anges de Dieu y montaient et descendaient (Genèse 28:12), le Midrach explique que notre patriarche vit les responsables des nations monter et descendre le long de cette échelle et en fut saisi d’effroi: Mes enfants en feront-ils de même? se demanda-t-il. L’Eternel le rassura: Ceux-ci montent puis descendent, mais quand le peuple d’Israël s’élève, il ne redescend pas (Tan’houma, VaYetsé 2). Pourquoi Jacob eut-il ce songe précisément sur le Mont Moriah à Jérusalem? C’est que le Saint, béni soit-Il, lui a montré que les nations du monde visaient à s’emparer d’Erets Israël et allaient la détruire et la conquérir, mais Dieu finit par les en chasser. Mais quand le Peuple Juif y monte, il y reste et n’en redescend plus. On pourrait penser que si les nations persécutent tant le Peuple Juif, c’est essentiellement pour qu’il ne cesse d’aspirer à y monter et l’aimer. Au cas inverse, ce sont les nations qui l’occupent.

Ceci nous aide à comprendre l’enseignement de Rabbi Chimon bar Yo’haï, selon lequel la Torah, la Terre d’Israël et le monde futur s’acquièrent par les souffrances (Bérakhoth 5a). On peut comprendre que l’étude de la Torah requiert de grands efforts et pour accéder au monde futur il faut oeuvrer inlassablement. Mais quelles souffrances doit-on endurer pour l’acquisition de la Terre d’Israël? Un simple billet d’avion et nous y voilà. C’est que, comme nous l’avons vu plus haut, le mauvais penchant aspire constamment à couper les Juifs de leur Terre et de sa sainteté en les dissuadant d’y monter à cause des hostilités avec nos ennemis, et en leur faisant croire qu’elle n’est pas constamment sous l’oeil du Seigneur. Mais il convient de combattre le mauvais penchant par les prières, de continuer à se lamenter sur la destruction du Temple et se languir de la Terre pour être imprégné de sa sainteté: ce sont là les souffrances qu’on doit endurer pour Erets Israël. On jouira alors de tout le flux d’abondance céleste qui s’y trouve et on sera constamment en contact avec elle...

Celui qui se lamente sur Jérusalem a le mérite de la voir dans sa joie, enseignent nos Sages (Ta’anith 30a; Pessikta Rabah 29:3). Pourquoi cela a-t-il été dit au présent au lieu du futur: aura le mérite et la verra... C’est que la nostalgie nous rapproche de la Terre d’Israël et du Saint, béni soit-Il, et constitue précisément cette joie! Nous nous imprégnons immédiatement de sa sainteté. D’ailleurs, c’est par le biais de Jérusalem que l’Eternel console Son Peuple, comme il est écrit: Comme un fils que sa mère console, ainsi vous consolerai-Je, et c’est dans Jérusalem que vous trouverez votre consolation (Isaïe 66:13). L’Eternel n’a-t-Il pas trouvé d’autre consolation que Jérusalem? demande Rabbi ‘Haïm Aïsik. C’est qu’à notre humble avis, toute la sainteté d’Erets Israël vient de Jérusalem, à laquelle le Peuple Juif aspire tellement, pour qui il prie tant, sur laquelle il s’endeuille jusqu’à nos jours. Il n’y a donc pas de plus grande consolation que celle de Jérusalem.

Jérusalem est douée d’innombrables vertus. Même les Gentils s’y rendaient pour en admirer la splendeur, et de grands miracles s’y accomplissaient. Parmi les nombreux pèlerins Juifs qui se rendaient au Temple, personne ne s’était jamais plaint d’être trop à l’étroit (Avoth 5:8); on ne voyait aucune mouche, symbole du mauvais penchant (Bérakhoth 61a) dans l’abattoir du Temple (id. Avoth déRabbi Nathan 35:5). C’est surtout lors de leur pèlerinage à Jérusalem que les enfants d’Israël s’élevaient au plan spirituel. Mais ils ont tout perdu après la destruction du Temple. Le Zohar raconte que les Cohanim se sont jetés au feu et y ont jeté leurs clés plutôt que de partir en exil (I, 102b; II, 118a).

Dieu merci, une grande partie du Peuple Juif se trouve aujourd’hui en Israël. Jérusalem nous appartient. En sommes-nous consolés? Certainement pas, car nous sommes entourés d’ennemis qui veulent nous prendre notre pays et Jérusalem. C’est donc un signe que notre nostalgie de la Terre d’Israël n’est pas encore assez ardente et qu’il y a lieu de rectifier notre conduite. Mais dans l’avenir, Jérusalem sera le modèle de la beauté. C’est ce qui amènera essentiellement la joie de l’Eternel (Ekhah Rabah 1009); tout le monde y sera exempt de péché (Bamidbar Rabah 21:19). L’union la plus parfaite s’établira entre les Juifs qui monteront en pèlerinage à Jérusalem (Yérouchalmi, ‘Haguigah 3a). L’Eternel la reconstruira d’En Haut pour l’éternité (Zohar I, 114a). Ce sera alors notre plus grande consolation.

Exulte et réjouis-toi, fille de Tsion, car voici J’arrive pour résider au milieu de toi, dit l’Eternel... (Zacharie 2:14). L’Eternel rentrera en possession de Judah, son domaine sur la Terre Sainte, et fera de nouveau choix de Jérusalem (id. 16). Nous commenterons ces deux versets après une petite introduction sur le péché des explorateurs. Apparemment, on peut dire que les explorateurs n’ont fait que dire la vérité: en Cana’an, vivent des peuples extrêmement puissants qui enterrent leurs morts (Sotah 35a), des géants, néfilim, enfants d’Anak (Nombres 13:33). Ils ont même cru que le pays protégerait les nations qui y habitaient... Pourquoi alors ont-ils été châtiés d’une mort si atroce.

Comment peut-on concevoir que les enfants d’Israël, à qui l’Eternel avait promis d’hériter du pays avec tout son flux de pureté et sainteté, n’eussent pas pu entrer en Terre Sainte, alors que l’Eternel veille sur les nations qui n’ont pas été dignes de recevoir la Torah et accomplir les mitsvoth, et les laisse vivre en Terre Sainte. Commentant le verset: VaYélékhou VaYavoou Ils allèrent et arrivèrent chez Moïse et Aharon (Nombres 13:26), nos Sages enseignent qu’aussi bien leur venue et leur départ étaient de mauvais augure (Sotah 35a). En d’autres termes, avant même leur départ, les explorateurs visaient à médire de la Terre d’Israël pour que les enfants d’Israël préfèrent rester dans le désert et qu’ils puissent, eux, les diriger. Ayant préféré leur intérêt personnel à celui du pays, ils ont été punis mesure pour mesure: ils sont morts dans le désert et n’ont pas été dignes de rester les Princes d’Israël. C’est là le châtiment du diffamateur: il n’assiste pas à la joie du pays. Les enfants d’Israël ont aussi été punis par leur faute.

On peut ainsi comprendre clairement les paroles du prophète: L’Eternel résidera au milieu de nous pour l’éternité... Il rentrera en possession de Judah, son domaine sur la terre sainte: seul le Peuple Juif sera maître pour l’éternité de la terre, aux yeux des nations, sans livrer de combat et fera de nouveau choix de Jérusalem. Il l’imprégnera encore plus de sainteté, car c’est la bouche de l’Eternel qui a parlé, promis de donner à Israël la Terre d’Israël... Le péché des explorateurs a engendré deux fois la destruction du Saint Temple à la même date, le 9 Av; le flux d’abondance spirituelle en a disparu; l’Eternel fera toutefois de nouveau choix de Jérusalem, y intégrera tout le flux d’abondance aux yeux de toutes les nations et le péché des explorateurs sera amendé. Jérusalem, demeurera alors pour l’éternité dans sa pureté et sainteté.