La lèpre comme remède à l’orgueil

Il est écrit : « S’il se forme sur la peau d’un homme une tumeur, une dartre ou une tache et qu’il y a sur sa peau une plaie lépreuse » (Lévitique 13, 2).

A propos du verset « Quand Je ferai apparaître une plaie lépreuse dans une maison du pays que vous posséderez » (Lévitique 14, 34), les Sages ont dit que c’était une bonne nouvelle, car cette plaie va obliger à démolir la maison, et on trouvera des trésors cachés dans les murs (Horayoth 10a, Vayikra Rabah 17, 6). Les plaies informent également l’homme qu’il doit s’amender : « Chemouël bar Na’hmani a dit au nom de Rabbi Yo’hanan que les plaies viennent à cause de sept choses, la médisance, le meurtre, les faux serments, la débauche, l’orgueil, le vol et l’avarice. » (Arakhin 16a).

L’une des choses qui provoquent la lèpre est donc l’orgueil, qui correspond à la plaie de SET, mot donc la racine signifie « s’élever, s’enorgueillir ». Comment l’homme en arrive-t-il à s’enorgueillir ? En n’étudiant pas la Torah, évoquée par le mot ATSeRet (un des noms de Chavouoth, jour où la Torah a été donnée). Il est alors frappé de TSARA’At (la lèpre, mêmes lettres que ATSeRet), par conséquent quand il se considère comme supérieur au reste de la communauté, sa peau est affligée de lèpre, mesure pour mesure (Chabath 105b, Nédarim 32a, Sanhédrin 90a). C’est de cela qu’il s’agit dans ATSeRet (racine signifiant arrêter, exclure), qu’il faut comprendre comme dans le verset « la femme est exclue (ATSouRah) pour nous » (I Samuel 21, 6), ou encore « le nom du serviteur (...) retenu (neETSAR) devant Dieu » (Ibid. verset 8), mot sur lequel Rachi explique : Il se retient devant la tente d’assignation pour étudier la Torah. Dans le cas contraire, il est frappé de lèpre (TSARA’At).

Comment faire pour guérir ? « On l’amènera au cohen » (Lévitique 13, 2). Il faut qu’il aille chez le talmid ‘hakham, puis qu’il reste en dehors du camp (« Il demeurera isolé, sa place est en dehors du camp » (Ibid. 46)). C’est très difficile à comprendre, car si ce malade est lui-même un talmid ‘hakham qui connaît parfaitement les lois concernant la lèpre, pourquoi la Torah a-t-elle ordonné de le mener au cohen, fût-ce malgré lui ? Que lui dira-t-il de plus que ce qu’il sait parfaitement ?

Il semble que tout cela soit mesure pour mesure. Il a été frappé de lèpre à cause de son orgueil, donc la réparation et le châtiment doivent être que même s’il n’a nul besoin du diagnostic du cohen, il doit tout de même s’incliner, s’abaisser et se présenter à lui. On peut imaginer un cas où lui, le talmid ‘hakham, est plus important que le cohen, comme dans le verset « Elle est plus précieuse que les perles » (Proverbes 3, 15), qui signifie : la Torah est plus précieuse que le Grand Prêtre qui pénètre dans le Saint des Saints (Horayoth 13a), et les Sages ont dit : « Un bâtard talmid ‘hakham a la préséance sur un Grand Prêtre ignorant » (Horayoth Ibid.). Même dans ces conditions-là, il doit s’abaisser devant le cohen, c’est en cela que consiste la réparation.

Le lépreux doit également demeurer en dehors du camp (Lévitique 13, 46). Pourquoi ? Il est dit à propos de l’orgueilleux : « Moi et lui ne pouvons résider dans le même endroit » (Sotah 5a), c’est pourquoi ce lépreux qui s’est conduit avec orgueil ne peut revenir habiter dans le camp d’Israël. Comme la Chekhinah s’y trouve, il doit en sortir et demeurer dehors jusqu’à ce qu’il soit entièrement purifié de sa faute.

Toujours à ce propos, la parachah du lépreux a été écrite après les lois sur la naissance de l’homme, qui figurent après les lois concernant la bête. « Rabbi Samlaï a dit : Pourquoi les lois concernant l’homme figurent-elles après les lois concernant les bêtes et les oiseaux ? Parce que de même que la création de l’homme est postérieure à celle de la bête et de l’oiseau, les lois qui le concernent figurent après celles qui concernent les animaux. » (Vayikra Rabah 14, 1.) On peut parfaitement ajouter : c’est pourquoi la Torah continue par la parachah des sacrifices et celle du lépreux, pour enseigner à l’homme à se garder de l’orgueil et à s’efforcer d’être extrêmement humble (Avoth 4, 4, Kalah début du ch. 3), en tirant la leçon du fait que la bête a été créée avant lui et que néanmoins les animaux manifestent un dévouement et une humilité considérables dans l’accomplissement des ordres de Dieu, alors que lui, le lépreux, continue à s’enorgueillir. Par conséquent il y a de bonnes raisons de le laisser seul en dehors du camp, et de l’envoyer chez le cohen, car lui seul peut voir la plaie, le jour et non la nuit, lui seul peut décider si cet homme s’est déjà rabaissé, car le cohen est un juste, il peut l’aider à sortir de son orgueil qui ressemble à la nuit, pour arriver au jour dans la pureté et la sainteté.

 

L’unité vient réparer les plaies et abolir les peines
Table de matière
La sagesse des femmes construit leur maison, dans la sainteté et la pureté

 

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