La modestie est la mère de tous les bons traits pour tout homme tout au long des générations

Moïse alla ensuite adresser les paroles suivantes à tout Israël (Deutéronome 31:1). Où est-il allé? Il se trouvait au sein des enfants d’Israël auxquels il tint les propos mentionnés dans notre sidrah.

D’autre part, commentant le verset: Je ne peux plus vous servir de guide (lit.: sortir et venir), d’ailleurs, l’Eternel m’a dit: Tu ne traverseras pas ce Jourdain... (id. 2), Rachi, citant les Sages, explique: A ce moment, Moché avait oublié les enseignements traditionnels de la Torah, et les fontaines de la sagesse s’étaient taries pour lui (Sotah 13b). Or, nous savons qu’il a inculqué aux enfants d’Israël la mitsvah de convocation du peuple entier, à l’issue de l’année sabbatique (id. 31:12), il leur a fait de la morale et leur a écrit un Cantique (id. 22). Il les a enfin béni tous avant sa mort (id. 33:1). Comment donc les commentateurs peuvent-ils écrire que les fontaines de la sagesse s’étaient taries?

La Torah met particulièrement l’accent sur les rapports entre l’homme et son prochain. Il est difficile à celui qui a été gravement lésé de pardonner à celui qui l’a blessé. Il est prêt à livrer combat à celui qui a souillé son nom. La Ma’HLoKeTh (dissension) engendre toute une série de mauvaises réactions dont les initiales forment ce terme: Macah (coup); ‘Haron (colère); Likouy (déficience); Kelalah (injure); To’évah (abomination) (Bamidbar Rabah 18:10). Celui qui blesse son prochain doit donc aussi chercher à se réconcilier avec celui qu’il a lésé (Yoma 85b).

Par conséquent, si le verset précise que Moïse alla adresser ces paroles... c’est parce qu’il était le plus humble et le plus aimé des hommes. Aussi, avant sa mort, au lieu de s’occuper de ses affaires personnelles et veiller à rectifier son âme, alla-t-il d’un Juif à l’autre en vue de l’inciter à emprunter la voie de la rectitude, pour subvenir à ses besoins au plan matériel et spirituel. Ce qui sort du coeur entrant dans le coeur, comme l’enseignent nos Sages (Bérakhoth 6a), il a réussi dans son entreprise et ses paroles ont laissé un grand impact chez tous ceux qui l’entendaient: c’était là sa victoire, ce qui l’a essentiellement honoré.

Tout maître et éducateur devrait agir comme notre maître Moïse, et s’il remarque par exemple un élève qui n’est pas venu un jour à l’un de ses cours, il devrait se rendre chez lui pour se renseigner exactement sur son absence. Il ne devrait pas s’en sentir humilié ou avili. La Guémara (Bava Kama 20a; Bava Bathra 51a) a rapporté à cet effet l’épisode d’un Amora qui s’est abstenu une fois de venir à la maison d’étude et à qui ses camarades ont rapporté les leçons apprises.

On remarque au premier verset de notre sidrah l’emploi du verbe Vayedaber, qui implique comme on le sait un langage dur (cf. Tan’houma 96a). Comment peut-on concevoir que Moïse puisse utiliser un tel langage? C’est qu’il n’était pas très facile pour lui de réprimander les enfants d’Israël dans toutes leurs diversités sociales... Leur coeur fut toutefois brisé de voir un chef de son envergure s’abaisser et venir à leur rencontre.

On peut dire que c’était pour lui une descente destinée à une élévation (Makoth 7b): en d’autres termes, il considérait ses discussions avec les gens les plus simples comme une élévation personnelle, du fait qu’elle contribuait à leur faire emprunter la bonne voie. La Michnah enseigne à cet effet: Tout celui qui dirige les gens vers le bien, le mérite des autres lui est attribué (Avoth 5:21). Ce faisant, Moïse veillait particulièrement à ne pas faire preuve de la moindre trace d’orgueil, aspect de Va, descends! (cf. Exode 19:24; 32:7). Sur le Sinaï, Moïse s’est imprégné d’une sainteté que nul oeil humain n’a jamais discernée, comme il est écrit: Tu es remonté dans les hauteurs, après avoir fait des prises (Psaumes 68:19). Et il devait descendre et s’occuper pour pouvoir monter par la suite davantage.

C’est donc, comme nous le verrons plus bas (leçon sur le Chabath Téchouvah), grâce à Moïse que les gens simples se sont repenti. C’est grâce à lui que le Jour de Kipour pardonne nos fautes, Moïse étant monté une deuxième fois sur la montagne pour recevoir ce jour les secondes Tables de la Loi (Tan’houmah, Ki Tissé 31).

Les fontaines de la sagesse se sont taries pour Moïse la veille de sa mort, mais grâce à sa modestie, il n’en continua pas moins à faire la morale aux enfants d’Israël et avant de disparaître, il les bénit qu’ils suivent sa modestie. Il leur apprit que les lois de l’année sabbatique lui ont été données sur le Mont Sinaï connu pour son humilité (Béréchith Rabah 99a; Pessikta Rabati 7:3). Moïse a reçu la Loi sur le Sinaï (Avoth 1:1), la Torah qui est acquise par la modestie (id. 6:4).

Quel rapport y a-t-il entre l’année sabbatique et le Sinaï? demandent nos Sages (Torath Cohanim, Rachi, Lévitique 26:3). La Torah veut nous montrer par là l’égalité entre le maître et l’esclave... grâce à la modestie, on peut donc recouvrer ses forces et sa sagesse. Elle est en mesure d’annuler toute sentence rigoureuse. La modestie est la mère de tous les bons traits pour tout homme tout au long des générations.

 

Tu aimeras ton prochain comme toi-même  Les fondations du pacte de la Torah
TABLE DE MATIERE
Le testament du Tsadik contribue à l’affermissement et l’élévation

 

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