Ne suivez pas leurs coutumes

Celui qui nous a choisis parmi toutes les nations (Bérakhoth 11b) nous a séparés d’elles dans Son infinie miséricorde en nous donnant la sainte Torah. Il a fait de nous le peuple élu, nous a rendus différents des autres peuples de la terre et nous a enjoint de ne pas les imiter, ainsi qu’il est écrit : « Ne vous conformez pas à leurs lois » (Lévitique 18, 3), ou encore « N’adoptez pas les lois de ce peuple » (Ibid. 20, 23). Pour être Ses fidèles serviteurs, nous avons le devoir de ne pas leur ressembler et ne pas imiter leurs actions.

De nos jours, nous ne pouvons nous empêcher de poser une question difficile : comment est-il possible de distinguer entre un juif et un non-juif ? Je sors de chez moi, je constate que tout le monde se ressemble, et je ne sais pas qui est le juif. La question de l’identité juive se pose à l’heure actuelle en Erets-Israël, à propos des descendants des mariages mixtes. Mais  ce n’est pas évident même chez ceux dont la naissance ne comporte aucun élément de doute.

Voici une histoire qui m’est arrivée. Un jour, à Lyon, j’ai emmené avec moi à la gare un juif qui marchait tête nue, et je lui ai demandé : « Es-tu juif ? » Il m’a regardé avec étonnement : « Bien sûr que je suis juif, et même croyant ! Pourquoi le Rav me pose-t-il une question pareille ? – Je lui ai répondu : Viens avec moi maintenant, et je vais te montrer ce que c’est qu’un vrai juif. » J’ai sorti une kipah blanche de ma poche, je la lui ai mise sur la tête et je lui ai dit : « Maintenant, suis-moi. » Il marchait, et tout le monde a commencé à le regarder, certains en se moquant de lui. Il me suivait avec stupéfaction et m’a demandé : « Que m’a fait le Rav ? Tout le monde me regarde comme s’ils voulaient m’avaler... – Alors je lui ai demandé : Pourquoi est-ce qu’hier personne ne voulait t’avaler ? » Il s’est tu et n’a rien répondu. Je lui ai dit : « Hier tu leur ressemblais, tu étais vraiment comme eux, alors qu’aujourd’hui tu es un autre homme qui n’a aucun rapport avec eux. Hier tu étais un goy et aujourd’hui tu es un juif, comme le dit le Rambam : « Hier tu étais méprisé et vil (...) et aujourd’hui tu es aimé, proche etc. » (Hilkhoth Techouvah ch. 7 halakhah 6). Hier on ne te remarquait pas parce que tu ressemblais à tout le monde, et aujourd’hui ils sont fâchés contre toi parce que tu t’es moqué d’eux : jusqu’à présent ils te prenaient pour un goy comme eux, alors que tu es juif ! C’est cela un vrai juif, il faut se conduire comme un juif et ressembler à un juif, aussi bien dehors qu’à la maison, la bouche et le cœur doivent être en accord (Teroumoth 3, 8, Pessa’him 63b) ».

Voici une autre histoire du même genre. Un jour, j’ai rencontré quelqu’un dans la rue et il m’a dit « Bonjour, Rabbi ». Je l’ai regardé, et j’ai continué à marcher sans lui répondre. Il s’est mis en colère et a couru derrière moi pour me dire : « Pourquoi est-ce les rabbanim ne sont pas polis ? » Je lui ai demandé ce que je lui avais fait, et il m’a répondu qu’il m’avait salué en m’appelant Rabbi et que je n’avais pas réagi. Je lui ai répondu : « Aujourd’hui, même les non-juifs parlent hébreu pour se moquer des juifs, c’est pourquoi je n’ai rien répondu... » Alors il s’est vexé et m’a dit : « Mais moi je ne suis pas un goy, je suis un juif comme vous !  – D’où puis-je savoir que vous êtes juif, lui ai-je répliqué, est-ce à cause de la langue que vous parlez ? Si c’est la langue sainte qui me ferait croire que vous êtes juif (comme il est écrit à propos de Joseph : « Car ma bouche vous parle (Genèse 45, 12), dans la langue sainte (Béréchith Rabah 93, 10, Rachi Ibid.), pour leur montrer qu’il était juif), aujourd’hui même les arabes parlent hébreu pour faire croire aux gens qu’ils sont juifs. Portez donc une kipah sur la tête et conduisez-vous comme un juif, de cette façon je saurai que vous êtes juif. » L’homme m’a répondu : « Que le Rav m’excuse, il a raison, mais j’ai honte de porter une kipah... – Un vrai juif est quelqu’un qui n’a pas honte de le montrer, pas comme ceux qui font beaucoup de bruit dans les synagogues alors qu’au dehors ils se déguisent en non-juifs... » L’homme m’a répondu : « Le Rav ne pense-t-il pas qu’en portant une kipah à l’extérieur, nous attisons la colère des non-juifs et qu’il y a de plus en plus d’antisémitisme ? – Ce n’est pas la même chose, si tous les juifs du monde entier et surtout de France portaient la kipah, le premier jour les Français seraient sous le choc en voyant combien de juifs il y a en France. Mais ensuite ils s’habitueraient à voir des juifs avec la kipah.

Seulement quand c’est un seul individu qui porte la kipah, c’est différent, parce qu’ils n’ont pas l’habitude, ils s’imaginent que ce juif est une écharde dans leur chair et ils le détestent. Je vais vous donner un exemple – ai-je ajouté. Au début, les fanatiques du rock ont commencé à porter des vêtements bizarres et tout le monde se moquait d’eux, la même chose pour les Hell Angels et pour les skinheads au crâne rasé. Tout le monde s’est moqué d’eux au début, mais ensuite on s’est habitué à la laideur de leur accoutrement et c’est eux maintenant qui se moquent de tout le monde. Il n’y a donc pas besoin d’avoir honte vis-à-vis des non-juifs si eux-mêmes n’ont pas honte de leurs fous. Tout ce que nous devons faire, c’est nous distinguer d’eux et nous conduire à notre manière à nous, les juifs. »

En effet toutes les bêtises des goyim n’ont aucune espèce d’intérêt, c’est pourquoi personne n’y fait attention, alors que notre façon de vivre repose sur les fondements de notre sainte Torah. Ce n’est pas par hasard que le mauvais penchant nous pousse à avoir honte de nos voisins, mais il n’y a aucune raison, non plus que de se sentir embarrassé envers quiconque se moque de nous, comme l’écrit le Rema (Ora’h ‘Haïm  1, 1), ou gêné de se couvrir la tête, car c’est cela qui nous donne la crainte du Ciel (Chabath 156b, voir aussi Kidouchin 33a). Si nous voulons vaincre le mauvais penchant et extirper cette honte de nos cœurs, nous devons étudier la Torah le plus possible, car elle représente l’antidote au mauvais penchant (Kidouchin 30b, Baba Batra 16a), et aller jusqu’à nous tuer dans la tente de la Torah, ainsi qu’il est écrit : « Voici la Torah, l’homme qui meurt dans la tente » (Nombres 19, 14). En effet, les paroles de Torah n’ont un effet que chez celui qui se tue pour elle (Bérakhoth 63b, Chabath 83b), et l’étude éveille dans le cœur l’amour et la crainte intérieure de Dieu. A ce moment-là il ne reste plus de place pour la honte ou la crainte de quoi que ce soit, et on sera prêt à donner sa vie pour sanctifier le Nom de Dieu (voir Rambam Hilkhoth Yessodei HaTorah ch. 5). L’homme doit savoir que c’est cela l’essentiel du service de Dieu.

La Guemara enseigne : « Que doit faire l’homme pour devenir sage ? Consacrer beaucoup de temps à l’étude et peu au commerce » (Nidah 70b). Elle ajoute que beaucoup se sont comportés ainsi sans résultat, et que dans ce cas-là il faut implorer Celui à qui appartient la sagesse, ainsi qu’il est dit : « C’est Dieu qui donne la sagesse, de Sa bouche viennent le discernement et l’intelligence » (Proverbes 2, 7). Cela signifie qu’en étudiant beaucoup, on accumule la sagesse nécessaire à vaincre le mauvais penchant, car il n’a pas le droit de rentrer dans la maison d’études. Mais si à l’extérieur le mauvais penchant s’avère tout de même le plus fort, il faut multiplier les prières et demander à Dieu, à Qui appartient la sagesse, de nous donner la force nécessaire pour le vaincre. ; Les Sages conseillent de traîner ce misérable à la maison d’études (Soukah 52b, Kidouchin 30b, Zohar I, 190a), ce qui libère l’homme de toute honte déplacée qui l’empêche de servir Dieu. En effet une immense richesse spirituelle se cache dans la Torah, et quiconque étudie le plus possible sans imiter le mode de vie des non-juifs mérite de devenir un sage et un homme habité de la crainte de Dieu.

 

Le bouc pour Azazel est une façon de faire taire nos accusateurs
Table de matière
L’évocation du jour de la mort

 

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