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Rav Arye Levine Zatsal

Le Tsaddik Rabbi Méïr Pinto ZatsalA l’époque du Mandat britannique, Rabbi Aryé Lévine zatsal a mérité le surnom connu de « père des prisonniers ». Tous les Chabats, par tous les temps, par les jours de charav ou les tempêtes de l’hiver, le Rav a pris la peine, dès l’époque du Mandat britannique, pendant près de vingt-cinq ans, d’aller visiter les prisonniers en prison, les prisonniers au secret et les condamnés à mort, pour les encourager et leur écrire des lettres. On connaît en particulier ses visites fréquentes à la prison centrale du « Migrash HaRoussim » à Jérusalem, où il organisait pour eux des prières de Chabat en commun. La personnalité de Rav Aryé fascinait tout le monde. Les prisonniers au secret, religieux et non-religieux, et même des criminels de droit commun, se rassemblaient autour de lui, qui pour prier et qui pour entendre des paroles d’encouragement.

Il visitait aussi régulièrement les hôpitaux pour lépreux, afin d’encourager les malades. Rav Aryé Lévine avait une sensibilité particulière pour les nécessiteux de la société. Au-delà de son grand souci de leur subsistance et de leurs manques, il faisait très attention à leur honneur et se plaignait qu’on y porte atteinte.

Une sensibilité particulière

Son petit-fils, le Rav David Lévine, raconte : « Quand j’étais petit, je jouais des mauvais tours, comme le font les enfants. Un jour, nous avons vu, mon ami et moi, un drapeau sur le mur d’une maison, et nous avons parié entre nous qui réussirait à grimper sur le mur et à le prendre. J’ai grimpé et je suis arrivé jusqu’au drapeau, je l’ai pris et je l’ai descendu. La maîtresse de maison s’en est aperçue, et elle m’a appelé par la fenêtre : « Petit, je sais qui tu es. » Je me suis sauvé et j’ai caché le drapeau. Le lendemain, je suis arrivé au « ‘héder » et mon grand-père m’a appelé dans son bureau qui était une petite pièce sous les escaliers. Dans le bâtiment du Talmud Torah « Ets ‘Haïm », je ne pouvais pas imaginer ce qu’il me voulait. Rabbi Aryé a pris une Bible à la main, il l’a feuilletée, et quand il est arrivé au livre de Chemot (22, 21), il a commencé à me dire : « Lis ! » J’ai lu : « Tu ne tourmenteras pas la veuve ni l’orphelin. »

Rabbi Aryé m’a dit de nouveau : « Lis, et tout haut ! » J’ai répété le verset. « Lis une troisième fois ! » m’a dit Rabbi Aryé. Pendant tout ce temps-là, je ne savais pas où mon grand-père voulait en venir et ce qu’il attendait de moi. Alors, Rabbi Aryé s’est mis à me gronder : « La Torah nous ordonne explicitement de ne pas faire de peine à une veuve ! C’est une interdiction comme celle de manger du porc ! Cette femme, dont tu as enlevé le drapeau, est une veuve ! Comment as-tu osé lui faire de la peine ? » J’étais assis tout penaud et je me disais : il ne me reproche pas d’avoir transgressé « tu ne voleras pas », mais il se concentre sur un seul point, la peine que j’ai causée à cette veuve et la gravité de la mauvaise action que j’ai commise. Que faire, je me suis trompé, ça va mal, je vais rendre le drapeau… Non, non, ça ne suffit pas. Tu dois aller chez elle et lui demander pardon, sinon « cela va mal pour nous deux »… Bon, à la fin des cours, le soir, je vais aller chez elle pour lui demander pardon. Le soir ? Non ! Vas-y tout de suite ! Naturellement, je n’avais plus le choix, je suis tout de suite allé chez cette veuve et je lui ai demandé pardon, mais depuis ce jour et jusqu’à aujourd’hui, son appel résonne dans mes oreilles : « Comment as-tu osé faire de la peine à une veuve ? » Cette sensibilité qu’il avait envers les cas isolés, et qu’il nous a inculquée, je l’ai aujourd’hui dans le sang.

Le « goral HaGra »

Le nom de Rabbi Aryé Lévine s’est gravé dans la conscience du peuple d'Israël quand en janvier 1948, un renfort de soldats juifs comprenant 38 jeunes gens est sorti vers Goush Etsion assiégé. Au bout de quelque temps, l’un d’eux s’est tordu la cheville et il est retourné à la base à Har Tov avec deux autres pour l’accompagner. Les trente-cinq autres soldats ont continué leur chemin vers un combat désespéré dans les collines de Judée, dont aucun d’entre eux n’est revenu. Au bout d’un an et demi, à la suite d’un cessez-le-feu, leurs dépouilles ont été rendues à Israël. Les gens de la rabbanout militaire n’ont réussi à identifier avec certitude que 23 corps, sur les 12 restants il y avait un doute. Certains des parents se sont adressés au gaon Rabbi Tsvi Pessa’h Frank zatsal, qui était alors Grand Rabbin de Jérusalem, pour lui demander de l’aide. Après avoir pesé la chose, le Rav Frank décida que pour identifier les corps et leur donner une sépulture convenable, il allait organiser une cérémonie de « goral HaGra », un tirage au sort attribué au gaon Rabbi Eliahou de Vilna. Le Rav Frank pensait que seul un juif tsadik et craignant le Ciel comme Rabbi Aryé Lévine pouvait accomplir cette tâche difficile et importante. Pour organiser le tirage au sort, Rabbi Aryé prit une vieille Bible qu’il avait, et en face de l’Arche sainte ouverte, douze bougies étant allumées, il ouvrit la Bible au hasard à une certaine page. Après chaque fois qu’il ouvrait le livre, on le feuilletait sept fois, et il décidait d’après une allusion du texte le nom de l’un des défunts. Onze fois il ouvrit le livre avec une grande émotion et en tremblant, à chacune des fois le premier verset qui apparaissait contenait une allusion au nom de l’un des défunts. Après en avoir identifié onze, le dernier se trouvait identifié de lui-même.

Son histoire

Rabbi Aryé Lévine est né le 6 Nissan 5645 à Orla près de Byalistok en Russie, de Rabbi Byniamin Beinush et son épouse Ethel. Il a étudié dans les yéchivot de Slotsk et Slonim où il était considéré comme quelqu’un de très intelligent et de très assidu. Malgré son jeune âge, il réussi à être reçu à la yéchivah de Volojine, où il fit des études brillantes.

Rabbi Aryé est monté en Terre sainte en Adar 5665 et il a étudié à la yéchivah de Torat ‘Haïm. Plus tard il a été machguia’h de la yéchivah de Ets ‘Haïm à Jérusalem. Il est décédé le 9 Nissan. Que sa mémoire soit une bénédiction.

 

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