La mitsvah de chemittah et l’effort dans l’étude sont une seule et même chose

Les Sages ont dit : « A cause de la faute de la chemittah, les benei Israël  ont été exilés de leur terre », et aussi que s’ils n’observent pas la chemittah, Jérusalem sera détruite et le pays deviendra un désert (Tan'houma Béhar 1, Rachi Ibid. 25, 18, Chabath 33a). Cela paraît très difficile à admettre, car il y a un verset explicite qui dit : « A cause de quoi la terre a-t-elle été perdue ? (...) parce qu’ils ont délaissé Ma Torah » (Jérémie 9, 11-12). La destruction du pays et de Jérusalem est donc due à la négligence dans l’étude de la Torah, et non à la non-observance de la chemittah !

Il faut d’ailleurs objecter qu’à l’époque du Premier Temple, il y a eu de nombreux rois qui ont observé la Torah, par conséquent que signifie « ils ont négligé Ma Torah » ? Et s’ils étaient fidèles à la Torah, il est évident qu’ils ont observé la chemittah, par conséquent comment peut-on dire qu’ils n’ont pas étudié et que le pays a été détruit à cause de cela ? Nous allons essayer de l’expliquer en examinant également le rapport entre les parachioth Béhar et Bé’houkotaï, qui sont généralement lues ensemble.

Au début de la parachat Béhar, Rachi explique au nom des Sages (Lévitique 25, 1, d’après Torath Cohanim Ibid.) : « Quel rapport y a-t-il entre la chemittah et le mont Sinaï ? De même que les principes généraux et les détails de la chemittah ont été donnés au Sinaï, les principes généraux et les détails de toutes les mitsvoth ont été donnés au Sinaï. » Cela demande explication : pourquoi la Torah a-t-elle donc écrit tous les principes généraux et les détails à propos de la chemittah et non d’une autre mitsvah ? On sait que le monde entier repose sur l’étude de la Torah, ainsi qu’il est écrit : « Si mon alliance avec le jour et la nuit cessait de subsister, Je n’aurais pas fixé de lois au ciel et à la terre » (Jérémie 33, 25), verset qui a été expliqué ainsi : « Sans la Torah, le ciel et la terre ne pourraient pas se maintenir à l’existence » (Pessa’him 68b, Nédarim 32a) ; de plus, l’étude de la Torah implique qu’on se donne du mal pour arriver à observer les mitsvoth [c’est le lien entre les parachioth, car au début de Bé’houkotaï il est dit à propos du travail que représente l’étude : « Si vous marchez dans Mes statuts » (Torath Cohanim 26, 3), et ensuite : « « et que vous observiez mes mitsvoth »], ainsi que l’ont dit les Sages : « L’homme travaille à un certain endroit, et la Torah travaille pour lui à un autre endroit » (Sanhédrin 99b). C’est la pure vérité que quand l’homme se donne du mal pour étudier la Torah, il éprouve de la satisfaction, étudie avec désintéressement, et en même temps apprécie la Torah et accomplit les mitsvoth dans leurs moindres détails.

Nous comprenons donc qu’à l’époque de la destruction du Temple, bien que les gens aient observé la Torah et les mitsvoth, ils n’étudiaient pas dans l’effort et le désintéressement, et n’accomplissaient pas les moindres détails, par conséquent l’essentiel manquait, c’est pourquoi le Temple a été détruit. La pire des destructions consiste à faire une mitsvah dont le but est de donner de la satisfaction à Dieu sans y mettre de désintéressement, sans amour ni crainte, et dans ce cas elle n’atteint pas les Cieux (Tikounei Zohar, Tikoun 10).

Ce comportement est comparable à celui d’un serviteur à qui le roi a demandé de lui apporter une coupe de vin, et qui la lui apporte, mais après avoir passé par un endroit très sale sans faire attention à protéger la coupe. Il a fait ce que le roi lui avait demandé, et pourtant il encourt sa colère, parce qu’il lui a apporté une coupe sale. C’est la même chose en ce qui nous concerne : quand l’homme accomplit une mitsvah sans prendre la peine de l’étudier à fond, sa coupe est sale, car il ne l’accomplit pas dans ses moindres détails.

Dans le même ordre d’idées, un Séfer Torah doit être écrit avec l’intention qu’il ait la sainteté d’un Séfer Torah, sans penser uniquement à la beauté de l’écriture (Choul’han Aroukh Yoré Déa 274 par. 1). Or si l’homme ne se donne aucune peine dans son étude, il ne connaîtra pas tous ses détails à observer. On comprend donc parfaitement le lien entre la parachat Béhar et la parachat Bé’houkotaï.

On peut trouver une allusion supplémentaire à cette idée dans le fait que Béhar évoque une montagne, à savoir Jérusalem, le Temple se trouvant sur une élévation, ainsi qu’il est écrit : « Cette bonne montagne et le Liban » (Deutéronome 3, 25), or « Le Liban, c’est le Temple, et la montagne c’est Jérusalem » (Yoma 39b, Sifri Vaet’hanan Ibid.). Par conséquent, quand les benei Israël ont négligé d’étudier la Torah avec intensité, la montagne et le Liban ont été détruits, le Temple a été détruit. De plus, ils n’ont pas observé la chemittah qui fait allusion à l’humilité, car c’est un temps où tout appartient à tout le monde, or on sait que la Torah représente elle aussi l’humilité, parce qu’elle s’acquiert par l’humilité (Ta’anith 7a), et elle ressemble à l’eau qui coule d’un endroit élevé vers un endroit bas (Ibid. Chir Hachirim Rabah  1, 19). Par-dessus tout, la montagne fait aussi allusion au mont Sinaï qui s’est abaissé et sur lequel la Torah a été donnée (Méguilah 29a, Sotah 5a). Par conséquent le lien entre les parachioth est le suivant : Béhar est la parachah de la chemittah, de l’humilité, car si l’on se conduit avec humilité, on peut arriver à Bé’houkotaï, à l’effort dans l’étude de la Torah. Amen, qu’il en soit ainsi.

 

 

La mitsvah de chemittah nous enseigne à acquérir l’humilité
Table de matière
L’étude comme préparation à l’accomplissement des mitsvoth

 

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