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Rabbi Aharon Kotler • Roch Yechivah De Lakewood

Rabbi Masliah Mazouz width=

Un jour, j’étais assis à la table du gaon Rabbi Isser Zalman Meltzer, dans la ville sainte de Jérusalem. Il était de bonne humeur, et tranquillement, il me parla de son gendre Rabbi Aharon, et de la façon dont il avait réussi à ce que sa fille ‘Hana Peryl l’épouse.

Un jour, raconte Rabbi Isser Zalman, j’étais allé à Slobodka pour rendre visite à mon beau-frère, Rabbi Moché Mordekhaï Epstein, le Roch Yéchivah de Knesset Israël dans cette ville. Comme d’habitude, j’ai bavardé avec les élèves de la yéchivah et échangé avec eux de propos de Torah. Tout à coup, j’ai senti qu’il y avait là un jeune homme du nom d’Aharon Sislovitcher (Aharon de la ville de Sislovitch) qui était remarquablement intelligent. J’ai décidé sur place qu’il serait mon gendre, et j’ai résolu de ne pas révéler sa grandeur, car je craignais que si le bruit s’en répandait, on chercherait à l’avoir pour gendre, et je craignais que, selon l’habitude de l’époque, ne vienne un homme riche qui le prendrait pour sa fille.

Quelques années passèrent ainsi.

Un beau jour arriva à Slotsk (où Rabbi Isser Zalman Meltzer était Rav) un envoyé de la yéchivah de Slobodka qui ramassait de l’argent pour la yéchivah. Je lui demandai en passant s’il connaissait un jeune homme du nom de Aharon de Sislovitch. Le mechoula’h me demanda si je parlais du ilouï de Sislovitch, et continua en disant : quelle question… si je connais le ilouï de Sislovitvh… mais il est célèbre… tout le monde l’admire…

Quand il quitta la maison, continua le gaon, j’ai dit à la rabbanit : Beila Hinda, tu entends… le secret a été dévoilé… donne-moi ma fourrure d’hiver, je m’en vais immédiatement à Slobodka. J’ai peur que quelqu’un d’autre n’arrive avant moi…

Et, continua Rabbi Isser Zalman, je suis arrivé à Slobodka, je suis entré chez mon beau-frère Rabbi Moché Mordekhaï, le Roch Yéchivah, et je lui ai raconté pourquoi je venais. Il a été d’accord, et le même jour on a fait un repas de fiançailles et on a écrit les tenaïm, et le ilouï de Sislovitch est devenu mon gendre. »

Rabbi Isser Zalman termina son histoire avec un sourire en ajoutant : « Naturellement, cela venait de Dieu ».

Et le jeune homme de Sislovitch ne déçut pas le gaon son beau-père, il grandit et devint un chef spirituel de la génération et le Rav de tout Israël.

Rabbi Aharon est né le 20 Tévet 5652 à Sislovitch, dans la région de Vilna, du gaon Rabbi Chneor Zalman, le Rav de la ville.

Dès sa jeunesse, il manifesta des dons prodigieux. Dans son enfance il étudia la Torah avec son père, mais cela ne dura pas longtemps, car son père mourut alors qu’il avait dix ans. Sa mère mourut également, si bien qu’il était orphelin de père et de mère avant d’avoir treize ans.

Par nature, c’était un enfant modeste et paisible, petit de taille et faible, mais fort dans son esprit. Ses yeux étaient comme deux flambeaux, ils brûlaient, charmaient et attiraient. Le gaon Rabbi Ya’akov Kamenetski, directeur de Torah VaDa'at, a raconté qu’un jour sa mère avait vu le jeune Areleh, et avait demandé : « Qui est ce jeune homme ? Le chekhinah repose sur lui… »

En 5666 (1905), il partit étudier dans la grande et célèbre yéchivah Knesset Israël à Slobodka. Là, il devint célèbre comme un grand ilouï, et on le connaissait sous le nom du ilouï de Sislovitch.

A la yéchivah, c’était le préféré du « Saba », Rabbi Nathan Tsvi Finkel, le machguia’h de la yéchivah. Le « Saba » parlait souvent avec lui de Torah et de moussar. Quelquefois il le gardait jusque tard dans la nuit, puis le raccompagnait chez lui, ne voulant pas le laisser partir tout seul dans la nuit. C’est ainsi qu’on prenait soin de lui à la yéchivah.

Un jour le gaon Rabbi Méïr Sim’ha, le Rav de Dvinsk, vint à Kovno. Les meilleurs élèves de la yéchivah de Slobodka, qui était proche, venaient matin et soir discuter de Torah avec le plus grand de la génération, auteur de Or Samea’h. Parmi les participants se trouvait aussi Ahartchik Sislovitcher, que Rabbi Méïr Sim’ha aimait particulièrement. Une fois, il dit au Roch Yéchivah de Slobodka : « Surveillez ce ilouï, il deviendra le Rabbi Akiva Eiger de sa génération. »

Encore jeune, vers l’âge de vingt ans, le gaon Isser Zalman Meltzer, Rav de la ville de Slotsk et Roch Yéchivah de la yéchivah de Slotsk, le prit pour gendre. Très vite, il commença à donner des cours merveilleux, et tout le monde était stupéfait de son érudition, de sa vivacité et de sa profondeur. Peu de gens arrivaient vraiment à le comprendre. C’était un Roch Yéchivah pour des ilouïm. Son beau-père Rabbi Isser Zalman a dit une fois : « En faisant beaucoup d’efforts, moi aussi je peux préparer un cours comme ceux de Rabbi Aharon, mais ce qu’il arrive à préparer dans son extraordinaire compréhension en un seul jour, je le prépare en deux ou trois semaines. »

Après la révolution communiste, Rabbi Aharon s’enfuit avec une partie de ses élèves à Kletsk et y établit sa yéchivah. La ville a mérité qu’il porte son nom toute sa vie, le Roch Yéchivah de Kletsk.

Là, il enseigna la Torah à des milliers d’élèves de tous les pays. La yéchivah resta vingt ans à Kletsk.

Quand éclata la Deuxième guerre mondiale en 5700, il se réfugia à Vilna avec sa yéchivah, et de là passa aux Etats-Unis. Dès son arrivée en Amérique, il se consacra entièrement à sauver des bnei Torah d’Europe. Il faisait partie des dirigeants du Va’ad HaHatsala et réussit à faire beaucoup de choses. Il ne connaissait aucun repos et poussait les cœurs à sauver des juifs.

En 5704, il fonda le Beith Midrach Gavoa à Lakewood, où il enseigna la Torah à des élèves d’élite, originaires d’Amérique. Il voyait dans cette yéchivah le prolongement direct de la yéchivah de Kletsk. Il réussit à rehausser la Torah dans tous les Etats-Unis, et vit une génération d’élèves américains qui se consacraient à l’étude de la Torah, et pour qui la connaissance de la Torah était le but le plus important de la vie.

Rabbi Aharon avait un amour extraordinaire pour les créatures, mais son amour pour ses élèves ne connaissait aucune limite, c’était vraiment celui d’un père pour ses enfants. Il souffrait de leurs peines et se réjouissait de leurs joies. Une fois, Rabbi Aharon tomba malade et dut être opéré d’une appendicite. Il accepta son sort en disant qu’il n’avait pas assez participé à la douleur d’un élève quand il avait déversé devant lui l’amertume de son cœur.

Je me souviens que dans une Assemblée de directeurs d’écoles de tous les Etats-Unis, Rabbi Aharon parla de l’éducation orthodoxe. Il encouragea les directeurs à s’efforcer au maximum d’implanter dans le cœur des jeunes la notion que l’essentiel de la vie, c’est la sainte Torah, et qu’il n’y a rien d’autre qu’elle. Ses paroles qui sortaient d’un cœur pur rentrèrent dans le cœur des auditeurs et firent une profonde impression.

Chaque instant de sa vie était consacré à la Torah et au judaïsme. Son assiduité dans la Torah ne connaissait aucune limite. Depuis tôt le matin jusque tard dans la nuit, après minuit, il étudiait la Torah, et même quand il était malade, ses lèvres n’arrêtaient pas d’étudier et de prier.

Le jeudi 2 Kislev 5723, à onze heures du matin, il ferma les yeux et rendit son âme à son Créateur.

Le dimanche 5 Kislev, Rabbi Aharon fut transporté en avion à Jérusalem pour l’enterrement. Cinquante mille juifs suivirent son cercueil en pleurant amèrement le Rav d’Israël qui leur avait été enlevé. Tous sentaient qu’avec sa mort se terminait une grande époque pour Israël, celle des grands rabbanim de Lituanie. Que la mémoire du tsadik soit une bénédiction.

 

 
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