Rabbi Eliahou Eliezer Dessler

Rabbi Eliahou Eliezer Dessler

Un Roch Yéchivah en Amérique a raconté un jour qu’il s’était adressé à l’un des grands du moussar, célèbre machguia’h du monde des yéchivoth en Pologne et en Lituanie, pour lui demander de venir en Amérique afin d’influencer les élèves de sa yéchivah. Il lui avait répondu : « J’ai le pouvoir d’influencer les jeunes américains lorsqu’ils viennent chez moi dans ma yéchivah, mais en Amérique même, je n’en ai pas le pouvoir. »

Le premier et le seul qui soit parti au loin, très loin des centres de Torah, et ait réussi à implanter dans le cœur de jeunes l’amour de la Torah et du moussar, fut Rabbi Eliahou Eliezer Dessler, le gaon du moussar de notre génération. Comme le père du mouvement du moussar, Rabbi Israël de Salant, qui a quitté la Russie et s’est installé en Allemagne et en France, l’élève de son élève, le Rav Dessler, est parti en Angleterre et a consacré toutes ses forces à amener le moussar à la jeunesse de Londres, de Manchester et de Gateshead.

Rabbi Eliahou Eliezer Dessler est né en 5651 (1891), de Rabbi Réouven Dov, grand tsaddik et disciple principal de Rabbi Sim’ha Zissel de Kelem. Rabbi Réouven Dov était un homme riche, qui donnait beaucoup d’argent pour la tsedakah et la Torah. Pendant une longue période, il fut le soutien essentiel du célèbre Talmud Torah de Kelem.

Eu égard à ses dons exceptionnels, son père l’envoya à un âge tendre étudier au Talmud Torah de Kelem, qui était alors un lieu réputé de Torah et de moussar. Le jeune Eliahou Eliezer était le plus jeune de sa promotion. Il y resta pendant dix-huit ans, et acquit une renommée d’excellence parmi les meilleurs élèves. Il était extrêmement assidu dans l’étude, s’asseyait dans un coin où il étudiait la Torah avec une concentration extraordinaire, et il était totalement impossible de le distraire. Chez les petits enfants, il y avait un jeu qui consistait à essayer de déranger « Elinke le matmid » de son étude !

Dès son tout jeune âge, il était évident qu’il était né pour la grandeur, si bien qu’il fut éduqué depuis l’enfance au rôle important qu’il serait un jour appelé à tenir. La femme chez qui il prenait ses repas lui servait tous les jours un plat de grau d’avoine qui n’avait aucun goût, pour lui apprendre à se contenter de peu. Et de nombreuses années plus tard, le Rav disait, un sourire flottant sur les lèvres, qu’elle avait totalement réussi. Il disait : « Il n’y a aucun plat au monde que je ne trouve pas bon. »

En 5679 (1919), il épousa la fille de Rabbi Na’houm Zéev, le fils de Rabbi Sim’ha Zissel, qui s’appelait Bluma. Son oncle, le gaon Rabbi ‘Haïm Ozer de Vilna, voulait le faire venir comme dayan et décisionnaire à Vilna, mais pour diverses raisons il refusa. Il essaya de faire du commerce, mais sans succès. En 5687 (1927), il partit pour l’Angleterre et accepta d’être Rav de la synagogue de l’est londonien. Il avait également sous son contrôle un Talmud Torah où étudiaient quatre cents élèves.

Le Rav Dessler consacrait à ses élèves toutes les forces qu’il avait reçues, mais il s’aperçut rapidement que ce n’était pas la bonne façon de s’y prendre. Il s’exprima en ces termes devant des amis proches : « De tous les quatre cents enfants qui viennent au Talmud Torah, peut-être y en aura-t-il quelques-uns qui se souviendront des termes du kadich, mais pas plus. » Il arriva à la conclusion qu’il devait se consacrer uniquement aux plus doués pour pouvoir les influencer. Il choisit quelques élèves intelligents et commença à les rapprocher de la Torah et du moussar. Le Rav lui-même, par sa conduite et ses belles qualités, leur servait d’exemple vivant de la façon dont un juif devait vivre.

Il connut une grande réussite dans le travail d’amour qu’il investit dans ces élèves-là. Il en sortit plusieurs personnalités de choix, parmi lesquelles des grands de la Torah et de la crainte du Ciel, qui lui sont restés attachés par des liens d’amour jusqu’à son dernier jour.

Une nouvelle période commence dans sa vie avec la fondation du « Kollel Avrekhim » pour des benei Torah adultes dans la ville de Gateshead, au nord de l’Angleterre. Il se consacra avec tout son enthousiasme à éduquer des avrekhim dans le véritable esprit du moussar qu’il avait reçu de ses grands maîtres. Il passait le plus clair de son temps avec eux et leur communiquait des idées élevées sur le moussar et la Torah. Il ramassait aussi de l’argent pour le collel,  mais lui-même ne prenait aucun salaire. Il vivait de leçons particulières qu’il donnait à des élèves de familles aisées. A cette époque-là, il travaillait au-delà des forces humaines, sans s’arrêter, pour donner des bases solides au kollel, le diriger et veiller à ses besoins matériels, et il devint comme une source jaillissante d’où s’écoulaient à chaque instant Torah et moussar.

En même temps, il aida à fonder d’autres institutions, comme le « Beith Midrach LaMorot » (pour les jeunes filles) et une mekhina (préparation) à la yéchivah.

En 5708 (1948) se produisit un nouveau tournant dans sa vie. Le gaon Rabbi Yossef Cahneman, le Rav de Poniewitz, à Bnei Brak, lui proposa de venir être machguia’h de la célèbre yéchivah. Il accepta de venir à Poniewitz, mais à la condition qu’il pourrait aussi continuer son travail en Angleterre, et ainsi il partageait son temps entre les deux pays.

Il fut très rapidement connu en Erets-Israël, et les visiteurs étaient très nombreux à la yéchivah, pour venir l’écouter parler. En ces jours-là, le Rav s’éleva à un niveau spirituel extraordinaire. Ses cours remplis d’idées profondes émerveillaient tous ceux qui les entendaient, et tout le monde le considérait comme l’un des directeurs spirituels de la génération.

Il enseigna la Torah en Erets-Israël pendant six ans, travaillant avec des forces surhumaines, jusqu’à tomber malade. Il eut une crise cardiaque, et le 25 Tevet 5714 (1954), il rendit son âme à son Créateur.

C’est ainsi que se termina la vie de l’un des grands du moussar de la dernière génération, que son âme soit liée dans la bénédiction au faisceau de la vie.

Après sa mort, ses élèves rassemblèrent ses écrits et ses cours dans un ouvrage intitulé Mikhtav MeEliahou en cinq volumes.

 

 
INDEX TSADIKIM
 

 

Hevrat Pinto • 32, rue du Plateau 75019 Paris - FRANCE • Tél. : +331 42 08 25 40 • Fax : +331 42 06 00 33 • © 2015 • Webmaster : Hanania Soussan