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Le Admor Rabbi Aharon Rokea’h De Belz

Qui ne connaît le nom de Belz ? Qui n’a pas entendu le chant populaire mélancolique « Mein stetele Belz » ? Cette petite ville a été rendue célèbre dans le monde entier grâce au quatre Admorim qui y ont vécu, et des milliers de juifs y ont afflué pour se réchauffer à la lumière de ces grands tsaddikim.

Quatre générations de la ‘hassidout de Belz ont régné en Galicie et en Pologne, jusqu’à ce que les juifs soient massacrés dans la grande catastrophe. Seul Rabbi Aharon de Belz fut sauvé par miracle, et le jeudi 9 Chevat 5704 (1944), il arriva aux portes d’Erets-Israël.

Les vieux ‘hassidim de Belz disaient que dans la prière « Chokhen ad », on peut trouver une allusion à leurs quatre saints rabbanim, les Admorim de Belz : « De la bouche des hommes droits Tu seras élevé » est une allusion au premier Admor, Rabbi Chalom Rokea’h, dont la conduite était droite et innocente ; « Par les lèvres des tsaddikim Tu seras béni » est une allusion à son fils, Rabbi Yéhochoua Rokea’h, qui était célèbre sous le nom de « tsaddik de Belz » ; « Par la langue des ‘hassidim tu seras sanctifié » est une allusion à son petit-fils, Rabbi Issakhar Ber, qui se conduisait en tout comme un ‘hassid ; « Et du millieu des saints Tu seras loué » est une allusion à son arrière petit-fils, Rabbi Aharon, qui était saint depuis les entrailles de sa mère et dont tous les actes étaient saints.

Le troisième Rabbi, Rabbi Issakhar Dov, le père de Rabbi Aharon, était le gendre de Rabbi Zusche, le Admor de Tchernobyl. Après son mariage, il vécut chez son beau-père et étudiait la Torah jour et nuit. Son père, Rabbi Yéhochoua, lui ordonna d’écrire tous ses commentaires de Torah dans un cahier. Un jour, quand il arriva chez son père, celui-ci lui dit : « Issakhar Ber, montre-moi tes commentaires. » Quand il alla chercher le cahier où ils étaient notés, il ne le trouva pas : son manuscrit avait été volé quand il avait passé une nuit à l’auberge sur la route. Rabbi Issakhar Ber était très contrarié. Son père lui dit : « Issakhar Ber, mon fils, ne te fais pas de souci et ne sois pas triste. A la place des commentaires de Torah que tu as perdus, D. te donnera un fils qui éclairera les yeux d’Israël par la lumière de sa Torah et de sa grande sagesse. » Et un an plus tard, le 17 Tévet 5640 (1880) naquit à Rabbi Issakhar Ber un fils qu’il appela Aharon, du nom du grand Rabbi Aharon de Karlin. Son père, Rabbi Issakhar Ber, dit : « De même que le grand Rabbi Aharon a accepté pour lui des malheurs qui auraient dû s’abattre sur Israël, mon fils lui aussi prendra sur lui les malheurs qui fondront sur Israël. »

Quand Rabbi Aharon était un petit enfant et allait au ‘héder apprendre la Torah, il prenait avec lui du pain et du café. Un jour, il appela le gardien et lui demanda d’apporter le pain et le café à un certain tailleur juif. Le gardien ne comprenait pas pourquoi le petit Aharon lui faisait cette requête, et s’enquit de ce que cela signifiait. L’enfant lui répondit : « Quand j’étais aujourd’hui au mikvé, j’ai entendu ce tailleur dire à un autre juif : « Après un mikvé aussi chaud, je me sentirais parfaitement bien si j’avais un grand morceau de pain et une tasse de café chaud. » A ce moment-là, j’ai décidé de lui envoyer mon pain et mon café. »

Un jour, Rabbi Yé’hezkel Chraga, le Rabbi de Schinova, le vit et le regarda attentivement. Il s’exclama : « Apparemment, le mauvais penchant a totalement oublié ce jeune homme. »

Certes, le petit Aharon montrait une grande excellence, que ce soit dans sa connaissance de la Torah ou dans son extrême assiduité, et surtout dans ses belles qualités et la pureté de son cœur. Tous ceux qui le voyaient savaient qu’il était appelé à devenir un grand sage et un grands tsaddik en Israël.

Par nature, il était très modeste, et le verset : « Conduis-toi avec modestie envers l’Eternel ton D. » était pour lui un guide. Les ‘hassidim ont raconté que Rabbi Aharon étudiait jour et nuit et connaissait le Talmud et les décisionnaires, mais qu’il dissimulait l’étendue de ses connaissances.

Après la mort de son père, Rabbi Issakhar Dov, Rabbi Aharon prit sa place. Au bout de peu d’années, le nom du jeune Rabbi de Belz fut connu dans le monde entier. Plus il avançait en âge, plus il grandissait en Torah et en sainteté, et il devint une lumière qui éclairait toute la maison d’Israël, car tout le monde connaissait sa sainteté, sa droiture et sa grandeur.

A son époque, la ‘hassidout de Belz s’élargit et s’étendit à de nombreux pays. Des myriades de juifs de nombreuses localités considéraient Belz comme un centre spirituel et une source à laquelle on puisait la Torah et la crainte du Ciel. Mais quand Belz fut au summum de son épanouissement, la destruction s’abattit sur la Pologne, et l’ennemi maudit décréta une guerre mondiale.

A Chemini Atséret 5700 (1939), le Rabbi fut obligé de prendre en main le bâton du pèlerin et de quitter Belz. Il erra pendant quatre ans, ses ‘hassidim le protégeant pour qu’il ne lui arrive aucun mal. Toute sa famille fut tuée, mais c’était la volonté de D., et le Rabbi fut sauvé par des miracles de l’enfer nazi et arriva en Erets-Israël.

Voici ce qu’il raconte lui-même : « Il est impossible de décrire les miracles et les miracles à l’intérieur de miracles que le Saint béni soit-Il nous a faits. L’homme qui m’a conduit du ghetto de Boukhnia jusqu’à Budapest, en Hongrie, me rendait visite tous les jours quand j’étais à Pest. Un jour, je lui ai demandé : « Comment as-tu osé laisser la voiture à Pschemichl, quand nous étions en chemin, au milieu de la route, pendant plus d’une heure, pendant que tu allais au cabaret voir tes amis soldats et boire avec eux, en nous laissant là ? N’as-tu pas craint que peut-être un agent de la Gestapo, en parcourant les routes, ne t’attrape et s’aperçoive que tu conduisais des juifs ? » (On sait que l’homme était un officier hongrois qui a fait passer le Rabbi et son frère comme des officiers hongrois qui prenaient leur retraite.) Il m’a répondu : « Je savais avec qui je voyageais ». Pendant tout le chemin, personne ne nous a vus, car un grand nuage a recouvert la voiture tout au long du voyage » (extrait du livre « Dvar ‘Hen).

Le 9 Chevat, jour de l’arrivée du Rabbi en Erets-Israël, est devenu un jour de joie et d’actions de grâces dans les demeures des ‘hassidim de Belz. Les ‘hassidim se rassemblaient dans son beith midrach et s’attablaient, le Rabbi leur donnait un « tikoun » (sous forme d’une boisson) et leur racontait les miracles qui lui étaient arrivés en chemin. Il finissait en disant : « D. merci, je suis arrivé en Erets-Israël ».

Il passa son premier Chabath à Haïfa. La foule se pressa à la prière et à l’organisation des « tables », qui laissèrent dans la ville une atmosphère d’élévation spirituelle.

A Haïfa il y eut un incident instructif. Les ‘hassidim qui étaient venus de Jérusalem pour passer Chabath avec le Rabbi à Haïfa avaient emmené avec eux un cho’het spécial, pour qu’il égorge les poulets qu’il fallait pour le Rabbi et ses proches. Mais il refusa de profiter des services du cho’het de Jérusalem, en disant qu’il avait reçu de son père une tradition selon laquelle quand on va dans une communauté juive, à un endroit où il existe une che’hita organisée qui se trouve sous la supervision de la rabbanouth locale, il faut utiliser les cho’hatim locaux afin d’éviter les dissensions. Quand quelqu’un lui fit remarquer que comme le cho’het était déjà venu de Jérusalem, il ne fallait pas le rejeter car il était impossible de lui faire honte, il répondit : « Il est impossible de faire honte à la communauté en prenant un cho’het d’une autre ville. » On fit donc venir pour lui un des cho’hatim locaux. Le Rabbi vérifia son couteau, et on donna au cho’het les poulets à égorger.

Le Rabbi s’installa à Tel-Aviv. Devant la stupéfaction des ‘hassidim, qui pensaient qu’il vivrait à Jérusalem, il répondit qu’il avait des raisons cachées qu’il ne pouvait révéler à personne. Et quand on lui proposa d’habiter à Bnei-Brak ou à Peta’h Tikva, il répondit : « Je veux que mon appartement soit précisément à Tel-Aviv », et donna une raison : « Quand il y a eu des incidents avec les Arabes, on n’a permis à aucun Arabe de rentrer à Tel-Aviv, ce qui n’est pas le cas dans les autres endroits. C’est pourquoi je veux habiter à Tel-Aviv, car seuls des juifs y vivent. »

L’influence du Rav sur Tel-Aviv fut vraiment considérable, et mena à des réformes sensibles dans le paysage spirituel de la ville. A l’un des ‘hassidim de Belz à Tel-Aviv, qui coupait les cheveux à son fils pour ses trois ans en lui laissant les péoth, le Rabbi dit : « Prends ton fils et passe avec lui dans la rue Allenby (la rue principale) pour qu’on voie que la ville a maintenant un autre enfant avec des péoth. »

En 5704 (1944), il ordonna à sa famille d’acheter des instruments de jardinage et de travailler le jardin de la cour. Tous les jours, il rentrait au jardin pour voir comment les gens faisaient ce travail et comment le jardin se développait. Et plusieurs fois, les ‘hassidim eurent la surprise de voir leur Rabbi prendre une bêche et creuser la terre. Quand arriva l’année de chemittah, le Rabbi dit : « Voici qu’arrive l’année de chemittah, arrêtons notre travail, ceci pour accomplir la mitsvah de chemitah. » Alors tout le monde comprit pourquoi il s’intéressait à son jardin.

Rabbi Aharon vécut treize ans en Erets-Israël et éleva bien haut le blason de Belz sur la terre sainte. A la sortie du Chabath de la parachat Ekev, le 21 Av 5717 (1957), son âme sainte et pure le quitta.

 

 

 
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