Index Tsadikim Index Tsaddikim

Rabbi Alexander Moché Lapidot

On peut dire sans aucune exagération que parmi les milliers de benei Torah qui existent aujourd’hui dans le monde, on en trouverait peut-être quelques centaines qui savent qu’il y a un certain nombre d’années vivait en Lituanie un Rav du nom de Rabbi Alexander Moché, qui était un gaon dans une génération de guéonim et de tsaddikim. A la même époque que Rabbi Yitz’hak El’hanan et Rabbi Israël de Salant, Rabbi Alexander Moché était considéré comme l’un des génies de la Torah et comme une personnalité accomplie dans toutes les qualités du cœur et de l’esprit, un orateur d’une grande éloquence et un écrivain prolixe.

Rabbi Alexander Moché est né de Rabbi Tsvi Hirsch le 2 Adar 5579 (1819). Depuis sa plus tendre enfance, il fut connu pour son intelligence exceptionnelle et sa grande assiduité. A un âge très jeune il vint étudier à Salant où il suivait les cours du grand gaon de sa génération, Rabbi Tsvi Broïda. Il y rencontra Rabbi Israël, le fondateur du mouvement du moussar, et se lia avec lui d’une amitié qui devait durer toute leur vie. Il racontait que pendant la période de ses études à Salant, Rabbi Israël était à la tête de la yéchivah de Salant, et étudiait avec ses élèves le traité Nézikin. Quand il termina le traité, Rabbi Tsvi envoya son élève Alexander Moché écouter le cours de conclusion de Rabbi Israël, et lui demanda ensuite de lui répéter ce qu’il avait entendu.

Une personnalité de la ville de Yanova (proche de Kovno) entendit parler de lui et le prit pour gendre.

Rabbi Avraham Yitz’hak Hacohen Kook, le Rav de Jérusalem, raconte que lorsqu’il a rencontré Rabbi Alexander Moché, le Rav de Rassein, accompagné de sa fiancée, celui-ci a dit à la jeune fille : « Ce qu’on dit de moi que je sais étudier, sache que c’est une exagération, j’en connais bien moins que ce que les gens s’imaginent. Et ce qu’on dit de moi que je crains le Ciel, c’est aussi une grande exagération. Quant à ceux qui disent que je suis modeste, ils ne savent absolument pas combien je suis rempli d’orgueil. » Elle écouta ce discours et dit à son futur époux : « Mais il n’est pas possible que tu n’aies pas au moins une quelconque qualité, dis-moi donc laquelle ? » Rabbi Alexander Moché lui dit : « Oui, j’ai une qualité, je suis un homme de vérité. C’est pourquoi sache que tout ce que je t’ai dit jusqu’à présent était la pure vérité... »

Après son mariage, il alla habiter chez son beau-père. Celui-ci subvenant à ses besoins, comme c’était la coutume à l’époque, il étudia avec une grande assiduité le Talmud et les commentateurs.

Il fut d’abord pris comme Rav et Av Beit Din à Yanova, puis au bout de quelques années il passa dans une banlieue de l’autre côté du fleuve, dans la ville de Grodna, et de là à Rassein, où il resta Rav et Av Beith Din pendant quarante ans, jusqu’à son dernier jour.

Une époque nouvelle commençait dans la vie de Rabbi Alexander Moché. Sa renommée se répandit aux quatre coins de la terre. De nombreux pays on s’adressait à lui avec diverses questions, et il y répondait par la puissance de sa Torah. Il seconda Rabbi Israël de Salant pour fonder les collels de Kovno et des environs, et participa avec lui à diverses assemblées, destinées à ce but ainsi qu’à d’autres activités communautaires. Quand Rabbi Israël imprima son livre Ets Pri, sur la fondation de collelim, qui contenait des articles de Rabbi Israël et de Rabbi Yitz’hak El’hanan, on imprima une Introduction et un grand article de Rabbi Alexander Moché, le Rav de Rassein.

Dans cet article il exprime l’idée qu’il faut trouver le juste milieu, que ce soit dans la crainte du Ciel ou dans les traits de caractère, selon ce que préconise le Rambam (dans Chemona Perakim), contrairement à l’opinion des penseurs non-juifs. Il mettait en garde contre l’exagération de quelque côté que ce soit, « car de même que le méchant risque par nature d’enfreindre l’interdiction de retrancher des mitsvoth, il y a des gens qui risquent de transgresser l’interdiction de rajouter aux mitsvoth, et de détruire le monde par leur vertu exagérée. » C’est pourquoi, explique Rabbi Alexander Moché, les traits de caractère s’appellent midot [littéralement : mesures] : ils doivent être mesurés (medoudot), pesés et dosés.

Dans sa ville de Rassein il y avait aussi une branche des « collelim » sous sa direction. Il leur donnait des cours de moussar selon la méthode de son Rav et ami Rabbi Israël de Salant. Voici ce qu’écrit Rabbi Guedalia Silberston, Rav de Washington, dans son livre « Lev Avot » : « J’ai entendu du gaon Rabbi Alexander Moché Lapidot qu’il expliquait ainsi les paroles de nos Sages dans le traité Berakhot : « L’homme doit toujours « irriter » son bon penchant contre son mauvais penchant ». Que signifie le mot « irriter » ? Il disait : si le mauvais penchant vient t’inciter à commettre une faute, ne le supplie pas et ne lui demande pas grâce pour qu’il te laisse tranquille, car dans ce cas tu tomberais certainement en son pouvoir, étant donné qu’il ne connaît aucune pitié. Manifeste-lui au contraire une grande colère en lui disant : « Va-t’en, méchant, tu es un voleur, car tu viens me prendre mon âme et me tuer à jamais. » C’est le sens du mot « irriter », avec emportement. »

Il parlait dans le même esprit des pécheurs et de ceux qui font fauter le public. Un jour, il rencontra à Saint-Pétersbourg le rédacteur d’un certain journal et lui reprocha ses articles remplis d’impiété qui faisaient trébucher les autres. Le rédacteur lui répondit avec ironie : « Eh bien, est-ce que je suis perdu, n’y a-t-il plus aucun espoir pour moi ? »

Le Rav lui répondit : « Il reste un espoir pour vous, faites-vous chrétien ! a ce moment-là de toutes façons vos articles n’auront plus aucune influence, car tout le monde dira : C’est un renégat qui a écrit cela, et tous vos rêves reviendront sur votre tête » (Rabbi Israël Stam, dans son livre : Divrei Israël).

Il forma beaucoup de grands disciples, parmi lesquels le gaon Rabbi Henich Eiger de Vilna, et le gaon Rabbi Méïr Stalavitz, le Rav de ‘Haslavits, qui fut à la fin de sa vie Rav du quartier « Zikhron Moché » à Jérusalem.

Il était également connu comme un « amant de Sion », et il écrivit des articles où il fait part de ses idées sur l’installation en Erets-Israël et le but du mouvement des « Amants de Sion ». Il écrit entre autres : « Tout ce que nous désirons, c’est uniquement créer un parti de paysans qui travaillent la terre, solidement installés en Erets-Israël, à laquelle nous sommes reliés par des milliers de souvenirs et qui nous a été destinée par Dieu par l’intermédiaire des saints prophètes. C’est une très grande mitsvah de s’y installer.

Il aida le « Saba » de Slobodka, Rabbi Nathan Tsvi Finkel, à fonder la yéchivah « Knesset Israël » à Slobodka. Dans une certaine mesure, c’est lui l’homme qui a « découvert » le « Saba », Rabbi Nathan Tsvi. Au début de sa carrière, Rabbi Nathan Tsvi allait de temps en temps dans les villes des environs, pour parler en public. En chemin, il arriva à sa ville natale, Rassein. Le Rav de la ville vint écouter son cours et il trouva ce jeune homme plein de sagesse et de connaissances. Il envoya immédiatement une lettre à Rabbi Sim’ha Zissel, l’un des grands du moussar, pour lui demander de s’occuper de lui et de le diriger dans la bonne voie. Plus tard, il devint l’un des propagateurs du moussar.

Rabbi Alexander Moché vécut jusqu’à quatre-vingt six ans. Il mourut le 10 Adar 5666 (1906).

En 5657 (1897) il avait publié un livre sur la recherche et la foi, du nom de Avneï Zikaron. Il nous reste en outre de lui beaucoup de manuscrits de responsa, en halakha et en aggada.

 

 
INDEX TSADIKIM
 

 

Hevrat Pinto • 32, rue du Plateau 75019 Paris - FRANCE • Tél. : +331 42 08 25 40 • Fax : +331 42 06 00 33 • © 2015 • Webmaster : Hanania Soussan