Le but des prémices: troubler le mauvais penchant

On lit généralement la sidrath Ki Tavo (qui commence par l’offrande des prémices) au milieu ou vers la fin du mois d’Eloul le mois de la miséricorde et du pardon où on veille particulièrement à faire téchouvah, en mettant l’accent sur les rapports entre l’homme et son prochain.

Ce mois-ci ne ressemble pas aux autres, car l’homme y vise à se rapprocher de son Créateur et s’efforce de reprendre le bon chemin. C’est vraiment dommage pour celui qui ne le ressent pas. Celui qui y est sensible doit veiller à ce que son repentir ne s’exprime pas seulement dans la synagogue ou la Yéchivah, mais chez lui, dans la rue, au travail, partout. La téchouvah doit être sincère au maximum: c’est pourquoi à Roch HaChanah et Yom Kipour, l’homme doit rectifier tout ce qu’il a souillé. Il doit l’élever au rang de prémices exclusivement destinées au Saint, béni soit-Il. Il éliminera ainsi son mauvais penchant en comprenant bien le verset qu’on récite en offrant les prémices: L’Araméen voulait perdre mon père: le Yetser voulait me faire trébucher, mais j’ai réussi à l’éliminer et je cesse de transgresser la volonté divine.

Comme nous l’avons vu dans une leçon précédente, des panneaux routiers indiquaient aux meurtriers involontaires la direction de la ville de refuge la plus proche. Pourquoi n’en plaçait-on pas de pareils pour indiquer la direction de Jérusalem et du Saint Temple pour y offrir des prémices?

D’après le Lévouche (581:1) et le Tour (Ora’h ‘Haïm) on ne bénit pas le mois de Tichré en Eloul pour troubler le Satan, pour qu’il ne sache pas quand tombe le premier jour de l’année et ne porte des accusations contre le Peuple d’Israël. L’Admour de Gour, auteur du ‘Hidouché HaRim pose à cet effet une question intéressante: Peut-on concevoir que le Satan ne sache pas ainsi quand tombe Roch HaChanah?

C’est qu’il y a une différence essentielle entre Roch ‘Hodech de Tichré et les autres néoménies de l’année... Le début des autres mois de l’année sert certes à expier nos fautes, comme nous disons dans le Moussaf de Roch ‘Hodech; nous bénissons le premier jour du mois pour nous rappeler que le temps est venu pour nous de changer de conduite et de nous repentir pour toutes les fautes que nous avons commises au cours du mois. Mais, à cause de nos nombreux péchés, nous poursuivons notre routine quotidienne comme si de rien n’était. Le mauvais penchant le sait bien; aussi n’intervient-il pas et ne porte pas des accusations. Il sait que l’homme s’est promis de changer, mais ne fait rien pour y arriver.

Toutefois, bien qu’il sache quand tombe Roch HaChanah, le Satan ne porte pas encore des accusations, car tant que le Juif n’a pas béni le mois le Chabath qui en précède le début, il montre qu’il n’a encore fait aucune promesse de changement pour le bien et ne manifeste aucun désir à faire téchouvah. Mais s’il venait à bénir le mois, le Satan aurait immédiatement porté des accusations contre lui, car il se trouve déjà dans le mois de Tichré et commence à se repentir. Le mauvais penchant sait que le mois de Tichré diffère des autres mois de l’année. Et si l’homme déployait des efforts pour reprendre la bonne voie, le mauvais penchant se serait efforcé de l’en dissuader...

Par conséquent, si on ne bénit pas le mois de Tichré le Chabath qui le précède, c’est parce qu’on ne veut pas montrer au mauvais penchant qu’on a pris la décision de se repentir. Toutefois, dans son for intérieur, on se promet de bonnes choses, fermant ainsi la bouche au mauvais penchant. Si la Torah ne mentionne pas Roch HaChanah comme jour de jugement, c’est aussi pour troubler le Satan. C’est aussi la raison pour laquelle on ne plaçait pas sur les routes des poteaux routiers indiquant la direction de Jérusalem lors de l’offrande des prémices au Saint Temple. Le Satan sait que les Juifs montent dans la Cité Sainte, lors des pèlerinages où à Chavou’oth pour l’offrande des prémices, mais tant qu’il ne voit pas ces poteaux indicateurs, il pense qu’ils s’y rendent sans viser à améliorer leur conduite. Aussi ne porte-t-il pas des accusations contre eux. Or le pèlerinage à Jérusalem vise essentiellement un objectif spirituel, ce qui lèse sensiblement les forces du mal. Les pèlerins devaient donc déployer de grands efforts pour trouver leur chemin seuls; ces efforts visaient à troubler le Satan pour qu’il ne porte pas des accusations contre eux. C’est ainsi qu’ils arrivaient à Jérusalem, donnaient les prémices au Cohen en confessant leurs fautes devant Dieu et en se repentant et réussissaient à éliminer le mauvais penchant.

Le ‘Hidouché HaRim écrit à cet effet que ce qu’il faut viser essentiellement, c’est exploiter au maximum l’occasion qu’on a à faire téchouvah plutôt que de craindre le châtiment engendré par ses fautes.

Comme on le sait, le repentir est un don que le Saint, béni soit-Il, a offert à Son peuple. C’est un des plus grands biens qu’Il a octroyé à Ses créatures. Car Il leur a préparé le chemin à emprunter pour se détacher de leurs actions viles et fuir leurs péchés, s’épargner la colère divine et apprendre à revenir vers Lui. Car elles ont péché contre Lui, mais comme Il est bon et droit, Il montre aux pécheurs le [vrai] chemin (Psaumes 25:8). Ses enfants ont beau pécher et se rebeller, Il ne leur a pas fermé les portes de la pénitence, comme il est écrit: Enfants d’Israël, revenez à Celui dont vous êtes si profondément séparés (Isaïe 31:6) et: Revenez, ô enfants rebelles! Je guérirai vos égarements (Jérémie 3:22; Chaaré Téchouvah chap. 1).

Le concept de repentir est intimement lié au Chabath, qui est aussi un don de l’Eternel pour Ses enfants. Pour qu’on sache que c’est moi, l’Eternel, Qui vous sanctifie (Lévitique 31:3). Le Saint, béni soit-Il, dit à Moïse: J’ai un beau cadeau dans Mes Trésors: c’est le Chabath et Je veux le donner à Israël. Va les en avertir (Chabath 10b). Le Chabath, nous réfléchissons à ce que nous avons fait au courant de la semaine, à quel niveau de service divin nous avons accédé. Nous ferons alors une pénitence sincère et nous débarrasserons de toute l’atmosphère profane qui nous entoure. Même la nourriture que nous consommons s’en trouve sanctifiée, car alors nous nous élevons et la nourriture de toute la semaine qui suit s’en trouve aussi sanctifiée.

Par conséquent, quand on bénit le mois le Chabath qui le précède et s’approfondit sur l’essence de Roch ‘Hodech, on renouvelle son service divin et on en arrive au repentir. Car, comme nous l’avons vu plus haut, le Chabath et la téchouvah sont un seul et même concept. Ceci s’applique plus particulièrement au mois de Tichré.

Le Chabath qui précède le mois de Tichré que nous nous abstenons de bénir, Dieu considère la bonne pensée (de vouloir sanctifier le nouveau mois) comme si on l’avait réalisée par l’acte (voir Zohar I, 28b; Kidouchine 40a).

L’essentiel dans ce domaine est de faire preuve du maximum d’humilité. Le verset précise: Ta’hath Acher Lo Avadtah Eth HaChem... Et parce que tu n’auras pas servi ton Dieu avec joie et contentement du coeur... (Deutéronome 48:27): en d’autres termes, tu as subi tous ces châtiments parce que tu ne t’es pas effacé, soumis (Ta’hat, lit.: en bas). Quant aux lettres de Acher elles peuvent former Roch: en d’autres termes, ta punition a été engendrée par le fait que tu n’as pas assez baissé Roch (la tête). C’est pourquoi tu n’as pas accédé à la joie dans l’accomplissement des commandements divins: car comment celui qui lève bien haut la tête (Roch) peut-il servir Dieu?

 

 

Le don offert aux Tsadikim l’offrande des prémices
TABLE DE MATIERE
Les lois de l’offrande des prémices La victoire sur le mauvais penchant

 

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